Le risque de crédit: évaluation à partir des engagements des banques auprés des grands groupes tunisiens( Télécharger le fichier original )par Ilhem Zorgui Faculté des sciences juridiques,économiques et gestion de Jendouba - Mastère banque finance 2006 |
MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR UNIVERSITE DE JENDOUBA FACULTE DES SCIENCES JURIDIQUES, ECONOMIQUES ET DE GESTION DE JENDOUBA Mémoire pour l'obtention du diplôme de Mastère Banque Finance Le Risque de crédit : évaluation à partir des engagements des banques auprès des grands groupes tunisiens Elaboré par : Encadré par : Mlle Ilhem Zorgui Mr Abdessattar Ati Année universitaire 2005 - 2006 Dédicace Je dédie ce travail : A mon père Abdelkarim Qui m'a donné toute l'aide et l'encouragement. A ma mère Zina Qui n'a pas cessé de m'entourer de son affection et de son Amour tout au long de mes études. A mes frères et soeur, Ramzi, Sidki et Imen ; c'est à eux que j'exprime mon profond respect et remerciement pour tout le soutien qu'ils n'ont cessé de m'apporter. A ma tante Riahi Mounira pour sa présence remarquable tout au long de l'élaboration de ce travail. A toute ma famille ainsi que toutes mes amies en particulier Karima et Noura. Ilhem.
Remerciement Je tiens à exprimer mes gratitudes et mes remerciements les plus sincères à mon encadreur de recherche Mr Abdessattar Ati pour ses précieuses directives, ses judicieux conseils et ses critiques constructives qu'il n'a cessé de me prodiguer le long de ce travail. Mes plus vifs remerciements s'adressent aussi aux membres du Jury qui ont eu la gentillesse et l'amabilité de bien vouloir accepter d'évaluer ce travail. A tous ceux qui m'ont aidée, de prés ou de loin, à l'élaboration de ce travail.
CHAPITRE I : LE RISQUE BANCAIRE 8 Section I : L'activité bancaire entre instabilité et risques. 8 Section II : Risque bancaire et évolution réglementaire. 16 CHAPITRE II : L'ÉVALUATION DU RISQUE DE CRÉDIT 32 Section I : Le risque de crédit : une multiplicité d'approche 32 Section II : Les modèles d'évaluation du risque de crédit : 45 CHAPITRE III : LE SYSTÈME BANCAIRE TUNISIEN FACE AU RISQUE DE CRÉDIT 61 Section I : Le système bancaire tunisien : fragilité et stabilité 62 Section II : Evaluation de risque de défaut 80 Introduction générale :La mondialisation et ses divers corollaires véhiculent une pluralité de nouvelles contraintes aux systèmes bancaire et financier. De la déréglementation et de l'accentuation de la concurrence, surgissent les prémisses de l'essoufflement du modèle actuel, et s'imposent la nécessité de repenser les perspectives de ces systèmes en termes de nouveaux référents de capacités et aptitudes à subsister dans cette dynamique de transition vers une économie plus libéralisée. Les récentes crises bancaires et financières ont ébranlé les vertus de la libéralisation et du développement financier et appelé à une déréglementation prudentielle. La surfinanciarisation a amplifié l'instabilité potentielle et a présagé d'une volatilité accrue des grandeurs économiques. L'intensification de la concurrence et la généralisation de la compétitivité financière ont conduit les établissements de crédit à observer une conduite imprudente en s'exposant davantage aux risques, mettant ainsi en péril leur pérennité. Un tel comportement fut à l'origine de la prolifération des crises bancaires et a interpellé les principales sphères de décision, ces dernières se sont ainsi employées à repenser leurs stratégies. Dans les pays en développement, le crédit bancaire constitue la principale modalité de financement. Ce statut recommande un traitement particulier à cette activité d'intermédiation, en imposant la résolution d'un dilemme complexe. Il est en effet, question d'une nécessaire optimisation de l'activité bancaire ; les établissements de crédit se doivent dans cette perspective de maximiser leur rentabilité sous contrainte de minimisation des risques encourus. Dans ces économies, la marge d'intermédiation s'érige en composante fondamentale de cette rentabilité, et le crédit constitue l'essentiel des produits et services offerts par la banque. Dans ces conditions, les recherches portant sur les déterminants de la stabilité du système bancaire, se ramènent en dernière analyse à optimiser