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Le rôle de l'Eglise dans le processus de démocratisation en République Démocratique du Congo (1990-2006) Nécessité et Perspectives

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par Jimmy MUNGALA FETA
Abomey-Calavi/ Chaire Unesco pour les droits de la personne et de la démocratie - Diplôme d'Etudes Appronfondies (DEA) 2009
  

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Section 1 : Dynamisme lors des rencontres politiques

Au terme de la cinquième année du conflit armé qui couvait sans qu'aucune partie n'ait pu prendre le dessus militairement, l'Eglise, dans le cadre de la société civile, se déployait grandement pour le retour de la paix.

Dans un contexte où elle n'avait que peu d'emprise sur les belligérants, elle privilégia des actions tournées vers la périphérie des vrais enjeux de la guerre, des actions de plaidoyer auprès de la Communauté internationale pour qu'elle exerce toutes les pressions possibles susceptibles de ramener les belligérants à dialoguer comme l'unique solution devant les souffrances des populations.

La conjonction des efforts consentis avait finalement joué dans la dynamique et conduit les parties belligérantes à engager les pourparlers en Zambie (§1) et à prendre en compte le poids de l'Eglise dans le Dialogue Inter Congolais en Afrique du Sud (§2).

Paragraphe 1. Des Pourparlers au Dialogue Inter Congolais

L'acceptation des pourparlers en Zambie reste surtout le résultat des fortes pressions tant internationales que nationales. A la suite de ces discussions, les parties belligérantes signèrent en deux temps un texte dit « Accord de Cessez-le Feu de Lusaka» le 10 et le 31 juillet 1999 entre le gouvernement et chacun des principaux mouvements de rébellion.

En effet, le Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD) avait différé sa signature à cause d'une crise de leadership en son sein. Finalement, l'Accord a été signé par les 49 membres fondateurs du mouvement politico-militaire, montrant que la réalité du pouvoir en son sein était sujette à des interrogations évidentes.

Plus tard, toutes les parties signèrent ce document le 04 mai 2001. Mais, son application a été rendue impossible. Plusieurs raisons étaient à la base de ce blocage ; parmi les plus importantes, on peut retenir le fait qu'il avait été « imposé aux protagonistes » alors que les conditions militaires et politiques ayant imposé cette signature étaient en perpétuel changement. Au fond, par des manoeuvres dilatoires de part et d'autre, les différents acteurs en présence donnaient l'illusion d'une possible victoire militaire.

En marge, l'Eglise congolaise, chrétienne et non chrétienne, réunie a initié une rencontre dite Consultations Nationales pour entrevoir le rapprochement des points de vue des antagonistes en présence. Mais, le dernier tournant qui portait sur les vrais protagonistes, à savoir le noyau dur du pouvoir de KINSHASA, les leaders des différentes rébellions, les parrains des belligérants et les pourvoyeurs de fonds pour l'entreprise guerrière, était mal négocié à telle enseigne que le travail fondamental attendu n'avait pas pu être fait.

Même l'Eglise catholique se retira malheureusement sur la pointe des pieds, sans cependant proposer une éventuelle alternative. Toutefois, l'Eglise s'était vue reconnaître un espace dans le processus politique des négociations en vue de mettre fin à la guerre et d'instaurer un nouvel ordre politique. Entretemps, une nouvelle donne intervint, à savoir la disparition brusque et fatale du président de la République Mzée Laurent-Désiré KABILA, suivie d'une redistribution des cartes au plan politico-militaire et géostratégique qui ont rendu indispensable d'imposer le dialogue sans condition.

A l'instar des fortes pressions de la Communauté internationale, le plaidoyer mené par l'Eglise auprès de différentes parties belligérantes, semblait aboutir : ces dernières acceptèrent alors d'engager le dialogue sans condition, prétextant mettre fin aux souffrances du peuple.

A-t-on mit fin réellement aux souffrances du peuple ? Dieu seul le sait ! Voilà ce qui nous pousse à évoquer successivement l'exigence de dialogue sans condition (A) et l'appel de l'épiscopat catholique au lendemain de l'assassinat ignoble du président de la République Mzée Laurent-Désiré KABILA KA MAKOLO (B).

A. Les exigences du dialogue inter congolais

Comme signalé précédemment, à l'instar des fortes pressions de la Communauté internationale, le plaidoyer mené par l'Eglise, pour exiger le dialogue sans condition, après la reprise des hostilités dénotait de l'absence de bonne foi dans le respect et l'application de l'Accord de Cessez-le Feu de Lusaka de 1999. Cela a montré que l'acceptation de l'autre à travers le dialogue constitue la force qui permet de résoudre les différends et les incompréhensions, parce que, dialoguer, c'est parvenir à être d'accord sur ses désaccords. Dialoguer ici, revient à rechercher un ensemble des pistes de solutions, ce qui confirme le principe selon lequel rien ne peut être impossible aux hommes lorsque ceux-ci font preuve de bonne foi et de bonne volonté.

C'est dans cette optique que l'Eglise a exhorté et exigé de toutes les parties concernées, de faire preuve d'engagement par le dialogue sans condition pour la fin de la guerre et la recherche d'une solution négociée et consensuelle à la crise de légitimité. Par ailleurs, pendant que le pays était confronté gravement à la défense de son intégrité et de sa souveraineté nationale contre l'agression et l'occupation étrangères, il sera tragiquement endeuillé par l'assassinat du président de la République, à son bureau au palais de Marbre.

Cette rupture d'avec le passé a occasionné la relance du processus par la signature d'un protocole appelé l'Acte d'engagement de Gaborone le 24 Août 2001 au Botswana par toutes les parties congolaises sous la facilitation de l'ancien président du Botswana KETUMILE MASIRE. Signalons également que dans le cadre du processus menant au rétablissement de la paix, les parties concernées s'étaient retrouvées à Sun City en passant par Victoria Falls, Victoria II et III, l'Ile Maurice, Lusaka, Gaborone, Addis-Abeba, Cotonou, Libreville, Abuja, Genève, Bruxelles, etc.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo