Conclusion partielle
La dynamique des activités économiques constitue
l'un des facteurs de la diversité de ces structures dans cet espace. On
retient également que la commune
d'Ifangni, bénéficie d'un environnement
favorable aux activités financières avec une
variété de structures et d'acteurs financiers. Les institutions
de micro finance, bien qu'étant minoritaires jouent un rôle
important dans le développement des activités économiques
et sociales des populations à la base.
TROISIEME PARTIE : INSTITUTIONS DE MICRO FINACE
ET DYNAMIQUES SOCIOECONOMIQUES DANS LA COMMUNE D'IFAGNI
Chapitre 5 : DYNAMIQUES DES INSTITUTIONS DE MICRO
FINANCE DANS LA COMMUNE D'IFANGNI
La diversité des institutions de micro finance dans la
commune d'Ifangni constitue un grand atout pour le développement des
initiatives individuelles et collectives des populations. L'accès aux
structures financières en présence constitue un facteur qui
explique la nature des pratiques financières en cours dans un espace
géographique. A travers ce chapitre, l'accent est mis sur les dynamiques
et pratiques financières en cours dans la commune d'Ifangni.
5.1 PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE MICRO FINANCE : CAS
DE LA CLCAM - IFANGNI
La CLCAM d'Ifangni fait partie des structures
financières qui concourent au financement des initiatives des
populations. Elle offre des services de la micro finance (épargne et
crédit) aux différentes couches de la population. La CLCAM est
une structure financière mutualiste. Elle collecte au sein de la
population l'épargne en permettant l'ouverture des comptes. On distingue
: le compte sur livret et le compte courante. Elle permet aux artisans, aux
groupements de producteurs agricoles et de femmes, aux directeurs des
établissements d'enseignement et autre personnes physiques et morale de
domicilier les subventions. Ces différents types de dépôts
constituent une partie des ressources transformées en crédit. Les
différents types de crédits sont : le tout petit crédit
aux femmes, le crédit à court terme, le crédit à
court terme allongé, le crédit à moyen terme, le
crédit virage marché.
5.1.1 Etat des activités financière de la
CLCAM
Selon les données obtenues au près de cette
caisse, les dépôts et les crédits sont en pleine
évolution ces deux dernières années avec une augmentation
respective de 9 % et 35 % au 31 décembre 2007. La figure 5
présente les grandes tendances de l'évolution de cette caisse.
Entre 2004 et 2007, les opérations de dépôts au niveau
de
la CLCAM sont en pleine croissance. Par contre entre 2004 et
2006, le volume de crédits octroyés a chuté. Cette
situation s'explique par les crises internes de la caisse au cours de cette
période. En effet, compte tenu des impayés enregistrés en
2004, le conseil de crédit avait décidé de réduire
considérablement les déboursements, ce qui a engendré la
chute du volume de crédits octroyés.
Source : CLCAM Ifangni, 2008.
Figure 5 : Evolution des dépôts et
des crédits de 2004 à 2007
La figure 6 relative à l'évolution des
opérations courantes (ouverture de compte, sociétariat, de
demande de crédit, distribution de crédits) selon le sexe permet
de noter qu'il existe des disparités au niveau des montants
épargnés selon le sexe. La remarque faite est que les femmes sont
plus représentées que les hommes et les personnes morales au sein
des sociétaires de la caisse. Ce qui explique la première place
qu'elles occupent par rapport à l'opération de dépôt
au niveau de la caisse. Mais bien qu'étant majoritaires au sein de la
caisse, elles représentent une faible proportion de
bénéficiaire de crédit.
Source : CLCAM Ifangni, 2008.
Figure 6 : Evolution des
opérations courantes de la CLCAM d'Ifangni selon les effectifs en
2007
La figure 7 met en exergue l'évolution des
opérations courantes selon le volume des montants par sexe. A
l'opposé de la figure n° 6 relative à l'évolution des
opérations courantes (ouverture de compte, sociétariat, de
demande de crédit, distribution de crédits) selon le sexe, la
figure 7 montre qu'en matière de volume de fond ce sont les hommes qui
occupent la première place. Ainsi, A la CLCAM, les hommes
épargnent et obtiennent plus de crédits que les femmes. Ces
différents éléments montrent l'importance de cette caisse
dans les transactions financières dans la commune d'Ifangni.
Selon les informations obtenues auprès des acteurs du
guichet de PADME d'Ifangni, cette structure de micro finance enregistre un fort
taux de bénéficiaires de crédits. Les crédits sont
octroyés sans l'exigence d'une ouverture de compte épargne
préalable contrairement à la CLCAM et les CREP. Ces
dernières exigent avant l'octroi du crédit une ouverture de
compte d'épargne.
Source : CLCAM Ifangni, 2008.
