AVANT-PROPOS
Guidé par le besoin de me spécialiser
après une Maîtrise en Gestion obtenue avec mention, je me suis
inscrit (après un test de sélection) dans le programme de DESS
Ingénierie Financière, une filière Professionnelle de
l'Unité de Formation et de recherche (UFR) des Sciences Economiques et
de Gestion de l'Université de Cocody.
Le DESS Ingénierie Financière se prépare
en douze (12) mois dont neuf (9) pour les cours théoriques et les trois
autres pour le Stage en entreprise.
Après ma formation, c'est la BIAO-Finance,
Société de Gestion et d'Intermédiation (SGI) qui m'a
accueilli pour mon stage.
Dix (10) mois durant, je me suis familiarisé aux
activités de la Société de Bourse à travers des
intérims. J'ai de même assisté le Directeur
Général dans la rédaction d'un Projet de création
d'un Fonds Commun de Placement (FCP) et d'une Société de
Gestion.
Pour mon Mémoire, J'ai choisi de porter ma
réflexion sur le thème suivant : « De l'importance de la
notation financière pour le marché obligataire de l'UEMOA
» .
Le présent Mémoire est une première
approche du thème, bien entendu, d'autres études pourront
être menées pour enrichir le sujet.
La globalisation des marchés impose
à toutes les entreprises du
monde d'avoir le même niveau de développement.
Désormais une entreprise chilienne et une entreprise ivoirienne du
même secteur textile sont concurrentes. Dans ce contexte de
compétition économique et de mutation technologique, les
entreprises des pays en développement notamment, doivent s'adapter afin
de ne pas se voir neutraliser par celles des pays développés.
Moins nanties, elles ont besoin pour se développer de ressources
financières conséquentes exprimées en terme de demande de
capitaux. Cette demande de capitaux doit bien évidement être
confrontée à une offre. L'offre est soit directe, soit
réalisée par le biais d'un intermédiaire.
L'offre directe est réalisée sous forme
d'apports d'associés dans les entreprises, de prêts directs, de
prêts inter-entreprises, etc. Quant à l'offre
réalisée par le biais d'un intermédiaire, il s'agit pour
des agents à capacité de financement de mettre leur
épargne à la disposition des agents à besoin de
financement par l'entremise d'un organisme financier qui gère tous les
risques rattachés à ces opérations, tout en assurant une
meilleure répartition et une régularité de cette
épargne.
Cet échange de capitaux se fait sur un marché
dit marché des capitaux, avec des offres caractérisées par
leurs échéances. Ainsi, on parlera d'offre durable et d'offre
momentanée en face desquelles se trouvent respectivement une demande
durable et une demande momentanée. Traditionnellement, cette distinction
de l'offre et de la demande a fait correspondre une subdivision du
marché des capitaux. On avait le marché des capitaux à
long terme (marché financier) et le marché des capitaux à
court terme (marché monétaire).
Cependant dans les années 70, cette correspondance
rigide entre les différents capitaux et marchés a connu une
évolution. Cette mutation a conduit à la
déréglementation, qui consiste à écarter les
règles qui tendent à régir de manière stricte les
fonctions des différents types de capitaux. Ce phénomène a
permis une émergence des systèmes financiers et monétaire
caractérisés par des placements et des sources de
financement de plus en plus diversifiés, et un
décloisonnement du marché des capitaux au sens large sans plus
tenir compte de l'échéance ou de la nature des opérations.
Cela a donc facilité l'accès des entreprises au marché
financier.
Le marché financier est subdivisé en deux
compartiments que sont le marché primaire et le marché secondaire
:
- Le marché primaire ou « marché du neuf
» (essence de notre
thème), est celui sur lequel, sont émis des
titres nouveaux. Il a pour fonction essentielle de drainer des capitaux
à long terme pour assurer la croissance et la modernisation des
organisations (entreprises, Etat, Collectivités locales). Ces capitaux
à long terme peuvent être collectés sous plusieurs formes
dont l'émission obligataire. Les emprunts obligataires procurent des
capitaux permanents aux entreprises sans modifier la structure de leur capital.
Ils sont émis sur le marché obligataire et revêtent
plusieurs formes que sont : les emprunts obligataires ordinaires, les
obligations convertibles, les titres participatifs etc.
- Le marché secondaire quant à lui, est celui sur
lequel se
négocient des titres déjà émis. Il
assure la liquidité du système
financier. Créé en décembre 1997, celui
de la zone UEMOA est dénommé Bourse Régionale des Valeurs
Mobilières (BRVM). Les marchés secondaires ont connu une
modernisation avec la mise en place des marchés de couverture des
risques. Ainsi fut crée en France en 1986, le MATIF (Marché
à Terme des Actifs Financiers) qui permet à l'investisseur de
prendre une position à terme sur les contrats négociables
d'actifs financiers dans le but principal de se prémunir contre le
risque d'une variation de taux ou de cours. On peut citer comme instrument de
couverture de risques, les swaps, les contrats à termes, les contrats
d'option.
