I.2. Le craton ouest africain (WAC)
L'Afrique de l'ouest est caractérisée du point
de vu géologique par le craton ouest-africain qui en occupe la partie
majeure. C'est un immense craton d'environ 4.500.000 km2 de surface
formé d'un ensemble de chaines pénéplanées
largement granitisées appartenant au précambrien ancien. Deux
épisodes orogéniques majeurs marquent l'histoire ancienne du WAC
(Bessoles, 1771 in Boher, 1992): le Libérien (entre 3.0 Ga et 2.5 Ga) et
l'Eburnéen (entre 2.5 et 1.8 Ga) au terme duquel le WAC s'est
définitivement stabilisé vers 1.9 Ga (Liégeois et al.,
1991).
Il est recouvert, dans une large part, par les formations du
bassin de Taoudéni. Les principaux affleurements du WAC apparaissent
tout autour de ce bassin (figures 2):
> Au Nord dans la dorsale Réguibat formée
dans sa partie ouest par des gneiss, orthogneiss et chornockites
archéens d'environ 2.7 Ga et dans sa partie est par des granites et
autres formations volcaniques et volcanosédimentaires du
protérozoïque inférieur (Birimien). Ces deux domaines sont
séparés par des zones de cisaillement correspondant à la
faille de Zednès;
> A l'Ouest dans les fenêtres de
Kédougou-Kéniéba de Kayes à la frontière
sénégalomalienne. Elles sont formées exclusivement de
formations birrimiennes du protérozoïque consistant en
d'étroites ceintures volcaniques et en de larges bassins
sédimentaires structurés et intrudés par des
granitoïdes à l'éburnéen (Liégeois et al.,
1991). L'archéen n'ayant jamais été daté dans ces
fenêtres.
> Au sud par la dorsale de Léo qui couvre une large
région qui va du Liberia au Ghana en passant par la Guinée, le
Mali et la Côte d'Ivoire et le Burkina-Faso. Elle est divisée
aussi en deux partie : à l'ouest, le domaine archéen de Man et
à l'est, le domaine Birrimien du Baoulé-Mossi qui serait le
prolongement des formations birrimiennes de
Kédougou-Kéniéba sous les formations
paléozoïques du SW du bassin de Taoudéni (Bassot et
Caen-Vachette, 1984). Les deux domaines sont séparés par
l'accident de Sassandra.
L'archéen du Man, daté de 2.7 Ga, est
formé de gneiss métamorphisés dans le faciès
granulite durant les cycles orogéniques du Léonien (3.0 à
2.7Ga) et du Libérien (2.7 à 2.6 Ga), (Bakinsale et al., 1980;
Camil et al., 1983, in Feybesse et Milesi, 1994). Ces gneiss sont
surmontés de roches vertes associant des métasédiments,
des métavolcanites et des formations ferrifères litées
(BIF).
Le Birrimien du Baoulé Moussi est composé de
métasédiments paléoprotérozoïques, de
métavolcanites et de granites mis en place autour de 2.2 - 2.1 Ga
(Abouchami et al., 1990). Les structures de ce domaine sont le résultat
de deux déformations paléoprotérozoïques majeures: la
première résulte d'une tectonique tangentielle (Liégois et
al., 1991 ; Feybesse et al., 1990) à l'origine de structures
orientées N-S à NNE-SSW. La seconde correspond à une
déformation transcurrente (Lémoine, 1988; Ledru, 1991 ; in
Feybesse et Milesi, 1994). Elle est soulignée par la mise en place,
autour de 2.1 Ga, de grands ensembles de granitoïdes.
Le WAC est limité à l'Est et au SE par des
tronçons de la chaine panafricaine érigée au méso
et néoprotérozoïque entre 1.8 et 0.6 Ga : Ahaggar et Adrar
des Iforas à l'Est et les boucliers du Bénin et du Ghana au
SE.
A l'Ouest des fenêtres de Kayes et de Kédougou
Kéniéba, le WAC est limité par la chaine
calédono-hercynienne des Mauritanides structurée depuis la fin du
Précambrien jusqu'à le Dévonien.
Enfin l'immense bassin de Taoudeni, d'une superficie de 1.5
millions de km2, recouvre en discordance majeure le coeur du WAC. Il
s'agit là du plus vaste dépocentre
néoprotérozoïque du monde. Il est formé de plateaux
calcaires et de grès dont la majeure partie est sous l'emprise de dunes
mobiles ou statiques. Il compte une large part des gisements ou indice
pétroliers entre le Mali, l'Algérie, la Mauritanie et le
Niger.
Figure2 : Schématisation montrant les grands ensembles
géologiques de l'Afrique de l'ouest.
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