Chapitre V : Discussion
I. Discussion des résultats
Ce chapitre présente la discussion des résultats
afin de répondre à la question de recherche de cette
étude, tout en intégrant les résultats obtenus par le
biais du questionnaire auprès des infirmiers et ceux
récoltés par l'entretien avec les patients
colostomisés.
1. Les habiletés en soins de stomie.
L'exploration de ce thème en tant que plate forme pour l'accompagnement
des patients vivant avec une colostomie par le personnel infirmier a fait
ressortir les éléments suivants :
1.1. La formation de base. Les
réponses du personnel infirmier ont dévoilé une
insuffisance évidente dans la formation initiale en ce qui concerne ces
soins. Seuls 39% des infirmiers ont bénéficié de cette
formation, cependant, ces infirmiers ont qualifié cette formation
d'insuffisante.
1.2. La formation continue. Concernant ce volet, il
apparait d'après des
réponses recueillies que la formation continue est quasi
absente, alors que la formation initiale comporte des lacunes concernant les
soins à ces patients.
2. Le soin relationnel. L'exploitation des
résultats a révélé également que le soin
relationnel est négligé au détriment du soin technique.
Pour assurer les soins et favoriser lautosoin,
l'infirmier est appelé à faciliter le développement du
savoir, du savoir-faire et du savoir-être et promouvoir leur
intégration par le patient en vue de lui permettre de mieux gérer
son état de santé. Cependant, les réponses des infirmiers
interrogés, confirmées par celles des patients interviewés
montrent nettement que l'éducation thérapeutique porte
essentiellement sur la technique du soin de la stomie. Elle ne traite pas du
volet complications et incidents de la colostomie (démarche de
résolution de problèmes) ni de celui des mesures
diététiques et de l'hygiène de vie.
3 La conception des soins infirmiers. Les principales
constatations faites à la lumière des résultats concernant
la conception des soins sont (a) les soins infirmiers sont dispensés
sans planification préalable et (b) la plupart des infirmiers ne
procèdent pas à l'identification des besoins des patients, ni
à leur analyse. Cependant la collecte des informations doit comprendre
en plus des besoins identifiés auprès de chaque patient,
l'information concernant la réceptivité de celui-ci face à
l'apprentissage ainsi que ses caractéristiques physiques, psychologiques
et socioéconomiques. Cela figure parmi les principales attentes des
patients interviewés.
La conception de Virginia Henderson reste la seule
adoptée par quelques infirmiers, alors qu'il est indispensable de
prendre connaissance d'autres conceptions en l'occurrence celles de Roy, d'Orem
et de Watson, et ce, pour orienter le rôle infirmier par une conception
adaptée au contexte marocain, axée sur des soins humains,
centrés sur l'autosoin et l'adaptation de la personne qui est en
interaction continue avec son environnement et qui vit une expérience de
colostomie.
4. L'adaptation. Face aux difficultés de la
personne stomisée à intégrer son nouveau corps,
l'infirmier est le mieux placé pour favoriser l'adaptation du patient
à cette nouvelle situation de vie. Toutefois, la totalité des
patients interviewés ont vécu la colostomie avec un sentiment de
refus et de non adaptation. Le choc psychologique, la solitude, le rejet, la
sensation de gêne et l'anxiété sont les principaux
sentiments évoqués par la majorité des
enquêtés, surtout au moment de la découverte de la stomie
pour la première fois. Cela pourrait signifier que leur
préparation avant l'intervention n'était pas efficace. L'INO ne
dispose pas de stomathérapeute, mais d'un psychologue, d'une
diététicienne et d'une assistante sociale, cependant, leurs
prestations restent insuffisantes, voire inexistantes d'après les
patients interviewés. Une bonne cohésion entre les membres de
l'équipe soignante et le soutien
psychologique sont donc essentiels pour ces patients, ceci les
aide à supporter la charge émotionnelle vécue lors de
cette expérience de santé.
