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Justice, équité et égalité entre philosophie utilitariste et Science économique: Bentham, Mill, et Rawls

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par Didier HAGBE
Université Lyon II - Master 2 Histoire des théories économiques et managériales 2005
  

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Chapitre II - John Stuart Mill [1806-1873] : sa conception de L'Utilitarisme

John Stuart Mill est philosophe et économiste britannique, il naquit à Londres en 1806, aîné d'une famille qui comptera neuf enfants. Il est le fils de James Mill économiste, philosophe et historien, disciple de Hume et de Bentham.

Mill a reçu une éducation benthamienne qu'il raconte dans son Autobiographie. En effet Bentham était un ami du père de John Stuart Mill, James, qui le fit participer à l'éducation de son fils.

A dix ans, il connaît par coeur l'histoire universelle et les littératures grecque et latine. A treize ans, il a bouclé son programme de maths, physique et chimie et cosmographie, et il a écrit une histoire de Rome.

A treize ans, il aborde l'économie politique, et à quatorze ans l'économie politique n'a plus de secrets pour Mill. Entre 1820 et 1821, pour la première fois, Mill quitte la Grande-Bretagne pour passer un séjour d'un an en France, tout d'abord à Paris, où il est reçu par J.- B. Say41(*), puis dans le midi de la France où il est l'hôte de Samuel Bentham, frère du philosophe Jeremy Bentham. Depuis ce premier séjour, Mill gardera toute sa vie une affection particulière pour la France.

En 1822, à son retour de Grande-Bretagne, Mill lit le Traité de législation de Bentham. Converti dès ce jour à la philosophie de l'utilité, il devient disciple de Bentham. Mill devait déclarer plus tard, dans son Autobiography, que la lecture du traité de législation de Bentham l'avait transformé. Mill fonde avec quelques amis, disciples de Bentham et de James Mill une société utilitariste [l'Utilitarian Society] qui dura trois ans. En 1825 c'est la dissolution de la «Société utilitariste» que Mill remplace par une société de discussion [Debating Society], ouverte à toutes les tendances. Mill commence à écrire des articles en 1823, il publie ses Essais d'économie politique en 1829 à 23 ans.

Le surmenage intellectuel vaut à Mill une crise morale et physique à l'âge de vingt ans, il se révolte alors contre son éducation utilitariste, et comprend alors la valeur du sentiment, influencé par des penseurs romantiques, tel que Coleridge, il se sent de plus en plus à l'étroit dans la doctrine scientiste et utilitariste de son père et de Bentham, et l'hostilité de son père à tout ce qui relève du sentiment lui paraît de plus en plus inacceptable. Mill se tourne vers la poésie romantique et la philosophie de l'histoire. Mill parle de cette crise et de la question qui la gouverne, dans son autobiographie: «Imagine que tous tes buts dans la vie soient réalisés, que tous les changements auxquels tu aspires dans les institutions et les opinions puissent être entièrement accomplis à cet instant précis: serait-ce pour toi une grande joie, un grand bonheur? Sur quoi, irrésistible, ma conscience intime me répondit clairement: « non!» alors le coeur me manqua..."42(*)

En 1830, il tombe amoureux de Mme Taylor. Sa passion est aveugle, son amour exalté, elle lui ouvre le monde du rêve, de la poésie, de l'amour partagé ; il noue avec elle des liens d'amitié, il considère qu'elle l'a révélé à lui-même. Il l'épouse en 1851, après la mort de M. Taylor. Lorsqu'elle meurt, en 1858, il la fait enterrer à Avignon et s'installe dans une petite maison, à Saint Véran, d'où il peut voir le cimetière.

Mill s'illustre d'abord comme journaliste dans des revues prônant un libéralisme radical. De 1835 à 1840, il dirige la «Revue de Londres et de Westminster», organe du parti radical. Disciple et ami d'Auguste Comte qu'il soutient financièrement, il est profondément marqué par le positivisme. Mill se lie aussi d'amitié avec Tocqueville43(*).

Mill est très attaché à la France, où il se rend souvent, il est marqué par les idées d'Auguste Comte44(*) et de Saint-Simon45(*), dont on aperçoit l'influence lorsqu'il récuse comme Bentham l'intervention de l'Etat dans l'économie. De 1841 à 1847, il aura une correspondance avec Auguste Comte.

Il doit attendre, d'avoir 37 ans, pour être reconnu après la publication de son Système de logique (1843). Dans son Système de logique, Mill explique qu'il veut ramener la logique à l'expérience, cet ouvrage est surtout une réponse à Comte, il dit que la science sociale est possible et qu' «il faut découvrir ce que les choses sont, mais pas comment doivent être», «il n' y a pas de vérités absolues». Mill n'admet que l'induction46(*) comme raisonnement fécond mais refuse de fonder cette dernière sur la croyance à l'uniformité du cours de la nature, la considérant en tant que fondée sur la loi de la causalité universelle47(*) qui résulte de notre habitude à voir se succéder des séries de phénomènes selon un ordre toujours identique. . Mill critique donc ainsi, l'apriorisme48(*), L'intuitionnisme49(*) et les philosophes qui prétendent qu'il y a des vérités absolues.

