Avec le développement d' Internet, de nouveaux
territoires apparaissent.
Des mondes en trois dimensions s'arpentent comme le nôtre.
Leurs frontières sont floues mais leur potentialités infinies.
Nous nous projetons chaque jour dans de nouvelles illusions.
Aujourd'hui les espaces virtuels nécessitent une
conception architecturale. Il y a une demande et un besoin. Il faut loger les
internautes pour une poignée d»heures ou quelques secondes. Les
espaces dessinés sont habitables mais pas encore habités.
Internet est aujourd'hui une source intarissable d'informations.
Le phénomène est d'ailleurs sujet à de nombreuses
études, elles même disponibles sur la toile.
Ce qui est intéressant pour les architectes, ce sont les
formes, les modes et moyens d'accès aux informations
éparpillées.
L'espace permet des repères plus intuitifs que le
texte. Il est plus riche en signalétique. Il serait donc
intéressant d'imaginer des serveurs et des pages spatialisés dans
un urbanismeintelligent pauvre en contraintes.
Cette architecture d'information, Archigram la pressentait
déjà en 1960. Ce bureau redéfinissait l'architecture comme
personnalisée, non construite à l'âge de
l'électronique.
« Un lieu est un événement dont les
briques sont faites de durée, une architecture qui n'existe que dans le
temps. »
Archigram
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David Noël - Virtus / Territoire
Archigram imaginait également une architecture
personnelle, libre, jetable pour le client nomade et moderne. Ces architectes
étaientt aussi intéressés par les environnements
électroniquement augmentés. Leurs projets étaient souvent
dématérialisés pour exprimer l'aspect spontané et
éphémère de l'environnement.
Marcos Novak est le pionnier de l'architecture virtuelle. Ses
concepts d'architecture liquide et de transarchitecture n'existent que sur
internet et sur des écrans d'ordinateur. Son travail a tout le potentiel
de se matérialiser dans le monde réel mais ne serait alors plus
virtuel.
« Le cyberespace lui-même n'a jamais
été limité à la réalité virtuelle,
mais est en plus en rapport avec notre invention d'un espace d' informations
pénétrant auquel on ne peut échapper, complètement
lié à la culture. Nous nous sommes déplacés de la
spécialisation des disciplines à la multidisciplinarité,
à lin terdisciplinarité et aujourd'hui à la
transdisciplinarité.
De façon plus tangible, les transarchitectures
traitent du spectre entier de la nouvelle tectonique : conception
algorithmique, prototypage, robotique, habitation interactive,
téléprésence,... »
Marcos Novak
Novak ouvre l'architecture sur les nouveaux horizons
virtuels. Certains ne sont pas réceptifs à ses approches mais
reconnaissent qu'ils représentent les nouvelles influences de la
virtualité sur la profession d'architecte.
La réalité virtuelle permet de mettre en
scène plusieurs utilisateurs dans un environnement artificiel qui
souvent représente une situation naturelle. Une nature que l'on peut
modifier, transformer.
David Noël - Virtus / Territoire
En 1998, l'équipe d'Asymptote dessine un projet de bourse
virtuelle pour Wall Street. C'était le premier espace virtuel
confié très sérieusement à des architectes.
Les mondes virtuels s'organisent. Le meilleur exemple reste
le jeu en ligne massivement multi joueurs (mmorpg). Des communautés
vivent sur des territoires virtuels. Des îles ou des parcelles sont
vendues des milliers de dollars, les combinaisons, les armes, les potions se
vendent en argent réel. Des bourses d'achats et des guildes marchandes
apparaissent.
Second Life est un univers virtuel et non un jeu vidéo
car il n' y a pas de but à atteindre si ce n'est de renconter des gens
à travers un avatar. C'est une simulation de la vie Seconde Vie
. C'est une sorte d'énorme forum ou toutes sortes d'échanges
ont lieu. De la politique et de l'économie internationale apparaissent :
des débats, des conférences, des mariages, des formations, des
concerts, des ambassades,...
Des cérémonies funéraires sont apparues
à l'intérieur du jeu. Les valeurs humaines réelles sont
dégagées par ces communautés.
Nous avons toujours une impression de faux lieu, de lieu qui
n'existe pas. Mais à travers un avatar et des outils, le territoire
s'arpente et nous faisons abstraction de cette immatérialité.
Les mondes virtuels sont parfois plus riches en passions et
en possibilités que dans la vie quotidienne du monde réel. Ils
apportent des terrains vierges à toute forme d'expression dans le
besoin.
Toutes ces créations virtuelles sont partagées,
vendues, commentées, appréciées. Dans Second Life, la
propriété intellectuelle est conservée. Le
copié-collé est contrôlé et
réglementé, ce qui mérite débat.
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