§ II - Un soutien alternatif par les partis
pluri-ethniques
L'élite juive tunisienne, profondément
imprégnée du franco-judaïsme, de l'idéologie
républicaine et laïque et formée par l'école publique
française, s'était montrée fidèle à cet
enseignement et à ces principes dans la pratique et dans les prises de
position politique .
D'un autre coté, le classement des partis
politiques pluri-ethniques parmi les organisations franchement
anticolonialistes est sujet à discussion . En dehors du mouvement
national, les organisations politiques et syndicales existantes en Tunisie
dans les années 1920-1930 ne sont que le prolongement
géographique des organisations de la Métropole et elles ne sont
jamais allées dans leur revendication jusqu'à la demande
intégrale de l'indépendance nationale. Cependant, on peut
affirmer aisément qu'elles ont joué un rôle important dans
la critique de la politique coloniale dans le but de modifier le régime
du protectorat avec l'appui des Français libéraux .
L'adhésion politique des juifs actifs
tunisiens s'est répartie entre l'action syndicale (A)
et l'action politique ( B ) à travers les partis de
gauche : socialiste ou communiste.
A - Soutien à travers l'action
syndicale
Nombreux sont les juifs qui avaient
intégré les entreprises coloniales et étaient devenus
ouvriers et employés . Ils avaient pris part aux luttes syndicales aux
cotés des autres ouvriers des autres confessions ( musulmans et
chrétiens ) et des autres nationalités (français, italiens
et maltais ). Ainsi, à travers la lutte syndicale, les juifs tunisiens
ont contribué à la lutte contre l'exploitation coloniale et
à la prise de conscience de la lutte syndicale contre " le
système qui protège et encourage la spoliation des autochtones
" ( 1 )
Le mouvement syndical avait été un
facteur de prise de conscience chez beaucoup de juifs qui ont participé
à la reconstitution du mouvement syndical au sein de l'union
départementale de la C.G.T. qui avait pris, en 1946, le nom d'Union
syndicale des travailleurs de Tunisie (U.S.T.T. ) (2)
Ainsi plusieurs juifs tunisiens avaient fait leur
première initiation à la vie politique à travers
l'institution syndicale. D'autres, par contre, étaient passés
par les partis politiques socialiste et communiste
|