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Le discours religieux en Tunisie: L'exemple de la communauté juive

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par Sadek MTIMET
Faculté de droit et des sciences politiques de Tunis ( Université Al-Manar) - Master en sciences poltiques 2007
  

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§ I - Protection discriminatoire

l'Etat beylical a hérité le statut que l'Islam assigne à tous ceux qui croient aux Saintes Ecritures, appelés Gens du Livre (Ahl Al-Kitab). Du coup, l'Etat reconnaît aux juifs le droit de pratiquer leur religion tout en payant, en contre partie, un tribut leur garantissant la sécurité et la protection. C'est un statut de protégé (A ) dont jouit la communauté juive qui participe activement à la vie économique et sociale et garde un monopole de fait sur certains secteurs commerciaux que les tunisiens musulmans répugnent. Toutefois, pour différencier le musulman du juif, on impose, à ce dernier, certains traits vestimentaires apparents et une contribution fiscale (B ) dus de son statut de protégé et son exclusivisme de certaines activités très lucratives.

A - Un statut de protégé

En fait, la condition des « Gens du Livre » en terre d'Islam était régie par un véritable pacte. Si les juifs devaient verser à l'Etat musulman l'impôt de capitation, l'autorité devait, en retour, leur assurer sécurité et protection. C'est par l'appellation de protégés (Ahl Al-Dhimma) que furent désignés les juifs tunisiens astreints au paiement de l'impôt de capitation "Jezya"

Par ailleurs, en échange de la sécurité et de la protection qui leur étaient assurées, les juifs ne devaient pas seulement s'acquitter de l'impôt de capitation, il leur fallait encore ne pas enfreindre un certain nombre d'interdits dont on cite quelques-uns :

- Ne pas attaquer le livre sacré (le Coran ) ni en fausser le texte

- Ne pas accuser le prophète de l'Islam ou en parler avec mépris

- Ne pas parler de la religion islamique pour la blâmer ou la contester

- Ne pas entreprendre une musulmane en vue de relations illicites ou licites

- Ne pas détourner de la foi aucun musulman ni nuire à sa personne

- Ne pas venir en aide aux ennemis ou accueillir aucun de leur espion (1).

En réalité, cet impôt de capitation (Jezya) est prélevé sur les tributaires (ahl al-dhimma) mâles, libres et majeurs et ne s'applique pas aux femmes, ni aux esclaves et domestiques, ni aux incapables physiques ou mentaux ni aux vieux et ni sur aux démunis (2) .

La jezya pour les Gens du Livre a son équivalent pour les musulmans, c'est la Zaket, impôt sur le revenu. Donc, Jezya et Zaket constituent en fait deux contributions fiscales qui s'imposent de part et d'autre et sur toute personne vivant en terre d'islam . On explique cette imposition fiscale dans le fait que l'obligation du Jihad ( dans le sens d'un service militaire ) n'était pas imposée au protégé . De ce fait, sa contribution fiscale constitue la contre partie de sa protection et de sa liberté religieuse. Dans la Régence de Tunis , c'est au Qâyid des juifs, représentant de ses coreligionnaires auprès du beylic, de décider du montant global annuel de la Jezya à payer par la Communauté collectivement. Ce même Qâyid est aussi , en même temps, le trésorier receveur général du Bey

En fait, la large autonomie économique dont jouissaient les juifs leur a donné, malgré l'imposition fiscale de capitation, l'occasion de réaliser leur promotion économique tout en gardant leur foi religieuse intacte et même prospère. Ils ont continué à bénéficier, dans le cadre de l'Etat beylical, d'une large tolérance qui leur permettait, non seulement de célébrer leur culte sans contrainte, mais de vivre selon la loi mosaïque, et ce en s'auto-administrant. La liberté de célébration du culte, la gestion autonome (ayant développé l'esprit communautaire chez les juifs tunisiens) et leur intégration dans le tissu social et économique du pays, constituent les conditions nécessaires de l'essor d'un discours religieux original

Ce pacte de protection impose, outre la contribution fiscale, une différenciation vestimentaire

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault