3.2. La néologie sémantique
3.2.1. La synonymie
Dans l'usage courant, on appelle
synonymes : « des mots de forme différente mais
de sens identique ou semblable et de même statut
morphosyntaxique.»(Tamba-Mecz, 1988 :80-81). Cependant, au fil
du temps bon nombre de linguistes ont été
intéressés par la synonymie. Pour Gaudin et Guespin (2000 :
176) « c'est la relation qu'entretiennent deux signes que l'on
peut utiliser l'un pour l'autre. Dans beaucoup de cas, cela signifie que l'on
peut s'en servir pour désigner les mêmes classes de
référents. »
A ce propos, Dubois (2001 :465) s'exprime en ces
termes : « la synonymie peut avoir deux acceptions
différentes : ou bien deux termes sont dits synonymes quand ils ont
la possibilité de se substituer l'un à l'autre dans un seul
énoncé isolé ; ou bien deux termes sont dits
synonymes quand ils sont interchangeables dans tous les
contextes. »
Sans pouvoir épuiser tous les points de vues de ceux
qui ont réfléchi sur la synonymie, nous allons relever, dans
notre corpus, quelques termes y relatifs, peut-être qui n'ont pas
toujours les mêmes emplois, mais qui présenteraient des valeurs
très proches. Dans ce cadre, les noms comme Umuseeso
(l'aurore), Kumekucha (il fait jour), Umusekê (l'aube),
Burakêeye iwaâcu (il fait jour chez
nous), Urumuri (la lumière), Umwêezi
(clarté) etc. renvoient à un même champ notionnel dont le
sens est la lumière, le passage de l'obscurité
à la clarté. Un autre ensemble synonymique est formé
par : Temps Nouveaux, The New Times, Renaissance, The New
Thinking, Rwanda Renaitre, qui renferment une idée de
nouveauté. Ukurî
(vérité), Impâmo (toute vérité),
Imvâahô (certitude, vérité),
Vérité d'Afrique... ramènent tous à la
notion de vérité. Tout bien considéré, le
procédé synonymique est très fréquent dans la
dénomination des journaux rwandais d'autant plus que nous avons pu
dénombrer 64 termes sur 236, soit 27,11%.
3.2.2. La polysémie
Un signe est polysémique quand il a plusieurs sens.
Niklas-Salminen (1997 :122) l'explique en disant
que : « ce terme est utilisé pour décrire
le fait qu'une unité correspond à deux ou plusieurs
significations. » Le recours à la polysémie est
l'un des moyens utilisés pour faire face à la difficulté
causée par l'abondance de réalités à
dénommer par rapport aux mots disponibles dans la langue. Ce
phénomène est expliqué d'ailleurs par Baylon et Mignot
(2000 :56) quand ils disent que : « sont diverses les
réalités à dénommer alors que le nombre des mots
dont on dispose dans une langue est forcément très
inférieur. » Dans la dénomination des journaux,
les exemples de ce procédé sont légion. Si nous prenons
l'exemple du journal Ubumwê qui signifie dans
notre contexte l'unité, l'entente, nous constatons aussi qu'il
dénote, un notre sens polysémique qui est « le
singulier ». Ingabo, est un journal
qui fait connaître RDF pour dire qu'il nous fait penser aux guerriers,
militaires, soldats, alors qu'ailleurs le même mot signifie
« sujet par rapport au chef »ou encore
le « bouclier ». Le journal Umuseeso
dans le contexte du Rwanda qui sort de la nuit du génocide a un sens
(aussi métaphorique) de « l'aurore, l'aube
nouveau ». Cependant, on peut songer également à
un autre sens qu'il dénote dans un autre contexte, qui est
« longueur d'un vêtement qui pend jusqu'aux
pieds ». Beaucoup d'autres titres fonctionnent de la même
façon et ils sont au nombre de 47 sur 236 c'est -à- dire
19.9%.
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