En période postopératoire, les principaux
problèmes soulevés par les patients sont la non-acceptation du
nouveau corps, de l'incontinence et des contraintes liées à la
stomie (les fuites, le choix de l'appareillage adapté etc.). 80% des
participants n'acceptent pas leur état de santé, le but est donc
de redonner confiance à la personne pour lui permettre l'acceptation de
sa nouvelle situation, afin que cela ne constitue pas pour elle un grave
problème mais juste un changement dans ses habitudes de vie auquel elle
s'adaptera.
Cependant, se centrer sur les projets de vie, aider le patient
à accepter sa nouvelle image corporelle, amener le patient à
exprimer ses besoins et organiser une rencontre entre le patient et une autre
personne ayant subi une colostomie, ne semble pas préoccuper les
infirmiers questionnés, ce qui explique les difficultés
d'adaptation que vivent ces personnes. Roy (1997) conçoit la personne
comme un système adaptatif en interaction constante avec un
environnement changeant et donc exposé à de nombreux stimuli.
L'intervention de l'infirmier vise à maintenir les réponses
d'adaptation efficaces et à modifier celles qui sont inefficaces en
manipulant le stimulus focal et les stimuli contextuels. Le but est de
favoriser l'adaptation de la personne pour qu'elle soit réceptive. La
réussite d'une acceptation active apparaît donc comme un
élément fondamental de la santé du corps-âme-esprit
de la personne stomisée. Toutefois, il parait que certains facteurs
identifiés lors de l'exploitation des résultats du questionnaire,
entravent l'accompagnement de ce patient, tels que (a) la non compétence
de l'infirmier en matière de soutien psychologique, (b) manque de
connaissances dans ce domaine (accompagnement) et (c) la non
disponibilité à entretenir une relation d'aide.
5. L'information. Ce volet reste peu
développé, la plupart des infirmiers conçoivent que
l'information de la personne sur les suites opératoires relève
des fonctions du médecin. Dans ce sens, Lewis, Heitkemper et Dirksen
(2003) affirment que deux
interventions visent à améliorer la
capacité d'adaptation du patient. La première consiste à
lui fournir des informations d'ordre sensoriel et la deuxième à
lui prodiguer l'enseignement nécessaire pour lui permettre d'affronter
la situation prévue.
L'entretien avec les patients colostomisés participant
à l'étude a confirmé les résultats du questionnaire
dans la mesure où 8 sur 10 de ces patients ont déclaré que
cette information est insuffisante et qu'ils souhaitent
bénéficier de l'information la plus compréhensible
possible. L'infirmier est appelé donc à faire preuve d'empathie,
à créer un environnement de soutien et de confort et à
répondre tout en respectant les principes éthiques aux questions
du patient. Il lui explique le déroulement de l'intervention en fonction
de son niveau de compréhension, et au besoin, il demanderait au
médecin de lui préciser certaines informations. Il importe donc
de déterminer l'information dont le patient a besoin et de lui expliquer
ce qu'il désire savoir. L'absence d'un code de déontologie des
infirmiers aux Maroc favorise un désordre dans la relation
soignant/soigné.
6. l'enseignement/apprentissage de l'autosoin. Les
soins infirmiers sont de natures technique, relationnelle et éducative.
Ils recouvrent à la fois les soins donnés sur prescription
médicale et ceux qui sont en application du rôle propre
(Collière, 1982 et Montesinos, 1991). Cependant, cette étude a
montré que le volet éducatif reste peu développé.
