§ I - Un soutien critique aux partis
nationalitaires
Partant du constat que les " animosités
intercommunautaires" traditionnelles ont changé d'envergure depuis
l'établissement du protectorat et apparaissaient au grand jour au su et
au vu des autorités du protectorat, certains membres de l'élite
juive de l'époque ont conclu que " depuis l'occupation
française de la Tunisie, des "pogroms", très limités, se
sont produit , et des musulmans se sont mis à massacrer des juifs . Mais
à chaque fois, sans aucune exception, il a pu être mis à
l'évidence que ce massacre n'avait été rendu possible que
grâce à la bienveillance,
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(1)Kazdaghli H., "L'engagement des juifs tunisiens dans
l'anticolonialisme " in Colloque Histoire communautaire , op cit ,
p.220.
sinon à la complaisance et aux suggestions,
d'autorités françaises " (1) . Le régime colonial
profitait de cette division et essayait même de l'instrumentaliser
Plusieurs personnalités juives ont
dénoncé "l'indifférence coupable" des autorités .
L'implication des milieux coloniaux, autorités et colons, s'explique par
l'antisémitisme de la droite française qui faisait tout pour
freiner la course d'une forte tendance au sein de l'élite juive, qui
revendiquait l'assimilation qui s'était manifesté dès
l'établissement du protectorat en émettant le voeu de se
soustraire à la justice beylicale puis la demande de naturalisation(2).
La Communauté juive, surtout sa frange livournaise, constitue un
concurrent sérieux pour le colon français dans l'investissement
en Tunisie dans tous les secteurs de l'économie, d'autant plus qu'ils
ont un penchant vers l'italianisation sur le plan culturel et linguistique ce
qui constitue un obstacle pour le développement de la culture
laïque française
Mais malgré la propagation du discours
assimilationniste et le développement de la rhétorique sioniste,
comme réaction à l'antisémitisme occidentale, une tendance
dans les milieux juifs de Tunis, s'était jointe à l'élite
musulmane pour discuter et développer les revendications à
formuler pour l'ensemble des Tunisiens, sans distinction de religion. Mais les
tentatives d'action politique commune, entre juifs et musulmans, n'ont pas eu
le plus souvent de suite et "les efforts des nationalistes tunisiens pour
recruter des juifs ont tourné court . Les juifs, attirés par la
politique, n'ont pas rejoint les partis nationalistes " ( 3 ) .
En somme, le discours juif modéré soutient le mouvement national
d'une façon critique . Il conteste les fondements idéologiques (
A ) des partis nationalistes tunisiens et discute même
les moyens d'action politique ( B ) entrepris par leurs cadres
.
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