l'octroi des crédits. Or de tels crédits sont fondamentalement consentis aux grandes entreprises et groupes, les petites et moyennes entreprises se trouvent relativement exclus de cette activité, de par diverses considérations. La stabilité du système bancaire demeure, dans cette optique conditionnée, voire déterminée par les performances et par l'aptitude de ces groupes à honorer leurs engagements auprès des leurs principaux bailleurs de fonds, les banques. Les risques de crédit découlent, par voie de conséquence du comportement et des résultats de ces entreprises. Les éventualités de défaut de remboursement de ces groupes, s'érigent donc en éléments explicatifs de l'évaluation de ces risques, ce qui conduit à identifier les probabilités de défaillance des tels groupes. La gestion de risque et parant l'appréciation de la firme bancaire dépendent des performances et estimations que l'on se fait des firmes impliquées dans l'essentiel de l'engagement bancaire. La gestion des risques est devenue incontestablement l'un des domaines les plus important pour toute institution financière, afin de maintenir la confiance et d'en assurer la pérennité de cette dernière. C'est dans cette perspective de recherche d'évaluation et de gestion des risques de crédits et ses effets sur la stabilité du secteur bancaire, que s'inscrit ce travail. Les premières dispositions réglementaires concernant l'activité de gestion de risque bancaire, ont été émises par le comité de Bâle qui a fixé dès 1988 le cadre réglementaire de l'activité de l'ensemble des banques des pays signataires1(*). Ce comité répond à une logique d'adéquation des capitaux propres des banques aux risques encourus ; ces fonds doivent être suffisants pour couvrir les pertes que les banques sont susceptibles d'enregistrer. Ainsi les établissements de crédit cherchent-ils à mettre en place des outils efficaces quant à la mesure de risque et qui permettant de déterminer le capital économique nécessaire pour leur activité. La distribution des crédits est toutefois, génératrice d'une multitude de risques déterminés soit, par la qualité de l'emprunteur, soit, par la vicissitude des marchés monétaires et financiers des banques suite aux fluctuations des taux d'intérêts. Ce qui rend le risque de crédit, défini comme étant le risque de pertes consécutives au défaut d'un emprunteur sur un engagement de remboursement de dettes qu'il a contracté2(*), le risque majeur encouru par un établissement bancaire. L'évaluation et la couverture de ce risque se sont articulées dans les travaux et études ayant traité du même sujet, sur un effort analytique soutenu ainsi que sur un recours intensif à l'outil mathématique et économétrique, pour la formalisation et la quantification des problèmes posés. La tendance actuelle est à l'élaboration des méthodes équivalentes pour le traitement du risque de contrepartie, de l'examine de la littérature afférente à cette question, il ressort quatre approches fondamentales, l'approche structurelle, l'approche économétrique, l'optique par les spreads ou par intensité et enfin l'approche actuarielle. Cette dernière repose sur les notations d'agences de rating, telle que Moody's, Standards et Poor's. Dans ce travail, les limites relatives des trois premières nous ont recommandé de privilégier l'approche actuarielle, cette démarche constitue d'ailleurs la première référence en matière d'évaluation et d'appréciation des risques des crédits. Elle fut introduite pour la première fois en 1994 par JP Morgan dans un célèbre document technique intitulé CreditMetrics. Le cadre analytique est empirique propre à cette fin est constitué d'une pluralité de modèles conçus afin d'appréhender le risque du crédit et de définir le comportement optimal d'une banque face à un tel risque. Les modèles, les plus usités à cette fin d'évaluation sont les modèles, CreditMetrics, CreditPortfolioView, KMV et le modèle CreditRisk+. . Les banques tunisiennes, de par le mouvement de libéralisation financière, se doivent d'observer un comportement similaire, en matière d'appréciation et de gestion des risques de défaut de paiement. Cette nouvelle contrainte renvoie à une refonte des politiques d'octroi des crédits et à une reconsidération des relations avec les groupes, car