II-Les conflits d'intérêts entre les
actionnaires et les créanciers :
Dans le cadre de la relation actionnaires &
créanciers, on va considérer que les actionnaires agissent
à travers les dirigeants.
74 Jouini Saloua, op, cit, 1998.
75 G. CHARREAUX, Article : « Mode de
contrôle des dirigeants et performance des firmes », 1992,
Faculté des sciences économiques et gestion de Dijon, p8.
76 En fait, cet argument est contesté par
Demstz (1983) pour lequel il n y'a aucune raison que les dirigeants
bénéficient de plus d'avantage non pécuniaires dans les
firmes managériales que les firmes dont ils sont les
propriétaires principaux.
77 Yosra MNIF, op, cit, p7.
Selon Raffournier (1990), il est facile dans
cette condition de monter que les créanciers et les actionnaires sont
également dans une relation contractuelle puisque, les premiers confient
aux secondes des ressources en échange d'une promesse de
rémunération et de remboursement à
l'échéance.
En cas de recours à l'endettement, les actionnaires
peuvent être considérés comme mondataires des
créanciers. Dans ce cas, des conflits d'intérêts peuvent
surgir si les dirigeants et les actionnaires, dont les intérêts
sont supposés confondus, détournent une partie de la richesse de
la firme au détriment de créanciers.
Ainsi, plusieurs études ont été faites
pour analyser les différents mécanismes de détournements
de richesse opérés par les actionnaires au détriment de
créanciers, on peut citer par exemple celle de Black
(1976), Fama&Miller (1972),
Smith&Warner (1979).
D'après leurs analyses, dans toute
société où il aura recours à l'endettement, les
actionnaires ont intérêt à entreprendre des
activités de financement, production et investissement à travers
les quelles ils peuvent réaliser des profits en portant atteinte aux
intérêts de leurs obligataires et créanciers.
La théorie d'agence identifie trois sources de conflit
entre les actionnaires et les créanciers :
1- La politique de dividendes :
La première source provient de la politique de
dividendes, ainsi, si les créanciers ont évalué leurs
créances en supposant que le niveau de distribution actuel allait
être maintenu, tout accroissement non anticipé des dividendes,
financé par l'émission des nouvelles dettes ou par la
réduction du programme d'investissement, entraînera une diminution
de la valeur de la dette78.
2- La politique d'endettement :
La deuxième source de conflit trouve son origine dans
le fait qu'un niveau d'endettement excessif entraîne un risque de
faillite qui incite les actionnaires à entreprendre les projets
d'investissements le plus risqué.
Aussi une anticipation future de l'endettement peut
préviligier les conditions des nouvelles dettes que celle des
anciennes.
3-La politique d'investissement :
La troisième source de conflit identifiée par la
théorie d'agence trouve son origine dans le caractère sous-
optimal que peut avoir la politique d'investissement. Ainsi, lorsque les
actionnaires disposent d'un passif comportant une importante
de dettes risquées, ils ont intérêt à rejeter les
projets ayant une valeur actuelle positive si le gain lié à
l'acceptation de ces projets revient aux obligataires ou
créanciers79.
SECTION II- LE RÔLE DE L'AUDIT DANS LA
RÉSOLUTION DES PROBLÈMES D'AGENCE :
Avant d'examiner le rôle de l'audit dans la
résolution des problèmes d'agences en tant que moyen du
contrôle externe important pour l'entreprise moderne, on va
présenter quelques autres moyens de résolution
d'intérêt présentée dans la théorie
d'agence.
Ainsi, divers systèmes peuvent être valables pour
le contrôle et la résolution des conflits d'intérêts,
parmi lesquels on peut citer celles internes qui comportent principalement le
droit de vote pour les actionnaires en tant que créanciers
résiduels pour la firme, le conseil d'administration qui contrôle
les décisions des dirigeants et les systèmes
d'intéressement et de rémunération.