Le questionnaire ainsi que les entretiens ont révélé que
les séances d'enseignement/apprentissage de l'autosoin organisées
par les infirmiers sont défectueuses quantitativement et qualitativement
et ne répondent pas toujours aux besoins des patients, la
totalité des participants ont dénoncé une
indisponibilité de protocoles de soins destinés aux patients
colostomisés au niveau de leurs unités et ont souligné la
grande importance d'en disposer. Les volets éducatifs portant sur les
conseils diététiques (le régime à suivre) et sur la
résolution de problèmes ne sont pas abordés lors de cet
enseignement/apprentissage. En absence d'outils didactiques et d'instruments de
mesure, 93% des participants qui procèdent à
l'évaluation des activités
d'enseignement/apprentissage de l'autosoin, 64% se basent sur le constat que la
personne enseignée ne demande plus de l'aide pour réaliser ses
soins et 29% se basent sur les résultats d'une démonstration
réussie faite par le patient. Ceci démontre que la plupart des
infirmiers n'adoptent pas une démarche scientifique dans l'enseignement
/apprentissages. Les résultats de l'entretien avec les patients
colostomisés participant à cette étude corroborent ce
constat. Leurs réponses montrent nettement que l'éducation
thérapeutique porte essentiellement sur la technique du soin et sur le
traitement à suivre sans aborder le volet complications et incidents de
la colostomie, les mesures diététiques et d'hygiène de
vie. Presque la totalité des interrogés ont confirmé
qu'ils ont bénéficié seulement de deux séances
d'enseignement/apprentissage de l'autosoin au cours de leurs hospitalisation.
Aussi 6 patients sur 10 ont déclaré que l'assistance
infirmière est absente lors de la première réalisation de
leurs soins, d'où le manque de la rétroaction. Or, l'enseignement
à la clientèle est une démarche planifiée recourant
à divers moyens comme l'exposé, la consultation, la
recommandation, la démonstration et la discussion. En plus de
déterminer les besoins, l'infirmier dresse un plan d'enseignement,
enseigne et vérifie l'efficacité de son enseignement et ce, en
partenariat avec le patient.
7. L'accompagnement. Pour procurer du bien être et
du soutien au patient, il est
primordial que l'infirmier soit empathique et sensible au
niveau de son chagrin. La relation d'aide est toujours réussie lorsque
l'infirmier montre clairement au patient qu'il croit à sa souffrance. Il
faudra savoir être disponible pour écouter et créer le
climat de confiance indispensable à un accompagnement holistique au
patient colostomisé.
Cette étude souligne l'importance du rôle de
l'infirmier auprès des patients colostomisés. L'infirmier est
toujours sollicité par ces patients pour leur fournir un soutien et
répondre à leurs besoins (71% des infirmiers participant à
l'étude sont toujours sollicités et 18% le sont souvent).
Toutefois, seulement 39% de ces infirmiers participant à l'étude
ont
répondu être toujours disponibles, 25% le sont
souvent et 36% sont parfois disponibles. Donc la disponibilité
auprès du patient colostomisé n'est pas toujours assurée.
L'entretien avec les patients confirme ce constat, ce qui explique
l'insatisfaction de ces patients et leurs difficultés de s'adapter et
d'assurer leur autosoin.
Les infirmiers ayant participé à cette
étude sont conscients de l'importance du rôle de l'infirmier
devant un patient colostomisé. L'analyse de leurs réponses sur la
signification de l'accompagnement infirmier a révélé une
divergence sur son acception (a) 9 infirmiers conçoivent
l'accompagnement en tant que soin technique, (b) 71% des interrogés ont
qualifié l'accompagnement comme étant une relation d'aide et (c)
seulement 11 infirmiers le conçoivent comme un soin holistique.
8. Les attentes des patients des soins infirmiers. 8
patients sur 10 ont affirmé que l'éducation thérapeutique
dont ils ont bénéficié ne permet pas de développer
leur autosoin. Leurs principales attentes des professionnels portent sur (a)
enseignement/apprentissage régulier et adapté à
l'état du patient et à ses capacités intellectuelles, (b)
plus de disponibilité des infirmiers, (c) une bonne préparation
avant l'intervention, (d) un soutien psychologique pour accepter la colostomie,
(e) une explication large sur le choix de l'appareillage adapté pour
éviter les fuites et (f) un enseignement des différents incidents
et complications et comment les éviter.
