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Justice, équité et égalité entre philosophie utilitariste et Science économique: Bentham, Mill, et Rawls

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par Didier HAGBE
Université Lyon II - Master 2 Histoire des théories économiques et managériales 2005
  

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Section II. - Sur la relation entre la justice et l'utilité

Aristote distingue l'action injuste qui relève du Droit de celle qui relève de la Morale. Etre respectueux du Droit c'est, certes, être juste, mais cela ne signifie pas nécessairement que l'on soit, soi-même, un être moral respectueux du Juste. On peut respecter le Droit par simple peur de la sanction, et sans vouloir agir par Justice. On peut, tout aussi bien, commettre des actes injustes par simple erreur, ou parce qu'on y est contraint sans vouloir être injuste.

La Justice a pour objet de donner à chacun le sien selon une égalité proportionnelle.

Tout d'abord la justice générale (distributive) permet de donner, ni trop ni trop peu, qualitativement et quantitativement, aux citoyens ce qui leur revient en fonction de leur mérite social. La justice distributive admet l'existence d'une inégalité originaire, c'est Mill qui fut le premier à prendre en compte ces inégalités. http://www.aesplus.net/problemes_sociaux.htm - UP#UPPour Mill, les inégalités se transmettent de père en fils et deviennent des inégalités subies depuis la naissance.

La justice résultat ou téléologique qui définit la justice en fonction des conséquences que produit un mode d'organisation de l'économie sur la répartition de la richesse ou du revenu, c'est aussi l'abandon de l'égalité formelle, on cherche à aboutir à un résultat égalitaire ou une égalité concrète. Celle-ci justifie un traitement inégalitaire dès lors qu'il permet d'atteindre l'égalité c'est le cas notamment du principe de la discrimination positive : Quand on produit l'égalité des hommes et des femmes, ou l'égalité des handicapés avec celui des valides, ou encore des étrangers avec les nationaux, on cherche par ce principe une égalité effective, on ne cherche pas à traiter les femmes et les hommes de la même manière, ni les handicapés et les valides, les étrangers et les nationaux, mais à leur donner les mêmes chances.

L'approche de Mill consiste à distinguer : la liberté commerciale qui est pour lui une condition de l'efficacité économique de la liberté personnelle où réside le concept de justice.

Contrairement à ses successeurs, il considère que ce principe de liberté commerciale est toujours en conflit avec la liberté personnelle à laquelle il donne la primauté. Pour surmonter cette différence, il propose que les individus puissent concurrencer avec les mêmes chances.

Dans son ouvrage L'Utilitarisme71(*), Mill commence d'abord par déterminer quel est le caractère distinctif de la justice ou de l'injustice :

Premièrement, ce qui est la plupart du temps considéré comme injuste, c'est de priver quelqu'un de sa liberté personnelle, de sa propriété, ou de toute autre chose lui appartenant légalement. En résumé, il est juste de respecter, injuste de violer les droits légaux de quiconque. Mais ce jugement admet de nombreuses exceptions, par exemple, la personne qui est privée de ses droits peut être déchue légalement de ces droits dont elle est tellement privée ; certains soutiennent qu'il faut quelques soient les lois (bonne ou mauvaise), pour l'intérêt commun de l'humanité, maintenir inviolé le sentiment de soumission à la loi. Mais d'autres soutiennent le contraire, a savoir que l'on peut sans reproche désobéir à toute loi qui aura été jugée mauvaise, même si on ne la juge pas injuste, mais seulement peu avantageuse (inexpedient) ; d'autres, enfin, limiteront la permission de désobéir au cas des lois injustes ; en effet, chaque loi impose certaines restrictions à la liberté naturelle de l'humanité72(*), ce qui est une injustice à moins qu'on la légitime en montrant qu'elle oeuvre pour son bien.

Deuxièmement, les droits légaux dont elle a été déchue sont peut être des droits qu'elle n'aurait pas dû avoir ; en d'autres termes, la loi qui lui a conféré ces droits peut être une loi mauvaise.