Le marché financier ne s'est mis en place que
récemment dans les pays africains, notamment dans la zone UEMOA,
où l'on constate encore
une forte prépondérance du marché monetaire
au niveau du système financier.
Afin de répondre à l'expression des besoins
croissants des
consommateurs et à la pression de la concurrence
internationale, les entreprises de la sous région ont besoin de
réaliser des investissements nouveaux car « la modernisation ne
saurait se décréter ». Cela doit passer par un
financement sain, et le marché obligataire se veut le canal
adéquat. Il s'agit pour les émetteurs de trouver des ressources
longues en s'adressant au public.
Depuis sa création, le Conseil Régional de
l'Epargne Public et des Marchés Financiers (CREPMF), organe de
régulation du marché financier de l'Union, a autorisé
plusieurs levées de fonds qui se sont toutes dénouées avec
succès.
Au regard de ces faits, une question nous vient à
l'esprit ; celle de savoir pourquoi les Etats et les entreprises de la zone
UMOA, bien qu'ayant un grand besoin de financement ne recourent pas au
marché obligataire ? Mais en fait, toute organisation peut-elle
accéder facilement à ce marché ?
A ces préoccupations, s'ajoute celle de la
prépondérance des banques sur notre place, alors qu'aujourd'hui,
le marché financier est considéré comme « la
boussole du développement ». Les pays tels les Etats Unis
d'Amérique, le Japon, la Corée du Sud et la France en font
quotidiennement la preuve.
Alors, que faire pour rendre notre marché obligataire plus
fluide? Quel instrument pourrait contribuer à le rendre plus efficient
?
L'objet de notre étude est de montrer la
nécessité d'un système de Notation pour une plus grande
fluidité de notre marché obligataire.
Pour y parvenir, plusieurs hypothèses sont à
explorer.
- L'inquiétude des entreprises, qui pensent que face
à leurs demandes de capitaux, il est possible qu'il n'y ait pas de
réponses favorables de la part du public qui douterait de leur
solvabilité. Il
pourrait s'agir donc, d'une méfiance entre
émetteurs et investisseurs, due à une asymétrie
d'information qui altère le fonctionnement du marché
obligataire.
- Le coût élevé de la garantie
exigée lors d'une émission obligataire, la limite des
possibilités d'octroi des maisons de garantie et la lourdeur
administrative seraient à l'origine d'un manque d'engouement des
entreprises vers le marché obligataire.
- Un système de Notation pourrait contribuer à une
plus grande fluidité du marché obligataire.
Le recueil des informations s'est fait à partir de
plusieurs outils que sont :
- les entretiens directs avec des professionnels du
marché, - les revues documentaires,
- et l'internet.
Ce sujet d'étude revêt plusieurs
intérêts :
Pour le Conseil Régional, cette réflexion
devrait conforter sa volonté de mettre en place cette structure, qui
sera un réel facteur de clarification du marché.
Au plan académique, compte tenu du fait que ce
thème est traité pour la première fois, il contribuera
à enrichir les débats.
Pour l'auditeur en Ingénierie Financière, cette
étude lui permettra non seulement de mieux cerner le marché
obligataire de l'Union, mais aussi de se familiariser avec l'activité de
notation financière qui va au- delà de l'analyse de
risque-crédit.
Notre étude comprend deux parties :
Dans la première, nous tenterons d'analyser le cadre de
l'émission obligataire sur le marché de l'Union.
Dans une seconde, nous présenterons l'activité de
notation et sa mise en oeuvre pour un développement du marché
obligataire.
PREMIERE PARTIE
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ANALYSE DU CADRE DE
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L 'EMISSION OBLIGATAIRE
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Dans le but de montrer l'importance d'un système de
notation pour notre marché financier, il est bienséant de
procéder à une évaluation de l'existant. Dans cette
première partie de notre étude, nous nous attellerons d'abord,
à décrire le marché obligataire de l'Union (Chapitre I) et
ensuite, nous analyserons les carences et besoins du système qui
pourront être comblés par la mise en place de ce nouveau «
dispositif financier » (Chapitre II).
CHAPITRE I : LE MARCHE OBLIGATAIRE REGIONAL
L'un des exploits de l'industrie financière est la
conception des titres de créances que sont les obligations. Dans le
monde entier, l'on accorde une grande importance au marché obligataire
dont la sollicitation est très forte.
Sur la place de l'UMOA, ce marché a débuté
ses activités avec la création du Marché Financier
Régional.
Ce premier chapitre de notre étude nous permettra de
voir tous les contours de ce marché. Dans un premier temps, il sera
question de voir les intervenants, puis dans un deuxième, nous
discuterons des éléments du montage d'un emprunt obligataire et
enfin nous ferons le bilan des émissions obligataires depuis
l'origine.
I- LES STRUCTURES ET ACTEURS INTERVENANT SUR LE MARCHE
OBLIGATAIRE
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