En France, Le recours à un infirmier
stomathérapeute est primordial afin de personnaliser l'appareillage, de
prévenir les complications et d'initier l'autonomisation en
éduquant le patient. Ce professionnel lui explique en détail les
différents appareillages possibles, lui donne des conseils
d'hygiène et de diététique et le prépare aussi
à ses activités futures (Toulouse, 2002). Le repérage est
effectué par l'infirmier stomathérapeute. Il consiste à
rechercher l'emplacement idéal de la stomie en fonction de la
dérivation digestive qui sera effectuée. Ceci permettra un
appareillage facile et procure le moins de gêne possible. Il prend
en compte les habitudes de la personne (vêtements,
activité professionnelle, loisirs, handicap éventuel etc.), des
possibles fluctuations de poids, etc.
Pour réaliser donc l'enseignement/apprentissage de
l'autosoin de la personne stomisée, l'infirmier, est appelé,
entres autres, à être habile en psychologie des patients
colostomisés. Ainsi, il pourrait être compétent pour donner
des conseils vestimentaires ou concernant les différents appareillages
mis à la disposition du patient pour l'aider à faire le bon choix
, afin de prévenir les fuites et garantir ainsi une qualité de
vie.
Une enquête publiée dans la revue « Soins
» (1999) a révélé que 80% des chirurgiens digestifs
font toujours appel à une entéro-stomathérapeute, 96% des
médecins notent la nécessité d'un recours à un
infirmier spécialisé pour l'appareillage postopératoire,
99% des chirurgiens digestifs leur confient les soins cutanés et 90% du
corps médical juge important d'avoir recours à une
entéro-stomathérapeute pour une mise en relation avec les
réseaux extrahospitaliers. Ceci montre l'utilité de la fonction
d'infirmier stomathérapeute.
9. Problèmes entravant le rôle de l'infirmier
dans le développement de l'autosoin chez les patients
colostomisés. Les facteurs à l'origine des
défaillances sus citées et qui sont énoncés par les
participants à l'étude sont (a) l'insuffisance des ressources
matérielles telles que le manque de supports de planification,
d'organisation de soins et des outils didactiques pour assurer
l'enseignement/apprentissage de l'autosoin, (b) l'insuffisance des ressources
humaines telles que la pénurie en personnel infirmier et la charge
excessive du travail, (c) le manque de la formation continue en matière
de soins à la personne colostomisée et de l'encadrement du
personnel infirmier, (d) la non implication du psychologue, de l'assistante
sociale et du diététicien pour l'accompagnement des patients, (e)
l'absence de collaboration de la famille surtout que 80% des patients
résident hors de Rabat donc loin de l'INO et (f) le niveau d'instruction
de la personne et sa capacité d'apprentissage : 60% des patients sont
analphabètes et 50% sont situés dans la tranche d'âge de 50
ans et plus.
Plusieurs contraintes entravent la réalisation d'un
accompagnement infirmier holistique et adéquat des patients
colostomisés au niveau de l'INO. Néanmoins, une ambition notable
a été manifestée par la majorité du personnel pour
contribuer à toute initiative de changement. Celle-ci mérite un
engagement et des concours de la part de tous les acteurs impliqués au
sein de cet établissement pour parvenir à dépasser les
contraintes sus-citées.
II. Forces et limites de l'étude
1. Les forces de l'étude. Cette étude
est considérée comme la première de son genre au niveau de
l'INO qui s'est intéressée au rôle infirmier dans le
développement de l'autosoin chez la personne colostomisée. Elle a
donné un éclairage sur la problématique de l'autosoin et
de l'adaptation de ces patients. La collaboration des participants et
l'accessibilité à l'information ont permis de mettre en
lumière les insuffisances en ressources dans le lieu de cette
étude et les difficultés et « l'oubli » que vivent les
patients colostomisés.