Troisièmement, il est universellement considéré comme juste que chaque personne reçoive ce qu'elle mérite (en bien comme en mal) ; et il est injuste qu'elle obtienne un bien, ou subisse un mal, qu'elle ne mérite pas. Comme elle implique l'idée de mérite, la question se pose de savoir ce qui constitue le mérite : D'une manière générale, une personne mérite le bien (good) si elle agit bien (right), le mal (evil) si elle agit mal (wrong) ; et, d'une manière plus particulière, elle mérite le bien de la part de ceux auxquels elle a fait du bien, du mal de ceux auxquels elle a fait du mal.

Quatrièmement, il est reconnu comme injuste, de l'aveu de tous, de manquer à sa parole vis-à-vis d'autrui : violer un engagement, ou décevoir des attentes suscitées par notre propre conduite.

Cinquièmement, il est universellement reconnu comme incompatible avec la justice d'être partial : accorder une faveur ou une préférence à une personne plutôt qu'à une autre dans des domaines où la préférence et la faveur n'ont pas à s'appliquer.

Il est universellement admis que la partialité est incompatible avec la justice ; accorder un traitement de faveur à une personne, ou la préférer à une autre en des matières où la faveur et la préférence ne doivent pas intervenir est injuste.

L'impartialité, en tant qu'obligation de justice, peut être comprise comme le fait d'être influencé exclusivement par les seules considérations qui sont censées devoir influencer le cas particulier en question et de résister à la sollicitation des motifs, quels qu'ils soient, qui conduiraient à adopter une conduite différente de celle que ces considérations dicteraient. Ceux qui pensent que l'utilité demande des distinctions de rang ne considèrent pas comme injuste que les richesses et les privilèges sociaux soient distribués de manière inégale ; mais ceux qui pensent que cette inégalité est désavantageuse pensent qu'elle est également injuste.

Mill après avoir ainsi tenté de déterminer les éléments distinctifs qui entrent dans la composition de l'idée de justice73(*), de demande si le sentiment (feeling) qui accompagne l'idée lui est attaché par un don spécial de la nature ou s'il peut s'être développé selon une loi connue, quelle qu'elle soit, à partir de l'idée elle-même ; et, en particulier, s'il peut avoir son origine dans des conditions qui portent sur ce qui est avantageux pour la communauté (general expediency).

Grâce à son intelligence supérieure, un être humain est capable de saisir entre lui-même et la société humaine à laquelle il appartient, une communauté d'intérêts en vertu de laquelle toute conduite qui menace la sécurité de la société prise dans son ensemble menace la sienne propre et incite son instinct de défense personnelle.

Dans ce sentiment pris en lui-même il n'y a rien de moral, ce qui est moral c'est sa subordination exclusive aux sympathies sociales, c'est qu'il soit à leur service et se rende à leur appel.

Avoir un droit, c'est avoir quelque chose dont la société doit me garantir la possession, en vue de l'intérêt général, cet intérêt est celui de la sécurité.
Tout en combattant les prétentions des théories qui admettent un principe imaginaire de justice non fondé sur l'utilité, j'estime que la pratique de la justice fondée sur l'utilité est la partie maîtresse, la partie incomparablement la plus sacrée et la plus obligatoire de toute moralité.

Pour Mill en conclusion, « la justice demeure le terme approprié pour désigner certaines utilités sociales qui sont infiniment plus importantes et, par conséquent, plus absolues et impératives que toutes les autres utilités prises comme classe ; et qui en conséquence, devraient être, et sont naturellement, protégées par un sentiment différent non seulement en degré, mais en nature ; et qui se distingue de sentiment plus faible accompagnant la simple idée de la promotion du plaisir ou de l'agrément humains, par le fait que ses commandements sont tout ensemble plus décisifs et sanctions plus sévères. »74(*)

* 71 Mill, L'Utilitarisme, chez Flammarion, éd. 1988, p. 117-126

* 72 Mill tente, à la différence de Bentham, de défendre l'idée d'un droit naturel à la liberté.

* 73 Mill, L'Utilitarisme, éd. 1988 chez Flammarion, p.118-123

* 74 Mill, L'Utilitarisme, Essai sur Bentham, PUF, Trad. Catherine Audard, éd. 1998, p. 143

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld