§2 : LES EFFETS DU MARIAGE SUR LA FEMME
A) DEVOIR DE COHABITATION ET DE
FIDELITE
1. Devoir de cohabitation
TATAHAFA disait que « le mari peut contraindre sa
femme à une existence nomade, qu'elle le suive là où il
veut aller et ses droits sont illimités (...) »
160. En plus, nous avons vu l'institution du « mialo ». La
femme mariée est obligée d'habiter chez son mari.
Le devoir de cohabitation s'accompagne du devoir de
fidélité.
2. Devoir de fidélité
MESSELIERE rapporte que « Les chefs, peut-être
parce que nombre d'entre eux sont descendants d'aventuriers arabes, seraient
plus jaloux que leur sujets, d'après GRANDIDIER, et
longtemps (...) chez les Antoimorona (Anteony, Arakara,
Antetsimato) (...) les femmes étaient recluses et surveillées
(...) » 161
Ce qui fait que la femme infidèle était,
d'après SHAW, tuée. En effet, SHAW a étudié les
moeurs Antaimorona . Il rapporte avoir vu, entre 1887 et 1889, deux suicides de
femmes adultères prises en flagrant délit et même avoir
assisté au sagayage d'une femme coupable à Tongainony .162
Mais des sanctions plus légères ont
été appliquées quelquefois. La femme adultère
était chassée non seulement de chez elle, mais aussi du village
et du clan, par son mari et par le fokon'olona (ou communauté
villageoise) , « et sa remplaçante est introduite, s'il y a
lieu, chez celui qui sera son époux, avec les voeux de ses parents
», et des considérations de ce genre :
160 TATAHAFA, Les coutumes juridiques Antemorona, ,1961,
p.5
161 MESSELIERE, Du mariage en droit malgache, p. 212
162 Note de MESSELIERE, op. cit., p.213
« vous avez agi envers notre fille ainsi que vous le
deviez, mais en voici une autre qui prendra sa place et , nous
l'espérons, se comportera mieux »163
Il existe aussi d'autres sanctions résultant de
l'adultère de la femme comme le rapporte SHAW : « Jadis,
était usitée, chez les Antaimorona, à titre d'ordalie, la
traversée à la nage de la rivière infestée de
caïmans après serment de fidélité
».164
Nous remarquons que le droit du mariage Antemoro est
très rigoureux en matière de fidélité de la femme ;
Pour le mari, l'infidélité de sa compagne constitue un motif
principal de divorce.
L'épouse a aussi une autre obligation envers son mari.
B) L'OBLIGATION D'EGARDS PARTICULIERS POUR LE MARI
JULIEN a remarqué que chez les Tatsimo dont fait partie
les Antemoro, la femme se doit d'avoir des égards particuliers pour son
mari.
L'époux, objet de manquement à ce sujet est dit
« haizimbady », expression qui équivaut à : «
surpassé, éclipsé par sa femme ».
Le Tatsimo qui estime que sa femme ne l'honore pas
suffisamment expose ses griefs aux hommes du clan qui s'érigent en
tribunal et disent à l'épouse négligente : « Ton
conjoint nous expose que tu ne l'entoures pas d'égards auxquels tu as
droit Tu négliges `loharavina' et `tribonika' ; n'oublies pas que ce
sont là pour toi des devoirs auxquels tu ne peux te soustraire
».
Le mari offensé peut ne point se contenter de cette
réprimande et imposer le « tsitonga » à sa femme. On
entraîne alors celle-ci près de la
163 MESSELIERE, Du mariage en droit malgache, p. 213
164 SHAW, The arab element in the South East of Madagascar, in
Antananarivo annal, 1894, p.206
rivière la plus proche, et chaque homme verse sur le dos
de la femme le contenu d'un gros bambou servant de seau, soit sept à
huit litres d'eau.
La femme doit, après cette humiliation, prononcer la
prière : « Grâce, ô pères
vénérés, je ne recommencerai plus », sinon elle
est répudiée.165
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