Conclusion partielle
De tout ce qui précède, il ressort que la
commune d'Ifangni est un cadre géographique favorable au
développement des structures financières. Après la
détermination des facteurs qui impulsent le développement local
dans la commune d'Ifangni, il convient de s'intéresser à la
typologie, au fonctionnement et à l'organisation spatiale des structures
et acteurs financiers en place.
Chapitre 4 : INSTITUTIONS DE MICRO FINANCE EN PLACE
: TYPOLOGIE ET ORGANISATION SPATIALE
En tenant compte du statut, on peut noter que le secteur
financier local est constitué de structures et d'acteurs financiers
formels et informels. Les structures financières sont regroupées
en trois grandes catégories : les institutions de micro finance, les
systèmes de tontines, les marchés de change (cambistes). La
première fait partie des structures formelles car elles sont
régies par des lois.
Le principal intérêt de ce sous chapitre a
été de faire l'état de lieu des structures
financières en place.
4.1 DIVERSITE DES INSTITUTIONS DE MICRO
FINANCE
4.1.1. Cadre juridique d'intervention
Longtemps, les institutions de micro finance ou
systèmes de financement décentralisés avaient
évolué dans un vide juridique, organisationnel et institutionnel
caractérisé, entre autres, par l'absence d'une
réglementation appropriée, d'une structure de suivi et de
contrôle, d'un cadre politique référentiel pour
l'organisation du secteur.
En matière financière et bancaire, les huit (08)
pays de l'Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA)
appliquent une réglementation communautaire dont l'objectif est
d'assurer la solvabilité, la liquidité et l'équilibre de
la structure financière des acteurs du système financier. Ainsi,
à l'instar des autres pays de l'UEMOA, le Bénin s'est doté
d'un cadre juridique de la micro finance à travers la loi 97-027 du 08
août 1997 portant réglementation des institutions mutualistes ou
coopératives d'épargne et de crédit (loi PAMERC). Cette
loi s'inspire fortement de la loi bancaire n° 90-018 du 27 juillet 1990
qui régit les banques et établissements financiers dans l'espace
UEMOA. Après ratification par
le Bénin, elle a été
complétée par le décret d'application n° 98-60 du 09
février 1998. Cette loi couvre essentiellement les institutions
mutualistes ou coopératives d'épargne et de crédit. Elle
détermine les conditions d'exercice des activités, les
modalités de reconnaissance de ces structures ou organisations, les
règles de leur fonctionnement et les modalités de leur
contrôle. Mais elle place les associations non mutualistes ou non
coopératives sous le régime de conventions spécifiques
transitoires à signer avec le Ministère des Finances.
Les systèmes de financement décentralisés
sont tenus de solliciter auprès de la Cellule de micro finance leur
agrément (ou autorisation d'exercice) et leur inscription avant
d'exercer leurs activités.
La nomenclature choisie dans le cadre du présent
travail vise simplement à donner une cohérence à la
classification des institutions de micro finance. Elle est par
conséquent très simplifiée et ne distingue que les
structures mutualistes des structures non mutualistes. Il s'agit de
spécifier le plus précisément possible le statut et le
mode de financement de chacune de ces structures permettant
d'appréhender leurs principes de fonctionnement.
4.1.2 Les institutions de micro finance
formelles
Selon la Cellule de Micro finance du Ministère des
Finance et de l'Economie d'alors, les IMF peuvent être classées en
cinq catégories : les Mutuelles et Coopératives d'Epargne et de
Crédit, les Associations et ONG à volet Micro finance, les
Sociétés, les Projets à volet Micro finance et les
Groupements d'Epargne et de Crédit. Le tableau IV présente la
répartition des IMF dans le département du Plateau et dans la
commune d'Ifangni par catégorie en 2005.
L'analyse du tableau IV révèle d'une part que
les Groupements d'Epargne et de Crédit (GEC) représentent 50 %
des IMF intervenant dans la commune d'Ifangni contre 46,15 % pour tout le
département du Plateau. D'autre part, les Mutuelles et
coopératives d'épargne et de Crédit moins dominantes que
les groupements, représentent 40 % et 32,21 % respectivement pour la
commune d'Ifangni et pour le département du Plateau.
De cette analyse, il ressort que les groupements
d'épargne et de crédit restent les structures les plus
représentatives tant dans le département du Plateau que dans la
commune d'Ifangni. Mais lors de nos travaux de terrain, nous n'avons pas
retrouvé d'ONG à volet micro finance en activité.