Figure 7 : Evolution des opérations
courantes selon le volume financier en 2007
5.1.2. Caractéristiques des clients des IMF en
place
Les usagers des institutions de micro finance intervenant dans
la commune d'Ifangni, sont répartis dans les trois secteurs
d'activités de l'économie. Le tableau VIII présente la
répartition des adhérents de la CLCAM Ifangni en 2007 selon le
type d'activité. Mais de tous les usagers, on note la
prépondérance du secteur tertiaire qui représente
près de 80,41 %.
Tableau VIII : Répartitions selon les
professions déclarées des sociétaires de la CLCAM
d'Ifangni en 2007
Secteurs d'activités
|
Professions déclarées
|
Effectifs
|
Pourcentages
|
Primaire
|
Agriculteurs
|
10
|
05,15 %
|
Secondaire
|
Artisanat de production
|
28
|
14,43 %
|
Tertiaire
|
Commerçants et services marchands
|
156
|
80,41 %
|
Total
|
194
|
100,00%
|
Source : CLCAM Ifangni, 2008.
D'après la figure 8, la moyenne d'âge des
bénéficiaires de crédit est de 39 ans. La classe
d'âge la plus représentée est celle comprise entre 25 et 35
ans soit 35 %, suivie de celle comprise entre 35 et 45 ans soit 29 %. Ces deux
tranches d'âge représentent plus de 60% de la clientèle
totale. La classe d'âge des 18 et 25 ans est moins
représentée (10%).
Figure 9 : Aire d'attraction des institutions de micro
finance
5.2 PRATIQUES FINANCIERES EN COURS
Les pratiques financières sont cernées à
partir du recours aux différentes structures financières. Les
analyses ont porté sur les systèmes de micro financement que sont
les tontines et les IMF.
5.2.1 Dominance des pratiques communautaires
La commune d'Ifangni est marquée par une nette
prédominance du secteur officieux. Instrument d'épargne,
système de crédit, rassemblement d'amis pour des échanges
d'idées, clubs de rencontres, réseau d'influence sociale, lieu de
partage des joies familiales, groupe de soutien pour les moments difficiles et
notamment pour les deuils, la tontine est tout cela à la fois. En fait,
chaque membre y trouve des avantages qui lui sont propres. On peut signaler
tout de même que pour les jeunes, la tontine est d'abord un instrument
économique, alors que pour les plus anciens, elle permet avant tout la
solidarité collective. Le tableau ci-dessous nous renseigne sur le
recours au système de tontine.
Tableau IX: Accès aux tontines
selon le sexe
|
Hommes
|
Femmes
|
Total
|
Faites-vous la
tontine ?
|
Effectifs
|
%
|
Effectif s
|
%
|
Effectifs
|
%
|
Oui
|
38
|
80,85
|
66
|
90,41
|
104
|
86,67
|
Non
|
09
|
19,15
|
07
|
09,59
|
16
|
13,33
|
Total
|
47
|
100
|
73
|
100
|
120
|
100
|
Source : Enquête de terrain, janvier
2008
De l'analyse de ce tableau, il ressort que 86,67% des
personnes enquêtées font recourt aux systèmes de tontines
dont 90,4 1% des femmes contre 80,85% des hommes sur l'effectif total des
usagers enquêtés. Cette situation s'explique par le fait que les
systèmes de tontines constituent les formes d'épargne les plus
accessibles à la population en milieu rural. Elles sont des initiatives
socioculturelles basées sur la confiance et qui trouvent leur
développement dans un cadre géographique où règne
une pauvreté accrue.
La figure ci-dessous présente les différentes
formes de tontine dont les populations ont recours dans cet espace
géographique. Ainsi, la forme de tontine cumulative représente 43
% contre 37 % et 20 % pour les tontines rotatives et commerciales. Notons tout
de même que les tontines cumulative et rotative sont des formes de
tontines mutuelles ou traditionnelles.
Elles sont très répandues dans les milieux
ruraux. Elles permettent de répondre à des besoins primaires,
familiaux. Le succès de ces tontines repose sur le principe de la
stricte égalité, la confiance et le contrôle non
hiérarchique.
Tableau X : Répartition des
enquêtés selon le montant maximum versé
|
Hommes
|
Femmes
|
Total
|
Montant
|
Effectifs
|
Fréquence
|
Effectifs
|
Fréquence
|
Effectifs
|
Fréquence
|
[200-1000[
|
3
|
7,89 %
|
31
|
46,97 %
|
34
|
32,69 %
|
[1000-2000[
|
9
|
23,68 %
|
16
|
24,24 %
|
25
|
24,04 %
|
[2000-3000[
|
10
|
26,32 %
|
13
|
19,70 %
|
23
|
22,12 %
|
[3000-4000[
|
5
|
13,16 %
|
4
|
6,06 %
|
9
|
8,65 %
|
[5000 et + [
|
11
|
28,95 %
|
2
|
3,03 %
|
13
|
12,50 %
|
Total
|
38
|
100,00 %
|
66
|
100,00 %
|
104
|
100,00 %
|
Source : Enquête de terrain, janvier 2008
Les personnes qui participent à une tontine mutuelle
tirent un bénéfice de leur appartenance au groupe à tour
de rôle. Chacun est censé percevoir autant qu'il a versé.
