4. Régime alimentaire
La nourriture des herbivores, tels que les Tilapias, est
généralement excédante à leur capacité de
consommation, mais la qualité de cette nourriture est très
variable (principalement en apport protéique), ce qui influe sur leur
croissance.
Étant donné que les arcs branchiaux
d'Oreochromis niloticus disposent de microbranchiospines et de
branchiospines longues et nombreuses, l'eau qui y transite est
véritablement filtrée de son plancton. Cette espèce est
donc, en milieu naturel, essentiellement phytoplanctonophage* et consomme de
multiples espèces de Chlorophycées, Cyanophycées, etc...;
ce qui ne l'empêche pas d'absorber du zooplancton et même des
sédiments riches en bactéries et diatomées.
Mais en milieu artificiel (système de pisciculture)
cette espèce est pratiquement omnivore* (euryphage*) valorisant divers
déchets agricoles, tirant parti des excréments de porcs ou de
volailles, de déchets ménagers, acceptant facilement des aliments
composés sous forme de granulés, etc... Cette capacité
d'adaptation à divers aliments et déchets est
phénoménale et est à la base de sa haute
potentialité pour la pisciculture.
5. Biologie de la reproduction 5.1. Maturité
sexuelle*:
Oreochromis niloticus est connu pour sa
maturité sexuelle précoce qui peut intervenir dés 03-04
mois dans certains élevages ; des individus de 30 g et de 8 cm peuvent
se reproduire (Balarin & Haller, 1982). Elle est en fonction des conditions
de milieu et de la densité des individus.
Dans les milieux naturels, la taille de première
maturité chez O. niloticus varie généralement
entre 14 et 20 cm, ce qui correspond à un âge de 2 à 3 ans,
mais peut atteindre 28 cm et différer chez les mâles et les
femelles. Toutefois cette taille de maturité peut se modifier au sein
d'une même population en fonction des conditions fluctuantes du milieu
(FAO, 2002).
Selon Lowe-McConnel (1982), les facteurs qui diminuent la taille
de maturité sont: - Dimensions réduites du milieu (confinement)
;
- Déficit alimentaire qualitatif et quantitatif ;
- Pêche trop intensive.
5.2. Fécondité :
Oreochromis niloticus présente une faible
fécondité qui varie de quelques centaines d'oeufs à
plusieurs milliers par ponte chez les gros individus.
Par contre, la fréquence élevée de ponte et
la garde parentale des alevins (incubation buccale), permettent d'obtenir de
bonnes productions d'alevins par femelle.
La fécondité absolue (nombre d'ovules pondus en une
fois) est aussi très variable puisqu'elle fluctue fortement, comme le
montre Moreau (1979), en fonction:
- du poids des femelles,
- des milieux et des saisons.
5.3. Reproduction :
Oreochromis niloticus fait partie des incubateurs
buccaux uniparentaux maternels. Lorsque les conditions abiotiques deviennent
favorables en milieu naturel (une température d'au moins 22°C est
nécessaire à la reproduction et à l'incubation des oeufs),
les adultes migrent vers la zone littorale et les mâles se rassemblent en
arène de reproduction* sur un substrat meuble, sablonneux ou argileux
où ils délimitent chacun leur territoire et creusent un nid en
forme d'assiette creuse.
Les femelles vivent en groupe à l'écart des
arènes de reproduction où elles effectuent de brefs passages. En
allant d'un territoire à l'autre, elles sont sollicitées par les
mâles. En cas d'arrêt au-dessus d'un nid et après une parade
nuptiale de synchronisation sexuelle, la femelle dépose un lot d'ovules
que le mâle féconde immédiatement et que la femelle reprend
dans sa bouche pour les incuber et les y gardent pendant la durée
d'incubation, soit 04 à 05 jours pour l'éclosion et 07 à
12 jours pour la résorption de la vésicule vitelline. Les oeufs
sont oblongs, mesurant environ 2,3 mm de grand diamètre sur 1,9 mm de
petit diamètre. Cette opération peut être
recommencée avec le même mâle ou un voisin (Ruwet et
al., 1976) ; après quoi, la femelle quitte l'arène et incube
ses oeufs fécondés (annexe 01). A cette époque, la femelle
présente un abaissement de la cavité buccopharyngienne*, des
opercules légèrement écartés (fig.4).
Figure 4 : Femelle incubante avec les oeufs dans
sa bouche (Source : FAO 1989).
L'éclosion des oeufs a lieu dans la bouche 4 à 5
jours après la fécondation. Une fois leur vésicule
vitelline résorbée, les alevins capables de nager sont encore
gardés par la femelle pendant plusieurs jours.
Toutefois, ils restent à proximité de leur
mère et, au moindre danger, se réfugient dans sa cavité
buccale (fig.5). A la taille d'environ 10 mm, les alevins, capables de
rechercher leur nourriture, quittent leur mère et vivent en petits
bancs.
Figure 5 : Alevins nageant à
proximité de la bouche de leur mère (Source : FAO 1989).
Une femelle en bonne condition se reproduit toutes les six
à huit semaines dans la nature et tous les quinze à vingt jours
dans un milieu contrôlé ; ce qui, à raison de 800 à
1 000 oeufs en moyenne pour une femelle de 250 g, risque de conduire au
surpeuplement* et au nanisme en milieu mal contrôlé.
La période de reproduction d'Oreochromis
niloticus est potentiellement continue pendant toute l'année, si la
température de l'eau est supérieure à 22°C. Toutefois
on constate des pics d'activité reproductrice induits par:
- Augmentation de la photopériode et de l'intensité
lumineuse,
- Augmentation de la température de l'eau,
- Augmentation du niveau de l'eau.
Toutes ces caractéristiques de reproduction
d'Oreochromis niloticus démontrent non seulement la
plasticité de l'espèce à s'adapter à des conditions
diverses mais expliquent aussi sa haute résilience à savoir sa
capacité à revenir rapidement après perturbation à
un seuil optimum de densité dans son milieu naturel (Baroiller &
Jalabert, 1990).
5.4. Comportement lors de la reproduction :
Le comportement reproductif chez Oreochromis niloticus
a été rapporté, par plusieurs auteurs. Turner (1986)
montre que le comportement reproductif est profondément influencé
par le système d'accouplement et a découvert que les femelles
préfèrent s'accoupler avec des mâles dont le nid est le
plus large (annexe 01).
En aquarium, les mâles préfèrent les
territoires proches de la surface. En plus, les mâles captifs se livrent
des combats circulaires de courtes durées et de petite intensité.
Des « mouvements expressifs », qui consistent notamment en "menace"
en "coup de queue", constituent en quelque sorte un langage instinctif.
Ça sert probablement à évaluer la force d'un autre
mâle, et à l'établissement du territoire (Malcolm et
al., 2000).
L'introduction d'une femelle prête à pondre dans
un aquarium où se trouve un mâle territorial est tout aussi
intéressante, mais, il faut se méfier de l'agressivité du
mâle. Après une courte phase agressive de sa part, les mouvements
changent totalement et on assiste à la parade faite de mouvements dits
de "tremblement", à des "cercles" etc... (Malcolm et
al., 2000).
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