Conclusion générale et perspectives
A travers cette étude nous concluons que le centre et
le centre-sud du Maroc sont les plus touchés par la problématique
des piqûres et des envenimations scorpioniques, principalement les
régions de Marrakech-Tensift-Al Haouz, Chaouia-Ouardiga, Doukkala-Abda,
TadlaAzilal et Souss- Massa-Draâ.
Beni Mellal fait partie des zones les plus concernées
par ce fléau. En effet, les envenimations scorpioniques constituent
à l'évidence une pathologie d'urgence grave, et un
problème de santé publique important dans cette province avec un
taux d'envenimation de 12,5% et un taux de létalité de 0,42%.
Les scorpions les plus incriminés dans cette zone
appartiennent notamment à la classe des Buthidés, alors
que les espèces les plus dangereuses sont Androctonus mauretanicus
, Hottentota franzwerneri et Buthus occitanus .
Les piqûres et les envenimations scorpioniques ont lieu
durant la saison estivale particulièrement les mois de juillet et
août et surtout le soir entre 18h et 24h.
Au niveau des registres, la moyenne d'âge de la population
touchée est de 26,54 #177; 18,42 ans avec 30% des piqués sont des
enfants d'âge inférieur ou égal à 15 ans.
L'âge et la classe de gravité clinique à
l'admission ont de lourdes conséquences sur l'évolution des
personnes piquées. En effet, le nombre de décès est de
100% noté chez les enfants d'âge inférieur ou égal
à 10 ans. De plus, les patients envenimés (classes II et III) ont
plus de tendance à évoluer vers le décès, soit le
taux de létalité par envenimation est de 3,68%.
La comparaison entre les six années a montré que
le pourcentage des patients arrivés dans un délai ne
dépassant pas une heure à une structure sanitaire a
augmenté ce qui révèle que la population est
sensibilisée du danger des piqûres et des envenimations
scorpioniques.
La diminution du taux d'envenimation (avec respectivement
28,24%, 10,58% et 8,57%, 14,86%,12,5% et 4% ), du taux de
létalité (avec respectivement 2,02%, 0% et 0,09%, 0,38%, 0,52% et
0%) et du taux de référence (avec respectivement 32,35%, 33,83%
et 22,53%, 30,17%, 24,23% et 15,83%) sont la conséquence de la formation
du personnel médical sur la conduite à tenir et également
la conséquence de l'existence d'un arbre de décision clair et
facile à appliquer par ce personnel médical.
L'étude des dossiers d'hospitalisation a indiqué
que 73% des enfants sont hospitalisés suite à une envenimation
scorpionique avec un âge moyen de 13,36 #177; 13,50 ans, ainsi le taux de
létalité hospitalière est de 18,5%. Cette
létalité n'a concerné que les enfants d'âge
inférieur ou égal à 15 ans.
Nous avons, également noté que les signes
cliniques les plus retrouvés chez les patients hospitalisés sont
les vomissements (80,2%), l'hypersudation (70,1%), le priapisme (66%), la
tachycardie (58,8%), la fièvre (41,5%), les douleurs abdominales (39,5%)
et l'hypertension (27,5%). Par ailleurs, les détresses vitales
cardiocirculatoire, respiratoire et neurologique sont les principales causes de
décès chez le patient envenimé, ils représentent
respectivement 24,3%, 18,6% et 14,7% des cas.
Les analeptiques cardiaques (84,7%), le sérum
salé 9% (63,8%), les antiémétiques (45,2%), les
antalgiques (42,9%), le sérum glucosé (36,2%) et
l'oxygénothérapie (21,5%) sont les médicaments les plus
préconisés suite à une envenimation scorpionique.
La comparaison entre les trois années a montré
une diminution du taux de létalité, de la proportion des enfants
d'âge inférieur ou égal à 15 ans et du taux de
référencé et une augmentation du pourcentage des patients
qui ont pu consulter au moins d'une heure.
Au niveau national, la comparaison du nombre de régions
et de provinces ayant déclaré les piqûres et les
envenimations scorpioniques a montré une augmentation d'année en
année principalement après la campagne et parallèlement
une augmentation du nombre de déclarations.
La diminution des taux d'envenimation, de létalité
et de mortalité sont la preuve de l'amélioration de la conduite
à tenir par le personnel médical.
Notre étude a bien montré que la
stratégie de lutte contre les piqûres et les envenimations
scorpioniques est d'une efficacité exemplaire. Cependant des efforts
restent encore à fournir, à la fois pour le renforcement en
personnel spécialisé en réanimation et pour
l'approvisionnement en médicaments et en matériel de
réanimation afin de diminuer la létalité qui reste encore
élevée chez les enfants de moins de 15 ans.
L'implantation des systèmes d'information (registre,
relevé mensuel et dossier d'hospitalisation) nous a permis de
repérer les cas de piqûres et d'envenimations scorpioniques de
façon exhaustive et par conséquent de constituer une base de
données riche
et pertinente pourra être mise à jour et
analysée chaque année, ce qui permettra l'estimation des
tendances évolutives de scorpionisme. Cette étude a permis
d'avoir une idée objective et générale sur cette
pathologie en perspectives :
· Continuer cette étude dans les années
à venir, afin de suivre les indicateurs de morbidité et de
mortalité jusqu'à l'éradication de ce fléau qui est
le scorpionisme à la province de Beni Mellal.
· Approfondir les études au niveau des provinces
à forte mortalité.
· Réaliser une étude de la faune scorpionique
récente et rigoureuse englobant toutes les régions du Maroc.
· Informer la population exposée surtout dans le
milieu rural en organisant des campagnes de prévention, surtout avant la
saison estivale.
· Améliorer les moyens de prise en charge au sein
des hôpitaux par l'équipement des services de réanimation
et par l'affectation des médecins réanimateurs.
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