Paragraphe 2 : Présentation et
interprétation des résultats.
2.1- Présentation des résultats
d'estimation
L'hypothèse de risque de cointégration a
été mise en évidence dans le paragraphe
précédent. Nous appliquerons donc la méthode de Granger -
Engel mentionnée dans la méthodologie pour estimer le
modèle à correction d'erreur.
a- Estimation de la relation de long terme
L'estimation du modèle nous donne les résultats
suivants obtenus à partir du logiciel Eviews.
Tableau 5 : Résultats de l'estimation du
modèle de long terme
Variable
|
Coefficients estimés
|
T de Student
|
Probabilités.
|
C
|
0.193233
|
0.0941 59
|
0.9258
|
LPIB_HBT
|
-1.183768
|
-6.135721
|
0.0000
|
LFBCF
|
1.622488
|
3.547493
|
0.0007
|
TCER
|
-0.001528
|
-1.1660406
|
0.2555
|
D94
|
-0.424465
|
-2.693198
|
0.01 30
|
(Les détails de l'estimation sont en annexe 4)
La relation de long terme se présente comme suit :
ENTt =0.193233 -1.183768LPIB_HBTt
- 1.622488LFBCFt -0.001528TCERt
- 0.424465D94
Où la variable indicatrice D94 représente la
dévaluation du franc CFA en
1994.
Validation statistique du modèle de long terme
La validation statistique du modèle passe par l'analyse de
la significativité des coefficients et de la qualité des
résidus.
i. Test de Student
Les p-value des variables LFBCF et LPIB_HBT sont
inférieures à 5%, donc ces variables sont significatives au seuil
de 5%. Quant au taux de change effectif réel, sa p-value est
supérieure à 5%. Cette variable n'est pas significative au seuil
de 5%.
ii. Test de Fisher
Pour étudier la significativité globale du
modèle, on appliquera le test de Fisher. Ce test permet de voir si au
moins une des variables explicatives du modèle explique la
diversification des exportations. Le modèle de long terme est
globalement significatif puisque la probabilité de Fisher (0.00000dans
le long terme) obtenue est inférieure à 5%.
iii. Test de normalité des
résidus
Ici on applique le test de normalité de Jarque Bera
dont l'hypothèse nulle est celle de normalité des résidus.
La règle de décision consiste à accepter cette
hypothèse si la statistique de Jarque Bera JB est inférieure
à 5.99. Ici, la statistique de Jarque Bera est égale à
3,188. Les résidus du modèle sont donc normaux. Cela s'illustre
plus aisément par le graphe ci-après :
-0.8 -0.6 -0.4 -0.2 0.0 0.2 0.4
Figure 4 : Courbe de normalité de
J arque Bera
6
4
2
5
3
0
1
Series: Residuals Sample 1979 2006 Observations 28
Mean -3.17E-17
Median 0.021572
Maximum 0.468586
Minimum -0.891438
Std. Dev. 0.311337
Skewness -0.765120
Kurtosis 3.625560
Jarque-Bera 3.188451 Probability 0.203066
iv. Test
d'hétéroscédasticité des erreurs :
Pour étudier
l'hétéroscédasticité des résidus, on
applique le test de white dont les hypothèses sont les suivantes :
H0 : Modèle homoscédastique
H1 : Modèle
hétéroscédastique
Il s'agira aussi d'accepter l'hypothèse nulle Ho
(hypothèse d'homoscédasticité) si la probabilité
est supérieure à 5%. Ici, la probabilité est égale
à 0.455 893 (voir annexe 5-a). Les résidus sont
homoscédastiques.
v. Test d'autocorrélation des erreurs :
Pour ce faire, on applique le test de Durbin-Watson dont les
hypothèses
sont :
H0 : Non autocorrélation des erreurs.
H1 : Autocorrélation des erreurs.
Les conditions de base d'utilisation du test de Durbin-Watson
sont vérifiées, vu que notre modèle comporte un terme
constant, le nombre d'observations est supérieur à 1 5, le
modèle est spécifié en série temporelle et la
variable à expliquer ne figure pas parmi les variables explicatives en
tant que variable retardée. La statistique de Durbin Watson DW est
égale à 1 .989632,
sensiblement égale à 2. Les résidus sont
non autocorélées. De même, l'application du test de
Breush-Godfrey à l'ordre 2 nous donne une probabilité
égale 0.41 1 340 (voir annexe 5-b) donc on conclut qu'il y a non auto
corrélation.
vi. Test de stabilité :
Pour étudier la stabilité du modèle, on
applique le test de Cusum qui permet de détecter les instabilités
structurelles. Ici, la courbe ne coupe pas le corridor, alors le modèle
est structurellement stable (voir annexe 5-c).
