CHAPITRE II : REVUE DE LITTERATURE
2-1- Situation et importance du riz
2-1-1-Place et importance du riz dans le monde
Deuxième culture mondiale et principale denrée
alimentaire de près de la moitié de la population mondiale, le
riz contribue à plus de 20% à la fourniture mondiale en calorie
consommée. Plus de deux (2) milliards d'habitants en Asie y tirent 80%
de leur calorie (FAO, 2001).
En Asie, 95% du riz mondial est produit et consommé. En
Europe et en Amérique du Nord, le riz a une importance croissante sur le
marché en tant que denrée alimentaire (FAO, op.cit).
D'après Hirsch (1999), la production du riz est
essentiellement asiatique puisque cette région assure toujours plus de
90% de la production mondiale, loin devant l'Amérique du Sud (3,2%) et
l'Afrique (2 ,8%). Cette production en paddy, estimée à 591
millions de tonnes en 2001, est détenue par les cinq premiers
producteurs que sont la Chine, l'Inde, l'Indonésie, le Bangladesh et le
Vietnam. La production du riz est donc le privilège d'un petit nombre de
pays. En effet, selon la FAO (2001), les vingt-six (26) plus grands pays
producteurs du monde réalisent une production comptant pour plus de 96%
de la production mondiale du riz. On note que dix-huit (18) pays sont
localisés dans le Sud, le Sud-Est et l'Est de l'Asie. Les huit (8)
autres pays restants (Brésil, USA, Russie, Egypte, Madagascar, Colombie,
Iran, Nigeria), ensemble, produisent moins de 6% du riz mondial.
2-1-2-Caractéristiques de l'offre et de la demande du riz
en Afrique
Le continent africain est devenu l'un des principaux
pôles d'importation de riz avec environ le quart (1/4) des importations
mondiales à cause de sa faible production qui atteint à peine
1,5% de la production mondiale (Ahoyo, 1996).
Selon Adégbola et Sodjinou (2003), l'Egypte est le premier
pays producteur de riz en Afrique suivi du Nigeria et de Madagascar.
En Afrique de l'Ouest, le Nigeria est le plus grand producteur
de riz suivi de la Côte d'Ivoire et de la Guinée avec
respectivement 48%, 17% et 10% de la production totale de la région
(Adégbola et Sodjinou, op.cit). Toujours dans cette zone, la demande
en riz n'a pas pu être satisfaite, ce qui se
traduit par une augmentation de 400% des importations du riz au
cours des 25 dernières années (FAO, 2000).
C'est pour palier un temps soit peu ces problèmes, que
le Centre du Riz pour l'Afrique (ADRAO) a été créé
en 1971 sous le parrainage du Programme des Nations Unies pour le
Développement (PNUD), de l'Organisation des Nations Unies pour
l'Agriculture et l'Alimentation (FAO) et de la Commission Economique pour
l'Afrique (CEA). Il regroupe 17 pays dont le Bénin. C'est une
institution de recherche inter-gouvernementale autonome, ayant pour mission de
contribuer à l'allègement de la pauvreté et à la
sécurité alimentaire en Afrique à travers des
activités de Recherche-Développement et de partenariat visant
à améliorer la productivité et la rentabilité du
secteur rizicole tout en veillant à la durabilité du milieu de
production.
2-1-3-Situation du riz au Bénin ces dix dernières
années
Les statistiques sur l'offre du riz au Bénin varient en
fonction des sources. Cependant, ces diverses sources montrent une croissance
générale de la production locale. Selon les statistiques de la
FAO (2004), la production rizicole au Bénin a connu un accroissement de
1995 à 2004 (Figure 1). Cet accroissement est surtout lié
à l'accroissement de la superficie emblavée. Mais malgré
cette croissance de la production, elle est encore très faible pour
couvrir les besoins internes en ce produit.
40000
60000
20000
70000
50000
30000
10000
0000
0
production (Mt) Sperficie (Ha)
Figure 1 :Evolution de la superficie emblavée et de la
production du riz au Bénin ces dix dernières années.