le risque de crédit, dont la provenance majeure est les grandes firmes, continue d'occuper une position axiologique dans les préoccupations de la banque. Il convient alors pour ces banques d'évaluer cette catégorie de risques afin d'optimiser l'activité d'intermédiation, tout s'astreignant aux nouvelles normes de prudence. L'ensemble de ces considérations s'est voulu le cadre d'investigation de cette recherche. L'objectif assigné ici est d'envisager une démarche évaluative de la fragilité bancaire à partir des engagements des banques commerciales auprès des principaux groupes tunisiens. Il s'agit d'apprécier, à travers le recours aux modèles économétriques supra-avancés, les capacités palliatives des banques tunisiennes des risques de défaut d'un ou de plusieurs groupes de la place. Une telle entreprise nous a amené à opter pour un plan trisequentiel. Le premier chapitre s'attachera à identifier les déterminants de l'instabilité des systèmes bancaire et financier et leurs effets sur les risques systémiques et de contagion. Le second chapitre, quant à lui, se livrera la présentation des différents types d'approches et des principaux modèles d'évaluation du risque de crédit. A la lumière de ces développements théoriques, une investigation empirique sera envisagée dans le chapitre trois. Il sera question de confronter les enseignements majeurs des deux premiers chapitres, à l'épreuve des banques tunisiennes pour apprécier le degré de leur fragilité.
CHAPITRE I : LE RISQUE BANCAIRE Ces dernières années ont étaient marquées par des bouleversements et des changements, qui menacent le bien être du système bancaire et financier dans des différents pays du mondes. En effet divers vagues des faillites et des crises bancaires et financiers, qui déstabilisent l'activité bancaire en multipliant le volume des risques supportés par cette dernière qui représente la principale cause de sa défaillance. Ainsi du point de vue de l'importance des établissements bancaires dans le tissu économique comme le principale moyen de financement d'investissement, tout problème bancaire ou financier freine l'économie dans son ensemble. Du faite une vue d'ensemble sur l'évolution de l'activité bancaire ainsi que les principaux déterminants qui expliquent l'instabilité vécu dans la plupart des pays de monde et la monté des risques, c'est ce qu'ont va l'étudier dans la première section, ensuite et dans la deuxième section, on va présenter les typologies des risques ainsi que l'apport du nouvelle cadre règlementaire proposé par la comité du Bâle. Section I : L'activité bancaire entre instabilité et risques :Depuis 1970 le système bancaire et financier n'a pas cessé d'évoluer et de subir divers chocs que ce soit micro ou macroéconomique et même avant, ce système était en générale instable, il était aggravé par le lancement de la libéralisation financière qui malgré ses apports bénéfiques en matière de restructuration et de reformes bancaires et financières, n'a pas duré longtemps pour qu'elle puisse être un sujet de critique qui fait apparaître ses faiblesses. Ce phénomène de libéralisation financière, déjà cité, à partir des années quatre-vingt, a dépassé les frontières des pays développés pour devenir un phénomène international touchant tout les pays même ceux envoi de développement. Il a pris trois formes principales, l'une se manifeste par la libéralisation du marché de change ce qui signifie que la valeur du monnaie n'est pas soumise au contrôle de l'Etat, l'autre a pris la forme d'une libre circulation des capitaux et la dernière se résume par le phénomène de 3D (déréglementation, décloisonnement et désintermédiation), dont le but que les activités bancaires de chaque nation deviennent plus étroites à l'économie mondiale. Donc la libéralisation financière dans sa triple dimension a joué un rôle important dans l'amélioration de la croissance économique, elle vise le passage d'une économie réglementée et contrôlée à une autre plus libéralisée. Malgré son bon trajet, plusieurs études se sont réunis afin de présenter les mal faits de la libéralisation financière, d'après Aglitta.M, cette dernière constitue l'une des facteurs qui fragilisent le système bancaire, elle crée un bouleversement des structures qui ont étaient