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L'évolution du marchéde la téléphonie cellulaire en Haà¯ti de 1999 à  2006: une analyse de la concurrence dans ce secteur en 2006

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par Jems Stevenson POMPEE & Clifford Réginald NAU
Centre de Techniques de Planification et d'Economie Appliquée - Diplôme d'Etudes Supérieures (DES) en Economie Appliquée 2005
  

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Chapitre 1. Cadre théorique du travail

A. La théorie des prix.

La théorie des prix cherche à expliquer les phénomènes de marché par les incitations économiques auxquelles les individus sont confrontés. Le postulat de base de cette théorie stipule que le marché est l'instrument idéal pour la circulation des informations sur les choix, il annonce les prix des offres et des demandes de chacun, elle suppose donc que la structure de marché influence directement la performance des firmes et du secteur. Le prix du marché est le seul prix réalisable, ce prix permet l'ajustement du marché qui est le mécanisme d'équilibre des quantités offertes et demandées. C'est le phénomène de la main invisible d'Adam Smith qui fait référence à la loi de l'offre et de la demande envisagée dans le cadre d'un marché parfaitement concurrentiel. Or les conditions d'existence de la concurrence pure et parfaite en tant que structure de marché sont particulièrement contraignantes. A titre d'exemple, considérons le marché des télécommunications :

La concurrence pure et parfaite fait référence à une structure de marché où les vendeurs et les acheteurs sont suffisamment nombreux pour qu'aucun ne puisse exercer une influence sur le prix, seuls les mécanismes du marché déterminent le prix d'équilibre qui s'impose donc à tous. Une concurrence est pure et parfaite si elle répond à certaines hypothèses telles :

o atomicité : acheteurs et vendeurs sont nombreux sur le marché au point que nul ne peut à lui seul influencer les prix.

o Homogénéité : les produits échangés sont identiques et substituables les uns aux autres. o Libre entrée sur le marché : il n'existe aucune barrière à l'entrée.

o Transparence : l'information des agents économiques est totale.

Le secteur de la téléphonie est généralement caractérisé par un petit nombre d'opérateurs qui se partagent le marché et qui de ce fait peuvent chacun influencer les prix, ce qui viole la loi d'atomicité. De même, les produits vendus par les différents opérateurs ne sont pas forcément homogènes vu que chacun d'eux peut utiliser des technologies différentes pour satisfaire sa clientèle. La condition de libre entrée comme caractéristique principale de la concurrence n'est pas évidente dans le cas du marché des télécommunications. En effet, les montants nécessaires pour les investissements initiaux sont importants et ne sont pas accessibles à tous. D'un autre coté, les opérateurs en place s'efforcent à différencier leur produit de façon à fidéliser leur clientèle, ce qui renforce d'avantage les barrières à l'entrée. Ainsi, parce que ces opérateurs sont constamment en situation d'interaction stratégique, et luttent activement pour acquérir de nouvelles parts de marché, ils considèrent l'information comme une arme stratégique devant leur permettre d'anticiper les actions ou réactions de leurs concurrents. De ce

fait, l'information comme ressource est précieuse et très confidentielle. L'hypothèse de transparence des informations n'est donc pas vérifiée dans le cas du marché de la téléphonie. Toutes ces considérations montrent bien que la notion de concurrence pure et parfaite ne s'applique pas au marché des télécommunications. Il faut donc intégrer les notions de monopole et de concurrence imparfaite (concurrence monopolistique et oligopole) pour expliquer les profondes mutations observées au sein du système industriel.

A.1. Le Monopole.

On parle de monopole quand sur un marché donné un seul producteur dessert l'ensemble de la demande des consommateurs. En situation de monopole, contrairement à ce qui se passe sur un marché concurrentiel où le marché fixe les prix, le monopoleur fixe lui-même le prix que les consommateurs doivent payer pour acheter son produit en fonction de la quantité de bien qu'il veut produire. La fonction de prix s'écrit alors : P = f(Q).

P

Fig. 1 Détermination du prix en
situation de monopole

Rm

Cm

D

Q

Le profit du monopole étant la différence entre les recettes et les coûts totaux, si on désigne par Ð le profit, on peut alors écrire Ð = RT - CT avec RT = P.Q ou bien RT = Q.f(Q).

On a donc la recette marginale telle que : Rm = dRT/dQ = f(Q) + Q.df(Q)/dQ.

Le profit est maximisé pour Rm = Cm, c'est-à-dire lorsque Cm = f(Q) + Q.df(Q)/dQ # Cm < P car df(Q)/dQ < 0. Donc, le prix payé par les consommateurs est supérieur au coût marginal.

Ainsi, le monopoleur continue à produire jusqu'à la dernière unité d'une quantité Q* donnée pour laquelle les recettes supplémentaires sont supérieures aux coûts supplémentaires induits par cette unité. Donc le monopoleur va augmenter son niveau de production jusqu'à ce que le coût marginal égalise la recette marginale.

