2- Les causes propres au mari
Nous pouvons essayer de recenser les motifs propres aux maris de
rompre avec leurs femmes pour qui ils ont risqué leur vie en faisant le
rapt.
Le premier motif est le refus de la femme d'habiter le
domicile conjugal. Le mari ne va pas remettre en cause la perfection du milieu
social duquel il est issu. C'est pourquoi, la non adaptation de sa femme
à ce milieu se traduit par le refus de la femme à habiter le
domicile conjugal. Rappelons que ce domicile se trouve sur le «
Tanindrazana » ou sur la terre des ancêtres de l'homme. Il peut
s'installer dans un autre endroit mais il lui est défendu d'habiter chez
sa femme: c'est « fady ».
Connaissant toutes ces coutumes et ces recommandations des
ancêtres, et ne voulant pas les violer, le mari est contraint de
libérer la femme qui refuse d'habiter avec lui.
Bien entendu, la femme ne sortira pas aussi facilement du lien
matrimonial. Nous allons voir ultérieurement les effets du divorce.
La stérilité de la femme oblige l'homme à
rompre l'union. Se sentant trahi d'avoir épousé une femme qui ne
respecte pas ses obligations, le mari, appuyé par sa famille prennent
une position commune. Ce que les indigènes attendent de leurs femmes
c'est qu'elles enfantent. Si la femme n'est pas capable d'enfanter pendant une
longue période, il est inutile de la garder dans la famille. Bien
sûr elle est une main d'oeuvre supplémentaire pour les travaux du
champs mais ce n'est pas suffisant.
L'infidélité de la femme, si elle est
prouvée, autorise son mari à le dénoncer à ses
beaux-parents. Après, la femme infidèle sera remplacé par
une de ses cadettes si elle en a ou par une de ses cousines. Satisfait, l'homme
ne s'occupe plus du sort de la femme infidèle et sa vie continue avec la
« remplaçante ».
Une femme qui a consenti a être une nouvelle fois sujet
d'un enlèvement concerté manifeste son
désintérêt à vivre chez son mari. Nous avons vu les
conséquences de cet abandon de foyer. Rappelons ici que le mari est
contraint de rompre l'union après avoir été
dédommagé. L'exemple de l'épouse de l'Andriambuadziribe
enlevée par le Prince Ali avec sa complicité illustre cette
idée . Son mari a été dédommagé
équitablement.81
2- Les causes propres à la femme
Le « tranoambo » est aussi inviolable que le fasana
ou tombeau82. Seule la femme peut y accéder. « Ce
serait une cause de divorce que la violation par le mari du fady lui
interdisant l'accès au tranoambo. La famille de l'épouse, le
clan, sa famille même se ligueraient contre lui. Le coupable doit
s'humilier pour obtenir le retour au foyer en s'engageant publiquement à
ne plus jamais remonter au tranoambo et en versant, à titre
d'indemnité une ou plusieurs têtes de bétail à sa
femme qui, bénéficiaire, est alors considérée comme
voa fafy, c'est à dire purifiée par son mari et reprend avec lui
la vie commune. » 83
La violation du « tranoambo » constitue cependant
chez les autochtones une autre cause de divorce, qui peut se réparer
sans provoquer de palabre. Une femme ne peut pas facilement humilier son mari.
En tout état de cause, la coutume prévoit déjà des
sanctions résultant de l'immixtion de l'homme dans les attributions des
femmes. Cette coutume prouve l'égalité entre le mari et la femme
dans les siècles passés.
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