§ Le
niveau du taux d'intérêt,
§ Le
revenu des populations,
§ Les
facteurs psychologiques tels que la confiance, la sécurité, la
liquidité et l'environnement.
Tous ces éléments devraient contribuer
à la mobilisation d'un volume important d'épargne devant stimuler
l'activité de crédit. Ce qui implique d'autres formes de
mobilisations des ressources financières par les autres types
d'institutions de micro finance qui ne font pas de la collecte de
l'épargne leur priorité.
3. Qualité et Gestion du portefeuille de
crédits
Lorsqu'on parle de gestion du portefeuille, l'on pense souvent
à la gestion des portefeuilles d'actifs financiers. Ce concept a pour
objet de déterminer le comportement des investisseurs en matière
de sélection des actifs financiers. Mais il a évolué et
est beaucoup plus utilisé dans un autre domaine : celui de la
banque ou des institutions financières en général.
Le portefeuille de crédits encore appelé encours
de crédit est le montant du capital restant dû sur les
crédits consentis par l'institution. Il est la raison d'être de
toute institution de crédit car c'est le principal actif qui
génère de revenus (intérêts et commissions).
Selon le CGAP (Directives concertées pour la micro
finance, 2003) « le rapport sur le portefeuille doit montrer
l'importance des crédits en retard pour l'exercice en cours. Il convient
d'expliquer de manière détaillée le calcul des
remboursements en retard et en particulier de définir
précisément ce qui est porté au numérateur et au
dénominateur de tous les ratios utilisés pour mesurer la
qualité du portefeuille de crédits ». Le niveau
des impayés d'un portefeuille de crédits est
généralement le meilleur indicateur des possibilités de
recouvrement des crédits. C'est donc un élément important
pour déterminer le niveau adéquat des provisions pour
créances douteuses. Le principal instrument de mesure des impayés
est le taux de portefeuille à risque, par classe d'ancienneté.
Les méthodes de gestion du portefeuille de
crédits couramment utilisées sont le suivi et la relance des
clients. Mais les IMF mettent également en place des procédures
pour autoriser et suivre la « renégociation » de
crédits impayés et constituer les provisions nécessaires
pour ces crédits. Il s'agit du
« rééchelonnement » qui consiste en
la prolongation de la durée du crédit ou l'assouplissement du
calendrier des remboursements et du « refinancement » qui
consiste au remboursement d'un crédit à problème par
l'octroi d'un nouveau crédit.
Ces procédures sont utilisées lorsqu'un client
a, ou prévoit d'avoir des difficultés à rembourser un
emprunt en temps voulu. Dans les deux cas, le nouveau crédit assorti
d'un nouvel échéancier est habituellement saisi dans le
système de suivi des crédits. Pour Richard ROSENBERG et Consorts
(CGAP, 2003), « si les crédits renégociés ne
font pas l'objet d'un suivi distinct de celui des autres crédits, toute
indication relative aux difficultés de paiement du client
disparaît, du moins initialement. Car un rapport sur les impayés
peut être très trompeur s'il ne décrit pas les pratiques de
l'IMF en matière de renégociation et ne précise pas le
montant des prêts renégociés ». La non
adoption de bonnes pratiques est susceptible de compromettre la
rentabilité de l'institution.
La rentabilité d'une IMF est la condition fondamentale
de sa viabilité et donc de sa pérennité. Selon la Banque
Mondiale (Etudes de cas en micro finance : Cas de la FECECAM-BENIN, 1997)
« les IMF se distinguent par leurs perspectives de
pérennité et la qualité des services
rendus ».
Selon (BCEAO/BIT, 1997), la pérennité des IMF
est subordonnée à la réalisation progressive des
conditions préalables suivantes :
§ Une gestion professionnalisée des structures
sans préjudices de l'implication des membres ou des
bénéficiaires ;
§ Une maîtrise des coûts ;
§ Une diversification des produits et services
adaptés à la demande ;
§ Une mobilisation plus importante des ressources locales
investies dans l'amélioration des capacités de financement.
Pour y parvenir, les IMF doivent se protéger contre les
risques liés à leurs activités passant par
l'autodiscipline et l'observation des règles strictes de gestion. Pour
bien gérer leur portefeuille de crédit, donc lutter contre les
impayés, les institutions de financement utilisent
généralement plusieurs moyens dont les plus courants
sont :
§ La mise en place d'un système d'information et
de gestion assez performant ;
§ Un personnel qualifié ;
§ Et le suivi strict des ratios prudentiels.
