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La mutation du droit du mariage dans la vallée du fleuve Matitanana: du droit coutumier au droit d'inspiration musulmane

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par Francis Zafindrandremitambahoaka MARSON
Université de Perpignan - Diplome d'étude approfondie 2003
  

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CHAPITRE I : LA FORMATION DU MARIAGE

SECTION 1 : LA DEMANDE EN MARIAGE ET LES FIANCAILLES

§1: LA DEMANDE EN FIANCAILLES

La demande en fiançailles qu'il ne faut pas confondre avec la demande en mariage, peut se faire de plusieurs manières. Il faut souligner que les règles du droit musulman n'admettent pas le rapt, donc « il est nécessaire de solliciter la main de la jeune fille 94 conformément aux règles du misondzo (...) au cas où les fiançailles n'auraient pas lieu par arrangement des parents avant l'état de la puberté des futurs époux. » 95

A- LE MISONJO

Le misonjo est une institution qui est utilisée lorsqu' aucun arrangement n'a été fait.

C'est le prétendant lui même qui doit faire toute les démarches sans l'aide de ses parents. Un garçon qui s'entend bien avec une fille peut la réserver pour épouse. Il rend visite à ses parents pour leur faire part de son intention. Mais étant zazalahy, il n'a pas le droit d'adresser la parole à un olombe 96, qui est le père de la fille. Il lui est cependant plus facile de parler avec la mère de celle-ci. Le garçon lui dira sans préambule : « Votre fille m'agrée, Ô mère vénérée (E nd riko mas y), je la choisis pour épouse, qu'en pensez vous?» 97 Bien évidemment, la mère ne peut se prononcer sans avoir

94 JULIEN, Dans l'Histoire des Tatsimo, rapporte que « la jeune fille en état de prendre un époux est dite Batrakafo chez les tatsimo. A partir de ce moment , la jeune fille porte les Sikintratra, bande d'étoffe en fibre de Harofo qui lui comprime les seins. Elle ne quitte ce vêtement qu'au moment où elle va accoucher. »

95 MEESELIERE, Du mariage en droit malgache, Paris, 1932, p.150.

96 Le chef de la famille vivant au milieu de ses femmes et de ses enfants, petits et grands, est appelé chez les Tatsimo « Olombe » (JULIEN, Histoire des Tatsimo)

97 ROUHETTE, L'organisation politique et sociale du Royaume Antemoro, p.71.

consulté son mari. Elle dira à celui ci : « Un tel se réserve (misandjo) notre fille, quelle est votre décision ? » 98

Connaissant presque tout le monde dans le clan en tant que Olombe, le chef de famille ne tarde pas à donner sa réponse. D'autant plus que le prétendant ne va pas emmener tout de suite la jeune fille, pas encore nubile.

Au cas où le père de la fille acquiesce au projet, sa femme retourne au prétendant qui l'attendait et lui dit ; « C'est entendu, ô mon père (la politesse commande en effet, de donner ce titre au futur gendre, puisqu'il désire fonder une famille ; on en fait en quelque sorte un ascendant par anticipation), lorsque vous serez l'un et l'autre en âge , si vous êtes d'accord (mifankahay). » 99

C'est ainsi que se passe l'institution du misondjo, mais à présent, nous pouvons parler des fiançailles par arrangement.

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