Tableau IV : Répartitions des IMF par
catégorie
Catégorie d'institution
|
IFANGNI
|
PLATEAU
|
Nombre structures
|
%
|
Nombre structures
|
%
|
Mutuelles et coopératives
d'épargne et de Crédit
|
04
|
40
|
21
|
32,31
|
Associations et ONG
|
01
|
10
|
11
|
16,92
|
Sociétés
|
00
|
00
|
00
|
00
|
Projets gouvernementaux à volet à micro finance
|
00
|
00
|
03
|
04,62
|
Groupement d'Epargne et de
Crédit
|
05
|
50
|
30
|
46,15
|
Total
|
10
|
100
|
65
|
100
|
Source : Cellule de Micro finance, Ministère des
Finances et de l'Economie, 2005.
Le tableau ci-dessous est un tableau comparatif du taux de
couverture des institutions de micro finance dans les communes du Plateau et
celle de Porto-Novo. Ce taux est le rapport entre le nombre d'institutions de
micro finance présentes et l'effectif total de la population de la
commune en 2002.
D'une façon générale, il faut noter que
le taux de couverture des IMF formelles reste largement faible. Le tableau V
montre que dans le département du Plateau, la commune de Kétou a
un taux de couverture d'IMF le plus élevé soit 0,023 8 % contre
0,0070 % pour la commune de Sakété, 0,0 139 % pour la commune
d'Ifangni.
Tableau V : Comparaison des taux de
couverture des IMF par habitant dans les Communes du Plateau et la ville de
Porto-
Novo
Catégorie d'institutions
|
Adja-Ouèrè
|
Ifangni
|
Kétou
|
Pobè
|
Sakété
|
Porto-Novo
|
Nbre
|
T.C.
%
|
Nbre
|
T.C.
%
|
Nbre
|
T.C.
%
|
Nbre
|
T.C.
%
|
Nbre
|
T.C.
%
|
Nbre
|
T.C.
%
|
Mutuelles et COOPEC
|
02
|
0,0024
|
04
|
0,0055
|
11
|
0,0109
|
02
|
0,0024
|
02
|
0,0028
|
06
|
0,0040
|
Associations et ONG
|
00
|
00
|
01
|
0,0013
|
03
|
0,0029
|
07
|
0,0084
|
00
|
00
|
14
|
0,0093
|
Sociétés
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
02
|
0,0013
|
Projets à volet à micro finance
|
02
|
0,0024
|
00
|
00
|
00
|
00
|
01
|
0,0012
|
00
|
00
|
02
|
0,0013
|
GEC
|
09
|
0,0110
|
05
|
0,0070
|
10
|
0,0100
|
03
|
0,0036
|
3
|
0,0042
|
05
|
0,0033
|
Total
|
13
|
0,0159
|
10
|
0,0139
|
24
|
0,0238
|
13
|
0,0156
|
05
|
0,0070
|
29
|
0,019
|
Source : Cellule de Micro finance, Ministère des
Finances et de l'Economie, 2005 Nbre =Nombre ; T.C.= Taux de couverture
4.1.2.1 Structures mutualistes
Les modalités de fonctionnement des structures de micro
finance mutualistes s'inspirent très largement des systèmes de
tontines : les tontines traditionnelles et les banquiers ambulants (Martinez,
2003).
Le fonctionnement peut reposer sur une base mutualiste
consistant à collecter l'épargne des individus avant de la
redistribuer sous forme de crédits. Ces choix de fonctionnement visent
en premier lieu à attirer un maximum de populations vers le circuit
formel. Les organes de fonctionnement sont le Conseil d'Administration, le
Comité de Crédit, le Conseil de Surveillance. Ils émanent
de l'Assemblée Générale et s'y rapportent. Ils assurent
l'orientation la direction et le contrôle de la structure.
De plus les organismes de micro finance mutualistes
espèrent viabiliser leur situation, en s'assurant notamment de bons taux
de remboursements, car ils proposent des services plus ou moins familiers aux
personnes déjà intégrées à une ou plusieurs
structures financières informelles. "Ces techniques reposent sur une
bonne connaissance des mécanismes sociaux. Une idée est que la
pression sociale peut remplacer la garantie matérielle, pour garantir un
bon remboursement des prêts ; par exemple, dans des groupes de cautions
solidaires, chaque emprunteur se porte garant pour les autres emprunteurs de
son groupe, et si l'un ne rembourse pas, il le fera à sa place".
