3- ANALYSE D'UNE ENTREPRISE EN VUE D'UNE NOTATION
La note est attribuée à l'issue d'un processus
assez lourd qui vise à évaluer le risque stratégique et le
risque financier de l'entreprise.
3.1- Le risque stratégique
Le risque stratégique permet d'apprécier la
capacité d'action et de réaction de l'entreprise dans un
environnement incertain et en perpétuelle turbulence. L'analyser revient
à cerner l'environnement macroéconomique de l'entreprise et son
risque commercial.
i L'environnement
macroéconomique
Elément essentiel dans le cadre d'un diagnostic
stratégique, le macro-environnement met en exergue les
éléments externes à l'entreprise. On fait ici
référence aux tendances culturelles et sociales, aux politiques
économiques, à la législation en vigueur et à la
technologie d'une région, d'un pays.
i Le risque commercial
o Environnement concurrentiel (risque
sectoriel)
Pour analyser le risque sectoriel, l'analyste doit se poser les
questions suivantes :
- Le secteur est-il naissant, est-il en phase de croissance, de
maturité, de déclin ou en restructuration ?
- Quel est le poids du secteur dans l'économie nationale
?
- L'entreprise est-elle présente localement ou
possède des marchés à l'international ?
o Positionnement de l'entreprise
L'analyste devra s'informer sur :
- la part de marché de l'entreprise afin de voir si elle
est en situation de monopole ou de concurrence,
- la maîtrise de l'activité par l'entreprise
(l'évolution du chiffre d'affaires par exemple sur 5 ans) Est-elle
régulière ou connaît-elle des éruptions ?
- l'efficacité industrielle et/ou commerciale,
- la qualité du management,
- la dimension réelle de l'entreprise (effectif, part de
marché, chiffres d'affaires, réseau de distribution,
qualité du produit, notoriété),
- la place de la société dans son milieu (savoir si
la disparition de l'entreprise a des conséquences sur la région,
le pays)
L'analyste devra en outre étudier la stratégie
de base (supériorité des coûts, différenciation,
spécialisation, concentration) et la stratégie de croissance de
l'entreprise (intégration, diversification) Il faut noter que ces deux
stratégies débouchent sur la stratégie concurrentielle qui
permet de savoir si l'entreprise est leader, challenger ou suiveur.
3.2- Le risque financier
Après avoir examiné le cadre stratégique
de l'entreprise, l'analyste devra se pencher sur le risque financier de
l'entreprise. A ce niveau, l'on passera en revue sa politique
financière, sa rentabilité, sa structure financière et sa
flexibilité financière.
i La politique financière
Il est question de savoir l'intérêt que les
dirigeants accordent à la structure du capital et ses implications.
L'analyste est guidé par les questions suivantes.
- L'entreprise s'est-elle imposée un coût minimal de
fonds propres ?
- Y a-t-il un seuil d'endettement fixe qu'il ne faut pas
dépasser ? - L'entreprise a-t-elle une politique de dividende ?
i La rentabilité
La rentabilité est le gage de la
pérennité de l'entreprise. Elle est mesurée par des ratios
financiers qui traduisent l'efficacité d'une entreprise à
utiliser son actif, à gérer ses activités et sa
capacité à couvrir ses frais financiers. L'analyste
appréciera le niveau et l'évolution des indicateurs suivants.
- Le ratio de la marge bénéficiaire
Résultat Net
Chiffres d'affaires
- Le ratio du rendement des actifs Résultat Net
Total Actif
- Le ratio des capitaux propres Résultat Net
Capitaux Propres
- Le ratio Résultat économique
Chiffres d'affaires
- Le ratio Résultat économique
Frais Financiers
- Le ratio Capitaux Propres
Frais Financiers
i La structure financière
Les éléments suivants seront
appréciés :
- Le niveau d'endettement de l'entreprise y compris les
engagements hors bilan.
- Le rapport Endettement sur Fonds Propres.
- L'adéquation entre les besoins de financement et la
nature de l'endettement.
- Le risque d'illiquidité
- Le risque des taux
- Le risque de faillite
i La flexibilité
financière
Dans ce cas, l'analyste évalue la capacité de
l'entreprise à mobiliser facilement des ressources financières
pour faire face à une opportunité stratégique ou à
une crise. Cette évaluation donne d'étudier les
éléments suivants :
- l'autofinancement
- la ligne de crédit
- l'engagement formalisé d'un actionnaire
- la présence de l'Etat dans le capital
- les réserves latentes (qui ont un pouvoir ponctuel
facilement réalisable)
L'approche du risque d'insolvabilité est
réalisée à partir d'une méthodologie
synthétisée par le schéma ci-après.
De l'Importance d'une Agence de Notation pour le
Marché Obligataire de l'UMOA
Position Concurrentielle
Adéquation du Cash Flow
Autres facteurs
Situation Financière
Flexibilité Financière
SOL VABILITE
Performance Commer- ciale & industrielle
Objectif Structurel
Caractéristique Sectorielle
Politique Financière
DE
54
Schéma : Analyse de la
solvabilité d'une entreprise
Sources : Daniel KARYOTIS, Une Nouvelle Approche du
Risque, LA REVUE BANQUE, Page 45
Cette présentation de la notation a permis de voir la
complexité de cet instrument. S'étant développée
depuis le début du XXème siècle, l'activité de
notation connaît aujourd'hui une effervescence dans les pays
développés. Elle est incontournable pour une internationalisation
et une plus grande mobilisation des ressources sur marché
obligataire.
Mais comment sa mise en oeuvre pourrait-elle se faire sur
notre marché ? C'est à cette préoccupation que nous
essaierons de répondre dans le chapitre suivant.
CHAPITRE II : LA MISE EN OEUVRE DE LA NOTATION SUR MARCHE OBLIGATAIRE
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Dans ce chapitre, il sera question dans un premier temps, de
porter une réflexion sur la création d'une agence de notation, et
dans un second, de voir les avantages de ce système, qui contribueraient
à une plus grande fluidité du marché obligataire
régional.
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