CHAPITRE I : LA FORMATION DU MARIAGE
SECTION 1 : LA DEMANDE EN MARIAGE ET LES FIANCAILLES
§1: LA DEMANDE EN FIANCAILLES
La demande en fiançailles qu'il ne faut pas confondre
avec la demande en mariage, peut se faire de plusieurs manières. Il faut
souligner que les règles du droit musulman n'admettent pas le rapt, donc
« il est nécessaire de solliciter la main de la jeune fille
94 conformément aux règles du misondzo (...)
au cas où les fiançailles n'auraient pas lieu par arrangement
des parents avant l'état de la puberté des futurs
époux. » 95
A- LE MISONJO
Le misonjo est une institution qui est utilisée lorsqu'
aucun arrangement n'a été fait.
C'est le prétendant lui même qui doit faire toute
les démarches sans l'aide de ses parents. Un garçon qui s'entend
bien avec une fille peut la réserver pour épouse. Il rend visite
à ses parents pour leur faire part de son intention. Mais étant
zazalahy, il n'a pas le droit d'adresser la parole à un olombe
96, qui est le père de la fille. Il lui est cependant plus
facile de parler avec la mère de celle-ci. Le garçon lui dira
sans préambule : « Votre fille m'agrée, Ô
mère vénérée (E nd riko mas y), je la choisis pour
épouse, qu'en pensez vous?» 97 Bien
évidemment, la mère ne peut se prononcer sans avoir
94 JULIEN, Dans l'Histoire des Tatsimo,
rapporte que « la jeune fille en état de prendre un époux
est dite Batrakafo chez les tatsimo. A partir de ce moment , la jeune fille
porte les Sikintratra, bande d'étoffe en fibre de Harofo qui lui
comprime les seins. Elle ne quitte ce vêtement qu'au moment où
elle va accoucher. »
95 MEESELIERE, Du mariage en droit malgache,
Paris, 1932, p.150.
96 Le chef de la famille vivant au milieu de ses
femmes et de ses enfants, petits et grands, est appelé chez les Tatsimo
« Olombe » (JULIEN, Histoire des Tatsimo)
97 ROUHETTE, L'organisation politique et sociale
du Royaume Antemoro, p.71.
consulté son mari. Elle dira à celui ci :
« Un tel se réserve (misandjo) notre fille, quelle est votre
décision ? » 98
Connaissant presque tout le monde dans le clan en tant que
Olombe, le chef de famille ne tarde pas à donner sa réponse.
D'autant plus que le prétendant ne va pas emmener tout de suite la jeune
fille, pas encore nubile.
Au cas où le père de la fille acquiesce au
projet, sa femme retourne au prétendant qui l'attendait et lui dit ;
« C'est entendu, ô mon père (la politesse commande
en effet, de donner ce titre au futur gendre, puisqu'il désire fonder
une famille ; on en fait en quelque sorte un ascendant par anticipation),
lorsque vous serez l'un et l'autre en âge , si vous êtes
d'accord (mifankahay). » 99
C'est ainsi que se passe l'institution du misondjo, mais à
présent, nous pouvons parler des fiançailles par arrangement.
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