Pour le système externe du contrôle, plusieurs
auteurs comme Charreaux&Cies (1983) ainsi
que Abaoub (1994), Demsetz (1983)
présentent divers moyens de contrôle comme le marché du
travail (les dirigeants craintent qu'il y a une concurrence avec des dirigeants
nouveaux qui sont plus compétents, ainsi ils cherchent à engager
le risque et trouver des projets rentables à long terme pour
l'entreprise), le marché financier (qui exerce un rôle important
dans le contrôle des dirigeants, à cet fait, une entreprise ne
peut contrôler une autre entreprise sans la permission du conseil du
marché financier, ainsi que lorsque les actionnaires sont
mécontents du rendement de l'entreprise, ils peuvent décider de
vendre ces titres et engendrer ici la baisse du cours des actions des
dirigeants s'il possède des titres).
I- Le rôle de l'audit dans la résolution des
conflits d'intérêts entre dirigeants et
actionnaires :
Les problèmes d'agence entre actionnaires et dirigeants
peuvent être résolus par l'engagement d'un troisième
intervenant qui pourra faire un rapport aux actionnaires concernant les
actions et les décisions des dirigeants. C'est l'auditeur externe qui
pourra aussi faire état de la fiabilité
79 Cité par Jensen&Meckling (1976) et Myers
(1977).
des signaux émis par le dirigeant quant à sa
performance. Dans ce contexte, l'audit apparaît comme une solution aux
problèmes d'agence permettant de réduire les comportements
opportunistes des dirigeants et de donner plus de crédibilité
quant aux états financiers établis par ces données.
En effet, les états financiers annuels constituent une
synthèse de l'activité de l'entreprise exploitable par
l'extérieur ; Ils servent aux différents acteurs dans une optique
d'évaluation, de prise de décision ou de diagnostic
(Raffeau et al. 1994) :
-Pour les actionnaires : les comptes annuels servent à
déterminer la valeur de leur participation dans l'entreprise ainsi que
la rémunération de cette participation par le versement de
dividendes conditionnés par les résultats annuels ;
-Les dirigeants voient de plus en plus leur
rémunération déterminée, au moins pour partie, par
les résultats financiers de l'entreprise qu'ils
dirigent80.
Cependant, il se trouve que les comptes annuels sont largement
établis par les personnes mêmes que l'on cherche à
contrôler : les dirigeants.
La latitude dont ils disposent peut laisser planer une doute
sur la sincérité de l'information qu'ils diffusent, l'importance
de disposer des données fiables sur les comptes annuels explique alors
l'apparition de moyens pour vérifier les états financiers
produits par les dirigeants à destination de l'extérieur, ces
moyens se sont progressivement développés pour prendre leur forme
actuelle, l'audit financier : c'est-à-dire « un examen critique
destiné à vérifier les comptes annuels conformément
à un référentiel comptable identifié
»81.
Figure 1 Le rôle de l'audit financier dans la
relation d'agence de l'entreprise82
Image fidèle ?
Dirigeants
Entreprise
Comptes annuels
Actionnaires
AUDIT
II- Le rôle de l'audit dans la résolution
des conflits d'intérêts entre les
actionnaires et les créanciers :
Cherchant à obtenir des crédits auprès
des créanciers (dont notamment les banques), les dirigeants et
actionnaires dont les intérêts sont supposés convergents,
vont utiliser l'audit et notamment le rapport de l'auditeur externe pour
maximiser la valeur de ses actions et augmenter la crédibilité
des états financiers qu'ils ont établis.
Jensen et Meckling avancent
que, vu la préparation par les dirigeants de ces informations pour
d'autres utilisateurs, la société aura tout intérêt
à préparer les états financiers et à les faire
certifier par un auditeur indépendant. Quant aux créanciers dont
notamment les banquiers, l'audit constitue un parfait moyen leur permettant de
s'assurer d'une part que les états financiers établis par les
dirigeants sont fiables et sincères et d'autres part du respect par les
dirigeants des clauses contractuelles restrictives qui ont été
établis.
82 Olivier HERRBACH, op, cit, p4.
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