Conclusion partielle
Au total, l'étude du cadre théorique et
méthodologique a permis de cerner le sujet, d'avoir une vue globale de
l'opinion scientifique à travers la revue de littérature de
quelques auteurs et de faire ressortir l'intérêt de ce sujet de
recherche pour la communauté scientifique. Elle a permis d'expliquer la
méthode de travail utilisée pour la collecte et l'analyse des
données.

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DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION DE LA COMMUNE D'IFANGNI ET
DES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE EN PLACE
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Chapitre 3 : COMMUNE D'IFANGNI : UN ESPACE FAVORABLE
A L'IMPLANTATION DES STRUCTURES FINANCIERES
La commune d'Ifangni est située au sud est du Bénin
dans le département du Plateau (figure 1). Elle est subdivisée en
six arrondissements et quarante et un
villages et quartiers de ville. Elle couvre une superficie de 242
km2.
Avec une population de 71. 606 habitants en 2002
(INSAE/RGPH3), la commune d'Ifangni jouit d'une position géographique
favorable au développement des activités économiques.
Plusieurs activités économiques sont pratiquées et souvent
de façon combinée : les activités du secteur primaire
(agriculture et élevage surtout), l'artisanat à l'échelle
de l'individu ou de l'entreprise de taille variable, le commerce et les
services.
3.1. FACTEURS GEOGRAPHIQUES ET SOCIOCULTURELS
3.1.1. Milieu naturel
La commune d'Ifangni est située sur le rebord sud-est
du plateau de PobèSakété. Elle est marquée par une
faible altitude dont la moyenne est de 100 m. Elle a un relief peu
accidenté entaillé par de petites et moyennes dépressions
aux pentes très peu marquées. Les points les plus
élevés de ce plateau d'allure monotone, faiblement incliné
au sud, apparaissent autour des localités de Gbaojo et
de Gbokutu.
Le plateau est dominé à l'est par le cours d'eau
igidi (communément appelé
Aguidi) qui forme la branche principale recevant de part et
d'autre des affluents. Cette vallée est occupée par des
forêts marécageuses de palmiers raphia, de joncs, et d'autres
essences utiles. Elles sont utilisées pour la production des cultures de
contre saison, le maraîchage et l'installation des
pépinières d'espèces diversifiées. Tout cet
ensemble subit un climat subéquatorial avec deux saisons pluvieuses et
deux saisons sèches.
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Figure 1 : Situation administrative de la commune
d'Ifangni
On retrouve dans la commune d'Ifangni trois types de sols. On
note en outre les sols de bas-fonds ou sols hydromorphes, argileux riches en
matières organiques. Ils sont situés dans les zones humides. On
note la présence des sols de coloration brun clair à texture
sableuse et faciles à travailler; ils se retrouvent dans les
dépressions fermées et en bordure des bas-fonds et
marécages. Les sols des plateaux ou sols ferralitiques de couleur rouge
et à texture sablo-argileux couvrent la presque totalité de la
commune. Cette diversité de sols constitue un véritable atout
pour les activités agricoles.
Les formations végétales sont constituées
de reliques de forêts sacrées, de fourrés arbustifs
où dominent l'Elaïs guineensis et graminées. Le
système de culture est caractérisé par la pratique de deux
saisons culturales annuelles liées au régime de pluies.
En dehors de son importance pour les pratiques agricoles, le
milieu naturel constitue un facteur très déterminant dans le
développement de la contrebande dans la commune. Elle est limitée
à l'est par le prolongement nord de la dépression
d'Aguidi. Cette dépression est occupée par
d'innombrables chenaux et marigots dont quelques-uns sont navigables.
3. 1. 2. Peuplement et données
démographiques
3.1.2.1 Peuplement de la commune d'Ifangni
D'après Tohozin A. Y. (1986), deux courants migratoires
sont à la base de la mise en place des groupes socio-culturels
rencontrés dans le secteur d'étude objet de ce mémoire. La
commune d'Ifangni dans son ensemble est peuplé d'un mélange
complexe d'origine Ajà-Tado et
Yoruba.