L'efficacité de la gestion du portefeuille de
crédits par une institution de micro finance dépend de la mise en
oeuvre appropriée des différentes contraintes stratégiques
et opérationnelles imposées par la méthodologie
d'intervention.
4. Méthodologie décentralisée
La maîtrise de la méthodologie d'intervention par
une IMF est fondamentale dans l'optique d'une performance aussi bien
financière que sociale. Pour une organisation spécialisée
ayant une parfaite maîtrise des aspects méthodologiques de la
micro finance, il est possible d'exercer des activités en micro finance
tout en étant rentable. Pour Marc LABIE, « une application
correcte de la méthodologie du crédit décentralisé
permet une défaillance sur les crédits de l'ordre de 3%, ce qui
est souvent inférieur aux chiffres enregistrés par les banques
sur leurs clients habituels ».
La méthodologie décentralisée est celle
qui favorise une grande proximité géographique et culturelle
entre le client bénéficiaire et le mécanisme de
financement. La décentralisation des unités et des
procédures de décision est donc souvent présentée
comme fondamentale pour garantir cette proximité, non seulement d'un
point de vue géographique (il faut que les agences, les bureaux et
cellules soient proches des gens), mais aussi d'un point de vue sociologique
(il faut que les clients bénéficiaires et les employés des
structures de micro finance puissent s'apprivoiser mutuellement au travers de
discours et de codes communs, constituer donc une même famille).
Les caractéristiques de cette méthodologie sont
entre autres la simplicité et la rapidité des
procédures administratives à accomplir par le client qu'il soit
emprunteur ou épargnant. C'est pourquoi, il est
généralement prôné de mettre en place des
procédures fortement décentralisées où l'agent de
crédit est, dans une grande mesure, responsable des crédits qu'il
octroie.
Cette méthodologie favorise la réduction
significative des coûts de transaction auxquelles seront
confrontés les clients. De nombreuses études ont montré
que pour un micro entrepreneur, le coût le plus important dans
l'obtention d'un crédit n'est pas souvent le taux d'intérêt
appliqué, fût-il élevé, mais les coûts de
transactions qu'il faut assumer pour avoir accès à ce
crédit. Ceux-ci peuvent être compris comme l'ensemble des
coûts qu'il faut supporter pour que l'opération puisse avoir lieu.
5. La typologie des institutions de micro
finance
La typologie des institutions de micro finance est
définie suivant leur mode d'intervention et leur forme juridique. Cela
permet de distinguer :
§ Les institutions d'épargne et de
crédit : ce sont des institutions qui ont des expériences
basées sur le rôle central de l'épargne pour alimenter le
crédit. Pour elles, la constitution de l'épargne est primordiale
et elle doit être préalable à l'octroi de crédit.
Les bénéficiaires des services de ces institutions sont pour la
plupart les propriétaires par le truchement du sociétariat qui
implique la libération d'une ou des parts sociales et le paiement d'un
droit d'adhésion.
§ Les organisations ayant comme activité unique ou
principale, la distribution de crédit : ce sont des institutions qui ont
privilégié le crédit comme activité centrale de
leurs opérations. La constitution de l'épargne ne constitue pas
pour elles une priorité. Elles disposent d'autres moyens de mobilisation
de ressources financières constituées en grande partie par des
prêts auprès d'institutions bancaires classiques. Elles exercent
sous forme associative ou privée.
§ Les organisations pour lesquelles l'octroi de
crédit est une activité accessoire. Elles trouvent que coupler le
crédit avec d'autres activités constituera un moyen pour
atteindre leurs objectifs de développement. Ce sont pour la plupart
les projets de développement pour qui la rentabilité
financière ne constitue pas une priorité.
Les moyens par lesquels ont été mises en place
des activités de Micro finance sont extrêmement variés et
il n'existe pas de modèle unique qui serait parvenu à s'imposer
comme la référence incontournable. Et comme l'a si bien
signifié Marc LABIE : « En termes
opérationnels, il ne nous semble pas vraiment possible de
privilégier tel ou tel modèle car, dans les faits, il y a des
exemples de succès et d'échecs dans chacun d'entre
eux ».