Pour Mill la perception de la réalité du monde se base sur l'expérience individuelle et les associations d'idées. En logique, il élabore une théorie originale de l'induction et des procédés d'expérimentations. Mill a aussi développé une théorie politique concrète qui a fortement marqué le libéralisme économique et politique anglais.

Mill codifie les règles de la méthode expérimentale dans un esprit tout à fait baconien: la déduction est une généralisation des opérations inductives. Pour Mill, dans une certaine mesure, l'activité humaine reste libre: l'homme intervient dans la chaîne des causes et des effets en ce qu'il a la faculté de coopérer à la formation de son caractère, ce qui justifie le droit de punir, car l'homme est alors responsable.

A 42 ans, en 1848, Mill atteint la célébrité avec son chef d'oeuvre, les Principes d'économie politique, qui deviendra la bible de l'économie classique. Mill représente plusieurs courants de pensée: on le considère comme étant l'un des représentants les plus marquants de l'utilitarisme, et l'un des grands penseurs anglais du libéralisme, et il a une attirance vers le socialisme utopique. Mill incarne la synthèse de tout cela, et il pense que la réalité est trop complexe pour être enfermée dans une explication théorique unique. Mill se situe à la charnière entre les aspirations du XVIIIe siècle pour la liberté, la raison et la science et les courants du XIXe siècle qui tendent vers l'empirisme et le socialisme.

En économie, avec les Principes d'économie politique, on le rattache au courant libéral. Il faut replacer cet ouvrage dans le contexte politique de l'Angleterre de [1790-1832]: Mill parle surtout de la place de Etat dans la société. Les raisons qui l'ont poussé à écrire ce livre nous paraissent fondamentales: Mill voit la misère augmenter et l'apparition du prolétariat, le chartisme, en Grande Bretagne les mouvements socialistes mettent en doute la propriété privée, et le gouvernement britannique apporte une mauvaise réponse aux Irlandais. Pour Mill le problème Irlandais est préoccupant: l'Irlande doit-elle avoir son parlement? Devrait-on annuler l'annexion? Laisser aux Irlandais leur religion?

Mill est très cultivé: il professe en logique un associationnisme50(*), hérité de son père, de Hume et de l'empirisme du XVIIIe siècle, fondé sur la réalité du monde extérieur et celle des esprits: la logique ne doit plus être considérée telle une science de la conséquence formelle (science de la déduction), mais en tant que science de la vérité. Sa théorie ne laisse aucune place à l'intuition, il est athée mais admet l'idée de Dieu. En 1942 il écrivait ceci à Auguste Comte: «Le temps n'est pas venu où, sans compromettre notre cause, nous pourrons en Angleterre diriger des attaques ouvertes contre la théologie, même chrétienne. Nous pouvons seulement l'éluder, en l'éliminant tranquillement de toutes les discussions philosophiques et sociales» 51(*). Il reste relativement discret dans ses écrits sur ses convictions religieuses. Cependant dans une autre lettre adressée à Auguste Comte, on peut lire ceci: «Ayant eu la destinée, très rare en mon pays, de n'avoir jamais cru en Dieu, même dans mon enfance, j'ai toujours vu dans la création d'une vraie philosophie sociale le seul fondement possible d'une régénération générale de la morale humaine et dans l'idée de l'humanité, la seule qui put remplacer celle de Dieu»52(*).

Mill mènera une vie consacrée, pour une part importante, aux réformes politiques, économiques, et sociales. Il jouera un rôle essentiel dans le progrès du libéralisme aussi bien au sens politique, comme on peut le constater dans son livre De la Liberté (1859), et dans son texte en faveur de l'émancipation des femmes De l'asservissement des femmes (1869) qui en est une conséquence logique. Mill est un des grands pionniers du féminisme.

Mill est un défenseur du régime représentatif [Le Gouvernement représentatif, Mill, 1861], il est pour la démocratie représentative (suffrage universel), Mill se prononce pour une codification du droit anglais, et milite pour la défense des droits des femmes [Mill, L'Assujettissement des femmes, 1869]. Il très tôt s'associe aux travaux de l'école du philosophe Bentham et contribue à l'édition du « traité du témoignage en justice» de celui-ci.

Entre temps Mill entre à la Compagnie des Indes (sous les ordres de son père) où il fera toute sa carrière qui le conduira aux plus hauts postes de responsabilité. En particulier, de 1856 à 1858 Mill occupe le poste de son père à la Compagnie des Indes, et il ne quittera la Compagnie des Indes qu'à sa dissolution en 1858, lorsqu'il s'installe en France près d'Avignon. En 1861, il publie sa grande oeuvre politique, Considérations sur le gouvernement représentatif.

