Paragraphe 2 : Implications managériales de la
recherche
Les résultats de cette étude suscitent des
implications managériales pouvant contribuer à
l'amélioration de la performance financière de l'Agence PAPME. Il
s'agit de :
§ Le statut juridique de l'Agence PAPME (Association
d'utilité publique LOI 1901) est limitatif de son efficacité
opérationnelle et de sa performance financière. Cette forme
suppose a priori une dépendance à l'égard des subventions
et limite l'accès libre de l'institution au marché interbancaire
ou au marché de capitaux pour la mobilisation des ressources
financières. La forme juridique constitue alors un handicap pour
l'institution. Il est donc souhaitable de poursuivre le processus de
transformation institutionnelle de l'institution entamée et suspendue,
depuis, en une société privée composée d'organes
statutaires qui jouent pleinement leur rôle avec pour objectif la
recherche de la rentabilité économique, gage de la
pérennité de l'institution.
§ Pour réduire les risques de non remboursement
des prêts octroyés, l'Agence PAPME doit mettre en place des
mécanismes clairs de mise en place et de suivi des prêts qui
fixent les responsabilités de tous les intervenants, les
modalités d'intervention et le cadre opératoire. Le suivi des
clients doit être effectif et cela éviterait les
détournements de crédits de leur objet, ce qui engendre les
impayés.
§ L'amélioration de la qualité du
portefeuille de crédits passe par la conception des produits et services
répondant aux besoins des clients actifs et potentiels. Les conditions
d'octroi doivent favoriser la célérité des
opérations et la disponibilité des agents permettant aux clients
d'obtenir rapidement et facilement des prêts aptes à contribuer
effectivement à l'amélioration de leur productivité.
§ La maîtrise des coûts d'opération
impose à l'Agence PAPME une meilleure gestion des charges et
l'instauration d'une meilleure politique de taux d'intérêt,
c'est-à-dire offrir un taux incitatif à l'épargne pour
attirer les fonds et pratiquer un taux suffisamment élevé sur les
prêts pour couvrir les coûts d'opération de crédits.
Les responsables de l'institution doivent faire prospérer au maximum les
disponibilités.
§ Le suivi des indicateurs de performance, pour mener une
analyse de la situation de l'Agence PAPME, doit être
développé au niveau de tous les acteurs de l'institution. Il faut
donc assurer la formation de tous les acteurs, surtout les organes statutaires,
à la gestion active et à l'appréciation du risque. Cela
permet d'entreprendre des actions correctives très rapidement. De
même, la production des statistiques fiables doit être
encouragée pour faciliter l'analyse de la situation de l'institution, en
temps opportun. Les statistiques doivent porter sur la collecte
régulière et fiable de données sur sa viabilité,
l'accessibilité de la population cible et l'étendue de sa
portée.
§ La diversification des activités au sein des
institutions de micro finance, surtout celles de crédit direct, demeure
une nécessité afin d'accroître leur performance aussi bien
financière que sociale, gage de leur viabilité et
pérennité. Si au départ, le crédit était
considéré comme un moyen d'atteindre d'autres objectifs tels
que : le développement des activités
génératrices de revenus, l'intensification agricole, la lutte
contre la pauvreté, la promotion des activités féminines
et autres ; l'évolution de ces dernières années a
conduit à réfléchir en termes de services financiers
à savoir le crédit mais aussi l'épargne et l'assurance.
D'une part, si l'épargne n'est pas une priorité, on ne peut
penser la politique de portefeuille de crédits qu'en équilibre
avec le passif d'où l'importance pour les IMF d'avoir à la fois
une activité d'épargne et de crédit. Même s'il
existe d'autres moyens de faire rentrer de l'argent dans le passif, à
long terme, l'épargne est nécessaire. De plus, en l'absence
d'épargne, les IMF sont limitées dans leur croissance car,
à terme, l'objectif est d'avoir un équilibre
épargne/crédit. D'autre part, il s'agit de développer les
produits d'assurance qui concourent à la sécurité
sanitaire des clients, gage de la bonne conduite de leurs activités et
de la garantie du bon remboursement de leurs prêts. D'autres
activités sont autant importantes telles que les produits de transfert
d'argent qui facilitent et sécurisent les échanges entre acteurs
et enfin la formation des clients pour une meilleure gestion de leurs
activités sources de création de richesses.
