B- La procédure
Chaque grande décision ne peut être prise sans
l'aval du « mpanadro ». L'oracle est nécessaire. Cette
attitude s'explique par la peur des colères des
81 JULIEN, Pages Arabico-madesasse, deuxième
récit, p.91.
82 Tranoambo, grenier à riz
ancêtres si la décision n'est pas la bonne. Le
mari ou la femme qui ne supporte plus son partenaire va chez le devin qui
à son tour « se met en contact avec l'au-delà
». Si l'idée de séparation est bien fondée, les
parents peuvent être mis au courant du projet.
Cette annonce peut se faire verbalement, alors que les
époux vivent encore sous le même toit.
ROMBAKA84 annonce qu'il est coutume que c'est la
belle-mère ou la belle-soeur qui renvoie la femme. Elle fait part de la
décision aussitôt après un déjeuner. Voici ce que
dit la belle-mère à ce moment là : « vous allez
un moment vous séparer, oh mère ou Endriko (la politesse
commande de donner ce titre à une belle fille qui a un foyer), tel
est le désir de votre époux. Il vous abandonne et laissez le
poursuivre son aventure. Mais l'homme est un animal qui ne meurt pas sous un
seul arbre ( fa biby ny lahilaly ka tsy maty an kazo tokana) 85
»
Et la femme déchue n'a rien à dire et rentre chez
ses parents qui ne peut que lui donner tort.
Le père de la fille rend visite alors aux parents de
son mari pour enquêter sur la cause de cette rupture brusque. Les deux
familles, qui sont liées par un accord lors du pourparler, tentent de
réconcilier les époux.
Cette tentative peut ne pas aboutir à la fin
souhaitée. Les deux familles présentes lors du rituel de mariage
sont alors convoquées en réunion. La réunion a pour but de
rechercher le camp fautif. Chaque famille défend le sien. Des
discussions très tendues ont lieu car aucun, ne veut être fautif.
Les motifs évoqués plus haut sont les principales causes de la
séparation.
83 MESSELIERE, Du mariage en droit malgache,
Paris, 1932, p.47
84 ROMBAKA, Fombandrazana Antemoro,
Traduction libre
La partie fautive doit racheter cette faute en payant une amende.
Parfois, un zébu est tué pour donner le tso-dranto, sorte de
bénédiction résiliatoir qui va rendre quitte les parents.
Et les deux personnes retrouvent leur liberté. L'autorité sur la
femme retourne dans sa famille.
85 ROMBAKA, Fombandrazana Antemoro, 1970,
p.21.
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