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Le cinéma d'horreur en France : entre culture et consommation de masse

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par Laure HEMMER
EAC Paris - Master 1 Management de projets culturels 2007
  

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2.3.4. Les programmations spéciales sur les chaînes non spécialisées

Lors d'évènements extérieurs particuliers, comme les périodes de Noël ou pendant les vacances scolaires, la programmation peut évoluer pour faire plus de place à des films qui répondent à la demande d'un public familial et ayant des résonances avec la période vécue. En effet, pendant la période des fêtes de fin d'années, beaucoup de films dont l'intrigue se déroule à ce moment sont diffusés sur les chaînes de télévision. Pensons simplement au Père Noël est une ordure (1982) de Jean-Marie Poiré ou aux Gremlins (1984) de Joe Dante (par ailleurs réalisateur de films d'horreur, dont le légendaire Hurlements en 1981). Pour les films fantastiques et surtout d'horreur, il y a une période particulièrement propice à leur diffusion : Halloween et le mois d'octobre a fortiori. Cette fête païenne christianisée est aujourd'hui célébrée de façon à honorer les morts le 1er novembre. Le rituel d'Halloween, le 31 octobre, très prégnant aux Etats-Unis, consiste

1 Guide des chaînes thématiques, ACCeS.CSA/CNC, janvier 2006

principalement à tourner la mort en ridicule en revêtant des costumes morbides et en jouant à se faire peur, un peu à la manière d'un mardi gras avant le Carême. Il semble néanmoins que malgré cet engouement pour les enfants avec costumes et distribution de bonbons, celui-ci tente à décliner en France. Or à la télévision, les programmes spéciaux consacrés à Halloween ont fleuri depuis quelques années dans le paysage audiovisuel, faisant écho à d'autres évènements spécifiquement programmés pour cette date (soirées spéciales dans les cinémas, les bars, les discothèques avec ou non diffusion de films d'horreur, légalement ou de façon illégale avec des copies vidéo). Halloween, fête supposée macabre et glauque semble donc le jour rêvé pour regarder des films d'horreur, avec une mise en situation qui intervient jusqu'à la simultanéité temporelle entre le film lui- même et sa diffusion. En effet, beaucoup de films d'horreur se déroulent le soir d'Halloween, du slasher éponyme de John Carpenter et de ses séquelles au français Brocéliance (2002) de Doug Headline en passant par Au service de satan (2004) de Jeff Lieberman, et cela constitue un bon prétexte pour les programmer à cette date. D'autre part on peut remarquer que ce soir là, même un public non-amateur de films d'horreur s'autorise à en regarder, dictés probablement par un impératif social, qui peut aussi se caractériser par un rejet total de ce type de cinéma. Toutes les chaînes s'insèrent dans ce créneau, et pas seulement les chaînes spécialisées dans le fantastique.

L'exemple de 13e Rue, une chaîne thématique consacrée au genre policier et au suspense, lancée en décembre 1997, distribuée sur le bouquet Canal Satellite et comptant plus de 3,2 millions d'abonnés est révélateur. Cette chaîne ne se positionne pas particulièrement sur l'horreur et n'en diffuse pratiquement pas dans sa programmation habituelle. Cependant en 2007, le mois d'octobre était consacré « mois de l'horreur », avec un programme spécial comportant de nombreux films d'horreur1. En somme, cette programmation bouleverse les habitudes de la chaîne et se positionne sur des films récents, susceptibles d'attirer un public plutôt jeune, ce qui diffère de l'audience de la chaîne, davantage tournée vers les plus de 45 ans, comme peut l'être Ciné Polar, présente sur le bouquet Ciné Box du groupe AB. Selon Françoise Berger-Longuet, chargée de mission auprès du département Télévisions Payantes du CSA, cela leur permet de conquérir une audience neuve, sans créer toutefois de nouveaux abonnements pour cette période précise, probablement les enfants des spectateurs habituels de la

1 Voir annexe n°35, p.98. Celui-ci s'ouvre dès le 1er octobre avec Urban Legends : Bloody Mary de Mary Lambert à 22h30. Ensuite, le 4 octobre, une soirée spéciale « teen horror ». De nombreux téléfilms d'horreur sont également programmés, comme Le Jardin des Ténèbres (2006) de Don Michael Paul ou La Secte des Vampires (2004) de Richard Brandes. Le 18 octobre, 13e Rue diffusait pour la première fois en France Reeker (2005) de David Payne à 22h30 et programmait la semaine suivante, le 25 octobre, une soirée

« loups-garous », comprenant Wolf (1994) de Mike Nichols et Dog Soldiers (2002) de Neil Marshall en deuxième partie de soirée.

chaîne. Ces programmations spéciales semblent répondre plus à un impératif social, d'évènementialisation que l'on se doit de respecter (ou d'occulter, mais au moins de prendre position par rapport à celui-ci). Les films d'horreur diffusés à l'occasion d'Halloween semblent recouvrir une audience plus large que le public des habitués de ce genre de cinéma, dans une logique de divertissement pur. En effet les films projetés tombent souvent dans les clichés car le public recherche des sensations fortes tout en s'amusant. Cependant c'est également l'occasion de rediffuser des classiques du genre, comme les Massacre à la Tronçonneuse, Evil Dead ou encore la trilogie Scream. Le public des adolescents ou des jeunes adultes semble être la cible principale de ces programmations, celles-ci étant également présentes sur des chaînes musicales comme MCM, qui avait l'habitude de diffuser des films d'horreur ainsi que des clips de hard rock et de métal lors du 31 octobre.

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