En situation de monopole, la société obtient une quantité de biens inférieure à celle qu'elle souhaite obtenir pour un prix supérieur au prix d'un marché concurrentiel, c'est là l'une des principales raisons pour lesquelles les monopoles sont réprimés.

Cependant, malgré leurs performances jugées non satisfaisantes du point de vue économique, les monopoles ont surgi dans certains secteurs pour des raisons d'efficacité économique, on parle alors de monopole naturel. C'est le cas des services publics : électricité, eau, transport en commun, téléphone...

Le monopole naturel.

Le marché des télécommunications a été exploité dans un cadre très réglementé. Différents motifs étaient avancés pour justifier l'intervention de l'État dans ce domaine. Ils étaient d'ordre militaire : le téléphone, comme tous les grands réseaux est d'une importance vitale pour la sécurité intérieure et extérieure du pays (sécurité du territoire) ; politique : le téléphone était un service public, au même titre que la fourniture de l'eau ou de l'électricité, chacun devait pouvoir disposer d'un accès au téléphone au même prix dans tout le pays5. Le monopole tient principalement à une raison économique : le coût d'installation d'un réseau terrestre classique est énorme. Le premier qui assure cet investissement sur un territoire donné empêche donc l'entrée de tout nouveau concurrent dans la mesure où le coût marginal du nouvel abonné est très faible, une fois l'investissement de base réalisé.

Un monopole naturel s'installe dans une industrie si les économies d'échelles sont si fortes, qu'il est plus efficace de confier la totalité de la production de l'industrie à une seule entreprise que de la partager entre plusieurs firmes qui, d'ailleurs, risqueraient de ne pas pouvoir survivre6. Cela arrive par exemple quand pour le secteur en question, la courbe de coût total moyen est toujours décroissante.

Quelle que soit sa forme, le monopole reste une situation de marché qui ne permet pas d'obtenir une condition de production optimale pour la société. C'est pourquoi, certains secteurs qui à l'origine ont évolué dans une structure de monopole se sont transformés en une structure de marché plus concurrentielle (concurrence monopolistique ou oligopole) procurant un meilleur bien-être à la collectivité.

La remise en cause du monopole naturel dans les télécommunications.

Pendant les années 1970/1980, le retour de la doctrine libérale aux États-Unis et en Grande Bretagne encourage la déréglementation dans plusieurs domaines comme les transports aériens ou la finance. C'est également le cas pour les télécommunications. Un facteur qui amplifie beaucoup ce mouvement de libéralisation est sans doute le progrès technique. Les arguments en faveur du monopole naturel, qui étaient tout à fait valables dans un environnement technique dominé par l'analogique, disparaissent avec l'arrivée du numérique. La technologie numérique provoque une baisse des coûts des infrastructures grâce à l'augmentation des capacités des réseaux et de leurs fonctionnalités. De cette manière, la compatibilité des réseaux et la gestion des interconnexions sont de mieux en mieux assurées. La numérisation a réduit très fortement les coûts d'investissement et de fonctionnement des réseaux, il devient possible de concurrencer les grands opérateurs historiques sur certains segments de marché sans avoir à procéder à des investissements colossaux.

5 Source : Pierre Sohlberg, Alternatives Economiques n°149, Juin 1997.

6 Économie des télécoms, J.P. Goulvestre, 1997, p.47-48.

La révolution numérique n'est pas la seule raison qui a poussé à remettre en cause le monopole naturel. Les télécommunications sont devenues un facteur stratégique pour les grandes entreprises. Elles sont de plus en plus attentives à la gestion de leurs factures et contestent la lourdeur de la réglementation administrative qui pèse sur le prix des télécommunications. Un autre aspect est la diversification. Les télécommunications, ce n'est plus seulement l'acheminement de communications vocales, mais aussi de multiples services spécialisés : transfert de données, messagerie, réseaux d'entreprise reliant leurs différents sites, téléphonie mobile, etc. Il devient plus difficile de défendre le maintien d'un monopole sur des activités qui entrent dans un champ normal d'activités d'autres entreprises, en l'occurrence les constructeurs informatiques et les sociétés de service. De plus, la pression de certaines entreprises, attirées par les bénéfices réalisés par les opérateurs sur ce marché ainsi que la mondialisation des échanges accroissant la concurrence pour les transmissions de données, sont autant de facteurs qui ont accéléré le processus de libéralisation des télécommunications. Dans cette perspective de remise en cause du monopole, la concurrence monopolistique et l'oligopole semblent être les structures de marché concurrentielles les mieux appropriées pour étudier ce secteur. Ces deux structures de marché seront analysées en profondeur dans les lignes qui suivent.

A.2. La Concurrence monopolistique.

La théorie de la concurrence monopolistique stipule que la concurrence monopolistique est un régime de concurrence hybride, entre le monopole et la concurrence pure et parfaite.

