La problématique de la communication dans la gouvernance locale au Bénin: le cas de la commune de Savè( Télécharger le fichier original )par Moukaïla AMADOU Université d'Abomey-Calavi (UAC) Bénin INJEPS, Département des Sciences et Techniques de l'Action Sociale et Culturelle - Master en Développement Communautaire 2008 |
INTRODUCTIONLa politique consistant à déléguer des pouvoirs, des attributions aux autorités sous nationales (décentralisation) a été popularisée dans les pays en développement étant donné le souci nouveau de « bonne gouvernance ». Elle est censée améliorer les possibilités de participation en élargissant l'accès aux pouvoirs et aux ressources, à un niveau de gouvernement plus proche, plus familier, susceptible d'être facilement influencé par les intéressés. Mais s'il est vrai que la décentralisation du pouvoir et de l'autorité depuis l'échelon central jusqu'à l'administration locale importe beaucoup pour émanciper la population locale, cela ne garantit pas en soi l'émergence d'une gouvernance locale meilleure en général et une participation effective de la société civile aux activités de développement au niveau communal, en particulier. Car l'expérience acquise dans les pays en développement montre que rares sont les initiatives de décentralisation qui sont parvenues à obtenir l'accord réel des communautés villageoises à une planification plus efficace , partant de la base. Ce qui fait que la décentralisation a consisté à renforcer le pouvoir des élites locales et a aggravé les inégalités spatiales, état de choses qui a de graves conséquences pour l'action de la réduction de la pauvreté (PNUD ; 2002). En effet, la pauvreté pour le PNUD, n'est plus simplement considérée comme principalement la privation de ressources matérielles et de revenus. Elle signifie également l'impuissance, l'impossibilité de s'exprimer, la vulnérabilité, l'exposition au risque et à la peur, l'humiliation, l'exclusion sociale. Le Rapport mondial sur le Développement Humain remarque en 2003 que « la participation de la population devient le problème central de notre époque » et au Directeur Général de la FAO d'ajouter que « la communication est un élément incontournable de la participation»1(*). En effet dans de nombreux cas de projets de développement communautaire, les populations ont développé des comportements de résistance plus ou moins directs face à des interventions qui leur « tombaient dessus » sans que leurs préoccupations, leurs besoins, leur vision, leur participation et leurs points de vue aient été sollicités d'une part, sans que les motivations des acteurs leur aient été clarifiées au préalable d'autre part. On a pu ainsi établir avec (Balit ; 1988) que la communication est un facteur de développement. Malgré son rôle déterminant dans l'efficacité plus ou moins grande des entreprises humaines, en décalage avec le mouvement général, les collectivités locales ne donnent pas à la communication toute l'importance qu'elle mérite. Il est pourtant indéniable qu'une bonne partie des défaillances observées en matière de participation des populations aux activités communales résulte d'une information locale défectueuse et de méthodes de communication inadaptées. (PDM ; 1992). Au Bénin, les évaluations de la décentralisation révèlent, après sa mise en oeuvre, les mêmes problèmes. L'engagement à la base, selon le rapport d'évaluation des trois années, reste mitigé2(*) alors que la gestion du développement à la base ne saurait se faire avec des populations à faible conscience citoyenne. La faible capacité managériale des élus et des cadres communaux, la méconnaissance des textes de lois sur la décentralisation par les citoyens, l'incivisme fiscal sont aussi des insuffisances révélées par le forum sur les cinq années de gouvernance locale3(*). Ce qui fait penser à un manque d'information de la part des gouvernants locaux. La résolution de la question de l'information réciproque entre les élus locaux et les citoyens s'avère donc une nécessité impérieuse pour concrétiser les voeux de la décentralisation. Car, plus les élus locaux et les citoyens s'informeront, plus les uns et les autres seront motivés et participeront aux affaires de leur commune, et mieux les conditions de vie des populations s'amélioreront. Ainsi, le thème de recherche intitulé : « La problématique de la communication dans la gouvernance locale au Bénin : cas de la commune de Savè » nous permettra d'analyser et de contribuer à l'amélioration des rapports entre élus locaux et citoyens de la commune de Savè. Spécifiquement, il s'agira pour nous de : - faire l'état des lieux des relations entre les responsables locaux et les populations de la commune de Savè ; - évaluer la gouvernance locale à Savè en rapport avec la communication ; - définir des bases d'une politique de communication qui facilite la gouvernance au niveau local. Ainsi, le développement de ce sujet s'est articulé autour de quatre chapitres essentiels : Le premier chapitre dresse le cadre théorique de l'étude ; quant au chapitre deuxième, il est consacré à la présentation de l'aire géographique de la recherche. Le chapitre trois décrit la méthodologie du travail et enfin au chapitre quatre, il a été question de la présentation des résultats des investigations, de leur analyse et de suggestions. * 1 La communication pour un développement à dimension humaine. Rome : FAO, p1. * 2 Le Municipal, Quid de la décentralisation, 2006. * 3 Echos des communes, N°13 2008 |
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