En 1865, Mill est élu député de Westminster à la Chambre des Communes comme candidat radical, où il défend le droit de vote des femmes et leur émancipation, devenant un des précurseurs du féminisme, la même année il publie L'Examen de la philosophie de Hamilton, faisant fi des partis, invoquant ses principes, il n'est pas surpris de ne pas être réélu à la chambre des Communes en 1868, il regagne Avignon. Il restera, dès lors, à Saint Véran, avec sa belle fille, Helen Taylor, écrivant, discutant, lisant, faisant de la botanique. Il meurt le 7 mai 1873 et est enterré à Avignon avec sa femme.

Mill est avec Bentham et Herbert Spencer, un des représentants les plus remarquables de l'utilitarisme. Il est reconnu comme un grand philosophe et économiste, mais sa pensée économique sera dominée avant tout par des profonds questionnements philosophiques. En tant que philosophe, il distingue en autre les plaisirs non seulement par leur quantité mais aussi d'après leur qualité. La morale de Mill substitue à l'intérêt particulier l'intérêt général comme critère de l'action éthique: son principe directeur est la recherche du bonheur général; ainsi peuvent être justifiés le dévouement à autrui et le sacrifice, susceptible d'augmenter la somme totale de bonheur.

En 1861, Mill publie un ouvrage intitulé L'Utilitarisme. On a dit de l'utilitarisme de Mill, qu'il était un utilitarisme «altruiste», par opposition à l'utilitarisme de Bentham, qui serait un utilitarisme «égoïste», ce qui n'est pas tout à fait vrai en ce qui concerne l'utilitarisme de Bentham. En effet, Bentham dans son oeuvre fait allusion à la nature égoïste de l'individu. Il considère que le bonheur est lié à la quantité de plaisir. Il en a donc une conception quantitative, et arithmétique. Pour Mill, au contraire, ce qui importe est la qualité des plaisirs. Par exemple les plaisirs de l'esprit sont plus importants que ceux du corps. Mieux encore, le plaisir de l'autre peut parfois être plus important que le sien propre. De même, le plaisir ou l'intérêt de la collectivité valent parfois mieux que le plaisir individuel.

En 1861, la philosophie pratique et plus spécialement la morale de Mill semblent avoir acquis leur forme définitive dans L'Utilitarisme. Le bonheur, qui reste, comme chez Bentham, la fin dernière de la conduite humaine, n'est plus simplement lié à la satisfaction de nos désirs, sans distinction de qualité. Une hiérarchie de dignité entre les tendances s'impose.

C'est le bonheur de l'homme en tant qu'homme, sans qu'il faille pour autant jeter le discrédit sur aucun des plaisirs compatibles avec la dignité humaine, qui est notre fin normale. Le bonheur «standard», qui résulterait d'un calcul mathématique, tel que le concevait Bentham, n'est pas celui qu'exige la nature humaine. A la morality, qui est l'accomplissement des obligations de justice et fraternité imposées par la conscience collective, et qui condensent, tant bien que mal, l'expérience séculaire acquise par l'humanité au cours d'un effort continu, soit pour rendre possible la vie en société, soit pour remplir les conditions du bonheur général, s'ajoute pour chacun de nous, la libre poursuite des fins personnelles pour le choix desquelles les considérations de qualité, fondées sur une expérience sui generis, joueront un rôle décisif, ce choix relevant de l'Aesthetics.

Dans L'Utilitarisme [1861] Mill présente les principales idées de la théorie, pour lui d'abord, nous devons envisager un certain état de choses dont nous souhaiterions qu'il se réalise- là où tous seraient le plus heureux possible.

La règle fondamentale de la morale utilitariste peut être formulée simplement. Il s'agit d'agir en vue de créer une existence aussi exempte que possible de douleurs, aussi riche que possible en jouissances.

Mill est porteur d'une théorie utilitariste dite « altruiste » : ce qui importe pour les êtres humains, ce n'est pas la quantité mais la qualité de plaisir qu'ils reçoivent. Ainsi une action qui est bonne pour la société mais mauvaise à titre individuel est plus souhaitable que le plaisir individuel. Bien loin d'être l'apologie de l'égoïsme, l'utilitarisme soutient que le bonheur personnel ne doit pas peser davantage dans la balance du jugement moral que celui d'autrui. Il s'appuie, comme le kantisme, sur le principe d'impartialité dont Mill donne la formulation suivante: «Entre son propre bonheur et celui des autres, l'utilitarisme exige d'être aussi impartial qu'un spectateur désintéressé et bienveillant le serait»53(*).

En matière de morale, John Stuart Mill adapte l'utilitarisme de Jeremy Bentham dont il perçoit les limites. Il fonde le devoir sur la recherche du bonheur général et l'étend au droit et à la politique. Influencée par Hume, la philosophie de Mill est un empirisme où la perception de la réalité du monde se base sur l'expérience individuelle et les associations d'idées. En logique, il élabore une théorie originale de l'induction et des procédés d'expérimentations. Socialiste libéral, il développe une théorie politique concrète qui a fortement marqué le libéralisme économique et politique anglais.

