Section 1 : Dynamisme lors des rencontres politiques
Au terme de la cinquième année du conflit
armé qui couvait sans qu'aucune partie n'ait pu prendre le dessus
militairement, l'Eglise, dans le cadre de la société civile, se
déployait grandement pour le retour de la paix.
Dans un contexte où elle n'avait que peu d'emprise sur
les belligérants, elle privilégia des actions tournées
vers la périphérie des vrais enjeux de la guerre, des actions de
plaidoyer auprès de la Communauté internationale pour qu'elle
exerce toutes les pressions possibles susceptibles de ramener les
belligérants à dialoguer comme l'unique solution devant les
souffrances des populations.
La conjonction des efforts consentis avait finalement
joué dans la dynamique et conduit les parties belligérantes
à engager les pourparlers en Zambie (§1) et à prendre en
compte le poids de l'Eglise dans le Dialogue Inter Congolais en Afrique du Sud
(§2).
Paragraphe 1. Des Pourparlers au Dialogue Inter Congolais
L'acceptation des pourparlers en Zambie reste surtout le
résultat des fortes pressions tant internationales que nationales. A la
suite de ces discussions, les parties belligérantes signèrent en
deux temps un texte dit « Accord de Cessez-le Feu de
Lusaka» le 10 et le 31 juillet 1999 entre le gouvernement et chacun des
principaux mouvements de rébellion.
En effet, le Rassemblement Congolais pour la Démocratie
(RCD) avait différé sa signature à cause d'une crise de
leadership en son sein. Finalement, l'Accord a été signé
par les 49 membres fondateurs du mouvement politico-militaire, montrant que la
réalité du pouvoir en son sein était sujette à des
interrogations évidentes.
Plus tard, toutes les parties signèrent ce document le
04 mai 2001. Mais, son application a été rendue impossible.
Plusieurs raisons étaient à la base de ce blocage ; parmi
les plus importantes, on peut retenir le fait qu'il avait été
« imposé aux protagonistes » alors que les
conditions militaires et politiques ayant imposé cette signature
étaient en perpétuel changement. Au fond, par des manoeuvres
dilatoires de part et d'autre, les différents acteurs en présence
donnaient l'illusion d'une possible victoire militaire.
En marge, l'Eglise congolaise, chrétienne et non
chrétienne, réunie a initié une rencontre dite
Consultations Nationales pour entrevoir le rapprochement des points de vue des
antagonistes en présence. Mais, le dernier tournant qui portait sur les
vrais protagonistes, à savoir le noyau dur du pouvoir de KINSHASA, les
leaders des différentes rébellions, les parrains des
belligérants et les pourvoyeurs de fonds pour l'entreprise
guerrière, était mal négocié à telle
enseigne que le travail fondamental attendu n'avait pas pu être fait.
Même l'Eglise catholique se retira malheureusement sur
la pointe des pieds, sans cependant proposer une éventuelle alternative.
Toutefois, l'Eglise s'était vue reconnaître un espace dans le
processus politique des négociations en vue de mettre fin à la
guerre et d'instaurer un nouvel ordre politique. Entretemps, une nouvelle donne intervint,
à savoir la disparition brusque et fatale du président
de la République Mzée Laurent-Désiré
KABILA, suivie d'une redistribution des cartes au plan
politico-militaire et géostratégique qui ont
rendu indispensable d'imposer le dialogue sans condition.
A l'instar des fortes pressions de la Communauté
internationale, le plaidoyer mené par l'Eglise auprès de
différentes parties belligérantes, semblait aboutir : ces
dernières acceptèrent alors d'engager le dialogue sans condition,
prétextant mettre fin aux souffrances du peuple.
A-t-on mit fin réellement aux souffrances du
peuple ? Dieu seul le sait ! Voilà ce qui nous pousse à
évoquer successivement l'exigence de dialogue sans condition (A) et
l'appel de l'épiscopat catholique au lendemain de l'assassinat ignoble
du président de la République Mzée
Laurent-Désiré KABILA KA MAKOLO (B).
A. Les
exigences du dialogue inter congolais
Comme signalé précédemment, à
l'instar des fortes pressions de la Communauté internationale, le
plaidoyer mené par l'Eglise, pour exiger le dialogue sans condition,
après la reprise des hostilités dénotait de l'absence de
bonne foi dans le respect et l'application de l'Accord de Cessez-le Feu de
Lusaka de 1999. Cela a montré que l'acceptation de l'autre à
travers le dialogue constitue la force qui permet de résoudre les
différends et les incompréhensions, parce que, dialoguer, c'est
parvenir à être d'accord sur ses désaccords. Dialoguer ici,
revient à rechercher un ensemble des pistes de solutions, ce qui
confirme le principe selon lequel rien ne peut être impossible aux hommes
lorsque ceux-ci font preuve de bonne foi et de bonne volonté.
C'est dans cette optique que l'Eglise a exhorté et
exigé de toutes les parties concernées, de faire preuve
d'engagement par le dialogue sans condition pour la fin de la guerre et la
recherche d'une solution négociée et consensuelle à la
crise de légitimité. Par ailleurs, pendant que le pays
était confronté gravement à la défense de son
intégrité et de sa souveraineté nationale contre
l'agression et l'occupation étrangères, il sera tragiquement
endeuillé par l'assassinat du président de la République,
à son bureau au palais de Marbre.
Cette rupture d'avec le passé a occasionné la
relance du processus par la signature d'un protocole appelé l'Acte
d'engagement de Gaborone le 24 Août 2001 au Botswana par toutes les
parties congolaises sous la facilitation de l'ancien président du
Botswana KETUMILE MASIRE. Signalons également que dans le cadre du
processus menant au rétablissement de la paix, les parties
concernées s'étaient retrouvées à Sun City en
passant par Victoria Falls, Victoria II et III, l'Ile Maurice, Lusaka,
Gaborone, Addis-Abeba, Cotonou, Libreville, Abuja, Genève,
Bruxelles, etc.
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