D- Section 2 : Revue de littérature et
méthodologie de recherche
Cette revue de littérature porte sur les notions
essentielles à savoir :
§ la micro finance,
§ le crédit,
§ la qualité et la gestion du portefeuille de
crédits,
§ la méthodologie décentralisée,
§ la typologie des Instituions de Micro Finance.
Paragraphe 1 : Revue de littérature
A- Clarification des concepts de base
Afin de parler le même langage dans la lecture de ce
document et d'éviter toute ambiguïté, il est
nécessaire d'essayer de clarifier quelques concepts de base.
1. Notion de micro finance
La Micro finance peut être perçue comme l'offre
de services financiers de proximité. Cette définition sommaire,
ne rencontre pas très souvent l'assentiment de tous. D'après
certains, la « Micro finance » ou
« système de financement
décentralisé » est un outil qui permet de
préparer les populations à faibles revenus à
accéder au système bancaire.
Pour James WOLFENSEN (1998), Président de la Banque
Mondiale: « la Micro finance représente un des outils que
nous utilisons pour essayer de réduire la
pauvreté ».
Pour les spécialistes, « la Micro
finance regroupe une variété d'expériences
d'épargne et/ou de crédit, diverses par la taille, le
degré de structuration, la philosophie, les objectifs, les moyens
techniques, financiers et humains mis en oeuvre pour les populations à
la base avec ou sans le soutien technique et/ou financier des partenaires
extérieurs en vue d'assurer l'autopromotion économique et sociale
de ces populations » (Rapport BCEAO / BIT 1997).
Avant le développement des Institutions l'ayant
actuellement en charge, les activités de Micro finance étaient
liées à l'usure, qui consistait aux prêteurs locaux,
à accorder de petites sommes à des taux prohibitifs. Cette
activité, au lieu de stimuler le développement des micro
entreprises, servait plutôt à enrichir l'usurier. Toujours
d'après la même source, les Institutions de Micro finance au
Bénin sont identifiées en trois (03) catégories:
§ Les Institutions ou coopératives
d'épargne et de crédit qui subordonnent l'octroi de prêts
à une constitution préalable d'épargne, alimentant le
crédit.
§ Les organisations pour lesquelles l'octroi de
crédit est une activité accessoire
§ Les organisations ayant comme activité unique ou
principale, la distribution de crédit sans une constitution
préalable d'épargne, mais qui se fondent sur des garanties
proposées par les bénéficiaires comme par exemple, la
caution solidaire.
La Micro finance est une finance de proximité par
opposition aux longues procédures administratives des banques
commerciales. Abordant dans ce sens, AGNIKPE A. a présenté la
définition des praticiens qui est celle-ci, « la Micro
finance est un outil performant au service du développement à la
base. Elle constitue l'un des leviers essentiels de lutte contre la
pauvreté en augmentant les revenus, en créant des emplois et en
diminuant les dépendances vis-à-vis des fournisseurs et
usuriers ».
Le terme Micro finance n'est apparu qu'à la fin des
années 1970 à la suite de l'initiative du professeur MUHAMMAD
Yunnus qui fonda la Grameen Bank du Bengladesh. Ce terme a fait l'objet de
controverses. Selon BIO TCHANE A. « Les IMF ont commencé
leur installation au Bénin vers les années 1980, en
réplique à la mauvaise intermédiation financière
formelle ».
Les SFD jouent un rôle important dans la lutte contre la
pauvreté et dans l'amélioration des conditions de vie des
ménages surtout ruraux. Dans les pays de l'Union Economique et
Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), même si les IMF
identifiées ont des pratiques différentes, elles ont toutefois en
commun, certaines caractéristiques. Elles naissent avec l'appui des
bailleurs de fonds et certaines évoluent vers le sociétariat afin
d'atteindre une autonomie financière. Pour renforcer cette autonomie, le
gouvernement béninois à travers la cellule de Micro finance du
Ministère des Finances et de l'Economie a insisté sur la
nécessité pour les SFD de disposer d'une liberté totale
dans la définition de leur politique. Ces Institutions sont toutes,
régies par la loi PARMEC et ceci dans une perspective de
compétitivité.
Le secteur de la Micro finance regroupe les institutions de
crédit direct, les COOPEC, les ONG à volet Micro finance, les
projets à volet micro crédit, les banques communautaires, les
associations d'épargne et de crédit, les associations de services
financiers, les institutions de tontine, les banquiers ambulants, les gardes
monnaies, les banques à vocation Micro finance, les fondations de Micro
finance, les holding d'IMF et beaucoup d'autres initiatives informelles. La fin
de la décennie 80 a vu l'émergence du modèle mutualiste
et/ou de type coopératif ayant pour moteur le réseau des caisses
DESJARDIN au Canada, les banques RAFFEISEN en Suisse et le WOCCU aux Etats-Unis
d'Amérique. Ce modèle est basé sur le principe de la
collecte de l'épargne et de la distribution de crédit. Il y a eu
beaucoup de succès dans les pays du Nord, et c'est ce qui a
justifié sa vulgarisation à travers le monde.
