La répression des infractions se rapportant aux violences sexuelles dans le contexte de crise de la Justice congolaise : Cas du Viol( Télécharger le fichier original )par Leslie MOSWA MOMBO Université de Nantes - Diplôme Universitaire de 3ème cycle en Droit Fondamentaux 2007 |
Section III. Obstacles liées à la victime du violL'accès à la justice est également obstrué par des obstacles liés à la victime elle - même. Dans la plupart du temps, il s'agit de ceux liés au statut de la femme dans les coutumes de l'Est de la RDC, à l'atteinte à la dignité de la victime et aux obstacles relatifs à son environnement social. A. Obstacles liés au statut de la femme dans les coutumes de l'Est de la RDCLes coutumes de l'Est de la RDC qui pour certaines ont subi l'influence arabo - musulmane considèrent la femme comme un être faible qui ne peut revendiquer ses droits. Du point de vue sexuel, la femme est considérée comme sacrée. Il est interdit de découvrir sa nudité. Une femme dont la nudité a été découverte en garde des blessures intérieures dont toute réparation s'avère difficile254(*). Aussi est - il facile de comprendre qu'une femme violé ne peut pas le dire à son entourage car la divulgation de ce genre d'information jetterait le discrédit non seulement sur elle - même mais également sur sa famille ou son foyer. En effet, une jeune fille non mariée verrait ses chances de mariage complètement amoindries tandis que la femme mariée risquerait de perdre son mari qui la répudierait ou la reprocherait de « s'être laissée violée »255(*). Le statut d'être inférieur de la femme reconnu par les coutumes ne lui permet pas de réclamer ses droits en justice lorsque cette dernière fait l'objet d'un viol. Il n'est pas permis à la femme responsable de la gestion du foyer et des enfants de s'absenter pour se rendre à un procès pour une longue période256(*). En effet, la question se règle généralement par voie coutumière entre les personnes de sexe masculin. La victime a rarement droit à la parole et doit se contenter de l'arrangement pris entre les familles, à savoir le paiement d'une amende en nature fixée par la coutume à l'auteur du viol. Cette dernière peut être constituée de chèvres à remettre à la famille de la victime. De plus, les familles peuvent également s'entendre et donner la victime du viol en mariage à l'auteur257(*). B. Obstacles liés à l'atteinte à la dignité de la victime
* 254 Centre Olame, Service d'écoute et d'accompagnement des femmes traumatisées , « les affres de la guerre au Sud Kivu : Le viol, un affront à notre culture et ... à la conscience universelle », éditions Olame nka nyanja, Bukavu, 2004, p. 37. * 255 Amnesty International, « République Démocratique du Congo. Violences sexuelles : un urgent besoin de réponses adéquates », 26 octobre 2004, p. 39. * 256 Global Rights, S.O.S JUSTICE. Quelle justice pour les populations à l'Est de la RDC ?, Rapport d'évaluation du secteur de la justice au Nord et Sud Kivu, Maniema et Nord Katanga, Edition CEDI, août 2005, p.125. * 257 NKUWA MILOSI, Georges, « La justice militaire lutte contre les violences sexuelles par la répression », in Paroles de Justice. Revue de doctrine 2006. Lutte contre les violences sexuelles. RCN Justice et Démocratie, p.29.
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