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Crises financières : Cas de la crise des subprimes 2007

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par Tayeb BENDJEDI et Mohammed GHILES
Université de Toulouse 1 - Master 1 Finance 2009
  

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Section 2 : La détérioration des fondamentaux d'aversion pour le risque et de taux d'intérêt

Les fluctuations de l'aversion pour le risque41 des investisseurs peuvent aussi expliquer les crises sur les marchés financiers. L'alternance entre des phases d'optimisme, poussant les investisseurs vers les placements risqués, et des phases de pessimisme, où ceux-ci se replient vers les placements les plus sûrs, pourrait être à l'origine de fortes fluctuations des prix d'actifs. Un problème dans l'évaluation de ces différentes phases est de bien séparer le risque perçu par les agents de l'aversion pour le risque elle- même. (Coudert, Gex, 2006)

Les crises financières devraient être précédées de périodes de montée de l'aversion pour le risque. 42 En principe, une hausse de l'aversion pour le risque devrait se traduire par une augmentation des primes de risque sur tous les marchés mais l'augmentation devrait être plus forte sur les marchés les plus risqués. C'est sur cette idée qu'est fondé le GRAI (global risk aversion index) introduit par Persaud (1996).

Des études récentes montrent que le modèle de financement des subpri mes a entraîné une diminution de l'aversion au risque 43 (figure 16) des prêteurs et une sous-évaluation du risque à l'origine des crédits. La dissémination du risque, qui est la raison d'être de la titrisation, s'est accompagnée d'une déperdition d'information sur le risque des crédits tout au long de la chaîne qui va de l'emprunteur initial aux acheteurs des tranches de crédit titrisées. Ce modèle de financement est devenu une machine à engendrer des pertes. Du côté des prêteurs, la réduction de l'aversion pour le risque se révèle de deux manières. Le nombre de prêts hypothécaires acceptés a été multiplié par deux de 1996 à 2005 ; le spread des crédits Subpri mes à 30 ans sur les obligations d'état de même durée a baissé de 225 à 175 points de base entre 2001 et 2005.

41 La notion d'aversion pour le risque a l'avantage d'être intuitive, dans la mesure où elle peut être aisément interprétée comme un sentiment de défiance des investisseurs vis-à-vis des placements risqués (Coudert, 2006)

42 Il est possible toutefois aussi que certaines crises financières soient précédées au contraire de périodes de fort « appétit pour le risque » durant lesquelles les investisseurs sont exagérément optimistes, ce qui crée une « bulle spéculative » sur les prix des actifs risqués.

43 C'est du, entre autres, au fait que les AMR étaient destinés aux ménages ayant de faibles niveaux d'aversion au risque et qui refusent ainsi de payer la prime pour une hypothèque à taux fixe.

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En revanche, depuis août 2007, l'aversion au risque est bien sûr remontée brusquement pour atteindre un niveau supérieur à celui atteint en septembre 2001 ou lors du scandale Enron. Plus précisément, si l'on retient les seuls marchés obligataires (figure 17), les rémunérations sont de l'ordre de 300 points de base (pb) dans les années 2000 pour les notes BAA et de 800 pb pour les pays émergents (Emerging Markets Bond Index +), soit un spread de l'ordre de 500 pb. Ce dernier diminue alors régulièrement pour atteindre 300 pb à partir de 2005, puis s'annule pratiquement début 2007. La causalité est donc claire : l'ample liquidité conduit les acteurs à chercher des actifs plus risqués pour leurs placements, en quête de rendement. (CAE 2008)

La relative faiblesse de papier fait alors baisser les rendements, autrement dit le prix du risque. Plus le temps passe, plus de risques sont ainsi pris sans être correctement rémunérés, en même temps que la volatilité de l'inflation baisse et que la liquidité globale demeure importante. Les conditions d'un retournement brutal se mettent en place, mais les acteurs financiers rechignent à le prendre en compte, retenant l'idée que les banques centrales continuent de veiller à la stabilité de l'ensemble.

Figure 16. Baisse de l'aversion au risque 2003-2006

Figure 17. Spreads sur obligations risquées

Une autre caractéristique frappante de l'environnement macro-économique mondial a été la baisse du niveau des taux d'intérêt réels depuis 2001, et en particulier le déclin marqué depuis l'éclatement de la bulle technologique à la fin de 2000. Ceci est clairement démontré par la figure 18, qui est pris de Desroches et Francis (2007). Les taux sont relativement faibles dans la première partie de la décennie. Cette faiblesse des taux d'intérêt a stimulé l'augmentation du financement hypothécaire et des augmentations substantielles des prix de l'immobilier. Les taux d'intérêt bas créent un environnement économique propice à l'emprunt, tandis que le laxisme des normes de prêt a mis en place un cadre institutionnel accueillant (Bardhan, 2008). De tels déséquilibres macro-économiques sont plus susceptibles de précipiter une crise lorsque le système financier est faible, car les autorités seront moins en mesure de relever les taux d'intérêt afin d'éviter l'hémorragie de capitaux de l'économie, ce qui reflète la crainte que la faiblesse des banques à ne pas faire face aux taux d'intérêt plus élevés (Eichengreen, 2004)

En effet, la plupart des prêts hypothécaires subprime sont des prêts à taux ajustables (ARM), avec la variation d'une structure hybride connu sous l'appellation de 2/28 ou 3/27. Les ARM de 2/28 et de 3/27 ARM portent généralement sur des prêts 30 ans d'amortissement. La principale différence entre ces deux types d'ARM est la longueur du temps. Dans un ARM de 2/28, le chiffre 2 représente le nombre des premières années au cours desquelles le taux hypothécaire reste fixe, tandis que le 28 représente le

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nombre d'années où les taux d'intérêt payé sur l'hypothèque sera flottant. De même, le taux d'intérêt sur un ARM de 3/27 est fixé pour trois ans, après quoi il flotte pour le reste de l'amortissement qui est de 27 ans. La marge qui est en charge sur le taux de référence dépend de l'emprunteur, du risque de crédit ainsi que des marges du marché pour les autres emprunteurs. Ce taux flotte, il change donc si le taux LIBOR change. Le taux d'intérêt est mis à jour tous les six mois, sous réserve de limites appelé plafond d'ajustement. Il y a un plafond sur chaque ajustement appelé plafond périodique et un plafond pour le taux d'intérêt sur la durée du prêt appelé le plafond de durée de vie.

Figure 18. Prix de l'immobilier et taux d'intérêt aux Etats-Unis

Au point de départ de la crise, il y a la distribution de crédits immobiliers à des ménages américains, dont le taux de défaut a considérablement augmenté (figure 19), à des taux d'intérêt ne reflétant absolument pas ce risque de défaut (figures 19 et 20).

Figure 19. Taux de défaut sur les crédits et d'intérêt aux
Etats-Unis

Figure 20. L'épargne globale, Investissement et taux d'intérêt

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