D'après un document de séminaire organisé
par l'OIT, « tous les systèmes mutualistes en
général commencent avec un succès rapide pendant les cinq
ou dix premières années, le temps nécessaire qui leur
permet de se constituer en réseau, fruit de leur croissance
rapide ». Le constat général est qu'à
partir d'un sociétariat de 50 000 membres avec un portefeuille
relativement élevé, les réseaux mutualistes commencent par
être confrontés à de sérieux problèmes de
gestion et souvent à tous les niveaux. Les analyses de la FECECAM au
Bénin ont permis d'identifier que c'est souvent la faiblesse de la
capacité de la gouvernance qui ne permet plus de contenir la croissance.
De plus, les contradictions managériales entre les organes
délibérants et la Direction technique, sont de nature à
attiser les crises de gestion. Le principal enseignement est que lorsque le
réseau mutualiste atteint une certaine taille, il ne peut plus
être géré en Afrique comme de simples coopératives.
La croissance des réseaux leur impose la gestion bancaire tout en
gardant leur vocation de distribution de micro crédits.
La méthodologie de crédit direct a d'abord
été initiée par les ONG qui ne peuvent pas exiger des
populations pauvres, une épargne préalable et sont, de ce fait,
contraintes à leur distribuer des micros crédits. La recherche de
performance a conduit progressivement à l'amélioration de la
méthodologie en particulier avec l'institutionnalisation des ONG qui
sont arrivées à maturité. Ce sont ces nouvelles
Institutions couramment appelées IMF qui ont progressivement
constitué le réseau de la Micro finance. Actuellement, elles ont
commencé par se transformer en des banques à vocation Micro
finance après avoir fait preuve d'efficacité avec l'utilisation
des fonds privés d'investissement.
Le même phénomène s'est
réalisé avec les réseaux mutualistes. Ceux qui, à
un moment donné de leur évolution, ont su se transformer en de
véritables banques tout en gardant leur vocation première, ont
résisté à toutes les crises financières. Les
banques RAFFEISEN offrent tous les produits d'une banque commerciale et il en
est de même pour le réseau DESJARDIN qui a opéré
d'énormes transformations structurelles pour s'adapter au marché
et pour faire face à la concurrence. Ce qui veut dire finalement qu'une
IMF, à un instant donné de son développement, devra
prendre la dimension d'une banque même si elle ne l'est pas d'essence.
Comme l'a si bien signifié Marc LABIE,
« la micro finance est aujourd'hui un domaine qui mobilise de
nombreuses énergies, que ce soit dans le monde de la coopération,
dans le domaine associatif ou au sein des grandes organisations
internationales ».
2. Le crédit
« Le crédit peut être défini
comme étant la mise à disposition effective d'un bien ou d'un
pouvoir d'achat contre la promesse de remboursement dans un certain
délai, le plus souvent avec rémunération du service rendu
et du risque encouru » (BOUDINOT et FRABOT, 1978). Dans ces
conditions, le crédit doit répondre à une double
contrainte à savoir la viabilité de l'Institution de
crédit et la rentabilité du projet pour lequel il a
été accordé.
Selon la théorie de l'intermédiation
financière, le crédit est considéré comme
étant un produit du processus de cette intermédiation. Il permet
de rendre disponible en temps opportun un surplus de liquidité ou
d'augmenter le pouvoir d'achat des paysans pour leurs besoins agricoles et non
agricoles (ADAMS et al, 1980)
D'après la Banque Mondiale (1997), les SFD se
distinguent par leurs perspectives de pérennité et la
qualité des services rendus. Pour assurer leur pérennité,
les SFD doivent être techniquement et financièrement autonomes
d'une part, puis l'impact et la qualité des services rendus
appréciables d'autre part. Dans ce contexte, « seuls les
taux d'intérêt pratiqués dans chaque SFD permettent
d'améliorer le rendement, de couvrir les charges et de renforcer la
capitalisation à travers les réserves et le report à
nouveau », (BIO TCHANE A).
Selon le rapport MDR / PNUD (1995), « les taux
d'intérêt bonifiés rendent le capital artificiellement peu
cher, favorise son gaspillage, démobilise l'épargne et n'est pas
soutenable à long terme par l'Etat une fois que le contrat avec les
bailleurs de fonds vient à terme ». Il est donc important
de financer le crédit avec de l'argent chaud pour accroître le
sens de responsabilité des emprunteurs et améliorer le taux de
remboursement des prêts. Il s'avère donc nécessaire pour
les SFD de procéder à un réglage subtil entre les
fonctions : Epargne et Crédit, qui constituent les activités
principales du système, tout en s'assurant du remboursement des
crédits par une analyse approfondie des garanties.
L'autonomie d'une institution d'épargne et de
crédit passe par une mobilisation importante de l'épargne qui
sert à financer le crédit. Ainsi, la confiance qu'inspire une
institution financière, l'efficacité de son personnel et les
orientations qui sont le reflet des compétences et de
l'expérience des dirigeants, conditionnent le niveau de l'épargne
collectée. Toutefois, une faiblesse de revenus entraîne une
faiblesse de l'épargne. Le taux de réinvestissement est alors
faible et compromet ainsi le développement économique. ADECHOUBOU
(1990) a identifié les déterminants de l'épargne rurale
à savoir :
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