B- Cadre d'analyse
En référence aux caractéristiques de
chaque type d'IMF, il convient de souligner que le niveau d'efficacité
d'une IMF est la résultante de cinq facteurs à savoir : la
forme juridique (gouvernance), la technique d'intervention, le(s) type(s) de
produits offert(s) à la clientèle, l'organisation, les moyens
(financiers et humains).
De plus en plus, les institutions de micro finance sont
confrontées à un double engagement contradictoire pour certains
mais faisable pour d'autres. Il s'agit de la lutte contre la pauvreté ou
la réduction de la pauvreté et l'objectif de rentabilité,
gage de leur émancipation vis-à-vis des subventions et de leur
pérennité. La pérennité étant liée
à la quête permanente de la rentabilité financière,
il convient de s'interroger sur le mécanisme de lutte contre la
pauvreté susceptible d'assurer cette rentabilité.
1- Impact des subventions sur la performance des
IMF
L'essor de la micro finance fondé sur les
stratégies de développement, avec d'impressionnantes subventions,
a suscité de nombreux espoirs dans la perspective de lutte contre la
pauvreté. Mais la question des subventions suscite des points de vue
divergents et déterminants pour la pérennisation de ces
structures.
Dans ce contexte, MORDUCH J. identifie deux catégories
d'attitudes : les uns, partisans de l'autosuffisance financière
s'appuient sur le spectre des échecs avérés des politiques
de crédit subventionnées par l'Etat pour favoriser
l'émergence d'institutions indépendantes financièrement,
l'équilibre financier accompagné de taux d'intérêt
élevés constituant une preuve satisfaisante de leur impact
social. Quant à ceux qui plaident en faveur d'un appui sous forme de
subvention, ils considèrent que l'équilibre financier, qui
implique de faire supporter tous les coûts à la clientèle
des IMF, a des répercussions négatives sur l'impact social de ces
structures. Ainsi, il conclut que les subventions aux IMF se justifient pour
autant que l'impact social de ces subventions sur les populations en
matière de développement soit substantiel par rapport à
celui de politiques alternatives auxquelles ces subsides auraient pu être
consacrées. Il importe donc d'évaluer les coûts et les
bénéfices sociaux des subventions perçues par les
institutions.
Toutefois, la viabilité d'une IMF représente sa
capacité à fonctionner indépendamment des subventions des
bailleurs de fonds ou des gouvernements ; car quel que soit la
finalité du projet, il est nécessaire qu'il soit, à terme,
financièrement autonome pour sa pérennité.
Pour certains chercheurs, il n'est pas toujours
nécessaire d'arbitrer entre prise en charge de la pauvreté et
performance financière car certaines IMF réussissent à
toucher des ménages très pauvres tout en restant rentables ;
par contre, d'autres s'adressent à une clientèle plus
aisée sans pour autant s'en porter mieux financièrement. Pour
Bernd BALKENHOL l'une des principales conséquences de cet état de
choses « est que la performance financière ne
coïncide pas nécessairement avec
l'efficacité ». Par exemple, l'absence de concurrents
locaux peut se traduire par une IMF qui sera financièrement autonome
sans être forcément gérée efficacement. De la
même manière, une IMF pourrait agir efficacement mais ne pas
réussir à franchir le seuil de rentabilité, pas en raison
d'une gestion médiocre, mais de facteurs liés à la
conjoncture locale qui situe les coûts de main-d'oeuvre et de capital
à des niveaux comparativement élevés.
Cette divergence entre performance financière et
efficacité suggère que les politiques publiques ont un rôle
à jouer dans les cas où des IMF efficaces risqueraient de ne pas
être rentables, donc pérennes tout en apportant une contribution
tangible à la stabilisation des revenus et à la
sécurité économique des travailleurs pauvres et où
aucune autre institution, privée ou publique, ne pourrait prendre leur
place.
2- La mesure de l'efficacité comme
critère de la performance financière d'une IMF
Dans la micro finance, l'efficacité relève de la
façon dont une IMF réussit à allouer ses ressources (ses
actifs, son personnel et ses subventions s'il y en a) pour produire un maximum
de résultats (nombre de prêts, autosuffisance financière,
ou impact sur la pauvreté). L'efficacité d'une IMF ne peut
être évaluée qu'en relation avec sa propre catégorie
d'IMF, c'est-à-dire des unités qui opèrent sur des
marchés et dans le cadre d'une gouvernance institutionnelle
comparable ; donc suivant le même mode opératoire.
