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Crises financières : Cas de la crise des subprimes 2007

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par Tayeb BENDJEDI et Mohammed GHILES
Université de Toulouse 1 - Master 1 Finance 2009
  

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B. L'équilibre de run bancaire

L'analyse offerte par Diamond et Dybvig indique la fragilité des transactions bancaires basées sur des passifs liquides et des actifs illiquides, mais elle ne prend pas en considération l'équilibre dans le secteur bancaire. Cependant, elle suppose que le portefeuille de la Banque (x, y) et le contrat de dépôt (c1, c2) sont choisis à la date 0, dans l'attente que la première répartition optimale sera atteinte. En d'autres termes, la ruée à la date 1, s'elle se produit, est totalement inattendu à la date 0. En prenant les décisions à la date 0 comme donnée, l'équilibre à la date 1 dans lequel la ruée survient est facile à définir, mais ce n'est pas pareil que de montrer qu'il existe un équilibre qui commence à la date 0 où une ruée est prévue de se produire. Si les banques anticipent la possibilité d'une ruée, leurs décisions à la date 0 seraient différentes et cela, à son tour, pourrait avoir une incidence sur la probabilité ou la possibilité d'une ruée à la date 1. Ce dont on a besoin est de considérer un équilibre qui décrit les décisions cohérentes à toutes les trois dates. Dans ce sens, le modèle nous fournit une justification cohérente de la ruée bancaire comme faisant partie d'un équilibre qui inclut les décisions prises à la date 0. Il procède en établissant un certain nombre de faits ou de propriétés de l'équilibre de ruée bancaire avant de décrire la situation globale.

a. L'impossibilité de prévoir la ruée bancaire

Notant d'abord au sujet de la construction d'un équilibre de ruée bancaire que ce dernier ne peut pas se produire avec probabilité 1. Si une ruée bancaire est certaine à la date 0, la banque sait que chaque unité du bien investi dans l'actif long sera r unités à la date 1. Si r <1, l'actif long est dominé par l'actif court et la banque ne peut pas du tout investir dans des actifs long. Si r = 1, les deux actifs sont identiques. Dans les deux cas, le contrat de dépôt est optimal (c1, c2) = (1, 1) et il n'y a pas de motif pour une ruée bancaire: les épargnants auront la même consommation, qu'ils rejoignent le ruée ou pas. Donc, le mieux que nous pouvons espérer est qu'une ruée bancaire se produise avec probabilité positive.

b.

16

Le rôle des taches solaires (Sun spots)

L'incertitude sur la ruée bancaire introduit un nouvel élément dans la théorie. Dans le modèle actuel, il n'y a aucune incertitude sur les agrégats fondamentaux, tels que les rendements des actifs, la proportion de consommateurs de type 1, et ainsi de suite. Le type d'incertitude que Allen et Galle considère ici est endogène, dans le sens où elle n'est pas expliquée par les chocs sur les fondamentaux du modèle. Pour expliquer une telle incertitude, les justifications de ruée bancaire vont souvent être appelées psychologie de foule. Les justifications modernes l'expliquent comme le résultat de la coordination entre les personnes, qui sont facilitées par des variables extérieures appelé taches solaires, il suffit pour le moment de constater que l'incertitude n'est pas expliquée par des chocs exogènes, mais qu'elle est complètement compatible avec les exigences de l'équilibre, à savoir que chaque individu ait la maximisation de son utilité espérée et que les marchés s'éclaircissent.

Le modèle commence par l'hypothèse que la ruée bancaire apparait à la date 1 avec la probabilité 0 <ð <1. Pour être plus concret, le modèle présume qu'il existe une variable aléatoire (taches solaires) qui prend deux valeurs, disons, élevé et faible, avec des probabilités ð et 1 - ð, respectivement. Lorsque la réalisation de la variable aléatoire est élevée, les déposants courent à la banque et inversement. Notez que la variable aléatoire n'a pas d'effet direct sur les préférences ou bien sur les rendements d'actifs. Il s'agit simplement d'un dispositif pour coordonner les décisions des épargnants. Il est rationnel pour les déposants de modifier leur comportement en fonction de la valeur de la tache solaire simplement parce qu'ils s'attendent à ce que tout le monde fasse pareil.

c. Le comportement de la banque en présence d'une ruée bancaire

L'attente d'une ruée bancaire à la date 1 change le comportement de la banque à la date 0. La banque doit choisir habituellement un portefeuille (x, y) et proposer un contrat de dépôt (c1, c2), mais elle le fait dans l'espoir que les flux de consommation (c1, c2) ne seront atteints que si elle est solvable. Dans le cas d'une ruée bancaire, d'autre part, le déposant typique recevra la valeur du portefeuille liquidé rx + y à la date 1. Cela signifie que

? avec une probabilité ð il y a une ruée et la consommation du déposant est, rx + y quel que soit son type;

? avec une probabilité (1-ð) ë il n'existe pas de ruée : le déposant est un consommateur de type 1, et sa consommation à la date 1 est c1;

y' et avec une probabilité (1 - ð) (1 - ë), il n'y a pas de ruée: le déposant est un consommateur de type 2, et sa consommation à la date 2 c2.