Bentham, le maître, concentrait son raisonnement sur la finalité du bonheur. Avec Mill, nous sommes en présence d'une pensée qui, située d'abord dans le prolongement de l'utilitarisme benthamien, évolue en direction du premier pôle libéral, en retrouvant la priorité classique, qui est celle de la liberté. Il reste anglais par le souci de la défense de la représentation des minorités.

Les thèses défendues dans De la Liberté (1859) sont : défendre la souveraineté de l'individu sur son propre corps et son esprit, protester contre les règles victoriennes, condamner le conformisme, et dénoncer l'opinion publique. Pour Mill,  la seule liberté digne de ce nom est celle de travailler à notre propre bien de la manière qui nous est propre, pour autant que nous ne cherchions pas à priver les autres ou à leur faire obstacles dans leurs efforts pour l'obtenir. Mill considère que l'individu n'a pas de compte à rendre à la société pour ses actes tant que ceux-ci ne concernent les intérêts d'aucune autre personne que lui-même. Ainsi la société n'a pas sur ce point à légiférer. La liberté est la protection contre toute contrainte, la plus redoutable de toutes étant celle d'une opinion publique qui veut imposer ses coutumes et ses croyances. La liberté n'est pas la loi du nombre. L'individu doit, en revanche, rendre compte pour les actes préjudiciables aux intérêts d'autrui.

Il s'interroge sur le problème électoral, faut-il augmenter le suffrage? Pour Mill, le système politique compliqué, ce qui favorise l'aristocratie, la liberté politique est d'abord la participation au pouvoir, et Mill est profondément démocrate. Il défend une démocratie représentative où tous les courants sont représentés et non pas seulement la majorité. Il faudrait que les minorités puissent être entendues avec une chance de triompher par la force de leurs arguments s'ils sont conformes à la raison.

L'idée d'une marche irrésistible de l'histoire vers la démocratie et le risque de la tyrannie de la majorité lui vient de Tocqueville. Pour Mill, l'individualisme est un élément du bien-être, pour lui l'histoire est remplie de faits montrant la vérité réduite au silence par la persécution, et tout ce qui écrase l'individualité est despotisme, s'il prétend faire respecter la volonté de Dieu ou les injonctions des hommes.54(*).

La pensée économique de Mill peut être décrite comme une économie libérale classique:

Loi de l'intérêt personnel ; loi de la libre concurrence ; loi de la population, héritée de Malthus ; loi de l'offre et de la demande; loi du libre-échange international etc.

La pensée politique de Mill procède des mêmes préoccupations que sa pensée économique, elle s'inscrit dans la même logique. Au départ, Mill reprend la thèse utilitariste du «plus grand bonheur»: il adhère au système représentatif tel que le décrit Bentham. Mill se pose la question des limites du pouvoir qui peut être exercé par la société sur l'individu. Cela le conduit à mettre l'accent sur le pôle individualiste de la pensée libérale, c'est-à-dire à se rapprocher de la lignée de Benjamin Constant55(*), et à mettre l'accent sur la liberté, sans sacrifier l'utilité, qui reste pour lui la solution suprême de toute question morale"56(*). Mais il s'agit moins pour Mill de maximiser l'utilité que de l'optimiser. "L'espèce humaine gagne plus à laisser chaque homme vivre comme bon lui semble, qu'à l'obliger de vivre comme bon semble au reste"57(*).

De cette pensée, il en résulte trois thèses:

La première est une conception ouverte de la nature humaine: "il n'y a pas de raison pour que toutes les expériences humaines soient construites sur le même modèle ou sur un petit nombre de modèles. Si une personne possède une quantité raisonnable de sens commun et d'expérience, sa propre façon d'arranger son existence est la meilleure, non parce qu'elle est la meilleure en elle-même, mais parce qu'elle est la sienne". Mill écrit encore : "la diversité n'est pas un mal, c'est un bien".

L'homme d'autre part ne se réduit pas à une identité. Il doit être capable de se choisir.

Pou Mill, ce qui est vraiment important, ce n'est pas seulement ce que font les hommes, mais aussi ce qu'ils sont. (...) La nature humaine n'est pas une machine qu'on puisse construire d'après un modèle pour faire exactement un ouvrage désigné, c'est un arbre qui veut croître et se développer de tous les côtés, suivant la tendance des forces intérieures qui en font une chose vivante. L'homme qui laisse le monde, ou du moins son monde, choisir pour lui sa manière de vivre, n'a besoin que de la faculté d'imitation des singes. L'homme qui choisit lui-même sa manière de vivre se sert de toutes ses facultés. Il doit employer l'observation pour voir, le raisonnement et le jugement pour prévoir, l'activité pour rassembler les matériaux de la décision, le discernement pour décider, et quand il a décidé, la fermeté et l'empire sur lui-même pour s'en tenir à sa décision délibérée ; et plus la portion de sa conduite qu'il règle sur son jugement et ses sentiments est grande, plus toutes ces diverses qualités lui sont nécessaires

- La deuxième thèse est la définition de la liberté comme le pouvoir de faire ce qui ne nuit pas à autrui et de n'être contraint que dans les matières qui touchent le bien des autres (pas dans celles qui touchent "leur simple déplaisir").

