Paragraphe I: Du transport des produits maraîchers
« Je m'approvisionne au marché de Nouna mais
souvent, je me tourne vers Bobo et le Sourou surtout en cas de rupture. Mais la
principale difficulté pour le Sourou, c'est quand il y a une panne sur
la route. Avec le mauvais état des routes, aucun transporteur ne veut
mettre un bon véhicule. Les pannes sont donc fréquentes et
parfois les tomates pourrissent en cours de route. Par exemple, pendant la
saison des pluies, je préfère faire Nouna-Dédougou-Bobo
pour acheter mes condiments et revenir vite en dépensant plus que de
faire la directe Nouna-Bobo car il y a des chances que je reste bloquée
par des pannes pendant des jours ». Cette affirmation de la
restauratrice S.M. est révélatrice de l'état des routes
dans la Kossi et de façon
générale dans la région de la Boucle du
Mouhoun, qualifiée de parente pauvre en dispositif de transport routier
de qualité.45 L'accessibilité difficile handicape le
développement de la région en général et celui des
provinces en particulier. Dans la Kossi, par exemple, nombreuses sont les
localités qui sont inaccessibles, voire enclavées en hivernage.
On peut citer, Dokuy, Madouba, Kombori et Sono.
Nombreux sont les auteurs qui se sont penchés sur cette
question de transport comme Hal Hellman (1976)46, Mme Nabollé
née Kaboré Marie Denise Panogb- Né
(2002-2003)47 et Paul Nyaméogo (1983-1984)48, sans
oublier les textes existants en matière de transport49. Paul
Nyaméogo (1983-1984)5°, par exemple, estime que «
des routes doivent être créées et entretenues pour
permettre aux producteurs des zones rurales de joindre facilement les centres
d'écoulement de leurs produits ».
Et pour preuve, la route du développement passe par le
développement de la route. Néanmoins, il n'y a aucune fermeture
territoriale absolue et définitive. C'est le cas actuellement, avec la
construction de la route Koudougou-Dédougou dont le démarrage est
prévu pour novembre-décembre 20095'.
Paragraphe II : De la commercialisation des produits
maraîchers
Au 30 juin 2007, écrit Madi Savadogo (avril-juin 2007),
la production agricole totale dans la région de la Boucle du Mouhoun
faisait état de 62 912 tonnes dont 47 165 pour les cultures
maraîchères. On note donc une nette domination des cultures
maraîchères qui représentent, à elles seules, 75%
des productions engrangées.
45 Le chef-lieu de la région de la Boucle du
Mouhoun (Dédougou) n'est pas relié à Ouagadougou par une
ligne directe entièrement bitumée.
46 Hal Hellman (1976), Nourrir l'homme de
demain, Editions Nouveaux Horizons, New York, 270 pages. Dans
l'épilogue de son ouvrage, il insiste sur la nécessité de
diriger la construction de routes au même titre que la construction des
réseaux d'irrigation.
47 Mme NABOLLE/KABORE Marie Denise Panogb-Né
(2002-2003), La problématique du transport rural au Burkina
Faso, sous la direction de M. LOYA T. Bruno, Mémoire de fin de
cycle pour l'obtention du diplôme de l'ENAM, Section Administration
Générale.
48 NYAMEOGO Paul (1983-1984), Cultures de rente et
développement rural en Haute-Volta, Sous la direction de M. YODA B.
Alain, Mémoire ENA, Section Conseiller des Affaires Economiques.
49 Adoption d'un document de stratégie
nationale du transport rural par Décret n°2003-
138/PRES/PM/MITH/MAHRH/MATD/MFB/MCPEA du 14 mars 2003.
50 NYAMEOGO Paul (1983-1984), Cultures de rente et
développement rural en Haute-Volta, Sous la direction de M. YODA B.
Alain, Mémoire ENA, Section Conseiller des Affaires Economiques, page
45.
51 Journal télévisé, session de
20heures du lundi 9 mars 2009 présenté par Alfred Nikièma.
Interview du Ministre des infrastructures et du désenclavement, Monsieur
Seydou KABORE.
Quant à la Kossi, poursuit-il, sur une production
totale de 2 076,6 tonnes, les cultures maraîchères se sont
taillé la part du lion avec 1 302 tonnes, soit 63% de la production
engrangée52.
A Nouna, pour la campagne de Petite irrigation villageoise (PIV)
2008-2009, la superficie totale emblavée en maraîchage est de 19
hectares53.
Tous les maraîchers de Nouna sont unanimes sur le fait
que les cultures maraîchères ont une très bonne
rentabilité financière. Leur production est écoulée
à Nouna et dans les villages voisins. Quelques maraîchers ont des
circuits de vente plus élaborés, allant de Nouna à
Dédougou, en passant par Solenzo. La vente se fait, par ordre
décroissant, en gros, demi-gros et en détails. Les principaux
clients sont les restaurateurs et les vendeuses de légumes au
marché de Nouna. Les maraîchers, sauf ceux du groupement
féminin « Sababouyouma », ne sont pas organisés en
association pour vendre, de façon concertée, leur production.
Chacun développe des stratégies individuelles pour maximiser ses
bénéfices. Dans ces conditions, il arrive que les légumes
pourrissent à cause de l'absence d'acheteurs ou encore, ce sont des
acheteurs à crédit qui rechignent à payer leurs dettes.
Les maraîchers à Nouna ne tiennent pas toujours
compte de certains facteurs rationnels qui dictent les choix des consommateurs.
Ce sont, entre autres, la disponibilité du produit, sa qualité et
son coût. Par exemple, la diversification de la production est le
principal noeud. Chacun cultive de l'oignon ou des choux, à la
même période, pour vendre aux mêmes clients. Au
finish, l'on assiste à un déficit chronique ou a
contrario à une abondance de la même spéculation.
C'est ainsi qu'en situation d'abondance, le producteur peut subir des pertes en
nature (pourriture des légumes non payés) ou en espèces
(achat au bas prix des spéculations proposées).
Les solutions pourraient résider dans le regroupement des
maraîchers, dont l'expérience des producteurs de tomates de
Illa54, en la matière, est enrichissante.
52 « Physionomie de la campagne agricole 2007-2008 au 30
juin 2007 » Madi SAVADOGO, in Echo 002, avril-juin 2007, DRAHRH/
Boucle du Mouhoun, pages 3-5.
53 Programme des activités de Petite Irrigation
Villageoise (PIV) 2008/2009, Direction provinciale de l'agriculture, de
l'hydraulique et des ressources halieutiques (DPAHRH) de la Kossi, septembre
2008, 14 pages.
54Illa est un village situé à l'est
de la commune rurale de Barani, dans la province de la Kossi. Les
maraîchers ont produit de la tomate hors saison (mois de mai),
période à laquelle les prix sont rémunérateurs,
grâce à l'appui technique et à la recherche de
débouchés par la DPAHRH/Kossi. Sur une superficie de 36 hectares,
les producteurs ont obtenu 320 tonnes de tomates et ils ont
commercialisé la totalité de la production à des
commerçantes venues du Ghana à des prix très
rémunérateurs. Confère « Le défi des
producteurs de Illa », Romain COULIBALY, DPAHRH/Kossi, in Echo
n°006, avril-juin 2008, DRAHRH/ Boucle du Mouhoun, page 19.
CHAPITRE II : SUGGESTIONS POUR UN ACCES SECURISE
AUX TERRES DE MARAICHAGE A NOUNA
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