Les résultats des décisions de la banque lorsque les ruées sont anticipées sont illustrés dans la Figure 1
Figure 1. Résultats de l'équilibre lorsque les ruées sont anticipées avec probabilité

Source : Allen et Gale (2008)

d. Le portefeuille optimal

Si c1 représente le paiement aux consommateurs de type 1 lorsque la banque est solvable et (x, y) désigne le portefeuille. L'utilité espérée du déposant représentatif est donc :

ðU(y + rx) + (1 - ð) {ëU(c1) + (1 - ë)U (c2)} .

Le modèle suppose maintenant que nous augmentons y par un petit montant å> 0 et nous baissons x par ce même montant. Nous augmentons ëc1 par å et réduisions (1 - ë) c2 par Rå. Cela garantit que les contraintes de faisabilité sont satisfaites à chaque date. Le changement d'utilité espérée est donc le suivant :

ð U (1) (1 ð 0) ë U ( c ) (1 ë ) U ( c 2 ) ë U (1) (1 ë ) U ( R )

0 { }

+ - + - = + -

* *

1

Le portefeuille optimal doit donc satisfaire la condition de premier ordre suivante :

18

ð U y rx 1 r 1 U c1 1 U c2 R

' ( ) ( ) ( ) ( ) ( ) ( )

+ - + - ð = - ð

' '

Si ð = 0, cela réduit alors à la condition courante U (c1) = U (c2) R. Ces relations sont représentées dans le graphique de la figure 2. Cette dernière condition tient à y* tandis que la première tient à y** . Ainsi, la possibilité d'une ruée augmente la valeur marginale y (court actif a un rendement plus élevé qu'un actif long en état de faillite, si r <1) et, par conséquent, augmente le montant de l'actif court tenue dans le portefeuille.

Figure 2. La détermination du portefeuille optimal lorsque la ruée est
possible

Source : Allen et Gale (2008)

e. Le contrat de dépôt optimal

Il est ici question de montrer que la ruée bancaire est possible lorsque le contrat de dépôt est choisi pour résoudre le problème de décision de la banque. Pour maximiser l'utilité espérée, la banque doit choisir le contrat de dépôt (c1*, c2*) satisfaisant la condition de premier ordre suivante :

U' (c1 *) = RU' (c2 *)

Cette condition joue un rôle crucial pour déterminer si la banque manquera de liquidité ou pas. Et si l'aversion relative pour le risque est supérieure à 1, la solution de la condition de premier ordre doit vérifier :

c1 >1

Cette condition implique qu'il existe la possibilité d'une ruée. Si tous les déposants essaient de retirer à la date 1, la demande totale de la consommation est c1* > 1. Or, le maximum qui peut être fournie par la liquidation de tous les actifs longs est de 1. Toutefois, il ne restera plus rien à la date 2, les déposants vont se rejoindre à la ruée au lieu d'attendre jusqu'à la date 2 pour retirer. Dans ce qui suit, le modèle suppose que les préférences de l'agent doivent satisfait la condition que

· aversion relative pour le risque est supérieure à 1, qui est,

> ? >

1, c 0

U»( c ) c

-

U' (c)

Afin de simplifier la caractérisation de l'équilibre, le modèle ne considère que le cas particulier dans lequel les actifs longs, une fois liquidés prématurément, rapportent beaucoup plus que les actifs courts. En d'autres termes :

· la valeur de liquidation de l'actif long est r = 1.

Cela implique que l'actif long domine l'actif court; le modèle suppose ainsi dans ce qui suit que l'ensemble du portefeuille bancaire est investi dans l'actif long.