2. Les limites de l'étude. Les principales
limites de cette recherche sont (a) le niveau descriptif de cette recherche ne
permet pas la généralisation de ses résultats, puisque
l'étude concerne un contexte particulier qui est l'Institut National
d'Oncologie de Rabat et (b) la carence en matière des écrits
empiriques et des études menées à l'échelon
National en rapport avec le sujet de cette recherche.
III. les implications personnelles
Projet personnel pour explorer un sujet préoccupant ;
Élaboration d'un cadre conceptuel de l'étude sur
la base de conceptions et théories en soins infirmiers en l'occurrence
celles d'Orem (1991, 1995), de Roy (1987) et de Watson (2000);
Façonnement personnel des instruments de collecte des
données (questionnaire et entretien);
|
Élaboration d'un plan de soins à la personne
vivant une expérience de colostomie.
|
IV. Recommandations
Suite aux lacunes qui ont émergé lors de la
discussion des résultats de cette étude, il est judicieux de
formuler quelques recommandations, tout en s'inspirant des suggestions
formulées par les participants à l'étude et qui peuvent
être à l'origine d'une éventuelle amélioration de
l'accompagnement de la personne colostomisée à l'INO.
Ces recommandations seront présentées selon quatre
axes, en relation avec (a) la formation, (b) la pratique, (c) la gestion et (d)
la recherche.
1. Recommandations pour la formation.
1.1. La formation de base.
Le module de l'enseignement à la clientèle
dispensé aux étudiants de 2éme cycle, doit
être intégré également dans le cursus de la
formation de base des infirmiers du 1er cycle, section «
infirmier polyvalent ». Et ce pour que l'étudiant futur infirmier
puisse s'approprier une démarche scientifique dans
l'enseignement/apprentissage des personnes vivant une expérience de
santé telle que la colostomie. Cette formation doit permettre aux
professionnels le développement d'une compétence en
l'élaboration de projets éducatifs personnalisés en
partenariat avec le patient;
La formation de base doit permettre aux étudiants du
1er cycle, par l'intégration du module « Les
écoles de la pensée infirmières », de prendre
connaissance des principales conceptions et théories en soins
infirmiers, et d'intégrer des démarches de soin;
Les soins infirmiers aux patients colostomisés doivent
être intégrés dans le cursus de formation de base, tant sur
le plan technique que relationnel mais aussi dans le domaine de la psychologie
du patient colostomisé permettant l'accompagnement de ce dernier d'une
manière professionnelle.
1.2. La formation continue
Pour les infirmiers exerçant au niveau de l'INO, il est
suggéré de :
Organiser des séances de formation continue en
matière de soins au patient colostomisé (développement des
habiletés en soins de stomie en éducation thérapeutique
etc.);
Promouvoir une culture d'élaboration et d'utilisation de
protocoles de soins infirmiers en stomathérapie et leur diffusion au
niveau des unités de soins où séjourne ces patients;
Etant donné que le cursus de formation des infirmiers
à l'IFCS ne prévoit pas la formation en stomathérapie, il
est suggéré d'appuyer la formation des infirmiers
référents en matière du soin holistique à la
personne stomisée (colostomie, jéjunostomie,
trachéostomie, etc. ) à l'INO qui vont assurer la formation,
l'information et l'encadrement des équipes infirmières et la
participation à la réalisation des protocoles de soins. Dans ce
cadre, il faut saisir l'opportunité de l'avènement de
l'association Lalla Salma de lutte contre le cancer et le partenariat que tisse
le CHU Ibn Sina avec d'autres CHU à l'étranger, pour organiser
des stages optionnels à l'étranger au profit des infirmiers dans
les hôpitaux où la spécialité de
stomathérapie est développée (France, Belgique, Canada
etc.);
Aider la recherche en soins infirmiers pour conduire la pratique
infirmière vers l'amélioration des compétences
infirmières dans ce domaine.