La réussite de la diversification des activités
implique le respect des règles et normes en matière de
développement de nouveaux produits qui tiennent compte du contexte
environnemental et surtout des forces et faiblesses de l'institution
concernée. Il s'agit donc, d'adopter une démarche professionnelle
de développement de ces nouveaux produits.
§ La poursuite et le renforcement de la démarche
méthodologique décentralisée soutenue par les arguments
aussi bien sociologiques qu'économiques et qui font la
spécificité des IMF par rapport aux banques. Cela a pour
intérêt la réduction substantiel des coûts de
transaction des opérations, donc du coût des opérations,
aussi bien pour l'IMF que pour les bénéficiaires de ses
prestations. Ceci a pour avantage d'améliorer la
célérité de la mise en place des crédits mais aussi
et surtout d'accroître les remboursements fréquents liés
à cette méthodologie et qui sont aussi importants au niveau du
suivi et de la relation sociale avec les clients.
§ Le renforcement des activités d'audit et de
contrôle interne en accordant à la Direction de l'Audit et de
l'Inspection Générale toute son indépendance et les moyens
adéquats en vue de la réussite des missions à elle
assignées par la Direction Générale. Il s'agira
également de procéder à la mise en oeuvre et au suivi des
recommandations issues des différentes missions en vue de favoriser
l'amélioration de la cartographie des risques et surtout leur
maîtrise, gage de la viabilité et de la pérennité de
l'institution.
§ La mise en place d'un service de recouvrement des
créances en impayés. Il s'agira de reconvertir une partie du
personnel administratif qui aura uniquement pour tâche le recouvrement
avec des objectifs clairement définis et ce dans une approche
participative. Aussi est-il nécessaire de mettre en place une bonne
politique de motivation du personnel de recouvrement. Cette motivation du
personnel consistera en l'instauration d'un système d'octroi de prime de
recouvrement aux agents. Pour les dossiers sur lesquels les agents de
recouvrement n'ont aucune emprise, il conviendra de travailler avec les
huissiers de justice, ce qui éviterait les multiples cas d'assignation
de la part des clients.
§ La mise en oeuvre d'une bonne politique de gestion des
ressources humaines à travers l'amélioration des salaires du
personnel, en évitant de grandes disparités, et la
définition d'un bon plan de carrière dépendant de la
stratégie de diversification des activités. Elle permettra
d'accroître le rendement des agents et l'efficacité
opérationnelle de l'institution. Cette politique contribuera aussi
à la suppression des actes peu recommandables auxquels se livrent
certains agents (corruption, les détournements, les prêts par
personnes interposées, etc.). La mise en oeuvre de la politique
salariale est faisable sans pour autant modifier les charges globales de
l'institution.
§ La formation continue et le renforcement des
capacités des agents et cadres de l'institution. Cela favorisera, d'une
part, l'acquisition de connaissances pour une meilleure efficacité et
efficience dans leur fonction respective, et d'autre part, participe à
la motivation du personnel. Il s'agit donc d'élaborer, en début
de chaque exercice, un plan de formation qui tienne compte des besoins
réels identifiés au niveau des acteurs concernés et dont
la mise en oeuvre repose sur une formule mixte associant consultants et
prestataires de la place et les cadres de l'Agence PAPME. L'offre de
financement de formations dans le secteur de la micro finance connaît un
large développement. Il s'agira donc de convaincre le large fichier
d'institutions, d'initiatives et de bailleurs de fonds susceptibles de prendre
en charge totalement ou partiellement le coût des formations et ce, dans
le cadre, de leur volet « renforcement institutionnel » des
organisations qui contribuent à la lutte contre la pauvreté.
Aussi, l'Agence PAPME devrait-elle renforcer la ligne budgétaire
relative aux formations qui constituent un investissement nécessaire
pour la survie de l'institution dans un secteur qui se caractérise par
son dynamisme croissant et rapide, afin de se libérer, à terme,
de la dépendance vis-à-vis des bailleurs.
§ La contribution de l'Etat à la
sécurité foncière grâce à la poursuite du
projet de transformation des permis d'habiter en titre foncier et son
élargissement à toutes les villes du Bénin. Il s'agira
également de revoir les clauses de l'OHADA qui ne sont pas
adaptées au secteur de la micro finance et mettent, en position de
faiblesse, les institutions face à la défaillance vertigineuse
des clients qui en profitent avec pour conséquence un effet de contagion
qui a de beaux jours devant elle si rien n'est fait. L'activation rapide de la
Commission Nationale de recouvrement des créances douteuses des IMF.
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