Martinez (2003 : p 30)
Dans la commune d'Ifangni, il existe deux structures de micro
finance formelles mutualistes : la CLCAM et les CREP.
> La CLCAM
La CLCAM d'Ifangni est une association coopérative de
droit privé à personnes et capital variables. Située dans
l'arrondissement d'Ifangni Centre (quartier Odofin) non loin du marché
d'Ifangni. Elle est actuellement régie par la loi n°97-027 du 08
août 1997 portant réglementation des institutions mutualistes ou
coopératives d'épargne et de crédit au Bénin. Elle
a été créée le 06 août 1996 suite à
une assemblée générale constitutive. Son mode de
fonctionnement est interne. En effet l'épargne collectée
constitue la principale source qui alimente la distribution
des crédits. Sa gestion est assurée par un
conseil d'administration composé de sept (07) membres
sociétaires, un comité de crédit de trois (03) membres et
un conseil de surveillance de trois (03) membres également. Ces organes
de gestion et de contrôle sont appuyés par une équipe
technique composée de cinq (05) salariés exerçant sous la
responsabilité d'un Gérant. A la date du 31 décembre 2007,
ses dépôts s'élèvent à 197 982 596 FCFA et un
capital social à 16 640 000 FCFA pour 2 881 sociétaires. Son
portefeuille de prêts, y compris les crédits en souffrance et les
créances rattachées, est évalué à 120 133
170 FCFA pour 437 sociétaires emprunteurs.
> Les CREP
Il existe dans la commune d'Ifangni deux caisses rurales de
crédits et d'épargnes en activité. Il s'agit de la CREP
Féminine de Banigbé et de la CREP d'Igolo. Ces caisses rurales
d'épargne et de crédit ont été mises en place en
1998. D'après le CCPA de la commune d'Ifangni, on dénombre
respectivement au niveau de la CREP d'Igolo 556 sociétaires dont 427
hommes et 129 femmes répartis dans toute la commune. Quant à la
CREP de Banigbé (photo n°2), le nombre de sociétaires
était évalué à 200 uniquement des femmes. A la
différence de la CREP d'Igolo, la majorité des sociétaires
de la CREP de Banigbé se trouve dans les villages alentours.
Photo n°2 : Enseigne de la CREP de Banigbé.
Cliché : ASSOGBA G., octobre 2008.
La particularité de ces caisses est qu'elles sont
créées avec la collaboration des organisations paysannes. Ainsi,
la population cible de ces différentes caisses d'épargne et de
prêts est composée d'agriculteurs individuels, de groupements
villageois de producteurs agricoles ou d'éleveurs, les groupements de
femmes.
4.1.2.2 Les structures non mutualistes
Parmi les structures de micro finance dont le fonctionnement
ne se repose pas sur une base mutualiste, on distingue le PADME et le PAPME.
Leur mode de fonctionnement repose sur une base non mutualiste
nécessitant un financement des crédits sur fonds propres ou par
le biais de fonds externes à l'organisme. Ces structures offrent des
services de crédit sans une épargne au préalable. Cette
situation est à la base de la dynamique financière que
connaissent ces IMF.
> Le PADME
L'agence mère du PADME qui couvre les
départements de l'Ouémé et du Plateau est située
dans la ville de Porto-Novo. Le bureau d'Ifangni est un guichet qui
dépend de l'agence de Porto-Novo. D'après les informations
obtenues auprès des clients des cette structure, le guichet d'Ifangni
est créé en 2003. L'objectif visé est de se rapprocher
beaucoup plus des ces usagers se trouvant dans cette localité. Le PADME
propose différents services financiers exclusivement liés aux
microcrédits (individuels ou de groupe). Les montants octroyés
varient de 20.000 FCFA à 10.000.000 FCFA pour les crédits
individuels et de 20.000 FCFA à 5.000.000 FCFA pour les crédits
de groupe.
La différence entre ces deux formes de crédit se
situe au niveau de la garantie. En effet, le micro crédit individuel est
accordé aux personnes physiques ou morales ayant une activité
génératrice de revenus et qui apportent des garanties
réelles. Le micro crédit de groupe ou solidaire est
accordé au groupement de cinq (5) personnes au minimum avec pour
garantie la caution solidaire des membres. C'est une association dont le mode
de financement est externe et dont les principaux bailleurs sont l'Etat, la
BOAD (Banque Ouest Africaine de Développement) et l'AFD
(Association Française de Développement).