2. Recommandation pour la pratique des soins
En se référant au module de l'enseignement
à la clientèle dispensé au 2éme cycle des EPM et au
cadre de référence de cette étude, le présent plan
de soin est proposé comme exemple d'une démarche de soin holiste
à la personne vivant une expérience de santé telle que la
colostomie.
Tableau n°19 : Plan de soin infirmier à la
personne vivant une expérience de colostomie
Interventions infirmières
|
Justifications
|
Résultats escomptés
|
|
1er objectif : Préparation de la
personne avant la confection de la colostomie.
- Demander à la personne si elle a déjà
vécu une intervention chirurgicale et noter ses impressions
négatives et positives.
|
-Les craintes engendrées par de mauvaises
expériences augmentent l'anxiété ;
- L'infirmier peut corriger les idées fausses et
permettre à la personne d'exprimer ses émotions en mettant
l'accent sur les expériences positives.
|
- La personne exprime son anxiété et ses craintes
face à la chirurgie ;
- Elle adopte une attitude positive à l'égard de la
chirurgie.
|
-Reprendre l'information donnée par le chirurgien
|
- Les explications neutralisent les idées fausses
|
- Le patient comprend les modifications
|
et s'assurer qu'elle a été bien comprise.
Apporter
|
et soulagent l'anxiété ;
|
que la chirurgie va entraîner sur son
|
au besoin des éclaircissements et des explications ;
|
-Si la colostomie est permanente, il sera plus
|
corps ;
|
-Déterminer si la colostomie est temporaire ou
|
difficile de garantir une attitude professionnelle
|
- La personne pourra être suffisamment
|
permanente, pour la dernière éventualité
proposer
|
positive.
|
préparée pour indiquer la place prévue
|
une consultation du psychologue ;
|
|
pour la stomie et toucher cet endroit.
|
-Utiliser le modeling ou des illustrations pour
indiquer l'emplacement de la stomie.
|
|
|
2éme objectif : Favoriser
l'adaptation après l'intervention.
- Inciter la personne à exprimer ses sentiments
à propos de la colostomie (concept de soi) ;
- Être empathique ; manifester de l'aide,
|
- Permettre à la personne de verbaliser et
de préciser ses craintes et au psychologue et à
l'équipe soignante de prendre les mesures nécessaires pour
|
- La personne exprime librement ses craintes ;
- Elle demande de l'aide au besoin.
|
l'écoute active et la disponibilité à
répondre
|
les réduire.
|
-Elle indique qu'elle est prête à
|
aux besoins de la personne.
|
|
rencontrer une personne colostomisée.
|
- Offrir à la personne d'être à son
côté quand
|
-Le conjoint ou la famille pourra répondre
|
- Le patient se montre motivé à parler
|
elle touchera la stomie pour la première fois ;
|
immédiatement aux questions du patient, ce qui
|
de sa stomie et réceptif à apprendre
|
- Proposer que le conjoint du patient ou la
|
soulagera son anxiété ;
|
l'autosoin ;
|
personne significative voie la stomie ;
|
-Une personne déjà colostomisée est
|
- Il commence à accepter le nouveau soi.
|
- Organiser la visite d'une personne ayant subi
|
particulièrement en mesure de réconforter le
|
|
une colostomie.
|
patient, car elle sait par expérience ce qu'il ressent.
|
|
3éme objectif :
enseignement/apprentissage de l 'autosoin.
