III-1-1) Bases économiques, sociales, et taux de
croissance au Sénégal
Depuis l'indépendance, l'économie
sénégalaise a connu une évolution contrastée.
Faisant : une période faste de cinq années consécutives
marquées par une forte croissance, une phase enclenchée à
partir de la fin des années 70 se caractérise par la stagnation
de la production nationale, la dégradation des équilibres
financiers internes et la montée de l'endettement extérieur.
Cette période marque le début de la mise en oeuvre de profondes
réformes : une politique de stabilisation en 1978 la mise en oeuvre du
Plan de Redressement Economique et Financier (PREF). Un programme d'ajustement
structurel à moyen et long terme (PAMLT) de 1985 à
1992.
Malgré ces réformes, l'économie
sénégalaise restait toujours caractérisée par une
faible croissance de son PIB (en moyenne 2,9% en termes réels).
Cependant les finances publiques ont connu une amélioration notable : le
solde des opérations de l'Etat est passé de 2,9% du PIB en 1985
à un léger excédent 0,2% du PIB en 1991. En 1993, le pays
était plongé dans une crise économique profonde
liée à un contexte international déprimé, à
l'essoufflement de certains secteurs d'activité (pêche, phosphate,
arachide et tourisme). Un plan d'urgence économique fut mis en oeuvre en
Août 1993.
Le changement de parité de la monnaie en 1994 a
été immédiatement suivi de la signature d'un accord de
confirmation avec le Fonds Monétaire International, transformé en
août en un accord de trois ans au titre de la facilité
d'ajustement structurel renforcée (FASR). La Banque Mondiale a
octroyé en Mars 1994, un crédit de relance économique. Des
acquis budgétaires et d'origine multilatérale (Union
Européenne) et bilatérale (notamment la France) y compris les
opérations de rééchelonnement de la dette
extérieure ont également appuyé ce programme. En outre,
les bailleurs de fonds réunis en groupe consultatif en Juillet 1995
à Paris se sont engagés pour un appui financier sur la
période 1995/1997. Dans le cadre de la mise en oeuvre de ce PAS, le
Sénégal a dans l'ensemble, fait des progrès notables dans
le redressement du cadre macro-économique, la réduction des
déséquilibres financiers, la libéralisation de
l'économie et l'établissement de bases plus favorables à
une croissance économique durable. Les objectifs
macro-économiques ont été globalement atteints et la
plupart des repères et des critères ont été
respectés. Sur l'ensemble de la période, la croissance du PIB
reste supérieure au taux de croissance démographique
(2,7%).
Depuis 2000, le Sénégal connaît une
période de forte croissance avec des taux de croissance du PIB de
l'ordre de 5%. Cependant, on note une exception pour l'année 2006 (2
à 3%). Cette expansion économique est favorisée par une
politique volontariste de l'Etat au travers du lancement de grands travaux
(travaux sur la presqu'île de Dakar, construction d'un nouvel
aéroport à Ndiass, autoroute Dakar-Diamiadio...) et la mise en
oeuvre de la stratégie de croissance accélérée
(SCA). Cette stratégie vise à propulser le Sénégal
au rang des pays émergents avec pour objectif de doubler le taux de
croissance du PIB. Les objectifs spécifiques de la SCA consistent
à: 1. mobiliser les décideurs politiques et les opérateurs
économiques publics et privés sur les enjeux de la
compétitivité du Sénégal, 2. promouvoir une culture
de la compétitivité et de l'innovation au sein du secteur
privé, 3. développer la spécialisation et construire les
avantages compétitifs des grappes clés de l'économie
sénégalaise. Les cinq grappes identifiées comme moteur de
la croissance sont les suivantes : l'agro- industrie, la pêche, le
tourisme, le textile, les TI (Technologies de l'information).
