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La mobilisation des savoirs chez les retraités à travers la pratique bénévole

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par Anne Gometz
Paris 8 Vincennes Saint-Denis - Master 1 2008
  

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2. ASPECTS THÉORIQUES.

2.1. Précisions terminologiques.

Avant de développer ci-après les considérations sur la vieillesse et la retraite, il est pertinent de faire le point sur la terminologie utilisée pour évoquer le groupe d'âge dont il est question. On a tenté ici et là de réserver le terme de « seniors » aux « jeunes personnes âgées » en appliquant la limite de 75 ou 80 ans comme borne ultime. « Troisième âge » conviendrait alors pour nommer cette catégorie et « quatrième âge » serait adéquat logiquement pour parler des individus qui vivent encore au-delà de 80 ans. Le vocabulaire en effet hésite entre plusieurs options capables de nommer ce moment de la vie qui se rapproche inéluctablement de la mort. Personnes âgées, aînés, anciens, seniors, troisième âge, autant d'appellations incertaines qui en disent long sur la difficulté qu'il y a à approcher cette population-là, tant les représentations sociales qui s'y rattachent sont trop souvent connotées négativement. Et si l'on n'y prend garde, les dénominations quelles qu'elles soient courent le risque d'enfermer les individus dans des catégories figées et inertes donnant une perception statique du vieillissement, alors qu'ici, le postulat de base impose d'appréhender la vieillesse comme un processus dynamique qui commence dés la naissance et s'achève avec la mort. Le choix est donc fait d'utiliser indifféremment l'un ou l'autre terme, tout en gardant à l'esprit que la définition de la « personne âgée » est essentiellement une question de rapports, tant il est vrai que la vieillesse est un phénomène relationnel (Caradec, 2008).

2.2. La vieillesse : construction historique et culturelle.

La vieillesse, construction sociale qui varie selon les personnes, les époques, les cultures n'existe pas en tant que fait naturel. Selon les périodes et les lieux, les civilisations reposant sur l'oral et la tradition la valoriseront à travers le savoir et l'expérience qu'on lui attribue (Moyen-Âge,Afrique...), alors que dans les sociétés où triomphe le culte de la beauté (Grèce, Renaissance, Occident contemporain...) elle sera dépréciée. Création culturelle récente, elle devient aujourd'hui un problème social qui s'évalue à travers les termes qui lui sont associés (déclin, crépuscule...). Les représentations mentales négatives dont elle fait l'objet, sont à rapprocher de toutes les discriminations en général car elles conditionnent les modes de pensées dépréciatifs à l'égard de la personne âgée.

La perception du vieillissement humain, selon Philibert (1984)9(*) est caractérisé par des variations importantes qui peuvent s'observer dans les différents statuts attribués à la personne âgée à travers le temps et l'espace. Néanmoins, si beaucoup des fonctions traditionnellement prêtées aux personnes âgées sont devenues caduques avec l'avènement de l'ère de l'industrialisation, le rôle éducatif des grands-parents persiste à travers ces leçons de vie et d'humanité qu'ils dispensent du fait de cette expérience acquise avec les années.

2.1. La vieillesse à travers le temps...

Apologie de la vieillesse, ou mise à l'écart des personnes âgées, les tenants de la gérontocratie ou leurs opposants se sont alternés au cours du temps pour assigner un rôle et une place aux sujets âgés. Des philosophes de l'Antiquité aux penseurs du siècle des Lumières, la vieillesse a successivement changé de visage, tantôt vénérée et respectée, tantôt repoussée et objet d'exclusion. Léopold Rosenmayr (2001)10(*) évoque les mutations du rôle et du statut des personnes âgées au sein de la Grèce Antique, de l'affaiblissement du pouvoir de celles-ci lorsque les connaissances collectives transmises par les anciens s'effacent devant la suprématie des savoirs acquis individuellement et de l'avènement de la raison. Au milieu du XXe siècle on entrait dans la vieillesse à 60 ans. Aujourd'hui, des nouveaux seuils de la vieillesse apparaissent avec l'allongement de l'espérance de vie. Les catégories fondées sur l'âge sont sensibles au temps et par ailleurs les effets de génération viennent s'y imbriquer et rendre caduques les supposés seuils d'entrée dans la vieillesse.

* 9 Philibert, M. (1984) « Le statut de la personne âgée dans les sociétés antiques et préindustrielles », Sociologie et sociétés, vol. 16, n°2, p. 15-28. Site : http://www.erudit.org/revue/socsoc/1984/v16/n2/001553ar.pdf

* 10 Rosenmayr, L. « L'image de la vieillesse à la naissance de l'Europe », Retraite et société, 2001-3 (n°34), p. 11-27.

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