auparavant contrôlées par les autorités publiques dans des nombreux pays. D'une manière générale la libéralisation a augmenté l'exposition des économies émergentes aux perturbations externes (crises, faillites) et a rendu vulnérable l'économie national, ce qui faisant des banques locales « le maillon faible »3(*). Alors que les études menées par Motti et Plihon (2001)4(*), identifient qu'il existe une relation de causalité entre la libéralisation financière et le déclenchement des crises, ce qui signifie que la monté de l'instabilité est liée à la politique de mise en place de la libéralisation financière. De même A. Demirgùc-Kunt et E. Detragiache (1998) ont mis en place une étude sur 53 pays pour la période 1980-95 qui prouve que les crises bancaires se sont produit dans un environnement libéralisé, du fait que ce dernier à des coûts en terme de fragilité financière accrue, particulièrement dans les pays en voie de développement.5(*) Mais ce qui est évidant que cette instabilité n'est pas liée uniquement à la libéralisation du fait qu'il y à d'autre facteurs qui l'expliquent. I- Les déterminants de l'instabilité bancaire :I-1- L'environnement macroéconomique :L'instabilité bancaire, peut être identifiée par l'existence des facteurs macro-économiques qui ont souvent joué un rôle non négligeable dans le déclenchement des crises bancaires et financières particulièrement dans les pays émergents tel que les fluctuations des taux d'intérêt, la volatilité des flux de capitaux étrangers, le régime du taux de changes et la volatilité domestique des taux de croissances et d'inflations. Du fait les fluctuations que subissent les taux d'intérêts internationaux, ont un impact sur les flux des capitaux vers les pays émergents, ainsi que la capacité d'emprunter en devises étrangers et ses conséquences, ce facteur là a joué un rôle primordial dans l'évolution de volume des crédits dans certains pays Asiatiques aux années 90 c'est ce qu'on appelle problème d'endettement. De même les banques empruntent à court terme et prêtent à plus et long terme, ce qui signifie qu'elles sont sensibles aux variations des taux, en plus en ce qui concerne les collectes de dépôts qui peuvent vulnérabiliser le système bancaire en cas du retrait massif de la part des déposants qui résulte de ce qu'on appelle la perte de confiance sur le marché. Ainsi, parmi les intervenants touchant l'instabilité bancaire suite à la volatilité de l'environnement macroéconomique, on peut citer le taux de croissance et d'inflation qui et suite à une considérable fluctuation pouvant influencer sur l'activité bancaire. Prenant l'exemple de l'Argentine qui a vécu le déclenchement de crise en 1990, dans un environnement marqué par une croissance favorable et une évolution du concurrence bancaire, ce qui a donné lieu à la naissance « des bulles spéculatives » qui prennent la forme de retrait des dépôts de la part des épargnants, d'où la création automatique de la faillite bancaire. Au Japon, Finlande et Norvège, l'application d'une politique des taux très libérés permettant de développer des bulles financières ainsi que le déclenchement des crises. De plus les régimes de taux de change fixe ont fragilisé le système bancaire aux chocs externes, ce dernier conduit à un déficit de la balance de paiement, à un déclin de l'offre de monnaie et à des taux d'intérêts domestiques plus élevés. D'une manière générale l'activité bancaire est considérée comme sensible aux conditions macro-économiques qui sont souvent liées au retournement de la conjoncture, turbulences et chocs financières tel que les faillites bancaires. * 1 Basel Committee on Banking Supervision (1988) «International convergence of capital measurement and capital standards «July. * 2 Roncalli T. (2004) « la gestion des risques financiers », Economica, Paris. * 3 Aglietta M. (1998) « réguler la globalisation financière » Edition la découverte, collection repères, Paris. * 4 Miotti L. et Plihon D. (2001) « libéralisation financière, spéculation et crises bancaires »économie international, n°85, première trimestre. * 5 Demirgùç-Kunt A. et Detragiache E. (1998) «financial liberalization and financial fragility » the World Bank WP n°1917-Avril. |
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