Il en résulte au sein de ces groupements une dimension sociale
particulière. Ainsi la figure 12 renseigne sur le montant des
levés au niveau des différents groupes de tontines
rencontrés au cours des travaux de terrains.
Source : Enquête de terrain, janvier 2008
Figure 12 : Répartition des groupes de
tontines selon le montant des levés
La tontine est une sorte de caisse de prévoyance
à laquelle chacun des membres adhère en prévision des
difficultés qui peuvent survenir dans sa vie quotidienne. En effet, le
besoin de sécurité face aux différents risques sociaux a
rendu nécessaire le recours aux tontines, celles-ci devenant de
puissants moyens de couverture sociale. Ces derniers indicateurs de l'usage des
tontines montrent l'importance de ce système dans l'augmentation du
patrimoine.
Les tontines mobilisent une importante masse monétaire.
Si l'on compare les formalités à remplir pour devenir membre
d'une tontine à celles qui sont exigées pour acquérir un
crédit dans une institution financière formelle, on ne peut
soutenir que les systèmes de tontines jouent un rôle
économique et social en milieu rural.
5.2.2 Recours aux institutions de micro
finance
L'accès au crédit est un élément
important dans le financement des initiatives économiques. En dehors des
systèmes de tontines, les populations font également recours aux
institutions de micro finance en place. Sur les 120 personnes
enquêtées dans la commune d'Ifangni, 50,83 % ont répondu
avoir obtenu une fois de crédit auprès de ces structures
financières.
Tableau XI : Accès aux institutions de micro
finance
Avez-vous bénéficié d'un crédit
une fois ?
|
Hommes
|
%
|
Femmes
|
%
|
Total
|
%
|
Oui
|
32
|
68,09
|
29
|
39,73
|
61
|
50,83
|
Non
|
15
|
31,91
|
44
|
60,27
|
59
|
49,17
|
Total
|
47
|
100,00
|
73
|
100,00
|
120
|
100,00
|
Source : Enquête de terrain, janvier 2008
Comme l'indique le tableau XI, on note un faible taux de
femmes ayant recours aux services financiers des IMF. Elles représentent
39,73 % contre 68,09 % des hommes. Cette situation s'explique par le fait qu'il
est beaucoup plus facile aux hommes de posséder des garanties pour
pouvoir obtenir des crédits. Ainsi, cela témoigne de l'existence
d'un certain nombre de barrières qui réduisent l'accès des
femmes aux services financiers.
Au regard des informations recueillies lors de nos recherches
de terrain, il ressort que la CLCAM et le PADME sont les structures les plus
fréquentées dans la commune d'Ifangni. Ainsi de l'analyse de la
figure 13 ci-dessous, les femmes enquêtées sont pour la grande
partie des bénéficiaires des services financiers du PADME. Mais
ces réponses doivent être prises avec beaucoup de réserves.
Les individus pour des raisons non définies font recours à
plusieurs structures de micro finance à la fois.
Source : Enquête de terrain, janvier
2008
Figure 13 : Recours aux institutions de micro
finance en place
De l'analyse du tableau XII, il ressort que la majorité
des femmes ayant accepté fournir des informations sur leurs
crédits ont obtenu des montants inférieurs compris entre 50 000 F
CFA et 100 000 F CFA. Il faut mettre dans cette catégorie, les
bénéficiaires des plus petits crédits au plus pauvres du
gouvernement béninois. Ce tableau fait apparaître des
inégalités entre les montants obtenus et le sexe. Mais de
façon générale, plus 60 % des enquêtés ont
obtenu des crédits dont les montants sont supérieurs à 200
000 F CFA.
Tableau XII : Répartition des
enquêtés selon montants de crédits obtenus
|
Hommes
|
Femmes
|
Total
|
Montants des levés
|
Effectifs
|
%
|
Effectifs
|
%
|
Effectifs
|
%
|
[50 000f-100 000f [
|
00
|
00,00
|
07
|
29,17
|
07
|
13,46
|
[100 000f-150 000f [
|
01
|
03,57
|
03
|
12,50
|
04
|
07,69
|
[150 000f-200 000f [
|
01
|
03,57
|
01
|
04,17
|
02
|
03,85
|
[200 000f-250 000f [
|
07
|
25,00
|
04
|
16,67
|
11
|
21,15
|
[250 000f-300 000f [
|
08
|
28,57
|
05
|
20,83
|
13
|
25,00
|
300 000f et plus
|
11
|
39,29
|
04
|
16,67
|
15
|
28,85
|
Total
|
28
|
100,00
|
24
|
100,00
|
52
|
100,00
|
Source : Enquête de terrain, janvier
2008.
|