Paragraphe II : Du cas des migrants et des jeunes
La province de la Kossi est une zone d'accueil des migrants,
par excellence. Ces derniers sont venus surtout du nord Ouahigouya pour ce qui
est des Mossi, du delta intérieur du Niger, du manding pour les Samo et
les Dogon et du Macina (Mali) pour les peulh des départements de Barani
et de Dokuy42.
Sur le site maraîcher de Nouna, les migrants ont leur
place, de façon individuelle ou collective. De plus, ils affirment,
comme G.M., « être bien insérés dans la
société nounalaise. Il s'agit, surtout, des Mossi
originaires du Nord du Burkina Faso.
Au secteur 4 par exemple, il existe un groupement mossi qui
dispose d'un (1) hectare de terrain, depuis deux décennies. La
production est mécanisée avec des motopompes. La récolte
est satisfaisante, sinon l'une des meilleures à Nouna, avec trois
récoltes par an et environ 675 sacs de 100kg de spéculations
diverses, dont l'oignon bulbe, principalement. Le chiffre d'affaires est
très intéressant car, il tourne autour de 15 millions de francs
CFA par an.
Malheureusement, ces producteurs migrants ne disposent d'aucun
papier administratif qui témoigne de leur droit de détention ou
d'exploitation de la terre. C'est également le cas des jeunes
nounalais.
C'est un fait que la population burkinabè est
essentiellement jeune, puisque 78,22% de cette population a moins de 35
ans43. Paradoxalement, les adolescents et les jeunes sont
généralement sans emploi et bénéficient de moins en
moins de réseaux traditionnels de solidarité à cause de la
crise économique.
De structuration gérontocratique, la
société nounalaise donne la suprématie aux hommes,
notamment aux aînés, de sorte que les cadets et les femmes
occupent une position marginale dans la prise de décision, bien que ce
soit une couche nombreuse, disponible à toute épreuve et
dynamique44.
Bras valides, les jeunes ne sont pas payés pour aider dans
l'entreprise familiale de maraîchage, bien qu'ils soient une main
d'oeuvre disponible à toute épreuve.
42
Plan communal de développement, 2004-2008, Commune de
Nouna, Sahelconsult, version définitive, février 2005, 168 pages
sans les annexes.
43 La population de 0 à 34 ans est de 10 963
979 sur 14 017 262, pour la population totale du Burkina Faso. Source :
Résultats définitifs du Recensement général de la
population et de l'habitation (RGPH) 2006, I NSD, juillet 2008.
44 Plan communal de développement, 2004-2008,
Commune de Nouna, Sahelconsult, version définitive, février 2005,
168 pages sans les annexes.
Les jeunes représentent plus de 80% de la main d'oeuvre
travaillant sur les sites maraîchers mais seulement 5% d'entre eux
reçoit une rémunération contre le travail fourni.
Socialement, tout jeune a le devoir de travailler sans
paiement monétarisé dans le champ familial. Et pour cause, le
fait de se nourrir de ce gagne-pain familial est amplement suffisant. B.K.
maraîcher au secteur 4, trouve choquant de payer les jeunes qui
travaillent avec lui : « Ce sont des enfants, des neveux et des
cousins. On est tous ensemble. Je ne vois pas pourquoi, je les payerai comme
s'ils sont des étrangers. Je satisfais à leurs besoins et on
s'entend bien ».
Le problème se pose quand un membre de la famille brade
la terre familiale au détriment des intérêts du groupe. De
plus, les sols ne sont plus fertiles comme par le passé et le
morcellement croissant des terres de cultures entre les différentes
unités familiales, en cas d'héritage, rendent la situation
davantage problématique.
Section II : Des difficultés liées au
transport et à la commercialisation des produits
maraîchers
La rentabilité d'une exploitation agricole ne
dépend pas seulement de l'accès à la terre et de la
sécurisation foncière, dans leur stricte acception. Elle
dépend aussi de l'état des routes et de l'écoulement de la
commercialisation. Or, à Nouna, les dures réalités du
transport et des débouchés sont un inconvénient de taille
pour la réussite de la filière « maraîchage ».
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