1.3- Précautions préalables
Pour spécifier les équations relatives aux
déterminants de la diversification ainsi que les outils d'analyse de
l'impact de la diversification sur la croissance économique, nous allons
utiliser des méthodes d'estimation.
Le fait que les séries macro-économiques soient
parfois non-stationnaires pose un problème d'estimation. Etant
donné que la méthode des Moindres Carrés Ordinaires (MCO)
ne s'applique qu'aux séries stationnaires, nous aurons donc à
effectuer le test de racine unitaire sur les différentes séries,
et de la cointégration entre les séries intégrées
de même ordre et éventuellement les modèles à
correction d'erreur.
a- Stationnarité des variables.
Définition :
Un processus stochastique est stationnaire si :
- E (Xt) = E (Xt+h) = u pour tout t et tout h, la
moyenne est constante et indépendante du temps ;
- La variance est finie et indépendante du temps ;
- La fonction d'autocovariance ã (h) = cov (Xt , Xt+h)
est indépendante du temps.
Une série chronologique est stationnaire si elle est
la réalisation d'un processus stationnaire. Ceci implique que la
série ne comporte ni tendance, ni saisonnalité et plus
généralement aucun facteur n'évoluant avec le temps.
Une variable stationnaire est caractérisée par
une moyenne et une variance constantes et a tendance à fluctuer autour
de sa moyenne revenant régulièrement vers sa valeur
d'équilibre.
Test de Dickey-Fuller Augmenté
(ADF)
Le test de stationnarité des variables permet
d'identifier l'ordre d'intégration des séries. Cette
identification consiste à faire le test de racine unitaire de
Dickey-Fuller Augmenté (ADF : 1979, 1981) sur les séries
d'origine. A partir du
modèle : Ä = - + ?= P - - - - +
Y t aY t 1 1 a i ( Y
t 1 Y t i 1 ) å t On teste l'hypothèse
nulle de l'existence
i
de racine unitaire contre l'hypothèse alternative d'un
processus stationnaire, donc on aura :
Ho : a = 0 ; Hypothèse de non
stationnarité : Yt possède une racine unitaire.
H1 : a # 0 : Hypothèse de stationnarité :
Yt ne possède pas de racine unitaire.
La conséquence de ce test est que la présence
d'une racine unitaire témoigne d'une série non stationnaire, et
qu'un choc sur cette série a un effet persistant dans le temps. Si la
série est stationnaire, cela signifie que tout choc ne peut avoir qu'un
effet transitoire.
En pratique, on estime les modèles sous la forme suivante
:
Modèle sans tendance ni constante.
Modèle1 :ÄX t =
? X t -1 + åt
Modèle2 :ÄX t =
? X t -1 + á + å t
Modèle avec constante sans tendance.
Modèle X t X t t t
3 : Ä = ? -1 + á +
â + å Modèle avec tendance et
constante.
On teste alors l'hypothèse nulle ö=o (non
stationnarité) contre l'hypothèse alternative ö < 0 en se
référant aux valeurs tabulées par Dickey et Fuller. Dans
la mesure où les valeurs critiques sont négatives, la
règle de décision est la suivante :
- Si la valeur de la t-statistique associée à
ö est inférieure à la valeur critique, on rejette
l'hypothèse nulle de non stationnarité.
- Si la valeur calculée de la t-statistique
associée à ö est supérieure à la
valeur critique, on accepte l'hypothèse nulle de non
stationnarité.
Il est fondamental de noter que l'on n'effectue pas le test sur
les trois modèles. Il convient en effet d'appliquer le test de
Dickey-Fuller à un seul des trois modèles.
Etape 1 : On estime le modèle 3.
On commence par tester la significativité de la tendance. Deux cas
peuvent se présenter :
- Si la tendance n'est pas significative, on passe au
modèle 2.
- Si la tendance est significative, on a deux
possibilités :
· Si l'on accepte l'hypothèse nulle,
c'est-à-dire que Xt est non stationnaire, dans ce cas, il
faut la différencier et recommencer la procédure sur la
série de différence première.
· Si l'on rejette l'hypothèse nulle,
Xt est stationnaire et dans ce cas, la procédure
s'arrête. On a donc à faire à un processus TS (Trend
Stationnary).
Etape 2 : Cette étape ne doit
être affrontée que si la tendance dans le modèle
précédent n'est pas significative.
On estime le modèle et on commence par tester la
significativité de la constante. Deux cas de figure peuvent se
présenter :
- Si la constante n'est pas significative, on passe au
modèle 1.
- Si la constante est significative, on passe au test.