Le groupe Yoruba composé des
Anagonu et
Ifonyin, constitue le plus
ancien dans la commune d'Ifangni. Les Anagonu se sont
installés dans cette région suite aux migrations
engendrées par la dislocation des groupes d'Ifå et d'oyo.
Quant au Ifonyin, ils ont
quitté Idere dans le sud de l'ancien empire
d'oyo pour fonder le
royaume d'Ifangni après avoir transité par
Kétou entre le XVIIIème et le XIXème
siècle. Mais plus tard, la capitale du royaume d'Ifangni,
Ifinyin -Ile
sera transférée à
Ifinyin
-ådo en territoire nigérian en raison
des manoeuvres et des abus des colons français. Cette situation a
été à l'origine de l'éparpillement des
Ifinyin entre la
localité d'Ifangni au Bénin et celle de
Ifinyin
-Tådo au Nigeria. En dehors
des activités agricoles, ces deux sous groupes
s'adonnent surtout aux activités commerciales. On les retrouve dans les
villages et quartiers frontaliers: Ifangni (Odofin), Igolo, Ita-Soumba,
Banigbé,
Le groupe Ajà-Tado
numériquement plus important, est composé de
Gunnu et de
Tilinu en majorité.
Les Gunnu qui se sont éparpillés dans
la commune y sont
arrivés soit pour mettre en valeur les terres soit pour
pratiquer le commerce clandestin des produits pétroliers. L'installation
des Goun dans cette région est assez récente. En fait, leur base
se trouve à Xigbonu
(Porto-Novo).
Les Tilinu
qui sont venus du plateau d'Allada se sont installés dans la
palmeraie de Porto-Novo depuis le XIXème siècle
sous le règne de Toffa 1er (1874- 1908). Ils ont
émigré d'Avrankou et d'Adjarra pour s'installer dans la commune
d'Ifangni pour des raisons diverses: recherche de travail, problèmes
familiaux, relations familiales difficiles, relations amicales et conjugales.
Ils sont en majorité agriculteurs, contrairement aux
Yoruba qui sont dans le commerce.
Ce fait explique bien la perméabilité de la
frontière artificielle béninonigériane. Même pour
maintenir les liens ancestraux, il existe encore aujourd'hui un roi qui
représente celui de la partie nigériane au palais d'Ifangni en
république du Bénin.
3.1.2.2 Evolution et répartition spatiale de la
population
Les données démographiques utilisées sont
celles issues des recensements de la population de 1979, de 1992 et de 2002.
Ainsi, entre le premier recensement de 1979 et celui de 1992, la population de
la commune d'Ifangni est passée de 44 216 habitants à 67 021
habitants, soit un taux d'accroissement intercensitaire de 3,25. Au
troisième recensement de 2002, elle a été
évaluée à 71 606 habitants.
De l'analyse de la figure 2 il se révèle que la
commune d'Ifangni a connu une évolution démographique
différenciée entre 1979 et 1992. De 1992 à 2002, la
population de la commune a connu une faible évolution. Le taux
d'accroissement intercensitaire entre ces deux recensements est de 0,64 contre
3,25 entre 1979 et 1992 (INSAE). Ainsi la population de la commune est en
constante augmentation. Cette croissance de la population s'est
accompagnée de l'augmentation du nombre de ménages, soit 12 058
en 1992 et 12 832 en 2002. La densité de la population est de 271
habitants par km2 avec un taux d'exploitation des terres de 80 %. Ce
qui témoigne l'importance des activités agricoles et de la
réduction croissante des terres cultivables.
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
Figure 2 : Evolution de la
population totale de 1979 à 2002 Source :
INSAE : RGPH de1979, 1992 et de 2002.
Par rapport à la répartition spatiale de la
population dans la commune d'Ifangni, les arrondissements d'Ifangni et de
Banigbé sont les plus peuplés avec une population respective de
20 524 habitants et 16 080 habitants, soit 28,66 % et 22,46 % de la population
totale de la commune. Cette situation s'explique surtout par les fonctions
économiques et administratives de l'arrondissement d'Ifangni.