> Le PAPME
Le seul bureau de cette structure dans le département
du Plateau se trouve dans la ville de Pobè. Le guichet d'Ifangni se
trouve dans l'arrondissement de Tchaada. Selon le chargé des
crédits, cette implantation s'explique par le fait que la
majorité des dossiers provient des arrondissements de Tchaada,
Banigbé, Daagbé, KoKoumolou et surtout d'Igolo.
Le PAPME propose des services de crédit individuel ou
de groupe au même titre que le PADME. Il reçoit en moyenne quinze
(15) dossiers par mois. En septembre 2007, le volume de crédit est de 62
507 937 FCFA pour 147 bénéficiaires. Son mode de financement est
externe par le biais de prêts bancaires et de bailleurs tels que la
Banque.
4.2. LE SECTEUR FINANCIER INFORMEL
Le secteur financier informel englobe l'ensemble des
transactions financières qui s'effectuent en dehors des
réglementations imposées à l'activité du secteur
financier formel en matière de taux d'intérêt et
d'allocation, du crédit, de réserves obligatoires et d'autres
mesures analogues (Mayoukou, 1993).
On peut caractériser le secteur informel par la
souplesse des opérations et des conditions de prêt, ce qui lui
confère un certain nombre d'avantages comparatifs économiques sur
le secteur financier formel. Comme composantes de ce secteur nous avons
identifié deux pratiques financières : les systèmes de
tontines et les activités de change monnaie. Loin d'être une
présentation exhaustive de ces acteurs financiers, ce sous chapitre met
en exergue les différents acteurs qui y interviennent et leurs modes de
fonctionnement
4.2.1 Les systèmes de tontine
Longtemps ignorées, ces pratiques tontinières
existent pourtant depuis des décennies, et elles constituent un
réservoir d'épargne important pour les pays en
développement. Ces tontines se caractérisent par
des relations personnelles très étroites entre les membres, et
leurs mécanismes sont d'une réelle originalité et d'une
grande souplesse. Elles se sont développées, ont
évolué pour s'adapter à leur environnement et leur
rôle est d'autant plus important aujourd'hui qu'elles semblent avoir
réussi là où les banques ont échoué,
à savoir mobiliser l'épargne domestique.
Les systèmes de tontine sont très
répandus dans notre secteur d'étude. Selon Mayoukou (1993)
cité par Guèdègbé (2005 : p 24) "les tontines
sont des associations regroupant les membres d'un clan, d'une famille, des
voisins ou des particuliers qui décident de mettre en commun des biens
ou services au bénéfice de tout un chacun et cela à tout
de rôle". On parle souvent d'A.R.E.C., c'est-à-dire
"associations rotatives d'épargne et de crédit".
De cette définition il ressort que les tontines sont
largement une inspiration découlant des habitudes communautaires,
parties intégrantes de la société traditionnelle, et sont
des structures d'entraide qui interviennent dans les aspects de la vie sociale
et économique. D'après les informations recueillies lors de nos
enquêtes de terrain, on peut classer les tontines en deux
catégories : les tontines mutuelles et les tontines commerciales.
4.2.1.1 Les groupes de tontine mutuelle
La tontine mutuelle peut se définir comme une «
association de personnes qui, unies par des liens familiaux,
d'amitiés, de profession, de clan ou de région, se retrouvent
à des périodes d'intervalles plus ou moins variables afin de
mettre en commun leur épargne, cette dernière profitant
à tour de rôle à chacun des membres du groupe ».
Lelart (1990), Mayoukou (1993) et Igue (1999)
En effet, même si l'appellation de tontinier est
très fréquente au Bénin en ce qui concerne les banquiers
ambulants, elle ne doit pas masquer le caractère individuel et
rémunérateur de cette activité économique. Les
personnes qui participent à une tontine mutuelle tirent un
bénéfice de leur appartenance au groupe à tour de
rôle, mais celui-ci ne comporte pas de coût financier puisque
chacun est censé percevoir
autant qu'il a versé. Il en résulte au sein de
ces groupements une dimension sociale particulière. C'est cette
dimension qui est selon Martinez (2003 :), "un vecteur de
sociabilité dans des espaces progressivement marqués par
l'individualisme".
La confiance que s'accordent entre eux les membres d'une
tontine demeure le facteur prédominant pour son bon fonctionnement. Ce
dernier repose sur une base contractuelle et nécessite un respect mutuel
des modalités de versement par chacun des membres afin qu'aucun d'eux ne
puissent être lésé. La connaissance mutuelle des membres
d'une tontine est le second facteur important car elle influe sur le
paramètre confiance. Selon les espaces géographiques et les
environnements sociaux qui y existent, les liens et relations qu'entretiennent
les individus appartenant à une tontine sont variables.
