II. Situations de quelques extrants des systèmes
éducatifs des pays du Sahel
Au nombre des multiples indicateurs que l'on peut utiliser
dans l'évaluation des extrants d'un système éducatif, un
certain nombre ce sont imposés de par leur facilité d'obtention
et leur priorité. Dans le champ de l'accès à
l'éducation en lien avec les objectifs aujourd'hui massivement
poursuivi, le taux brut de scolarisation (TBS) et le taux d'achèvement
du primaire (TAP) sont les plus en relief. Le TBS mesure l'accès
à l'école par rapport aux enfants scolarisables tandis que le TAP
évalue relativement à leurs nombre à l'entrée, les
enfants qui ont achevés le cycle. Le tableau 2.1 ci-dessous combine ces
deux indicateurs pour classifier les performances de quelques pays
concernés par les défis de l'éducation primaire pour tous
en 20011 et en 2006. Ce classement attribue la mention
performant aux pays ayant atteint un TBS d'au moins 85% et un TAP
compris entre 60 et 70%, celle de inefficient à ceux ayant
franchi le seuil des 80% de TBS bien qu'ayant un TAP inférieur ou
égale à 60% et enfin celle de faible couverture aux pays
n'ayant pas encore traversés la barre des 60% pour ces deux
1Nous avons appliqué la classification
proposée par Alain Mingat et al. En 2001 pour proposer celle de 2006.
indicateurs. Les pays ne se retrouvant pas dans ces trois
catégories sont dits autres. En 2001, parmi les pays qui font
l'objet de ce travail, seule la Côte d'Ivoire (classé
autre) était au dessus de la mention faible
couverture, alors que déjà des pays tels que l'Ouganda, le
Benin était respectivement performant ou inefficient. Des
améliorations générales notables peuvent être
constatées dans le même type de classement en 2006. Bien que
l'Ouganda ait décliné dans son rang, plusieurs pays ont fait le
bon vers la mention supérieur mis à part, le Niger et le Burkina
pour lesquels on observe un certain statu quo dans la cale de ce classement.
Tableau 2.1 : Evolution de la performance chiffrée
des systèmes éducatifs entre 2001 et 2006 (primaire)
Pays Evolution
2001 2006
Ouganda Performant (1) Inefficient
Benin Inefficient (2) Performant
Kenya Autres Performant
Cameroun Inefficient Inefficient
BURUNDI Faible couverture (3) Inefficient
BURKINA FASO Faible couverture Faible couverture
MALI Faible couverture Inefficient
NIGER Faible couverture Faible couverture
COTE d'IVOIRE Autres Autres
RDC Autres pas renseigne en 2006
1 : TBS > 85% et 60% < TAP
< 70% ; 2 : TBS > 80% et TAP <
60% ; 3 : TBS < 60% et TAP < 60%
Légende
Vert : évolution positive ; Rouge : Evolution
négative ; Violet : Stagnation ;
Gras : Pays représentés
Source du classement:
réaliser la scolarisation primaire universelle en 2015:
Une chance pour tous les enfants du monde; compléter
pour 2006 par nos soins à partir du WDI2008
En observant de plus près les pays tout en
intégrant légèrement les aspects qualitatifs dans les
résultats, il ressort que si des embellies sont notoires dans
l'accès en première année du système
éducatifs, le maintien jusqu'en sixième année du primaire
posait déjà de gros problèmes dans la majorité des
pays en 1991 et continue d'être au centre des échecs des
systèmes éducatifs aujourd'hui. En 1991 justement, on atteignait
rarement les 50% de TAP en Afrique subsaharienne, avec des pays comme le
Burkina Faso, le Niger et le Mali qui ne dépassaient pas la barre des
20%. A cet époque, les disparités garçons- filles
existaient dans tous les pays avec parfois des écarts de pourcentage
allant au-delà de
la dizaine. En 2006, un constat assez interpellant saute
à l'oeil, c'est celui du recul du TAP de parfois 10 points de
pourcentage pour les pays ayant connu une période assez longue
d'instabilité politique à savoir : la Côte d'Ivoire, le
Burundi et de la RDC ; alors que l'ensemble de l'Afrique subsaharienne et des
pays à faible revenu ont connus des améliorations remarquables
tant dans les taux de maintien que dans le resserrement des
inégalités garçons-filles lié à cet aspect.
De l'autre côté, on ne peut ignorer les envols (doublement voir
triplement du TAP) malien et nigérien dans ce registre. Les
écarts filles-garçons sont cependant toujours maintenus et ceci
universellement dans notre panel.
Au rang des facteurs inhibant l'achèvement scolaire,
figure ordinairement le redoublement de par son aspect découragement
pour la poursuite des cursus. On peut observer dans la 3eme colonne du tableau
2.2 de fortes disparités entre les pays dans le champ du redoublement
avec très rarement des différences sensibles entre filles et
garçons. Le Burundi, la Côte d'Ivoire et le Mali affichent les
taux les plus forts de notre panel, alors que la situation du Niger se
rapproche de celle des pays anglo-saxons avec un taux situé autour de
5%. Ces disparités peuvent être liées au choix de
politiques éducatives. Certains pays sont convaincus que le redoublement
renforce la qualité et la prône, d'autres rendent souple voir
automatique le passage à la classe supérieure dans le primaire.