· Si l'on accepte Ho, Xt est non
stationnaire. Dans ce cas, il faut différencier la série et
recommencer la procédure sur la série en différence
première.
· Si l'on rejette Ho, Xt est
stationnaire. Dans ce cas, la procédure de test s'arrête et on
peut directement travailler sur la série.
Etape 3 : Cette étape ne doit
être appliquée que si la tendance et la constante ne sont pas
significatives.
On estime le modèle 1 et on commence le test
- Si l'on accepte l'hypothèse nulle, Xt est
non stationnaire. Dans ce cas, il faut différencier la série et
recommencer la procédure sur la série
différenciée.
- Si l'on rejette Ho, Xt est stationnaire
et la procédure s'arrête. On peut directement travailler sur la
série.
b- La cointégration
Les études empiriques en macroéconomie
impliquent presque toujours des variables non stationnaires ou qui suivent une
tendance (revenu et consommation). La théorie de la cointégration
permet de préciser les conditions dans lesquelles il est légitime
de travailler sur de telles séries. L'analyse de la cointégration
permet en effet d'identifier clairement la relation véritable entre deux
variables en recherchant l'existence d'un vecteur de cointégration et en
éliminant son effet, le cas échéant. Selon Haudeville
(1996), on parle de cointégration de séries Xt et
Yt non stationnaires si leur combinaison linéaire est
stationnaire.
Conditions de cointégration :
Deux séries Xt et Yt sont dites
cointégrées si les deux conditions suivantes sont
vérifiées :
- Elles sont affectées d'une tendance stochastique de
même ordre d'intégration d,
- Une combinaison linéaire de cette série permet de
se ramener à une série d'ordre d'intégration
inférieur.
Soit : Xt '-> I (d) et Yt '-> I (d) tel que
á Xt + â Yt '-> I (d-b) avec d = b =
0.
On note : Xt.Yt '-> CI (d, b) où [á, â]
est le vecteur de cointégration.
Dans le cas général à k variables, on a :
X1t '-j> I (d)
X2t '-j> I (d) on note Xt = [X1t X2t ... Xkt]...
Xkt '-j> I (d)
S'il existe un vecteur de cointégration OE = [OE1
OE2 ... OEk] de dimension (k, 1) tel que OEXt
'-j> I (d-b), alors les k variables sont cointégrées et le
vecteur de cointégration est OE. On note que Xt '-j> CI
(d, b) avec b>0.
c- Le modèle à correction
d'erreurs
Lorsque des séries sont non stationnaires et
cointégrées, il convient d'estimer leurs relations au travers
d'un modèle (ECM : Error Correction Model). Engel et Granger (1987) ont
démontré que toutes les séries cointégrées
peuvent être représentées par un ECM.
Lorsqu'on a décelé que les séries
Xt et Yt sont I (1), il faut donc faire le test
proposé par Granger et Engel avant d'établir la relation entre
Xt et Yt. Ce test se fait en deux étapes :
1ère étape : On fait
la régression de Y sur X et on récupère le résidu
û
2ème étape : On fait le
test de racine unitaire sur û
Si û est stationnaire, alors la relation est bonne. (Cela
n'augure pas d'un modèle à correction d'erreur).
Si û n'est pas stationnaire, on fait la régression
Äy = â 0+ â 1
Ä x et on
montre que R2 = 0 et DW = 2. On dit alors que la
relation Äy = â 0 + â
1 Ä x est une
relation trompeuse.
Si l'on passe le test de Granger- Engel avec succès,
alors la relation
y 0 1 x
~ = â ~ + â ~n'est pas
suffisante pour prendre des décisions. Il faut faire ce qu'on
appelle le modèle à correction d'erreurs car
cette relation signifie seulement que Y et X sont cointégrées,
c'est-à-dire qu'il existe une relation de long terme et statique
entre Y et X. L'erreur û est appelée erreur de
long terme ou erreur d'équilibre. Cependant, l'une des séries
peut s'écarter de cet équilibre. On parle de dynamique à
court terme. C'est la modélisation de cet équilibre à
court terme qui constitue le modèle à correction d'erreurs.
1ère étape : On
réalise un MCO de l'équation y 0 1 x
~ = â ~ + â ~
2ème étape : On
récupère le résidu û et on génère le
résidu ût-1. On réalise la
régression Äy = á ~
0+ á ~ 1 Ä x +
á2ìt -1 + å t avec
å t - f BB
3ème étape : On regarde le
t-student associé à á2 et son signe. Si
á2 < 0 et statistiquement significatif, alors on a un
ECM et l'équation
Ä y = á ~ 0+
á ~ 1 Ä x +á 2
ì t -1 + åt avec å t - f
BB est appelée dynamique de court terme et
á2 est appelé coefficient de rappel.