Les tontines mutuelles se constituent en groupe de
commerçants, d'artisans ou entre amis avec une prédominance de
tontine au sein des confessions religieuses. Le principe général
de fonctionnement est identique d'une tontine mutuelle à l'autre. Seules
les modalités de participation diffèrent : la fréquence
à laquelle se retrouvent les membres d'un groupe, la
détermination de l'ordre de perception des levées et la fixation
du montant que chacun doit verser.
La fréquence de regroupement est le plus souvent
hebdomadaire parfois bihebdomadaire et moins couramment mensuelle. L'ordre des
levées est soit établi en fonction des besoins de chaque membre
soit par un tirage au sort. La première solution semble
privilégiée. Le tableau ci-dessus présente les
différentes tontines rencontrées sur le terrain selon les
fréquences et le montant le plus élevés des cotisations.
Sur les vingt huit (28) tontines renseignées, 42,9 % se regroupent tous
les sept (7) jours et surtout dans les week-ends contre 28,56 % tous les cinq
(5) jours qui n'est rien d'autre que la périodicité d'animation
des marchés locaux. Les montants élevés de mise qui
varient entre 100F et 500F représentent 32,13 %.
Tableau VI : Répartition des
tontines selon le montant élevé et la fréquence des
cotisations
Fréquence des cotisations
Montants élevés de cotisations
|
Tous les 5 jours
|
Tous les 7j ours
|
Tous les 15
jours
|
Tous les1 mois
|
Total
|
Nbre
|
%
|
Nbre
|
%
|
Nbre
|
%
|
Nbre
|
%
|
Nbre
|
%
|
[100 f-500 f [
|
03
|
11
|
06
|
21,4
|
01
|
03,57
|
00
|
00
|
10
|
32,13
|
[500 f-1000 f [
|
03
|
11
|
03
|
10,71
|
01
|
03,57
|
00
|
00
|
07
|
24,99
|
[1000 f -1500 f [
|
02
|
07,1
|
01
|
03,57
|
01
|
03,57
|
00
|
00
|
04
|
14,28
|
[1500 f -2000 f [
|
00
|
00
|
01
|
03,57
|
01
|
03,57
|
00
|
00
|
02
|
07,14
|
[2000 f -2500 f [
|
00
|
00
|
01
|
03,57
|
01
|
03,57
|
01
|
03,57
|
03
|
10,72
|
2500 f et plus
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
02
|
07,14
|
02
|
07,14
|
Total
|
8
|
28,56
|
12
|
42,9
|
05
|
17,86
|
03
|
10,71
|
28
|
100
|
Sources : Enquête de terrain, janvier 2008
Nbre = Nombre
La fixation du montant à verser est quant à elle
fortement variable. Elle dépend de l'origine sociale et des objectifs
que se fixent les membres de la tontine. Ce système rend
l'intégration plus accessible et mieux adaptée aux besoins et
capacité de chacun. On peut noter que la durée de vie d'une
tontine est également un paramètre préétabli par le
groupe. Elle ne s'échelonne généralement pas sur plus
d'une année mais peut être reconduite si son fonctionnement est
jugé satisfaisant par l'ensemble des adhérents. La fin de cycle
d'une tontine donne lieu, dans la plupart des cas, à une
cérémonie de clôture qui se traduit par une fête
à laquelle tous les adhérents sont conviés. Ces
fêtes illustrent bien la sociabilité qui existe au sein de ces
groupements.
4.2.1.2 La tontine commerciale
A la différence des groupes de tontine mutuelle, la
tontines commerciale émane d'une initiative individuelle.
L'adhésion à une tontine commerciale s'accompagne d'un
intérêt. Mais cet intérêt est un intérêt
négatif puisque c'est le client qui le paye pour que son argent soit en
sécurité. La créance est matérialisée par la
carte, émise au nom du tontinier qui l'a remise à chaque client
et dont il coche une case à chaque
versement. Elle est un titre de créance dont la
validité a déjà été reconnue en justice.
La dette du tontinier et la créance de ses clients
progressent parallèlement jusqu'au remboursement. L'accumulation est
temporaire, mais elle est régulière car les versements
s'échelonnent selon un échéancier prévu d'avance.
