B- L'arrangement
Avant que les enfants n'atteignent l'âge nubile, les
parents peuvent les fiancer sans qu'ils ne se connaissent. Mais le plus
souvent, c'est le garçon qui déclenche le processus
d'arrangement.
1- La première visite
Il suffit au garçon qui veut prétendre à
une fille, même s'il ne la connaît pas, de la montrer à son
père. C'est ce dernier qui se charge de l'arrangement avec la famille de
la fille. Le processus d'arrangement est donc déclenché
dès qu'il y a une volonté unilatérale du garçon.
Son père, à sa convenance va rendre visite aux parents de la
fille.
98 ROUHETTE, L'organisation politique et sociale
du Royaume Antemoro, p.71.
99 ROUHETTE, L'organisation politique et sociale
du Royaume Antemoro, p.71.
a- L'information
Au cours de cette visite, l'objectif du père du
garçon est d'informer les parents de la fille directement. Dans la
société antemoro, dès qu'il y a un visiteur, les enfants
et la femme, sortent de la maison. C'est la coutume. A ce moment là, il
n'y aura que les pères des deux futurs époux qui sont
présents dans la maison, et ils conversent librement.
« Je viens vous voir , dit-il car mon fils
désire votre fille » 100. Une telle annonce ne
manque pas de surprendre un père de famille. Et les échanges de
discussion permettent aux deux individus de se connaître. Le visiteur
essaie d'expliquer son origine en mettant en valeur les mérites de ses
ancêtres et de sa famille. Quand les interlocuteurs se sont
échangés suffisamment de renseignements, le visiteur prend
congé. C'est à ce moment là que le père de la fille
revient sur l'objet de la visite en disant : « Cela, est vrai, (votre
fils désire ma fille) mais c'est la première fois que vous
êtes venus sous mon toit. Revenez si vous avez un autre
moment.» 101 Le visiteur rentre chez lui avec la promesse
d'avoir la réponse de la famille de la fille.
b-Le défi et la séduction
Le père de la fille parle du projet à sa femme
qui peut à son tour prendre la précaution de demander l'avis de
sa famille. Cette dernière ne peut que se réjouir de la nouvelle.
Les enfants , y compris la fille concernée ne doivent pas être mis
au courant des affaires des grandes personnes.
Tandis que le doute persiste chez le père de la fille qui
n'a pas encore vu la « tête » du garçon à qui il
va donner sa fille, celui ci surgit.
ABINAL rapporte que « quand l'Antaimorona, voulait
obtenir le consentement du père de la femme qu'il désirait, il
allait, armé d'un bouclier,
100 ROUHETTE, L'organisation politique et sociale du Royaume
Antemoro, p.71.
101 ABINAL et de LAVAISSIERE, Vingt ans à
Madagascar, 1885, p.179.
frapper au commencement de la nuit, à la porte de
son futur beau-père ; celui ci lui décrochait un coup de lance
et, si le coup était adroitement paré avec le bouclier, il
était bien rare que la demande ne fut agréé. »
102
Ayant déjà des renseignements sur la famille du
garçon, le père de la fille connaît enfin son
prétendant. Cette épreuve lui a permis de se fixer les
idées sur la réponse qu'il va donner au père du
garçon. De son côté, le garçon peut abandonner son
projet s'il ne s'estime pas satisfait de sa prestation. Il aurait pu s'enfuir,
devant son beau parent armé d'une lance. Ne pas pouvoir parer
adroitement la lance avec le bouclier est une autre éventualité
poussant le garçon à abandonner, ou à dire à son
père de retarder la prochaine visite chez les parents de la fille.
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