On voit comment Mill prolonge mais aussi redresse Bentham, ce dernier voulait autant que possible, au nom du bonheur, effacer ce qui est cause de déplaisir (il eût par exemple interdit de fumer, etc.). Pour Mill, le citoyen responsable est celui qui s'élève à la conscience de cette limite, et qui ne va ni en - deçà, ni au-delà. "La seule liberté qui mérite ce nom est celle de chercher notre bien à notre propre façon, aussi longtemps que nous n'essayons pas de priver les autres du leur ou d'entraver leurs efforts pour l'obtenir."

La troisième thèse est l'idée que la fameuse intériorisation des normes, les apprentissages nécessaires à la vie en commun, (et ici Mill ne perd pas de vue Bentham), ne doivent pas être organisés de façon verticale, centralisée, mais sur la base des institutions locales et des associations. Celles-ci, écrit-il, "tirent les hommes hors du cercle étroit de l'égoïsme d'eux-mêmes et de leur famille et les accoutument à la compréhension des intérêts collectifs en les habituant à agir pour des motifs publics ou semi-publics et à se comporter en fonction des buts qui les unissent plutôt que de les isoler les uns des autres". L'influence de Tocqueville est ici évidente, mais Mill va plus loin que Tocqueville, l'apprentissage passe aussi, selon lui, par une représentation la plus large possible. Lui qui, au départ, plaidait derrière la plupart des libéraux et derrière Bentham, pour le pouvoir des sages, (Cette minorité, qui est, en principe, une minorité composée d'élites, puise sa légitimité, selon Bentham, dans "le tribunal de l'opinion").

Mill pense que la pratique du vote peut avoir une vertu éducative. «La liberté, on le voit est la fois condition (en tant que conscience de ses propres limites) et conséquence de l'exercice de la citoyenneté.»

L'Etat doit rendre l'éducation obligatoire même si Mill ne s'oppose pas à l'existence d'écoles privées de peur de l'uniformisation des idées. Il faut coordonner l'intérêt individuel. Ainsi, le commerce doit-il être un acte social dont la fin est de servir l'intérêt général. L'Etat ne doit pas avoir trop de tâches car ce serait augmenter son pouvoir. Les grandes sociétés sont donc à laisser au privé. Mill se méfie de l'Etat central d'où l'idée que les municipalités doivent assurer les tâches (entretien des routes, des canaux...). L'Etat doit aider les efforts individuels et apporter les secours nécessaires. Mill n'est pas un ultra-libéral: face à la faiblesse du peuple, l'Etat doit agir.

Mill récuse pour autant, comme Bentham, l'intervention de l'État dans l'économie. Mais - et ici on aperçoit l'influence de Saint-Simon - il pense que l'État peut intervenir dans le domaine de la répartition sociale. On a presque, chez Mill, sur ce plan, une doctrine socialiste de la redistribution qui a conduit certains auteurs à parler de son "socialisme", de cela nous n'en savons pas grand-chose, ce qui est vrai c'est que le problème de la cohésion sociale est au coeur de la pensée libérale de l'époque.

Pour Mill, il faut garantir l'égalité des chances. Ceux qui ont gagné davantage ne doivent pas être sanctionnés (par exemple par une taxe trop importante sur les grandes fortunes), mais, inversement, les enfants doivent fournir des efforts pour leur héritage. En l'absence d'héritier direct, les héritages doivent revenir à l'Etat. L'Etat doit prendre en charge la formation de la santé. Mill se dévouera pour l'émancipation des femmes. Mill apparaît donc comme un libéral influencé par des objectifs sociaux.58(*).

Section I- L'utilitarisme altruiste ou idéaliste de John Stuart Mill

Le but principal de la philosophie morale de Mill, comme le montre le livre VI de son Système de logique inductive et déductive (1843), fut de donner un fondement épistémologique à l'utilitarisme et de réfuter les thèses «intuitionnistes» héritées des philosophes de «sens moral» qui contestaient la possibilité d'une éthique rationnelle basée sur l'expérience et l'observation. A la fin de son Système de logique, Mill définit avec précision la morale telle qu'il la conçoit, en la situant dans le plan général d'une philosophie «de la pratique». Il envisage la constitution d'un «art de la vie», qui comprendrait trois rameaux: la morality, qui aurait pour objet de nous faire connaître le right et le wrong, c'est-à-dire la correction morale; la policy ou prudence, qui formulerait, dans le domaine de l'expedient, les règles d'une gestion avisée des affaires privées ou publiques (à cela se bornait en somme la morale de Bentham); et enfin l'aesthetics qui, avec l'aide du sentiment, guiderait notre imagination pratique dans la recherche du beau, du noble et de l'aimable. A cet «art de la vie» seraient subordonnées toutes les techniques particulières, auxquelles les sciences ne fourniraient que leurs moyens d'action, leurs fins étant imposées par la nature (médecine par exemple) ou choisies par la volonté humaine (métallurgie par exemple). La policy et l'aesthetics sont subordonnées elles-mêmes à la morality. Et le principe suprême auquel il faut se référer pour établir entre les techniques l'ordre hiérarchique qui s'impose, et résoudre en dernière instance tous les problèmes de l'action, est le principe d'utilité59(*).