Plusieurs travaux ont été réalisés
sur la mesure de l'efficacité d'une IMF et les enseignements y relatifs
peuvent être résumés comme suit :
§ La mesure de l'efficacité des IMF est toujours
relative à l'institution qui est la plus proche de la frontière
d'efficacité : « le meilleur de la classe ».
Les techniques de programmation linéaire telles que la technique DEA
(Technique d'enveloppement) calcule la distance à la frontière et
aide à déterminer si une IMF se rapproche ou non de la
frontière au fil du temps.
§ Le niveau d'efficacité peut être
établi sur la base des variables de production : nombre de clients,
nombre de prêteurs, effectifs du personnel, dépenses
administratives, taille et composition du portefeuille global de crédit,
etc.
§ Pour que la performance d'une IMF puisse être
qualifiée de plus ou moins efficace, il faut de l'information sur un
échantillon d'IMF comparable, positionnées de la même
manière sur le continuum pauvreté/profitabilité. Devront
être pris en compte le fait que l'IMF opère en zone rurale ou
urbaine, qu'elle détient un monopole ou subit une concurrence, ainsi que
les différences relatives à la composition des produits et aux
fonctions de production.
§ Il est plus sensé de comparer
l'efficacité des IMF d'un même pays qu'entre IMF de pays
différents, étant donné les grandes disparités des
cadres juridiques, des régimes politiques et des niveaux de concurrence
sur les marchés nationaux, bref de l'environnement.
§ Les dirigeants des IMF peuvent avoir une influence sur
certains facteurs d'efficacité, mais il existe des facteurs pour
lesquels ils ne sauraient être tenus pour responsables et d'autres encore
qui ne sont ni totalement exogènes ni complètement
endogènes.
3- La mesure de la rentabilité comme
critère de performance financière d'une IMF
Quelle que soit la motivation de l'action
« entreprise », il s'agit toujours de tirer le meilleur
résultat de toutes les actions qui exposent à des risques des
capitaux privés ou une fraction des capitaux publics. Donc, parler de
rentabilité, c'est rechercher le rapport de résultats à
des moyens mis en oeuvre afin de permettre des choix ou de juger le bien
fondé des options qui ont été retenues. Selon l'Ordre des
Experts Comptables et Comptables agréés (1969),
« la rentabilité est le rapport d'un résultat et
des ressources engagées pour l'obtenir ». Autrement dit,
« la rentabilité est la capacité d'un capital
placé ou investi à procurer des revenus exprimés en termes
financiers » (Silem et alliés, 1989). Ainsi, la
rentabilité est une dimension essentielle de l'activité de
l'entreprise. Elle reste un critère de choix très prisé
par les dirigeants d'une part et tous les autres acteurs d'autre part. La
rentabilité peut être financière ou sociale.
Le rôle de la rentabilité en tant que type
d'analyse entrepris en vue d'une prise de décision vis-à-vis
d'une entreprise varie en fonction des intérêts spécifiques
des agents concernés, selon qu'on est actionnaire, personnel,
prêteurs, dirigeants ou l'Etat. Les IMF n'échappent pas à
cette exigence.
L'impératif de rentabilité d'une IMF permet de
répondre à deux exigences à savoir :
§ Assurer le maintien de son capital ;
§ Et acquitter les intérêts dûs aux
prêteurs si elle développe l'activité d'épargne
(déposants) et assurer le remboursement des emprunts.
La rentabilité d'une IMF se mesure à partir des
ratios appropriés suivant certaines normes. Ces ratios permettent des
comparaisons rapides et exactes suivant les périodes de temps
spécifiques. Une norme est une mesure de comparaison déduite de
la performance antérieure ou par comparaison avec les structures
similaires. La rentabilité d'une IMF est la condition fondamentale de sa
viabilité et donc de sa pérennité.
4- La maîtrise de l'information, condition de la
performance d'une IMF
La question de la durabilité, qui ne peut être
garantie que par une performance financière de l'IMF, reste posée
et elle est compromise par les impayés engendrés par :
l'inefficacité et l'inefficience de la politique de crédits,
l'inefficacité de la mobilisation des ressources financières, la
mauvaise gestion des ressources humaines, les problèmes de gouvernance,
etc.