L'arrondissement de Daagbé totalise une population de
9.498 habitants soit 13,26 % de la population totale. Les arrondissements de
Ko-Koumolou, Lagbè et de Tchaada sont les moins peuplés. Ainsi la
population est inégalement répartie dans la commune.
Le tableau II présente l'évolution, la
répartition et le taux d'accroissement de la population de la commune
entre 1979 et 2002. En dehors des disparités spatiales en ce qui
concerne la répartition de la population, le présent tableau
montre que la commune d'Ifangni a régulièrement
évoluée. De l'analyse de ce tableau, il ressort que la population
de l'arrondissement d'Ifangni a connu un accroissement important entre 1979 et
1992 (85 %).
Tableau II : Evolution et répartition
spatiale de la population
Arrondissements
|
Populations
|
Taux d'accroissement en %
|
1979
|
1992
|
2002
|
1979-1992
|
1992-2002
|
Banigbé
|
10 143
|
16 082
|
16 421
|
58,55
|
2,1
|
Daagbé
|
6 311
|
9 498
|
9 697
|
50,49
|
2,1
|
Ifangni
|
11 092
|
20 524
|
20 959
|
85,03
|
2,1
|
Ko-Koumolou
|
5 472
|
9 030
|
9 222
|
65,02
|
2,1
|
Lagbè
|
6 656
|
8 138
|
9 330
|
22,26
|
14,6
|
Tchaada
|
4 542
|
7 286
|
7 422
|
60,41
|
2,8
|
Source : INSAE : RGPH de1979, de 1992 et de 2002.
3.1.2.3 Structure socio-économique de la
population
Selon les données issues du troisième
recensement général de la population et l'habitat de 2002, la
population d'Ifangni est de 71 606 habitants dont 38 174 femmes et 33 432
hommes avec plus de 70 % de ruraux. La population est dans son ensemble jeune.
En effet la tranche d'âge des 0 à 14 ans et celle des 15 ans
à 59 ans représentent respectivement 45,74 % et 47,56 % de la
population totale.
Par contre celle de 60 ans et plus ne fait que 6,69 %. Cette
jeunesse de la population influence largement le dynamisme des activités
économiques qui se déroulent dans cette localité.
Les principaux groupes socioculturels qui peuplent la commune
d'Ifangni sont les Gunnu (sous groupe des
Ajà-Tado) et apparentés qui
représentent 64,7% de la population et les
Anagonu (sous groupe des
Yoruba) et les apparentés qui ne font
que 32,3 %. Cette disparité entre ces groupes
socio-culturels reste l'un des particularités de la commune d'Ifangni
par rapport aux autres communes du département du Plateau auquel elle
appartient administrativement.
3.2 ECONOMIE LOCALE DANS LA COMMUNE D'IFANGNI
L'émergence des espaces frontaliers ou transfrontaliers
suscite de nombreuses analyses qui ont cherché à mettre en
exergue les mécanismes qui les régissent, leurs modes de
fonctionnement, ainsi que leurs fonctionnalités. Leur érection en
un lieu entraîne une série de changements dans la perception et
les relations à l'espace des sociétés ou groupes humains
directement concernés.
Le tracé d'une frontière influence de
façon positive ou négative, légère ou
accentuée l'organisation de l'espace ou des espaces qui lui sont
contiguës. Ainsi, autours des lignes ou zones frontalières naissent
et se développent des espaces caractéristiques de la dynamique
des frontières. La frontière revêt un aspect
multidimensionnel qui lui permet de jouer plusieurs rôles. Cette
démultiplication des fonctions et des rôles de la frontière
vient du fait qu'elle est un puissant catalyseur d'énergies.
En effet, la frontière a la capacité de faire
émerger des pôles d'attraction qui exercent un effet
magnétique sur les hommes et sur leurs activités. L'existence
d'une frontière ne semble point être un obstacle encore moins un
frein qui les empêche de se tourner les unes vers les autres. Cette
ouverture a favorisé l'existence de relations plus ou moins intenses
dans divers domaines. On les observe également dans les domaines
socioculturels et commerciaux. Les échanges commerciaux sont, sans
conteste, les plus prépondérants. Ils concernent essentiellement
les produits et marchandises, les denrées de première
nécessité, des matériels divers: appareils
électroniques et électroménagers (Diallo, 2006).
3.2.1. Les activités commerciales
La plupart des travaux scientifiques effectués sur
l'espace frontalier béninonigérian dans sa partie
méridionale ont montré que la présence des espaces de
démarcation entre ces deux États constitue de véritables
sources de dynamiques économiques et surtout commerciales
(Igué et Soulé, Tohozin).
Les échanges transfrontaliers conditionnent une part
importante des activités économiques qui se déroulent dans
les localités qu'elles concernent directement et même
au-delà. Pour les Etats et les collectivités locales, ils sont
une source de recettes même si la plus part du temps « ils
reposent sur la fraude » et les activités de contrebande.
C'est d'ailleurs ce qui témoigne de la présence de quatre postes
de douanes dans la commune d'Ifangni (Gbaojo, Igolo, Gblogblo et
Jégu-Nago).
En effet, dans la commune d'Ifangni, le commerce est de loin
le secteur qui emploie le plus d'actifs dans la commune d'Ifangni avec 36,41 %
de la population active selon les données de l'INSAE. Les
activités commerciales concernent la vente des produits agricoles d'une
part et des produits manufacturés d'autre part. Mais plus remarquable
est le caractère informel de ces activités. Le commerce informel
est bien développé dans la commune d'Ifangni.
Si la majorité des hommes, en plus de production
végétale et animale s'adonnent aux activités artisanales,
les femmes quant à elles s'occupent surtout des activités
domestiques et de la commercialisation de la distribution des produits
agricoles et manufacturiers. Elles constituent les acteurs de ravitaillement
des marchés locaux. L'un des produits le plus porteur dans cet espace
est l'huile de palme qui est surtout écoulée sur les
marchés nigérians.
3.2.2 Les activités agricoles
Selon les données de l'INSAE, population active
exerçant dans ce secteur est de 24,59 %. Mais ce chiffre ne traduit pas
la réalité du milieu. Sur les 12 832 ménages que compte la
commune d'Ifangni en 2OO2, 5 050 sont des ménages agricoles soit
près de 40 % pour une population agricole de 33 350 habitants (INSAE,
2003).
L'agriculture est la principale source de revenu pour les
populations rurales.
Elle est essentiellement pratiquée par les hommes. Elle
participe à la gestion de l'espace et est au coeur des relations entre
les hommes, produits, territoire. Il s'agit d'une agriculture familiale de type
extensif caractérisée par des rendements culturaux faibles
tributaires des aléas climatiques, de la faible utilisation des
techniques modernes de production, mais également de l'exode rurale. A
cela s'ajoute l'épineux problème de l'accès au foncier.
Les principales cultures sont le maïs, le manioc, l'arachide, la banane,
le niébé, le taro, la patate douce et le palmier à
huile.
En matière de production végétale, le
maïs occupe une place très importante au niveau des
céréales. La moyenne de la production en cinq ans
représente 15 551 tonnes pour une valeur en F CFA de 1 192 223 006.
Cette production est inférieure à celle du manioc qui
s'élève à 67 363 tonnes pour une valeur en F CFA de 2 121
918 750. Si la majeure partie des céréales est destinée
à l'autoconsommation, il faut noter que le manioc après
récolte est transformé en gari et commercialisé sur les
marchés locaux et ceux des autres communes limitrophes et du Nigeria.
En dehors de la production végétale, les
populations pratiquent l'élevage et la transformation des produits
agricole. Les espèces élevées sont les bovins, ovins,
caprins, volailles, porcins, lapins et aulacodes. La pratique du petit
élevage est très répandue.
La disponibilité de terres cultivables ainsi que des
produits forestiers non ligneuses constituent des atouts pour la population.
Mais, ils font de nos jours objets d'une de mauvaise gestion.