Le résidu issu de ce modèle (LT) est stationnaire,
on peut alors l'intégrer dans la dynamique de court terme tout en le
retardant d'une année.
b- Estimation de la relation de court
terme
Tableau 6: Résultats d'estimation du modèle
de court terme
Variable
|
Coefficients estimés
|
T de Student
|
Probabilités.
|
LPIB_HBT1
|
-1 .230976
|
-2.944673
|
0.0080
|
LFBCF1
|
0.830960
|
1.985764
|
0.0609
|
TCER1
|
-0.001892
|
-1.693383
|
0.1059
|
OUV_CCIAL
|
0.005718
|
3.308897
|
0.0035
|
RSD (-1)
|
-0.958524
|
-5.162616
|
0.0000
|
D80
|
-0.525229
|
-4.564280
|
0.0002
|
D84
|
-1.025938
|
-3.953821
|
0.0008
|
(Les détails de l'estimation sont en annexe 6)
La relation de court terme se présente comme suit :
ENT1t = -1.230976 LPIB_HBT1t
0.830960LFBCF1t -0.001892TCER1t
- 0.005718OUV_CCIALt -0.958524RDS (-1) -0.525229D80
-1.025938D84
Où les variables ENT1, LPIB_HBT1, LFBCF1, TCER1 sont
les différences premières respectives des variables ENT, LPIB_HBT
, LFBCF, TCER et les variables D80 et D84 marquent la
détérioration continue des termes de l'échange et l'impact
négatif du ralentissement de la croissance économique dans les
pays voisins (Nigeria, Niger).
Validation statistique du modèle de court
terme
i- Test de Student
Les variables LPIB_HBT1 et OUV_CCIAL sont significatives au
seuil de 5% par opposition aux variables de l'investissement et du taux de
change dont les p-values sont supérieurs à 5%.
ii- Test de normalité des résidus Ici, JB
= 0,622 ; par suite, les résidus sont normaux. (En effet, JB
<5,99).
Figure 5 : Courbe de normalité de
Jarque Bera
Series: Residuals Sample 1980 2006 Observations 27
Mean
|
-0.002288
|
Median
|
0.033806
|
Maximum
|
0.375610
|
Minimum
|
-0.396925
|
Std. Dev.
|
0.209040
|
Skewness
|
-0.028941
|
Kurtosis
|
2.258312
|
Jarque-Bera
|
0.622632
|
Probability
|
0.732482
|
8 7 6 5 4 3 2 1 0
|
|
-0.4 -0.2 0.0 0.2 0.4
iii- Test d'hétéroscédasticité
des erreurs :
La probabilité est égale à 0.733575 (voir
annexe 7-a). Les résidus sont homoscédastiques.
iv- Test d'autocorrélation des erreurs :
La statistique de Durbin Watson DW est égale à
1.669053, On ne peut donc pas conclure de l'autocorrélation des
résidus. L'application du test de BreushGodfrey à l'ordre 2 nous
donne une probabilité égale 0.394109 (voir annexe 7-b) donc on
conclut qu'il y a non auto corrélation.
v- Test de stabilité :
L'application du test de Cusum montre que la courbe ne coupe pas
le corridor, alors le modèle est structurellement stable (voir annexe
5-c).
Le coefficient (terme de rappel) de la variable RSD (-1) est bien
significativement négatif, la représentation à correction
d'erreur est alors valide.
2.2- Interprétation des résultats
d'estimation
Pour étudier les déterminants de la
diversification, nous procédons donc à l'interprétation
des résultats obtenus dans les 2 modèles (long terme et court
terme) pour les différentes séries étudiées afin de
juger de la conformité des résultats avec la théorie
économique.
Lorsqu'on se place dans le long terme les résultats
montrent que les variables explicatives retenues, à savoir le PIB_HBT,
le TCER et le FBCF expliquent 77%
du comportement de l'indice de diversification sur la
période de l'étude et ceci s'élève à 83%
pour la dynamique de court terme dans laquelle apparaît la série
OUV_CCIAL. Tous les coefficients estimés présentent des signes
attendus sauf celui du PIB_HBT.