La base économique du pays reste fragile car
insuffisamment diversifiée et fortement dépendante de
l'agriculture et de la pluviométrie. Ainsi après plusieurs
années de croissance soutenue (4,6 % en moyenne sur les 5
années 1996/2001), un ralentissement est intervenu en 2002 (1,2%) du
fait de la sécheresse et de la chute de la production agricole.
L'excellente situation en la matière en 2003 a permis de retrouver un
bon taux de croissance. L'activité reste tirée par le secteur
secondaire -essentiellement du fait du BTP- et le tertiaire. La politique
budgétaire, fortement encadrée par le FMI et la BM, a contenu
l'inflation. Le taux d'investissement est en progression grâce à
un fort contenu extérieur mais les PME-PMI -sans parler du secteur
informel- rencontrent des difficultés pour accéder au financement
bancaire, ce qui freine le développement. Par ailleurs le pays reste
enclavé.
Au total, la croissance est insuffisante pour faire
régresser la pauvreté, avec une démographie qui demeure
élevée (2,7%) dans un pays qui dispose de peu de ressources
naturelles
L'insuffisance d'infrastructures, d'équipements
publics, le sous-emploi chronique, sont des contraintes importantes avec des
risques de tension sociale, dus à la présence d'une population
marginalisée.
Même s'il l'est plus que la plupart des autres pays de
l'Afrique de l'Ouest, le Sénégal est peu industrialisé. La
grande majorité de la population vit de la pêche et de
l'agriculture (et la moitié des paysans se consacre à
l'arachide). Le secteur secondaire représente aujourd'hui 20 % du
PIB et les autorités veulent favoriser le développement
industriel grâce à l'investissement privé. L'artisanat
occupe une place importante : 4 à 600 000 personnes et un
programme national est annoncé pour « faire de ce secteur un
poumon de l'économie sénégalaise ». La
pêche occupe à peu près le même effectif. Le tourisme
est quant à lui la deuxième source de devises.
Agroalimentaire, textile, télécommunications
sont des secteurs ciblés pour le développement par les pouvoirs
publics qui annoncent aussi des projets ambitieux en matière
d'infrastructures (réseau routier, rail, nouvel aéroport)
La question énergétique pèse sur les
capacités de développement. La SENELEC -dont la privatisation est
en cours- souffre d'insuffisance de production. En milieu rural le taux
d'électrification ne dépasse pas 7%. La situation s'est
améliorée depuis la mise en service du barrage de Manantali
(Mali) en 2002 qui fournit l'appoint nécessaire
d'électricité mais le mauvais état des infrastructures en
matière de transport et de distribution de l'énergie cause encore
de fréquents délestages et pannes.
Concernant l'emploi, il faut insister sur la très
faible part de la population salariée relevant du code du travail et
d'un régime de protection sociale. L'immense majorité de la
population active se trouve dans le secteur dit
« informel ». Les statistiques de la Direction de la
Prévision et des Statistiques font état de 3.127.800 personnes
actives effectivement occupées (dont presque deux millions en milieu
rural). Selon les sources de la caisse de sécurité sociale et de
l'IPRES, on comptabilise de 210 000 à 250 000 travailleurs
salariés dans le secteur « moderne » (inclus les
fonctionnaires) soit environ 7% de la population active à qui le
système sénégalais assure une protection sociale
(très parcellaire).
La mise en oeuvre des orientations du DSRP (document
stratégique de réduction de la pauvreté) a commencé
en 2003 et le Sénégal a atteint le 21 avril 2004 le point
d'achèvement de l'initiative PPTE. L'intégration régionale
sénégalaise, au sein de l'UEMOA, s'est matérialisée
par la mise en place d'un tarif douanier extérieur commun depuis 3 ans,
par l'introduction d'un taux unique de TVA (18 %) en septembre 2001 et la
participation à des politiques sectorielles régionales. La mise
en place d'un Conseil du Travail et du Dialogue Social au niveau de l'Union est
envisagée. Cependant la situation de la Côte d'Ivoire pèse
sur l'UEMOA.
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