- Elaborer un projet éducatif en tenant compte
(a) des caractéristiques de la personne ; (b) de l'environnement
d'apprentissage, (c) des facteurs physiques du patient , (d) des facteurs
émotifs et intellectuels, (e) des facteurs socioculturels, (f) des
facteurs économiques et
|
- Le projet éducatif permet de collecter les
données nécessaires pour réussir l'enseignement/
apprentissage, d'adapter l'enseignement à chaque patient et à ses
besoins, de respecter ses capacités physiques et intellectuelles et
d'évaluer l'apprentissage du patient ;
|
- La personne est capable de faire ses autosoins avant la
sortie de l'hôpital : elle manipule correctement l'appareil de stomie,
elle peut nettoyer et changer son sac sans aide, il est capable d'irriguer
sa
|
- Ces informations données en fonction du niveau de
compréhension du patient favorisent une meilleure autonomie à
exécuter l'autosoin et une adaptation à une nouvelle situation de
vie.
|
Le soin holiste des patients colostomisés demande de la
part de l'équipe soignante l'adoption d'une conception de soins pour
guider leur pratique. La démarche de soin est fondée sur un plan
d'enseignement/apprentissage de l'autosoin spécifique pour chaque
patient, en tenant compte de sa capacité physique après
l'opération, du degré de son adaptation, de son niveau de
réceptivité pour apprendre à s'autosoigner, de sa
capacité intellectuelle pour adapter le message éducatif et de
son niveau socio économique ;
Renforcer la multidisciplinarité entre les
professionnels impliqués dans le soin à ces patients soit les
infirmiers, le réanimateur, le chirurgien, le psychologue et
l'assistante sociale au niveau de l'INO, pour garantir un meilleur
accompagnement de la personne colostomisée sur tous les niveaux ;
Adopter et adapter à travers un benchmarking,
l'expérience de CHU de Toulouse, qui trace les étapes du
processus de soin au patient colostomisé. Ce processus est suffisamment
étayé dans la recension des écrits ;
Rendre disponible les moyens matériels (salles et
supports d'éducation, etc.) et humains (personnel soignant suffisant,
infirmier référent en stomathérapie) pour organiser
concrètement des séances d'enseignement/apprentissage de
l'autosoin afin d'assurer l'évaluation de l'adaptation et de l'autonomie
du patient avant sa sortie de l'hôpital ;
Eclairer davantage les dimensions éthiques et humaines
pour les professionnels infirmiers surtout face à ces patients qui
vivent un bouleversement de leur vie.
3. Recommandations pour la gestion
oeuvrer à ce que l'humanisation de l'hôpital soit
pérenne par l'amélioration continue des soins aux patients vivant
une expérience de santé telle que la colostomie ;
Intégrer le projet social et d'humanisation dans le projet
d'établissement hospitalier dont
profiteront ces patients ;
Créer une unité chargée d'organiser des
séances d'enseignement/apprentissage de ces patients et leurs familles
;
Élaboration d'une fiche de liaison détaillée
aidant les patients colostomisés à recevoir les soins dans les
structures de santé où ils résident ;
Soutenir la création d'une association des personnes
vivant une expérience de stomie dans le but de :
o Favoriser au mieux la réinsertion psychologique,
familiale, sociale et professionnelle de ces personnes ;
o Porter une assistance aux personnes qui le désirent ;
o Favoriser la diffusion de l'information sur les
thérapies et sur les appareillages en vue d'un meilleur confort ;
o Alléger les charges des patients indigents en les
dotant par le nécessaire pour faire les soins (appareillage, sacs,
pommades collants et antiallergique) en quantité suffisante et
périodique ;
o Sensibiliser l'opinion publique par les moyens d'information
sur les problèmes de ces personnes.
La création de cette association serait également
:
o un lieu d'échange et de prise de confiance en soi, seul
une personne stomisée peut apporter du crédible à une
nouvelle personne stomisée ;
o Un lieu unique de partage de connaissances des
appareillages.
4. Recommandations pour la recherche
Faire une étude au niveau d'autres contextes hospitaliers
où se soignent des patients colostomisés ;
Faire une recherche pour explorer les facteurs qui influencent
l'apprentissage de l'autosoin chez la personne colostomisée ;
Faire une recherche pour comparer le niveau de la
qualité de l'enseignement/apprentissage de l'autosoin et le
degré d'adaptation de la personne vivant une expérience de
colostomie.
|