Ainsi, la détermination de la valeur de ces créances et de ces
dettes est plus facile car très souvent, les clients qui viennent
d'être remboursés reprennent aussitôt leurs versements. Lors
des enquêtes de terrains, on a pu identifier dans l'arrondissement de
Daagbé trois (03) tontiniers ambulants dont deux sont en activité
et 02 (deux) dans l'arrondissement Banigbé.
4.2.2 Autres acteurs financiers en place : les
cambistes
La commune d'Ifangni à l'instar des localités
telles que Porto-Novo, Cotonou et Klaké dans la partie
méridionale du Bénin, est un pôle important en ce qui
concerne les activités de change. Elles sont assurées par des
hommes et des femmes communément appelés les cambistes ou
monnayeurs. Selon Igué et Soulé (1992), ce marché,
c'est-à-dire le change de monnaie est particulièrement dynamique
entre le Bénin et le Nigeria et son fonctionnement favorise une bonne
circulation du naira sur le marché béninois. Le tableau VII
présente la répartition des cambistes dans nos secteurs
d'enquêtes selon le sexe. De son analyse, il ressort que les femmes
occupent une place importante dans les activités de change de monnaies
dans la commune d'Ifangni.
Ils favorisent la convertibilité du naïra
et jouent un rôle important dans les transactions financières. En
absence de toutes statistiques, il est difficile d'évaluer le flux de
financiers de ces acteurs. Les acteurs économiques qui interviennent
dans les activités de change dans la commune d'Ifangni sont nombreux et
d'origine diverse. Ils proviennent de différents groupes socioculturels.
Dans ces deux quartiers de l'arrondissement d'Ifangni, on dénombre
respectivement 17 et 13 bureaux. Cela est surtout dû à la
proximité de la frontière qui constitue un facteur de dynamisme
des flux de marchandises et des personnes dans ces localités limitrophes
au Nigeria.
Tableau VII: Répartition
des cambistes rencontrés dans la commune d'Ifangni
Marchés de change
|
Nombre de postes
|
Nombre d'acteurs
|
Hommes
|
Femmes
|
Total
|
Kétoukpè
|
2
|
1
|
3
|
4
|
Tchaada
|
5
|
0
|
9
|
9
|
Banigbé
|
4
|
1
|
6
|
7
|
Ayétèdjou
|
13
|
5
|
16
|
21
|
Igolo
|
17
|
3
|
22
|
25
|
Total
|
41
|
10
|
56
|
66
|
Source : Enquête de terrain, janvier 2008
4.3 ORGANISATION SPATIALE DES STRUCTURES ET
ACTEURS FINANCIERS
La localisation des acteurs financiers dans la commune
d'Ifangni est moins signifiante dans l'espace. Il apparaît que
l'installation de ces acteurs financiers se justifie par la possibilité
d'avoir une fréquentation. Ainsi, ces différents acteurs
financiers se sont-ils implantés dans des espaces susceptibles de
garantir une fréquentation importante.
La figure illustre la répartition spatiale des
structures financières dans la commune d'Ifangni. Elle est
établie grâce aux observations de terrain. Cette figure montre que
la majorité des institutions de micro finance sont implantées au
niveau de l'arrondissement d'Ifangni. Les institutions de micro finance tels
PADME et la CLCAM, la CREP mixte se trouvent dans cette localité.
Au niveau de la commune d'Ifangni, la taille de la population
varie d'un arrondissement à un autre. Il en est de même pour la
répartition des institutions de micro finance. A cet effet, la figure 4
est une représentation expressive du phénomène.
Figure 4 : Taille de la population par arrondissement et
répartition spatiale des structures et acteurs financiers dans la
commune d'Ifangni.
En effet, la mise en place de la frontière entre le
Bénin et le Nigeria constitue un élément très
important dans l'évolution des pratiques financières relatives au
change des monnaies. Il s'agit d'une catégorie de commerçants
présents dans les espaces frontaliers et transfrontaliers mais aussi au
niveau des grandes villes (Cotonou, Porto-Novo et Parakou).
Dans la commune d'Ifangni, nous avons pu y noter la
présence de cinq principales places où les cambistes se sont
installés. Les gares routières sont les points
stratégiques de regroupement pour les cambistes. Elles sont des lieux de
départs et d'arrivées pour un certain nombre de
commerçants. Les cambistes sont fortement concentrés dans les
quartiers d'Igolo et d'Ayétèdjou. La photo n° 3 montre les
hangars qu'occupent les cambistes à Ayétèdjou.
Photo n°3 : Les hangars du
marché de change d'Ayétèdjou. Cliché : ASSOGBA
G.,
mai 2008.
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