B. Les actions en collaboration
Les confessions religieuses ont justement
appréhendé la portée de la stratégie de l'Union
fait la force, la stratégie de la force solidaire. En effet, des actions
en communion libèrent ses initiateurs et bénéficiaires de
la peur de l'insécurité, de l'incertitude du lendemain, de la
dictature avilissante, des pesanteurs socioculturelles et religieuses et les
arment d'un courage plein de témérité pour affronter toute
forme d'exploitation de l'homme par son semblable, l'exploitation des
gouvernés par les gouvernants, les antivaleurs qui sont légion et
qui déshumanisent la vie des congolais.
Mais, il sied de rappeler que le sens d'engager les actions en
collaboration constitue une exigence sociologique, une remise en question de
soi, un certain brisement; nonobstant les dissimilitudes qui pouvaient
apparaître. De ce fait, le souci d'éviter de retomber dans des
considérations religieuses, politiques, ethniques, culturelles,
doctrinales, économiques qui les affaibliraient et les diviseraient, a
exigé d'elle non seulement de dépasser ces obstacles de plusieurs
ordres (doctrinal, idéologique et politique, ethnique, culturel,...),
mais également d'éviter toute improvisation et tout amateurisme
dans l'agir.
Mieux encore, dans le souci de pro activité, force est
de reconnaître également le mérite d'avoir associé
les assemblées chrétiennes dites Eglises indépendantes,
à la réflexion et à la réalisation des actions
concertées et engagées par les Eglises Chrétiennes. Face
aux grandes questions cruciales du pays, les premières citées qui
drainent de foules de fidèles devaient être mises à
contribution par obligation de résultat. Ces actions comportaient
à la fois la préparation des hommes dans une approche
participative et la constitution du matériel de travail susceptible
d'amener les fidèles, peuple de Dieu à la citoyenneté
responsable, à l'amour de Dieu et de la Patrie si nous pouvons emprunter
l'expression latiniste «Pro Deo Pro Patria ».
Cela dit, les actions en collaboration dans cette
1ère phase de la transition ne pouvaient être
fructueuses que dans la mesure où il y avait organisation et
coordination de toutes les communautés des enfants de Dieu sans
prétention aucune de supériorité des unes sur les autres.
Par conséquent, il était capital de mettre sur pieds des
stratégies d'actions et de s'engager à les réaliser sur le
terrain, main dans la main, pour mettre en déroute les
détracteurs internes et externes de la RD Congo.
C'est le cas de mentionner les réalisations suivantes
parmi les nombreuses organisées dans le cadre de l'accompagnement du
processus de démocratisation :
1. La tenue des journées de Consultations Nationales
sur la marche du pays du 28 février au 11 mars 2000. Organisées
sous les auspices des Chefs de confessions religieuses en prévision du
dialogue inter congolais, lesdites journées ont été
appuyées par la Conférence des Eglises de toute l'Afrique (CETA).
Elles ont été couronnées par un culte oecuménique
célébré dans la Cathédrale du Centenaire Protestant
à KINSHASA/LINGWALA.
2. Le PAREC (Programme OEcuménique de Paix,
Transformation des Conflits et Réconciliation)
piloté par le Révérend Pasteur NGOY MULUNDA
de l'Eglise Protestante Méthodiste. Cette institution s'investit dans la
gestion des conflits, spécifiquement dans la démobilisation et la
réinsertion des enfants soldats, le ramassage et la destruction des
munitions et des armes légères.
3. La création par les confessions religieuses de la RD
Congo d'un cadre de concertation, de dialogue sur lequel va se fonder le vaste
programme de préparation citoyenne notamment pour l'Education Civique et
Electorale. Le protocole d'accord y relatif a été
signé le 24 juillet 2004 à KINSHASA.
Au demeurant, malgré que le rôle de l'Eglise au
milieu du village reste d'actualité dans le contexte post-conflit
particulier à la RD Congo, il faut cependant, s'interroger sur le fait
qu'elle n'arrive pas dans sa diversité à atteindre le
résultat escompté. Ce constat amer a souvent tourné autour
d'un manque de prise de position coordonnée entre elles dans certaines
circonstances, comme par exemple, pendant la période très
mouvementée partant de l'organisation du referendum constitutionnel des
18-19 décembre 2005 jusqu'à celle des premier et second tours de
l'élection présidentielle et des élections
législatives. Cela dénote des préoccupations sur le
rôle de l'oecuménisme qui, pourtant, doit arriver à
corriger de telles défaillances.
Toutefois, il y a lieu de reconnaître que cette
initiative a permis d'offrir des opportunités du genre `'rapprocher les
vues des différentes communautés religieuses en présence,
colmater les brèches par la conciliation entre protagonistes,
éveiller des consciences, etc. De plus, cette osmose religieuse qui
s'est manifestée presque partout en Afrique, a permis de conforter le
crédit de l'Eglise à telle enseigne que son rôle a
été remarquable dans la conduite des Nations vers l'ouverture au
pluralisme politique et au sein des institutions démocratiques dont le
cadre de définition des phases transitoires fut d'abord la
Conférence nationale souveraine en tant qu'un cadre,
un forum national réunissant les délégués de tous
les corps constitués de la Nation en vue de réfléchir sur
le devenir du pays.
Partout en Afrique où se sont tenus ces forums,
l'Eglise y a pris souvent une part active, voire décisive, pour pousser
l'avancement, l'aboutissement des processus de démocratisation et de
réconciliation enclenchés. En RD Congo, son poids sociopolitique
considérable lui a valu ainsi sa participation au sein des Institutions
de transition.
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