Le marché de concurrence monopolistique est semblable à la concurrence pure et parfaite en ce sens qu'il peut avoir beaucoup de vendeurs, mais il s'en distingue parce que les produits sont différenciés. La structure de marché appelée concurrence monopolistique correspond à une situation dans laquelle il y a différenciation du produit, de sorte que chaque entreprise a un certain pouvoir de monopole, mais il y a également entrée libre, de sorte que les profits à long terme tendent vers zéro. Plus une entreprise réussit à différencier son produit par rapport aux produits similaires vendus par les autres firmes, plus elle dispose d'un pouvoir de monopole, c'est-à-dire plus la courbe de demande pour son produit est inélastique. Chaque firme vend sa marque de produits, sa version du produit qui est différente dans la qualité, l'apparence, la réputation, etc.

Le secteur est monopolistique dans la mesure où chaque entreprise est confrontée à une courbe de demande décroissante pour son produit. Elle a par conséquent certain pouvoir de marché puisqu'elle peut fixer son propre prix au lieu d'accepter passivement le prix du marché comme une entreprise concurrentielle. D'un autre coté il y a concurrence entre les entreprises pour attirer les consommateurs à la fois en terme de prix et de type de bien vendu. Quand on procède à une analyse détaillée d'un marché

de concurrence monopolistique, les caractéristiques spécifiques des produits et de la technologie et la nature des choix stratégiques à la disposition des entreprises sont extrêmement importantes.

Un marché de compétition monopolistique a deux critères fondamentaux : le premier et le plus important est que les firmes en concurrence vendent des produits différenciés qui sont plus ou moins substituables les uns aux autres dépendamment du degré de différenciation. Le second est qu'il y a libre entrée et sortie des firmes.

En fait, chaque vendeur travaille sur un marché distinct de celui des autres vendeurs et s'adresse à un ensemble de clients dont la fidélité varie. Si l'entreprise hausse son prix, elle perdra une partie de sa clientèle, mais pas la totalité, au profit des concurrents. Mais, comme son produit n'est pas un substitut parfait aux produits des concurrents, même en réduisant son prix, elle ne peut espérer attirer la totalité de leurs clients, comme ce serait le cas en situation de concurrence pure et parfaite. Par conséquent, la courbe de demande d'une entreprise en situation de concurrence monopolistique révèle une pente négative, comme celle d'un monopoleur, et non pas horizontale, comme celle d'une entreprise de concurrence pure et parfaite7.

Il existe plusieurs cas de marché de concurrence monopolistique comme : le marché des pâtes dentifrices, des déodorants, du savon de bain, les services médicaux, les restaurants, ~

A.3. L'oligopole.

L'existence des oligopoles comme structure de marché découle de la mise en place dans un secteur donné, de barrières à l'entrée imposées aux entrants potentiels du secteur. Les principales caractéristiques d'une telle structure de marché sont l'existence d'un petit nombre de vendeurs, la diversité des comportements stratégiques des concurrents évoluant dans le secteur et l'interdépendance des choix de chaque concurrent sur le comportement de ses rivaux. Le marché de la téléphonie mobile semble très bien répondre aux caractéristiques de l'oligopole. En effet, on y dénombre un petit nombre d'opérateurs desservant l'ensemble d'un marché très dense où chaque concurrent prend ses décisions en tenant compte du comportement et des décisions des firmes rivales.

En situation d'oligopole on parle de concurrence potentielle qui explique comment la menace d'entrée de nouveaux concurrents dans le secteur amène les firmes déjà présentes sur le marché à adopter un comportement concurrentiel en fixant leurs tarifs suffisamment proches de leurs coûts marginaux, de sorte que l'entrée d'une nouvelle firme risque d'occasionner des pertes dans l'industrie. Ainsi, on dit que la configuration de l'industrie est soutenable, si tout nouvel entrant sur le marché se trouve dans l'impossibilité de réaliser un profit quand le prix des firmes déjà présentes sur ce marché reste inchangé.

7 Équilibre de court et de long terme d'une entreprise de concurrence monopolistique en annexe.

Dans ce cas, l'oligopole en question produit au minimum du coût moyen satisfaisant la demande, on parle alors de rendements croissants. Dans le cas où l'industrie produit dans la partie croissante de la courbe de coût moyen (rendements décroissants), elle est dite non soutenable. Dans ce cas, une partie de la demande peut-être satisfaite par un nouvel entrant qui pratique un prix plus faible, l'autre partie étant soit évincée, ou bien satisfaite à des prix très élevés. Il en découle alors une distorsion du marché et une absence d'équité.

Cependant, nous ne pouvons pas expliquer les performances de ce marché par la seule connaissance de sa structure comme le veut la théorie des prix. En effet, la réalité industrielle est à l'origine des limites de la théorie des prix où la structure de marché n'explique pas toujours les résultats ou performances enregistrés dans un secteur. C'est ainsi que, pour décrire correctement le fonctionnement de plus en plus complexe des marchés, la concurrence contemporaine doit également prendre en compte les éléments déterminants de la conduite des firmes. Dans cette perspective, les théoriciens ont développé le paradigme Structure-Comportement-Performance comme cadre de référence visant à combler les imperfections de la théorie des prix.

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