Section 1 De l'accès à la terre
L'accès à la terre et la sécurisation
foncière sur les sites maraîchers sont des conditions essentielles
pour un développement de la filière légumes à
Nouna. Encore faut-il que certaines contraintes soient levées.
D'où les présentes suggestions.
Paragraphe 1 Propositions d'ordre général
A Nouna, l'accès à la terre par le biais des
coutumiers demeure le principal recours. L'accès aux terres de
maraîchage devient de plus en plus problématique car, elles
deviennent rares. L'héritage et l'achat sont les principales formes
d'accès. Comment faciliter l'accès et la valorisation des terres
de maraîchage ?
L'organisation en groupement pourrait être une
alternative salvatrice. Certes, les groupements de maraîchers ne manquent
pas. Selon K.A.W. « Ce n'est pas que les associations n'existent pas ;
c'est plus fictif que réel. C'est juste pour disposer d'un fonds
à un moment donné, se le partager et après, rien
». Néanmoins, il reconnaît : « Il faut une
solution collective. Les maraîchers sont nombreux et font du bon travail
mais individuellement, chacun dans son coin, pour avoir son gain. S'ils se
retrouvaient, il y'aurait plus d'avantages ». Plus
découragé des structures associatives, S.A. avoue d'une voix
triste : « Je ne fais plus partie des groupements. Avant, j'en faisais
partie mais, ça n'a pas marché. On m'a pris pour un idiot.
Maintenant, je suis indépendant ».
Pourtant, une saine organisation des producteurs, en groupement,
permettrait :
· D'agrandir les superficies emblavées ;
· De moderniser les équipements ;
· De conjuguer les connaissances pour produire en
quantité et en qualité ;
· D'octroyer des terres aux couches
défavorisées, en l'occurrence aux femmes ;
· De commercialiser en groupe, pour gagner plus de
bénéfices ;
· De contrôler les transactions foncières sur
les sites maraîchers, entre les propriétaires coutumiers et les
exploitants.
Paragraphe II Propositions d'ordre spécifique
L'accès des femmes aux sites maraîchers à
Nouna reste difficile. Elles dépendent grandement des hommes, dans ce
domaine. Pour une réelle émancipation, les femmes pourraient :
Se regrouper dans des cadres associatifs pour accéder,
plus aisément, à la terre, surtout que leur pouvoir
économique est faible pour leur permettre des achats individuels de
terres de maraîchage ;
Donner l'exemple dans leurs sites de maraîchage. Cela
passe par un travail bien fait et un investissement des bénéfices
de l'activité, par exemple, dans la scolarisation des enfants. Ainsi,
les hommes pourraient mieux les soutenir dans leur accès aux bonnes
terres, dans la mesure où, le résultat final profite à
toute la famille.
Quant aux migrants et aux jeunes, ils ne rencontrent pas de
grandes difficultés, comme les femmes. Toutefois, le problème
crucial pour ces groupes, comme pour les autres, reste la raréfaction
des terres de maraîchage, avec l'extension de la ville et l'absence de
titres de jouissance pour sécuriser leurs terres.
Section II De la sécurisation
foncière Paragraphe I Propositions d'ordre
général
La meilleure sécurisation sur les sites
maraîchers à Nouna viendrait des titres de jouissance. Il est
admis que lorsque la terre est sécurisée, sa valeur augmente. La
commune de Nouna pourrait demander l'élaboration d'un schéma
directeur d'aménagement des bas-fonds de la ville. Une fois la situation
diagnostiquée, elle pourrait procéder à l'octroi de titres
de jouissance aux maraîchers. Ces derniers pourraient se regrouper en
associations dynamiques, en vue de bénéficier de grandes
superficies pour l'exploitation.
De plus, il y a lieu de trouver une solution de
complémentarité, telle que la constatation des droits coutumiers,
en vue de leur officialisation. La coutume, au Burkina Faso, ne doit pas
être perçue comme rétrograde, à formes multiples,
donc difficile à prendre en compte dans la législation. Nous
prônons une anthropologie juridique, dans le cadre de l'accès
à la terre et de la sécurisation coutumière, mais de
manière clarifiée, c'est-à-dire un
dispositif crédible à côté du dispositif juridique
officiel. En attendant donc la délivrance de titres de jouissance aux
maraîchers à Nouna, il est nécessaire d'établir des
attestations de prêts, de vente ou d'héritage aux
détenteurs de droits coutumiers sur les sites maraîchers et
préciser, par la même occasion, leur nature et leur
durée.
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