Le revenu par habitant
Le test de student nous montre que le revenu par tête
est significatif sur le court et le long terme mais est corrélé
négativement avec l'indice de diversification. En d'autres termes un
accroissement du revenu par tête implique une perte de diversification
pour l'économie béninoise. Ce résultat est contre intuitif
selon la théorie. Ceci pourrait être une conséquence du
fait que depuis longtemps l'économie béninoise est
essentiellement basée sur la production du coton. Lorsque le revenu par
tête augmente, cela se traduit par une ruée vers la production du
coton, c'est-à-dire le secteur qui se porte déjà bien. La
forte contribution de la filière cotonnière à la
production nationale, l'implication de l'état dans ce domaine et
l'existence de débouchés pour la récolte sont tant de
raisons qui attirent les producteurs. Ceci s'explique par le fait que les
producteurs béninois du fait de la pauvreté et de toutes les
difficultés quotidiennes rencontrées, préfèrent
prendre le moins de risque possible et produisent ce qu'ils sont plus ou moins
surs de vendre. Cela explique une concentration de l'économie
malgré l'accroissement de la richesse par tête. Plusieurs produits
sont délaissés en faveur de la production cotonnière
baissant ainsi le niveau de diversification des exportations béninoises.
Le résultat peut être aussi interprété dans le long
terme par une certaine spécialisation qui se justifie par la non
compétitivité de certains produits exportés. Le nombre de
produits exportés diminuant en dépit de l'évolution du
revenu, on assiste à cette nature de relation entre les deux
variables.
L'investissement
Dans le modèle de long terme l'investissement est
significatif au seuil de 5% et a un impact positif sur la diversification. Ceci
est pareil dans le modèle de court terme sauf qu'à ce niveau la
variable n'est pas significative à 5% et perd ainsi dans ce
modèle un peu son pouvoir explicatif. Les résultats du test de
student montrent alors que la diversification s'explique mieux par les effets
à long terme de l'investissement. Ce qui est logique vu le délai
qui existe entre le moment où l'on investit et celui où l'on
ressent ses effets. En observant les élasticités on remarque
aussi que dans le long terme l'influence de l'investissement est plus
importante que dans le court terme.
Dans le long terme une augmentation de 1% fait croître
l'indice d'entropie de 1.622488% alors que dans le court terme pour la
même variation de l'investissement l'indice d'entropie n'augmente que de
0.830960%.
En somme on peut dire que la diversification augmente à
mesure que les investissements croissent. La formation brute de capital fixe
est vitale pour la diversification des exportations au Bénin. Lorsque
les gens prennent de plus en plus des décisions d'investissement cela se
présente en faveur de la diversification ; soit dans les exportations de
nouveaux produits ou dans une importance accrue pour des produits jusque
là marginalisés dans l'exportation.
Le taux de change effectif réel
Le taux de change effectif réel est
corrélé négativement avec l'indice de diversification mais
n'a, dans aucun des deux modèles, un pouvoir explicatif
considérable. Ceci pourrait s'expliquer par le fait que le Bénin
dispose d'un système monétaire fixe par rapport à l'euro
et la majorité des exportations du Bénin se font avec les pays
européens. Cette variable n'influence donc pas de façon
considérable la diversification des exportations.
L'ouverture commerciale
Variable importante du commerce extérieur, l'ouverture
commerciale s'explique dans notre modèle de court terme. L'ouverture
commerciale est significative et corrélée positivement avec
l'indice de diversification. Ainsi l'accroissement des échanges
extérieurs a un impact positif sur la diversification. Ceci pourrait
s'expliquer les récents changements dans la politique du gouvernement
qui encourage les exportations et donc la production locale. Les producteurs
produisent plus et varient la gamme de leurs produits dans le but de s'offrir
plus de possibilités de vente profitant ainsi de l'environnement
favorable aux échanges extérieurs. Cependant, au vu de son
coefficient on peut dire que l'influence de cette variable est faible et
pourrait se justifier par le fait que les échanges extérieurs
dépendent plus de la valeur des produits exportés alors que
l'indice d'entropie dépend plutôt du nombre de produits
exportés. Son influence est certes positive mais
légère.
Les variables indicatrices
D80, D84 sont des variables indicatrices introduites afin de
capter l'effet de la détérioration continue des termes de
l'échange sur la période 80 à 84. Ces deux variables
indicatrices sont significatives et sont négativement
corrélées avec la diversification des exportations. On peut donc
conclure que la détérioration des termes de l'échange a un
impact négatif sur la diversification.
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