Mill redéfinit dans L'Utilitarisme, sa philosophie de la façon suivante: «La doctrine qui donne comme fondement à la morale l'utilité ou le principe de plus grand bonheur, affirme que les actions sont bonnes [right] ou sont mauvaises [wrong] dans la mesure où elles tendent à accroître le bonheur, ou à produire le contraire du bonheur. Par «bonheur» on entend le plaisir et l'absence de douleur; par «malheur» [unhappiness], la douleur et la privation de plaisir»60(*).

Une bonne action est donc celle qui produit les meilleures conséquences. C'est celle qui engendre la plus grande somme de bonheur par rapport à la somme du malheur. Le bonheur que revendique Bentham n'est pas forcément le bonheur personnel, contrairement à certains auteurs qui traitent le principe d'utilité de Bentham d'utilitarisme égoïste, mais le bonheur de l'ensemble des personnes concernées. Le bonheur de l'ensemble des personnes a préséance sur le bonheur de l'individu. Le bonheur d'une personne n'est pas plus important que celui d'une autre. Mill l'évoque de la manière suivante: «l'idéal utilitariste n'est pas le plus grand bonheur de l'agent lui-même, mais la plus grande somme de bonheur totalisé [altogether]... ».61(*). On aperçoit ici l'idéal utilitariste de Mill, qui est le bonheur général et non le bonheur individuel. Tout le problème pour Mill, est de créer des motivations désintéressées chez un être naturellement orienté vers lui-même.

Selon le principe du plus grand bonheur, tel qu'il a été expliqué précédemment, la fin ultime, celle en fonction et en vertu de laquelle sont désirables toutes les autres choses désirables (que nous considérons notre propre bien ou celui des autres), consiste à pouvoir mener une existence aussi dépourvue de souffrance que possible et aussi riche que possible de satisfactions tant en quantité qu'en qualité ; le critère de qualité, et la règle qui permet de comparer à la quantité, étant représentés par la préférence que manifestent ceux qui, tant par leurs possibilités d'expérience que par leur pratique de l'analyse et de l'observation de soi-même, sont les mieux à même d`établir des comparaisons. Etant donné que c'est là, selon l'opinion utilitariste, la finalité de l'action humaine, c'est nécessairement également la norme de la moralité. Mill définit donc en conséquence cette morale, comme étant l'ensemble des règles et des préceptes de la conduite humaine dont le respect serait de nature à assurer, dans la plus large mesure possible, une telle existence à toute l'humanité ; et il faut ajouter que cela s'applique aussi, autant que le permet la nature des choses, à l'ensemble des créatures capables de sensation62(*).

Cette doctrine ne reconnaît que le plaisir (et l'absence de la douleur) comme valeur, en cela on peut affirmer que l'utilitarisme est une théorie hédoniste, et le bonheur est l'action produisant le plus grand bien (plaisir). Or le bien et le plaisir sont deux choses distinctes car on peut éprouver du plaisir, cela ne veut pas dire que c'est forcément bon.

Cette définition de la doctrine de l'utilitarisme de Mill, peut être considérée en philosophie morale comme étant une théorie axiologique63(*), et une théorie de la valeur qui n'admet qu'une seule valeur irréductible, c'est en cela que l'on peut la qualifier de doctrine moniste. En même temps on retrouve dans cette définition, un aspect normatif64(*) et descriptif : « Par le principe d'utilité, on entend ce principe qui approuve ou désapprouve toute action quelle qu'elle soit, selon la tendance qu'elle semble présenter d'augmenter ou de diminuer le bonheur de celui ou de ceux dont l'intérêt est en jeu ; en d'autres termes qui reviennent au même, de promouvoir ce bonheur ou de s'y opposer ».65(*) . Cependant, le caractère dominant ici est normatif : le principe d'utilité est une véritable éthique normative, l'hédonisme d'Epicure: le plaisir et la souffrance définissent l'éthique du bien et du mal. Mais on ne sait pas à quoi cela est utile. Il faut procurer les plus grands plaisirs et éviter la souffrance. La seule loi de la nature est la loi des plaisirs et de la souffrance. Seule chose qui a une valeur intrinsèque (good/bien): bonheur «par bonheur on entend le plaisir et l'absence de douleur ; par malheur, la douleur et la privation de plaisir.» Le plaisir et la souffrance remplacent les notions classiques du bien et du mal, de vice et vertu. Cette loi se place d'un point de vue descriptif et prescriptif normatif: c'est ainsi que cela doit être. Le principe d'utilité dit ce qui est et ce qui doit être; c'est un principe de prescription et de description. Il faut donc abandonner tous les principes du Droit naturel.