Source : Annuaire Statistique FAO, 2004
2-1-4-Bilan des travaux de recherche antérieurs
Adégbola (1985), en utilisant l'approche sociologique,
a révélé que l'échec d'intensification de la
production rizicole constaté dans le département du Borgou est
dû à la non prise en compte du fonctionnement du moulin de Royen.
En effet, le milieu, une des cinq composantes de ce moulin, a été
négligé. Tous les efforts ont été orientés
vers la culture cotonnière au détriment de toutes les autres dont
le paddy. D'autres contraintes ont été soulignées par
l'auteur. Il s'agit du chevauchement des opérations rizicoles avec les
travaux des principales cultures de subsistance et la pénurie en
main-d'oeuvre supplémentaire induite par l'intensification et qui oblige
à faire recours à une main-d'oeuvre salariée.
Ahoyo (1996), en analysant les différents
systèmes de production intégrant la culture de riz au
Sud-bénin, a montré que la production de riz au Bénin
reste possible. En effet, agronomiquement, les terres propices sont
disponibles, l'eau nécessaire existe et est relativement abondante
(pluie, bas-fonds, cours d'eau et fleuve), le climat souhaité y est
adéquat. L'auteur, à travers des simulations et scénarios
basés sur les modèles de programmation linéaire, a
montré que les facteurs influençant la superficie dans les
systèmes de production intégrant la culture de riz sont la
disponibilité limitée du travail au sein des familles rurales,
les faibles rendements et les prix bas obtenus à la vente. Ces
contraintes sont renforcées par une commercialisation rendue difficile
par l'importation massive du riz de meilleure qualité (moins de brisure)
et bon marché. De plus, les modèles ont montré que, dans
les systèmes de production, le coton est le principal concurrent du riz.
La production du riz, toujours selon le même auteur, a des
possibilités de développement surtout après la
dévaluation du franc CFA qui renforce sa compétitivité.
Les résultats de Houndékon (1996) concernant le
Nord-Bénin ont montré, grâce à l'outil d'analyse
"Policy Analysis Matrix" (PAM), que la production de riz est rentable dans tous
les systèmes et seul le système irrigué permet aux paysans
de réaliser le profit le plus élevé à l'hectare
dans le cas où le dispositif d'irrigation fonctionnerait correctement.
L'auteur, en comparant le riz aux autres cultures de la zone, a aussi
montré que ce système irrigué est financièrement
plus rentable et occupe la deuxième place aussi bien dans le
système de bas-fonds aménagé que non
aménagé. Dans tous les systèmes qu'il a définis,
seuls ceux irrigués et de bas-fonds non aménagés ont un
avantage comparatif à produire seulement le riz pour concurrencer les
importations dans leur zone.
Mais cette production rizicole est devenue compétitive
aussi bien dans les zones de production que les zones de consommation avec la
dévaluation du franc CFA.
Sadou (1996), en étudiant l'économie des
systèmes de production de riz dans le département du Borgou
(Commune de Malanville), a abouti à la conclusion selon laquelle la
production de riz en système irrigué ou en bas-fonds est
rentable, mais celle du système de bas-fonds l'est plus que celle du
système irrigué.
Kpobli (2000), dans son étude d'impact des projets
rizicoles sur les systèmes de production à Dévé, a
montré que la dévaluation du franc CFA et la
réhabilitation des périmètres irrigués ont
favorisé la relance de la riziculture, ce qui s'est traduit par
l'augmentation de l'effectif des riziculteurs et de la superficie
emblavée dans cette zone.
Adégbola et Sodjinou (2003), en étudiant la
compétitivité de la riziculture béninoise, ont
montré grâce à l'outil d'analyse (PAM), qu'au
Sud-Bénin, seul le système de production avec maîtrise
totale de l'eau a un avantage comparatif dans la production de riz pour
concurrencer les importations de riz. Au Centre, en dehors du système
pluvial strict, tous les systèmes possèdent un avantage
comparatif dans la production de riz pour concurrencer le riz importé
dans la zone de production. Au Nord, tous les systèmes sont
compétitifs sauf les systèmes de bas-fonds non
aménagé utilisant la variété traditionnelle.