Dans ce cadre, le problème fondamental auquel les
institutions de micro finance sont confrontées quotidiennement dans
l'exercice de leurs activités, et qui sert d'alerte, est le
suivant : les crédits accordés à la clientèle
sont-ils convenablement remboursés ? Pour maîtriser ce risque
à travers des prises de décisions adéquates, il convient
de disposer de bonnes informations qui découlent d'un bon système
d'information et de gestion.
En effet, il appartient à l'IMF d'évaluer le
risque, qui lui est parfaitement inconnu ex ante et qui peut évoluer ex
post, une fois le crédit accordé, en fonction des comportements
futurs du débiteur et dont l'IMF n'aura pas nécessairement
connaissance, ou encore au gré des aléas affectant la situation
de l'emprunteur : on parle alors d'asymétrie d'information.
La notion d'asymétrie d'information a été
développée par AKERLOF G. et ensuite par STIGLITZ J. Ils
distinguent deux formes d'asymétrie d'information à savoir :
l'aléa moral et la sélection adverse.
La première, l'aléa moral, qui correspond
à une forme d'opportunisme ex post, fait référence
à la difficulté pour une IMF d'identifier les clients qui
risquent de ne pas rembourser. En effet, une fois le crédit
contracté, certains des débiteurs risquent de modifier leur
comportement. Le défi pour la banque est d'identifier ceux qui vont
continuer à faire attention et ceux qui vont modifier leur comportement.
Une solution serait de pouvoir identifier les individus qui
respectent l'esprit de leur contrat et ceux qui ne le respectent pas. On
pourrait alors sanctionner les abus des seconds sans rien changer dans la
relation avec les premiers. Marc LABIE indique que « ce type de
contrôle est souvent difficile à établir et même
quand il est possible, il est souvent extrêmement
coûteux ».
La seconde forme, parallèlement à l'aléa
moral, est le problème de sélection adverse, qui correspond
à une forme d'opportunisme ex ante et où il peut arriver qu'il
soit impossible d'égaliser l'offre des vendeurs et la demande des
acheteurs. Il faut noter que, comme l'a montré les deux auteurs, dans
leurs articles respectifs, dans certains cas, la sélection adverse peut
aboutir à un rationnement du marché. Ainsi, une augmentation du
taux d'intérêt peut entraîner une modification du profil des
emprunteurs (ne viennent que ceux avec des projets plus risqués), avec
pour conséquence des taux de défaillance plus
élevés, lesquels se répercutent sur les
résultats.
Certes, pour maîtriser cet environnement
d'asymétrie d'information et diminuer les risques potentiels, les IMF
ont développé plusieurs outils autour d'une approche basée
sur la relation avec la clientèle et des formes de garantie dont la
caution solidaire. Il faut ajouter à cela des outils préventifs
(analyse des dossiers, collecte et traitement des données recueillies,
enquête de moralité et autres).
Aussi les données financières sont-elles d'une
importance capitale au sein de l'IMF. Leur existence et surtout leur
maîtrise et fiabilité permet à l'IMF de prendre de
meilleures décisions et de devenir plus efficace et plus rigoureuse dans
l'utilisation des ressources. Les sources externes de financement telles que
les banques commerciales, les épargnants, les organismes de
développement et même les bailleurs de fonds ont besoin d'une base
de données financières correctes pour déterminer si
l'institution est financièrement saine ou non. Ces données
conditionnent l'accès de l'institution à d'autres sources de
financement en vue du développement de ses activités. Ainsi, la
réglementation du secteur de la micro finance veille à l'usage de
normes strictes de comptabilité, avec un traitement transparent des
subventions et de la qualité du portefeuille de crédits.
En définitive, la performance financière d'une
IMF est subordonnée à plusieurs facteurs à
savoir :
§ Une volonté accrue à devenir
autosuffisante financièrement ;
§ La réduction de la structure de ses charges en
s'alignant sur les marges financières en vigueur dans les marchés
locaux ;
§ Une application très stricte du taux de
défaillance de la clientèle ;
§ L'augmentation de la productivité du
personnel ;
§ L'adéquation du mécanisme de
crédit aux demandes du marché local ;
§ Une mobilisation appropriée des ressources
financières ;
§ Et une gouvernance efficace et efficiente fruit d'une
forme juridique conséquente.
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