Il existe une forte population de transformation de produits
agricoles. Les principaux produits transformés sont le manioc, le
maïs et les noix de palme. Le faible niveau d'équipement des
groupements féminins et aussi des transformatrices explique la faiblesse
de la qualité de certains produits issus des transformations notamment
les dérivés du manioc et du palmier à huile. Cet
état de chose limite l'exploitation du potentiel des marchés
d'écoulement des produits locaux. Dans les marécages se
développent de plus en plus le maraîchage. Ces secteurs
constituent des potentialités pouvant servir de base pour l'intervention
des structures de micro finance.
Le tableau III montre que le maïs et le manioc restent
les cultures les plus dominantes. Au-delà de l'agriculture,
l'élevage occupe une place non négligeable dans le revenu des
populations.
Tableau III : Moyenne de la production
végétale et animale sur cinq ans
|
Production en tonnes et nombre de têtes
|
Valeur en FCFA
|
Production végétale
|
Maïs
|
15 551
|
1 192 223 006
|
Manioc
|
67 363
|
2 121 918 750
|
Patate douce
|
590
|
23 874 750
|
Niébé
|
308
|
60 567 400
|
Arachide
|
2 587
|
540 827 058
|
Coton
|
4
|
676 000
|
Tomates
|
214
|
35 682 333
|
Production animale
|
Bovins
|
4 300
|
473 000 000
|
Ovins
|
2 000
|
27 000 000
|
Caprins
|
1 1100
|
147 630 000
|
Porcins
|
1 2000
|
180 000 000
|
Source : IGUE (dir.), 2001 in Problématique de
l'intercommunalité dans le fonctionnement des communes
béninoise, p 201.
3.2.3 L'artisanat et les services
Le secteur industriel est quasi absent dans notre secteur
d'étude. On y retrouve quelques boulangeries, scieries, et une
unité moderne de production de l'huile de palme appartenant à un
grand exploitant agricole. Toutefois, il est à noter la présence
d'un nombre important de petites unités de transformation des produits
agricoles tels que le manioc, les noix de palme. Le faible niveau
d'équipement explique la faible qualité de certains produits
issus des transformations notamment les dérivés du manioc. La
grande partie de ces produits est écoulée sur les marchés
locaux et nigérians.
En dehors de la production, de la transformation et de la
commercialisation des
produits agricoles, une bonne partie de la population s'adonne
aux petits métiers. Les transports et les autres services occupent
respectivement 8,71 % et 12,99 %de la population active de la commune
d'Ifangni. En effet, le transport constitue un élément
très important dans la circulation des biens et des personnes et dans
la
structuration de l'espace. Les deux roues communément
appelés «zemijan »
constituent le moyen de transport le plus utilisé et
une importante source de revenus pour les jeunes enquête d'emploi. La
grande partie des acteurs de ce secteur intervient dans la ville de Porto-Novo.
On les retrouve également au niveau des parcs automobiles.
3.2.4. Les infrastructures économiques
Le développement des activités
économiques, qu'elles soient du secteur informel ou formel, s'appuient
toujours sur de bons supports. Les infrastructures de communication et les
marchés jouent un rôle primordial dans le développement des
échanges dans la commune d'Ifangni.
Les contacts entre les populations seraient impossibles sans
l'existence des voies de passage. La route se présente comme l'un des
premiers moyens traditionnel de communication entre les hommes. La longueur des
principales routes et pistes de desserte dans la commune d'Ifangni est
d'environ 200 km, mais la plupart sont en mauvais état.
La figure 3 met en exergue la répartition spatiale des
infrastructures économiques dans la commune d'Ifangni. Il s'agit des
marchés, des gares routières, des parcs de gros porteurs et de
regroupement des véhicules d'occasions. A ces équipements
s'ajoutent les pistes dont l'importance dans le développement des
activités économiques et surtout du développement local
n'est plus à démontrer.
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Figure 3 : Structuration spatiale des infrastructures
économique dans la commune d'Ifangni
En analysant la cette figure 3, on observe que cet espace est
structuré par des axes de communication et une multitude de pistes
secondaires. Le principal axe relie la ville de Porto-Novo à la
frontière nigériane à Igolo. C'est l'axe sur laquelle se
fait la part la plus importante de la circulation des hommes et des
marchandises. Dans un second niveau de hiérarchie, se trouvent des
pistes secondaires plus ou moins entretenues. Leur accessibilité est
assez facile pour les automobiles en période sèche. En dehors du
réseau routier, coexistent dans le marécage, un grand nombre de
canaux. Ces canaux jouent un rôle exceptionnel dans le trafic des
produits frauduleux.