La variation de Y entre deux périodes est affectée
non seulement par la variation de X mais aussi par un choc de la période
précédente.
Lorsque á2 < 0 et statistiquement
significatif, alors á2 est la force qu'il
faut exercer sur le choc Pt-1 pour ramener X
et Y en équilibre.
Le test de stationnarités de Dickey-Fuller Augmenté
(ADF) appliquées sur les différentes séries nous donne les
résultats suivants :
Tableau 1: Résultats du test de la
stationnarité
Variable
|
ADF test statistic
|
t-Statistic
|
Prob.
|
Modèle
|
Ordre d'intégration
|
Ent
|
-6.335718
|
-1.955020
|
0.0000
|
Modèle 1
|
Différence première
|
LPib_hbt
|
-5.770518
|
-2.981038
|
0.0001
|
Modèle 2
|
Différence première
|
Ouv_ccial
|
-4.182273
|
-2.986225
|
0.0034
|
Modèle 2
|
A niveau
|
Tcer
|
-5.214932
|
-1.954414
|
0.0000
|
Modèle 1
|
Différence première
|
LFbcf
|
-8.431189
|
-3.595026
|
0.0000
|
Modèle 3
|
Différence première
|
Source : Données de l'INSAE sur les exportations de
1979 à 2006
1-4. Et
|
ude de la
|
multico
|
linéarité :
|
Enc
|
adré 2 : Te
|
st de Farrar
|
Glauber
|
La matrice de corrélation du modèle est
|
la suivante :
|
Tableau2: Matrice variance-covariance des vari ables
|
LPIB_HBT1
|
LFBCF1
|
TCER1
|
OUV_CCIAL
|
PIB_HB
L T1
|
1
|
-0,05331616
|
0,0000828
|
-0,0002462
|
L0,05332 FBCF1
|
|
-1
|
-0,0001654
|
-0,0000415
|
T0,00008 CER1
|
|
-0,00016542
|
1
|
-0,0000003
|
O AL
UV_CCI
|
-0,00025
|
-0,0000415
|
-0,0000003
|
1
|
De ce corrélation
entre absenc e de multi
tte matric e de corrélation, les
différentes variables sont
colinéarité entre les
différente
il ressort que les
coefficients de assez faibles et
laiss ent présager une s variable s
explicatives du modèle de
la diversification.
Tableau 3: Résultats du test de Farrar Glauber
|
|
|
|
0,06689881
|
1O
|
18,307
|
On accepte l'hypothèse nulle : il n'y a pas de
multicolinéarité.
|
Source : Données de l'INSAE sur les exportations
de 1979 à 2006
1-5. Test de cointégration sur
les séries:
a- Test de Johansen :
Les différentes séries du modèle sont
intégrées d'ordre 1 à part la série ouv_ccial qui
est stationnaire à niveau.
L'analyse des résultats du test de la trace sur les
variables intégrées de même ordre à savoir : ent,
lpib_hbt, lfbcf, tcer révèle que la statistique de Johansen
relative à la première valeur propre est supérieure
à la valeur critique au seuil de 5% (55.17240 > 39.89) ; on rejette
donc l'hypothèse nulle d'absence de cointégration (R=0) au seuil
de 5%. Par contre, on accepte l'hypothèse (R=1) selon laquelle il existe
au plus une relation de cointégration entre les différentes
variables. De même, le test de la valeur propre révèle
qu'il existe également une relation de cointégration. Nous
effectuerons donc le test d'Engel-Granger pour vérifier ces
résultats. (Voir résultats en annexe 3).
b- Test de Engel-Granger
La synthèse du test de racine unitaire sur le
résidu est présentée dans le tableau suivant :
Tableau 4 : Résultats du test de ADF sur le
résidu
Variable
|
Niveau de différence
|
Niveau de confiance
|
Valeur critique
|
T- statistique
|
Probabilité
|
Résidu
|
0
|
5%
|
-1.953858
|
-6.481761
|
0.0000
|
Source : Données de l'INSAE sur les exportations de
1979 à 2006
Le test a révélé l'absence de racine
unitaire dans la série des résidus. La probabilité
associée à la statistique de Dickey-Fuller étant
inférieure à 5%, on conclut que le résidu de la relation
de long terme est donc stationnaire. Il y a bien cointégration entre les
variables du modèle.
|