DEUXIEME PARTIE : DU REVEIL
POLITIQUE
DE L'EGLISE, 1997 A 2006
L'analyse de cette période porte sur le retour en
scène de l'Eglise dans l'arène politique. Autant il est vrai que
la période entre 1990-1997 a été celle de la
dénonciation du régime du Maréchal-président,
autant il s'avère vrai aussi qu'à partir de 2002, l'Eglise a
opéré un véritable retour au sein de la sphère
politique bien que son influence permanente en RD Congo au niveau de la classe
politique remonte bien avant 1997.
En effet, devant l'éventuelle menace de la guerre que
courait la capitale KINSHASA, l'Eglise s'était investie lors des
pourparlers politiques pour soutenir une solution négociée et
concertée par rapport au départ du
Maréchal-président et la prise du pouvoir d'Etat par l'AFDL sous
la direction de Mzée Laurent Désiré KABILA.
Ainsi, au lendemain de l'échec des pourparlers qui
laissa le champs libre aux forces rebelles, et l'insuffisance d'initiatives au
niveau de la classe politique après le changement intervenu, l'Eglise
congolaise, avec le soutien des leaders émergents de la
société civile, a pris ses responsabilités de
moralisatrice des populations et de contrepoids pour rappeler au nouveau
pouvoir de travailler dans le sens de la recherche de l'intérêt
commun.
De plus, comme le pouvoir du 17 mai 1997 de l'AFDL consacra la
fin de l'option fondamentale de la CNS marquée par la dynamique
démocratique et la non-violence pour se retourner en faveur de celle de
la guerre, de la force et de la violence, l'Eglise l'invita à prendre
en compte le projet de société tracé par la CNS, fruit
d'un large consensus de tout le peuple, à s'engager dans le processus
avec détermination.
Mais, une année à peine, après cette
espérance du peuple et au moment où l'Eglise s'investissait
à rétablir le pont entre le nouveau régime et le peuple,
une nouvelle guerre se profilait à l'horizon. Consternées et en
colère, les populations lassées, s'interrogeaient sur le
bien-fondé réel de cette guerre : D'où vient-elle
réellement ? Que poursuit-elle ? Est-elle
justifiée ? Pourquoi une nouvelle guerre alors que l'espoir
renaissait à travers les actions du président de la
République Mzée Laurent Désiré KABILA qui a su
mobiliser les énergies et les fonds à partir des ressources
locales ? Valait-elle vraiment la peine quand on connaît les efforts
de reconstruction qui commençaient à porter des fruits dans
certains secteurs prioritaires de la Nation? L'Eglise quant à elle,
s'interrogeait également sur l'obstacle qui empêchait la
résolution pacifique des conflits. Avec le peuple, elle condamna
clairement la guerre et dénonça l'agression du pays par des
puissances étrangères, laquelle agression a freiné
l'élan de la reconstruction nationale. Elle s'opposait aussi à
toute tentative de sa balkanisation, mettant l'accent sur
l'intégrité du territoire, la souveraineté nationale, la
protection du patrimoine économique et sur le refus des dirigeants qui
servaient des intérêts étrangers voire s'imposaient par la
force des armes pour des intérêts égoïstes.
Ce point de vue contre la division de la RD Congo et contre
les leaders politiques à la solde de l'étranger va rester
constant à travers toutes les prises de position et tous les messages au
niveau de l'Eglise congolaise, particulièrement celle portant sur la fin
de la guerre et le retrait définitif de toutes les forces d'agression et
d'occupation du territoire national afin de permettre aux congolais de se
rencontrer librement pour traiter et résoudre les problèmes de
leur destinée.
Devant cette impérieuse nécessité,
l'Eglise leva l'option d'influer directement en intervenant dans le domaine
temporel. Aussi, d'un côté, a-t-elle joué un rôle
sociopolitique très important pour appuyer, soutenir et défendre
les aspirations du peuple à travers un engagement affiché dans
les rencontres politiques (Chapitre 1), et de l'autre, face au processus
électoral, pour dégager sur la base de ses atouts et faiblesses
(Chapitre 2), les nécessités et perspectives d'avenir afin de se
pencher sur les défis tournés vers la recherche, la consolidation
de la paix, de la stabilité, la réconciliation et la
reconstruction nationale.
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