On dénombre dans cet espace frontalier cinq (5) gares
routières situées dans les localités suivantes :
Kétoukpè, Banigbé, Ayétèdjou, Ifangni et
Igolo. Elles permettent d'organiser le trafic des biens et des personnes par
les véhicules et les
«zemijan ». Le
développement des activités de transit ont favorisé
l'installation des
parcs de gros porteur et des véhicules d'occasion
communément appelés «Venus de France».
Le marché est le lieu où s'effectue l'essentiel
des échanges commerciaux. C'est là que les produits sont
échangés contre l'argent liquide et converti en biens et services
de production et de commercialisation. Les échanges commerciaux
constituent des éléments fondamentaux de l'organisation de
l'espace. En effet, l'installation des activités marchandes suit un
principe de rentabilisation qui pousse les acteurs de ces initiatives à
implanter dans des espaces susceptibles de garantir une fréquentation
importante. Les marchés sont les lieux par excellence des
échanges frontaliers.
Les enquêtes ont permis de recenser sept (7)
marchés répartis dans cinq (5) arrondissements. Ils jouent un
rôle primordial dans la collecte et la distribution des produits
agricoles d'une part, des produits manufacturiers d'autre part. En dehors du
marché d'Ifangni qui est le plus grand et qui s'anime le plus, les
marchés de Kitigbo et de Kétoukpè (photo n° 1)
suivent par l'ampleur de leur fréquentation. Du point de vue
localisation spatiale, ces marchés sont implantés au niveau des
axes de communication. La présence de ces infrastructures favorise le
développement des
activités économiques.

Photo 1 : Le marché de Kétoukpè en
pleine animation. Cliché : ASSOGBA G., mai 2008.
3.3. LES SERVICES SOCIO-COMMUNAUTAIRES DE
BASE
La commune d'Ifangni dispose de quelques équipements
administratifs et socio-communautaires qui témoignent le souci de l'Etat
d'améliorer la situation socio-économique des populations et de
favoriser le minimum de conditions nécessaires au trafic frontalier. Il
s'agit des locaux abritant les bureaux de la mairie, du CCPA, d'une brigade
territoriale, d'une recette perception, d'un bureau local des postes et des
télécommunications, d'une division de la SBEE et de la Soneb, des
postes de la douane et de la police frontalière, des écoles,
collèges et centres de santé.
Selon le Rapport de mise en cohérence des
indicateurs du plan de développement communal avec ceux des OMD et du
DSCRP, la situation scolaire de la commune d'Ifangni se
caractérise par une faible couverture en infrastructures scolaires.
L'effectif moyen d'élèves par classe est de 50
élèves, 38 % des salles de classes sont en matériaux
précaires ou délabrés. Le déficit en enseignants
qualifiés demeure un problème crucial, 60 % des enseignants sont
des communautaires ou des contractuels.
Le réseau d'adduction d'eau de la Soneb qui compte 240
abonnés en 2007,
deux adductions d'eau villageoise et 121 points d'eau
approvisionnent les populations de la commune d'Ifangni en eau potable.
Toutefois la couverture en eau potable de la commune reste moins de 50 %. La
couverture électrique est encore très faible et moins de la
moitié des villages (15 sur 41 soit 36 %) sont desservis par le
réseau de la SBEE.
La couverture des infrastructures sanitaires est acceptable.
Tous les arrondissements disposent de centre de santé. A tout cela
s'ajoute le centre communal de santé, les centres de santé de
Doké, d'Ita-Soumba, d'Iguillanhoun et de Djégou-Djèdje.
Mais malgré toutes ces performances, le taux de fréquentation des
centres de santé reste faible (33,69 % en 2005 et 32,57 % en 2006). Ceci
s'explique par le fait que certains villages sont très
éloignés des centres de santé et que la médecine
traditionnelle et l'automédication sont très
développées.
|