Paragraphe 1 De la situation des femmes
Les femmes constituent 49,6% de la population nounalaise,
selon les résultats définitifs du Recensement
général de la population et de l'habitation (RGPH)
200639. Cependant, elles sont très souvent
marginalisées sur le plan économique, politique et social. A
Nouna, l'accès aux terres de maraîchage se fait
généralement par héritage ou par achat.
L'héritage est patrilinéaire, excluant de
facto la gente féminine. La raison évoquée, c'est que
la femme, par l'acte de mariage, quitte sa famille pour rejoindre celle de son
mari40. Une fois mariée, la femme est
considérée comme une étrangère au niveau de la
famille de son époux et échappe une fois de plus au
système d'héritage.
39 Résultats définitifs du recensement
général de la population et de l'habitation (RGPH) 2006, INSD,
juillet 2008. Cf. le tableau 6 en annexes pour les détails sur la
population de Nouna.
40 Les sociologues qualifient ce système de
logement où la femme quitte son domicile pour celui du conjoint de
« virilocalité ».
De plus, Nouna est une ville fortement islamisée. Selon
l'islam, la femme a droit à l'héritage mais elle n'est pas sur le
même pied que l'homme puisqu'elle reçoit, en
général, le tiers ou la moitié de ce que l'homme
reçoit.
De plus, les femmes n'ont pas un droit d'appropriation mais
plutôt un droit d'exploitation provisoire, précaire, qui peut
cesser à tout moment. En effet, écrit Mme GUINGANI née
ZOURE Aminata (2001-2002)4', les
femmes n'ont pas le droit d'accéder à la propriété
de la terre car celle-ci est intimement liée aux rites familiaux et aux
cultes voués aux ancêtres, apanage des hommes dans les
sociétés patrilinéaires dagara, gourmantché, mossi,
bissa et sénoufo. Le droit foncier coutumier reste alors une affaire
d'hommes. C'est pourquoi, elle résume le statut foncier des femmes en
trois termes : « incertitude, inégalité et
insécurité ».
Sauf dans le cas de l'achat, la femme, à Nouna, ne peut
accéder à la terre que par le biais de son époux ou d'une
tierce personne. A ce moment, elle travaille la terre aux côtés de
son mari ou de ses frères. Même dans le cas de l'achat, nombreuses
sont les femmes qui ne sont pas nanties économiquement et donc capables
de s'acheter une parcelle. C'est pourquoi, elles s'unissent souvent dans le
cadre associatif. C'est le cas du groupement « Sababouyouma » de
Nouna. Sur un site de un (1) hectare, acheté il y a 14 ans à 60
000FCFA aux détenteurs de droits fonciers coutumiers, quarante-cinq (45)
femmes y travaillent et subviennent aux besoins de leurs familles, grâce
aux bénéfices engrangés. Elles récoltent deux fois
par an, en moyenne, 450 sacs de 100kg de spéculations diverses.
Ces femmes battantes, on les retrouve également comme
vendeuses de légumes au marché de Nouna. Grâce à
leur travail, elles s'occupent mieux du repas de la famille, pourvoient
à certains besoins, scolarisent les enfants, s'achètent des
vêtements, des moyens de locomotion... Le visage souriant, T.F., vendeuse
de légumes au marché de Nouna affirme fièrement :
« Avec la vente des légumes, j'ai acheté un vélo
».
Certes, la situation des femmes sur les sites maraîchers
à Nouna n'est pas reluisante. Somme toute, l'activité leur permet
de subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles
respectives.
41 Mme GUINGANE/ZOURE Aminata (2001-2002), Le
statut de la terre et son accessibilité par la femme au Burkina
Faso, sous la direction de M. Valentin OUOBA, Mémoire ENAM, section
Administration Générale.
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