2-Le remplacement de la femme
Pour préserver le lien familial existant et pour
rapprocher les enfants à leurs familles naturelles, les indigènes
estiment qu'il est préférable de donner au veuf une des femmes
dans la famille. Cette proposition est faite à condition que l'homme
entretienne de bonnes relations avec ceux ci après le malheureux
événement. Et c'est souvent la cadette qui devient la nouvelle
épouse de l'homme.
75 MESSELIERE, Du mariage en droit malgache, p . 65
76 Nous n'avons retenu ici qu'un exemple.
§2- LA SEPARATION DES EPOUX
La séparation des époux de leur vivant est une
autre cause de rupture du lien matrimonial, à côté du
décès. La décision des deux époux ne suffisent pas
pour que leur union soit rompue. Ils faut qu'ils consultent leurs parents
respectifs qui vont décider ensemble. Cela explique que l'union des
indigènes n'est pas anarchique, et leurs séparations sont aussi
soumises à des règles. Quelles peuvent être les causes de
la séparation ? Cette question mérite d'être posée
avant d'étudier la procédure qu'il faut respecter et ses
effets.
A-Les causes de la séparation
Les causes sont tantôt communes aux époux
tantôt propres au mari et à la femme.
1- Les causes communes aux époux
Aussi difficile soit la conduite du mari, aussi grande soit la
volonté des deux futurs à fonder un foyer, le destin est toujours
imprévisible.
A la manière dont les indigènes se procurent les
femmes, nous pouvons dire qu'à l'époque on se mariait avant de
s'aimer.
Cependant la femme qui quitte sa cellule familiale doit
rejoindre une autre famille après le mariage. Et ce nouvel environnement
social peut ne pas lui plaire. Pourtant, un mariage l'engage à rester
dans le même milieu. Le mécontentement de la femme peut être
ressenti par la famille de son mari, une famille qu'elle côtoie
quotidiennement.
77 MESSELIERE, op. cit.
L'homme indigène n'ayant pas eu le temps de
connaître sa femme ne peut faire confiance qu'à sa famille qu'il a
connu depuis toujours. Il ne va pas se rallier à la cause de sa femme
pour contrer ses proches.
La volonté de partir grandit chez elle. La
volonté de la laisser partir se confirme chez l'homme poussé par
sa famille. Ainsi, la mésentente de la femme avec ses beaux-parents est
la première cause de séparation.
STANDING et DE HAUTEVILLE GUIBAL rapportent que « les
faits suivants amèneraient aussi une rupture inévitable : amener
chez soi sa fiancée par un temps pluvieux, franchir le seuil de la
chambre nuptiale du pied droit, sortir du feu de la maison conjugale, visiter
ses parents la première semaine de son mariage et manger dans des
assiettes autres qu'en terre (...)»
78
MESSELIERE79 rajoute que l'agitation de la
belle-mère le jour du mariage constitue aussi une rupture
inévitable.
Nous remarquons que le non respect des fady (ou interdits)
constitue encore des motifs de séparation, peut-être même
sont-ils les plus importants.
Les coups, sévices et les injures graves peuvent aussi
entraîner la séparation du époux disait DAMA80.
Insulter les ancêtres est une injure qui non seulement expose son auteur
à une sanction pénale, mais aussi l'oblige d'être
séparé de son partenaire.
A côté de toutes ces causes communes de
séparation, il existe des cause qui sont propres au mari.
78 H.J. STANDING, « Les fady malgaches », in
Bulletin de l'Académie malgache, 1904, p.11 0, Propos cité par
MESSELIERE, Du mariage en droit malgache, p. 301.
79 MESSELIERE, ibd.
80 DAMA, Les coutumes juridiques Antemorona, Vohipeno
1961, p.6
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