Le caractère normatif nous indique que nos actions devraient promouvoir certaines valeurs dans le monde, c'est donc une théorie téléologique ou «conséquentialiste», Mill affirme d'ailleurs que toute justification morale est une justification téléologique66(*). Bien et morale dépendent uniquement des conséquences, on ne tient pas compte des motivations, des actions elles mêmes, des supposées lois morales abstraites ou universelles; de Dieu ou des religions. Tout est théoriquement justifiable si cela augmente la quantité de bonheur totale.

Il n'y a en outre, aucun élément subjectif qui entre dans l'équation, on met de côté : les passions, les goûts, les préférences, les droits, les individus, les croyances. Les droits des personnes ne sont pas sacrés et par conséquent peuvent être sacrifiés s'il en résulte un plus grand bien, c'est la fin qui justifie les moyens: la seule chose qui compte c'est le bonheur mesuré par l'accroissement du plaisir et la diminution de la souffrance totale.

Parmi les utilitaristes, ceux qui se réclament de l'observation scientifique, neutre et positive, posent que chaque individu (homo oeconomicus) connait ses intérêts mieux que tout autre. Il suffit alors de constater ce que fait un individu pour dire a posteriori qu'il a choisi de faire ce qui maximisait sa satisfaction personnelle. C'est une forme de tautologie. Cette satisfaction personnelle peut se trouver dans l'égoïsme comme dans l'altruisme.

Les utilitaristes qui se réclament d'une norme pour indiquer ce qu'il convient de faire tenteront de définir les actions qui satisfont à l'intérêt ou au bonheur du plus grand nombre. La moralité utilitaire reconnaît pleinement que les êtres humains ont le pouvoir de sacrifier leur plus grand bien au bien des autres. C'est alors au législateur de définir tout un ensemble de règles et de peines pour que chacun, calculant son intérêt dans ce cadre préalable, aboutisse à la fois à son bonheur et à celui du plus grand nombre. « C'est une noble chose que d'être capable de renoncer entièrement à sa part de bonheur ou aux chances de l'atteindre ; mais en fin de compte, il faut bien que ce sacrifice de soi-même soit fait en vue d'une fin : il n'est pas sa fin à lui-même ; et si l'on nous dit que sa fin n'est pas le bonheur, mais la vertu, qui vaut mieux que le bonheur... »67(*)

Si les intérêts individuels correspondaient toujours à l'intérêt collectif, les deux propositions utilitaristes n'entreraient jamais en conflit et ce débat n'aurait pas lieu. La question se pose alors de savoir si les fondateurs de l'économie politique (Bentham, Smith) ont réellement cru en l'hypothèse de l'harmonie pré-établie des intérêts ou s'ils ont donné à l'Economie Politique, à la Morale et au Droit la mission de construire cette convergence.

Il est certain que les fondateurs de l'économie politique ont lutté contre l'absolutisme royal qui se drapait dans l'intérêt général. Tributaires d'un discours religieux fortement relié à l'État Monarchique (Anglicanisme) ils ne pouvaient qu'invoquer une autre vision de la Providence. Leur démarche consistait à remplacer l'argument d'un Dieu éternel inspirant le Prince par celui d'un Créateur agissant à travers l'ensemble de ses créatures. La main invisible relève plus du libre-arbitre que de l'absolutisme. Ils ont critiqué le conservatisme des corporations, prôné le libre-échange, la libre circulation des grains et des marchandises, la liberté tout court. Croyaient-ils, pour autant, que la démocratie qu'ils appelaient de leurs voeux se résumait à l'anarchie des marchés?

Mill nous dit que le sacrifice n'a de valeur morale que s'il a pour objet le bonheur d'autrui. Il y a de la noblesse à être capable de renoncer entièrement à sa part de bonheur ou à la possibilité de le trouver; mais, après tout, ce sacrifice de soi doit avoir quelque fin; il n'est pas à lui-même sa propre fin. «Honorons ceux qui peuvent ainsi - renoncer pour eux-mêmes aux satisfactions de l'existence lorsque, par un tel renoncement, ils apportent une précieuse contribution à l'accroissement de la quantité de bonheur qui existe dans le monde; mais celui qui le ferait ou qui prétendrait le faire pour un autre motif n'est pas plus digne d'admiration que l'ascète juché sur sa colonne68(*).69(*)

Ainsi s'achève la réfutation de l'objection: «l'idéal utilitariste est trop élevé pour l'humanité», ou, en d'autres termes: «Il est impossible de rattacher sa conduite, dans la vie quotidienne, à un idéal aussi élevé, aussi lointain et aussi indéterminé que «le plus grand bonheur du plus grand nombre»70(*).

* 41 Jean - Baptiste Say [1767-1832], Maître et pédagogue de l'école française d'économie politique libérale.