Faladé (2003), dans son étude sur l'analyse des
déterminants socio-économiques et institutionnels de la
production de riz à Sowé (Commune de Glazoué), a
montré que les variables telles que le dose d'engrais, les dates
d'application de l'engrais de couverture, les types de systèmes de
riziculture, le nombre d'années d'utilisation des terres et la
qualité des semences utilisées expliquent de façon
significative à un seuil de 5% ( respectivement 96,44% ; 56,77% ; 5,14%
; 6,20% et 4,34%) les variations des faibles rendements de riz observés
dans cette localité. L'étude a également montré que
la production rizicole à Sowé est affectée par d'autres
facteurs qui sont de divers ordres : naturel (irrégularité et
insuffisance de pluies, baisse continue de la fertilité des sols),
socio-économique (non disponibilité de la main-d'oeuvre, manque
de structure de crédits, manque de structures de fournitures d'intrants
en particulier d'engrais, manque de structure d'encadrement et de vulgarisation
paysanne), politique ( inorganisation de la filière par l'Etat) et
institutionnel (inefficacité des interventions).
2-2- Déterminants de l'adoption des innovations
Selon l'INRAB (1996), l'adoption d'une technologie est tributaire
de nombreux facteurs parmi lesquels nous pouvons citer :
- la complexité de la technologie ;
- la mise en place de fond initial indispensable ;
- le bénéfice net escompté et
- les possibilités d'intégration de la technologie
dans le schéma socio-culturel de l'exploitant.
Cymmit (1993) et Houndekon et Gogan (1996) distinguent aussi
quatre groupes de facteurs analogues aux précédents qui sont
susceptibles d'influencer l'adoption d'une technologie. Il s'agit des facteurs
propres aux producteurs, des facteurs liés à la technologie, des
facteurs institutionnels liés au marché de facteurs de production
et à l'information et les caractéristiques de la parcelle devant
recevoir la technologie.
Les facteurs liés au producteur regroupent le niveau
d'éducation de l'exploitant, son expérience en agriculture, son
âge, son genre, son niveau de richesse, la taille de son exploitation, la
disponibilité en main-d'oeuvre et son aversion au risque (Cymmit, 1993).
A ces facteurs, il faut aussi ajouter la rationalité du producteur.
C'est justement à cette rationalité que Dufumiet (1985) faisait
allusion en affirmant que les paysans adoptent des attitudes très
différentes selon les rapports de production et d'échange
auxquels ils sont soumis afin de mieux reproduire leurs conditions
matérielles d'existence et accroître éventuellement leur
niveau de vie. En fait, les paysans visent une multitude d'objectifs à
savoir : assurer la sécurité alimentaire de la famille, minimiser
les risques pour survivre dans un environnement incertain, maximiser le revenu
à l'hectare, assurer un revenu monétaire en vue de faire face aux
autres besoins matériels, rémunérer au mieux la
main-d'oeuvre familiale, accroître le patrimoine du ménage pour
assurer la survie pendant la période de vieillesse, assurer le
bien-être de l'ensemble des membres de la famille et accéder
à un certain rang social au sein de la communauté. Ces objectifs
sont aussi fonction du cycle de vie de l'exploitant.
S'agissant des facteurs liés à la technologie,
nous citons les fonctions économiques et alimentaires du produit, la
complexité de la technologie, le coût relatif de l'innovation par
rapport aux
innovations "substituts", le délai de
récupération de l'investissement et la susceptibilité de
la technologie aux aléas environnementaux.
Quant aux facteurs institutionnels, ils regroupent
l'accès au crédit, la tenure foncière, la
disponibilité et l'accessibilité des marchés des produits
et des facteurs, la disponibilité et la qualité de l'information
sur les technologies et le développement des activités para et
extra-agricoles.
Enfin, les caractéristiques de la parcelle concernent la
nature du sol, son niveau de fertilité avant l'adoption de la
technologie, le climat.
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