Au bout du compte, la théorie économique associée au
gaspillage des ressources en matière d'éducation a
identifié, les redoublements comme la plus grande cause de gaspillage de
ressources. En effet, quand on compare les coûts des inscrits à
ceux des diplômés au cours d'un cycle, la différence est
souvent exaltante dans les pays à fort taux de redoublement.
Tableau 2.2 : Quelques extrants de l'éducation
primaire dans quelques pays
Pays
|
Taux d'achèvement du Primaire en 1991 et en
2006 respectivement
|
Redoublements dans le primaire en
2006 (%)
|
Alphabétisation adultes (15 ans et plus)
en 2005 (%)
|
|
|
Total
|
|
Garcons
|
Filles
|
|
Garcons
|
Filles
|
Hommes
|
Femmes
|
BURKINA FASO
|
|
20
|
31
|
24 35
|
15
|
28
|
12
|
12
|
31
|
17
|
BURUNDI
|
|
46
|
36
|
49 40
|
43
|
32
|
29
|
28
|
67
|
52
|
COTE D'IVOIRE
|
|
43
|
43
|
55 53
|
32
|
33
|
23
|
24
|
61
|
39
|
MALI
|
|
13
|
49
|
15 59
|
10
|
40
|
17
|
17
|
33
|
16
|
Algerie
|
|
80
|
85
|
86 86
|
73
|
84
|
14
|
9
|
80
|
60
|
RDC
|
|
46
|
38
|
58 46
|
34
|
31
|
///
|
///
|
81
|
54
|
Djibouti
|
///
|
///
|
|
/// ///
|
/// ///
|
|
8
|
7
|
///
|
///
|
NIGER
|
|
18
|
33
|
22 39
|
13
|
26
|
5
|
5
|
43
|
15
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
6
|
Ghana
|
61
|
71
|
69
|
73
|
54
|
68
|
6
|
6
|
66
|
50
|
Kenya
|
///
|
93
|
|
94
|
///
|
92
|
6
|
6
|
78
|
70
|
Afrique subsaharienne
|
51
|
60
|
56
|
65
|
46
|
55
|
9
|
9
|
69
|
50
|
Pays a faible revenu
|
57
|
73
|
68
|
77
|
48
|
69
|
6
|
6
|
72
|
50
|
Sources: WDI2008 (UNESCO)
Dans le domaine de la qualité dans l'éducation,
un critère assez spécifique est l'alphabétisation
(voir 4eme colonne du tableau 2.2) qui mesure ici si un adulte est
capable de lire un court extrait d'un article de journal. Aujourd'hui de plus
en plus, l'alphabétisation fait place aux scores de qualité
(PASEC, TIMSS et autres) qui ont l'avantage d'être pluridisciplinaires.
Il est important de signaler que par les enquêtes « ménages
», l'alphabétisation que l'on mesure est quelque peu historique
(adultes de 15 ans et plus) car on se réfère à la
situation de ceux qui ont par exemple fini le cycle primaire il y a plus de
trois ans. Ceci n'est en rien une faiblesse de cet indicateur puisque la
qualité du système éducatif est très structurelle
donc elle varie très peu avec le temps. Sur le terrain de
l'alphabétisme, les performances des pays sont très
hétéroclites et trahissent à chaque fois des
inégalités sensibles entre les deux sexes. Parmi les hommes, les
taux du sahel varient entre 31% (Burkina Faso) et 67% (Burundi) tous en
deçà de la moyenne de l'Afrique subsaharienne et des pays
à revenu faible. Dans la population féminine, cette étendu
portée par les mêmes pays se déploie de 17% à 52%.
La RDC par contre affiche des taux hors du commun au sein de notre
échantillon qui dépasse même ceux des pays anglo-saxons
pour se situer au dessus des moyennes de l'Afrique subsaharienne et des pays
à revenus faibles. Une grande différence homme - femme pour la
moyenne de l'Afrique subsaharienne est également observable, elle est
reflétée par un écart de 19 points de pourcentage. Les
équilibres observés de plus en plus dans l'accès à
l'école (graphiques 2.1 &2.2) permettent tout de même
d'envisager une évolution très prometteuse de ces
inégalités dans l'alphabétisation pour les années
à venir.
Graphique 2.1 : Parité fille/garçon
exclusivement dans le primaire
1.1
1
0.9
0.8
0.7
0.6
0.5
0.4
0.3
0.2
0.1
0
Quelques pays africains
2003
2006
Graphique 2.2 : Parité fille/garçon dans le
secondaire et le primaire
0.9
0.8
0.7
0.6
0.5
0.4
0.3
0.2
0.1
0
1
Quelques pays africains
2003
2006
Sources: WDI2008 (UNESCO)
Ce décor planté, il est opportun de regarder plus
en profondeur la situation des pays concernés par cette analyse.
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