* 42 Autobiographie, Trad. De Guillaume Villeneuve, Paris, Aubier, 1993, p. 80-81 et 128.

* 43 Alexis de Tocqueville [1805-1859], licencié en droit, auteur de La Démocratie en Amérique, l'ouvrage le plus important jamais publié sur les institutions politiques de Etats-Unis d'Amérique.

* 44 Auguste Comte [1798-1857] : philosophe et sociologue français, il fut le secrétaire de Saint - Simon de 1817 à 1824. Il forgera en 1839 le terme de sociologie dans son cours de philosophie positive pour désigner l'étude des lois relatives aux phénomènes sociaux.

* 45 Saint -Simon (Claude Henri de Rouvroy, conte de) [1760-1825] : Saint - Simon développera une théorie des classes sociales dans laquelle il oppose une majorité de travailleurs exploitée et une minorité d'exploiteurs que sont les oisifs, les propriétaires rentiers et plus généralement tous ceux qui n'entreprennent pas. Les conceptions de Saint-Simon annoncent les thèmes fondamentaux du socialisme moderne.

* 46 Induction : processus d'apprentissage à partir des exemples.

* 47 CAUSALITÉ En Philosophie on entend par causalité la propriété d'opérer comme cause. Le principe de causalité se formule ainsi : tout changement suppose une cause ou tout ce gui commence a nécessairement une cause.

* 48 Apriorisme : méthode de raisonnement fondée sur des idées [à priori] du latin a priori : en partant de ce qui est avant, c'est-à-dire en fondant sur des données antérieures à l'expérience. Nom donné quelquefois à la philosophie kantienne.

* 49 L'expression « école intuitionniste » [intuitive school] est courante dans la philosophie anglaise. Ainsi que le mot intuitionalism, elle désigne les doctrines qui admettent : 1) que la connaissance repose sur l'intuition de vérités rationnelles et supérieures à l'expérience, 2) que l'existence d'une réalité matérielle est directement connue et n'est ni inférée, ni construite.

* 50 Associationnisme : terme générique désignant des ensembles de théories fondées sur le principe que la pensée ou les comportements sont formés de multiples associations d'idées.

* 51 Mill, lettre à Auguste Comte, 17 Décembre 1842

* 52 Mill, lettre à Auguste conte, 5 Avril 1844

* 53 Mill, L'utilitarisme, Essai sur Bentham, p. 50

* 54 Voir Mill, De la liberté 1859

* 55 « Le but de toute société est la liberté, qui n'existe pas sans propriété. La liberté, c'est la faculté d'être heureux (hédonisme) sans qu'aucune puissance humaine ne trouble arbitrairement ce bonheur. L'arbitraire est l'ennemi principal de la liberté. » [Benjamin Constant (1776-1830)], il a écrit en 1815 Principes de politique applicables à tous les gouvernements représentatifs.

* 56 Mill, De la liberté 1859, p.125

* 57 Mill, Ibid. p. 129

* 58 Mill, Ibid., pp.213-214

* 59 A noter que Mill distingue avec soin l'utile [useful] de l'expédient [expedient]. Est utile tout ce qui peut contribuer au bonheur général. Est expédient tout ce qui peut permettre de réaliser une fin prochaine, souvent assez basse, ou seulement personnelle.

* 60 Mill, L'Utilitarisme, éd. 1988, pp. 48-49

* 61 Mill, Ibid. Chap. II, p.57

* 62 Comparer avec Henry Sidgwick, Methods of Ethics (1874), qui, lui aussi, exprime cette préoccupation pour l'ensemble des êtres vivants et du règne animal un objet de sollicitude éthique, préfigurant en cela les préoccupations de la fin du XXe siècle pour les droits des animaux.

* 63 Théorie axiologique : en philosophie morale, les théories axiologiques (théories de la valeur) sont ou bien des théories monistes (qui n'admettent qu'une seule valeur irréductible) ou bien des théories pluralistes (qui admettent une pluralité de valeurs irréductibles).

* 64 Théorie normative : une théorie normative qui dit que les actions devraient promouvoir certaines valeurs dans le monde est un théorie téléologique (ou « conséquentialiste ») une théorie normative qui dit que nos actions devraient exemplifier le respect de certaines valeurs est une théorie déontologique.

* 65 Mill, L'Utilitarisme, Chap. II, p.57

* 66 Téléologie : du grec télos, fin et logos, discours. Etude des fins, en particulier des fins humaines, c'est-à-dire du but auquel tend un acte. Par extension, étude des fins que se proposerait la nature conçue comme providence.

* 67 Mill, L'Utilitarisme, p.64

* 68 Comme Siméon le Stylite (390-459) : l'une des pratiques les plus connues de l'ascétisme chrétien était le séjour prolongé sur une colonnade en ruines ou au sommet d'une colonne isolée.

* 69 Mill, Ibid. pp. 64-65

* 70 Mill, Ibid. p. 68

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