Dans le cas d'une ruée bancaire, la valeur liquidée du portefeuille de la banque est 1 unité du bien, de telle manière que chaque consommation du déposant est aussi 1 unité de bien. Si la banque est solvable, les déposants reçoivent le profil de consommation promise (c1, c2). Ces quantités choisies pour maximiser l'utilité espérée du consommateur typique dans le cas où la banque est solvable. Le contrat de dépôt doit résoudre le problème de décision suivant :

max ëU (c1) + (1 - ë) U(c2)

Rëc1 + (1 - ë) c2 = R

Pour comprendre la raison pour laquelle la contrainte budgétaire prend cette forme, il faut noter que la banque a promis un total de ëc1 unités aux consommateurs de type 1 qu'elle doit liquider à la date 1. Le montant de l'actif long à gauche est de (1 - ëc1) et cela rapporte R (1 - ëc1) d'unités de consommation à la date 2. Ainsi, le montant maximum qui peut être engagé aux épargnants (qui est de (1 - ë) c2) doit

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être inférieur ou égal à R (1 - ëc1). En effet, une unité de consommation à la date 1 est la valeur R d'unités de consommation à la date 2.

f. Equilibre sans ruée

La banque peut éviter une ruée par le choix d'un contrat sûr12 . En effet, les arguments en faveur de l'existence d'un équilibre d'une ruée à la date 1 ont été fondés sur l'hypothèse que c1> 1. Ainsi, si tous les consommateurs rejoignent la ruée bancaire à la date 1, il n'est pas possible que la banque puisse offrir à chacun c1. En fait, la banque va procéder à la liquidation de tous ses actifs. En outre, vu que les actifs de la banque sont épuisés à la date 1, les personnes en attente jusqu'à la date 2 pour retirer ne recevront rien. Afin de supprimer cette incitation à rejoindre la ruée, la banque doit choisir un contrat de dépôt qui satisfait la contrainte supplémentaire c1 = 1. Si on résout le problème

max ëU(c1) + (1 - ë)U(c2) s.t. Rëc1 + (1 - ë)c2 = R c1 = 1

Le modèle trouve la solution (c1**, c2**) = (1, R). Dans ce cas, la banque sera en mesure de donner à chacun le remboursement promis c1 à la date 1. Plus précisément, si 1 - å des déposants retire nt à la date 1, la banque doit liquider 1 - å unités des actifs longs, laissant å unit és de ces actifs à pour les autres consommateurs. Ensuite, chaque consommateur qui retire à la date 2 recevra åR / å = R> 1.

g. Caractérisation des régimes avec et sans ruée

Si la banque s'attend à une ruée avec une probabilité ð, la consommation du déposant est alors 1, quel que soit son type. Avec une probabilité 1 - ð il n'y a pas de ruée et avec une probabilité ë le déposant est de type 1 et sa consommation est c1* et avec une probabilité 1-ë, il est de type 2 et sa consommation c2*. Les résultats possibles sont illustrés à la figure 3. L'utilité espérée du déposant typique sera :

ð U 1 1 ð ë U c 1 ë Uc 2 ,

( ) ( ) { ( 1 ) ( ) }

+ - + -

* *

12 Jusqu'à présent, le modèle a supposé que la ruée se produit avec une probabilité ð et que la banque prend cette possibilité comme étant donné dans le choix d'un contrat de dépôt optimal

Le modèle nous a montré que le choix de portefeuille de la banque (x, y) = (1, 0) et le contrat de dépôt (c1*,2*) optimisera cet objectif, en prenant la ð probabilité d'un e ruée comme donnée. Par ailleurs, si la banque choisit un contrat de dépôt qui permet d'éviter tous les ruées, l'utilité espérée du déposant typique est

ëU c 1 ë U c 1 ë U 1 1 ë UR

( 1 ) ( ) ( ) ( ) ( ) ( )

** + - = + -
**

Le fait qu'il est préférable pour la banque d'éviter la ruée ou d'accepter le risque d'une ruée avec une probabilité ð dépend d'une comparaison entre les services publics prévu dans chaque cas. Précisément, il sera préférable d'éviter les runs si :

Maintenant, l'utilité espérée de la stratégie de sécurité ëU (1) + (1 - ë) U (R) se situe entre ces deux valeurs:

U (1) <ëU (1) + (1 - ë) U(R)

< + -

ë U c 1 ë U(c 2 )

( 1 ) ( )

* *

Figure 3. La détermination des zones qui supportent les ruées

Source : Allen et Gale (2008)

Ainsi, il existe une valeur unique 0 <ð0 <1 tels que :

22

ð U (1) (1 ð 0) ë U ( c ) (1 ë ) U ( c 2 ) ë U (1) (1 ë ) U ( R )

0 { }

+ - + - = + -

* *

1

Si ð = ð0, la banque va être indifférente entre les deux stratégies. Evidemment, si ð <ð0 la banque va préférer la ruée et ne préfère pas de ruée si ð> ð0. Ces deux régions sont illustrées dans la Figure 3. Le modèle nous avez montré que, tant que la probabilité de ruée bancaire est suffisamment faible, il existe un équilibre dans lequel la banque est prête à courir le risque d'une ruée, parce que le coût d'éviter le ruée est supérieur aux profits de la banque.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand