II.4.3. Rehausser le
recours au counseling et au test volontaires
Plus de 90% des personnes qui vivent avec le VIH n'ont
jamais subi le test du VIH et ne sont pas conscientes d'être
séropositives. Celles qui savent qu'elles sont séropositives ont
plus de chances de prendre des décisions éclairées, quant
à leurs pratiques sexuelles et, le cas échéant, quant
à la grossesse, à la nutrition infantile et à la
protection. Pour que les programmes de prévention de la TVMB parviennent
à leurs buts, il semble crucial que des campagnes
d'information/éducation ciblent aussi les partenaires masculins, pour le
counselling et le test volontaires, les services et le soutien.
Un test fiable, en laboratoire, assorti du consentement
éclairé et de balises pour préserver la
confidentialité des sujets, doit être largement accessible lorsque
les infrastructures de soins de santé permettent de fournir des services
de soutien élémentaires qui sont nécessaires aux personnes
qui reçoivent un résultat de test - notamment la
prévention et les options de traitement du VIH et d'autres MTS,
l'éducation, le counselling et le soutien psychosocial. Les travailleurs
des soins de santé devraient être qualifiés pour le
counselling des femmes et de leurs partenaires quant à l'usage du condom
et aux modifications comportementales, afin de favoriser des pratiques
sexuelles sûres et responsables. Certaines des questions
éthiques qui se sont manifestées en relation avec le counselling
et le test volontaires sont :
· l'accès limité de certaines femmes au
test, en raison d'un risque de violence accru ou perçu;
· l'administration du test à des femmes qui n'y
avaient pas consenti ou n'en avaient pas été informées;
· le test obligatoire de partenaires ou de membres de la
famille;
· les pratiques de test qui ne protègent pas le
droit à la vie privée;
· une counselling dont la qualité est compromise
par des facteurs physiques, sociaux ou culturels;
· le manque de choix de conseillers;
· le manque de confiance vis-à-vis des
conseillers.
II.4.4. Le Traitement des
femmes.
Inhérente à la TVMB, est l'hypothèse
selon laquelle la femme est la seule responsable de l'infection de ses enfants
- ce qui alimente des fausses impressions sur la maladie et ses effets. Nombre
de femmes contractent le VIH sans avoir eu de relation sexuelle extraconjugale.
Certains intervenants avancent que l'expression « transmission du VIH d'un
parent au bébé » (TVPB) décrirait la
réalité de manière plus réaliste et pourrait
contribuer à alléger le stigmate des femmes. De plus, des
interventions pour la prévention de la TVMB se concentrent
principalement sur la survie de l'enfant et passent outre aux besoins
psychologiques et médicaux de sa mère à long
terme.
Le principe orienteur du Programme commun des Nations Unies sur
le VIH/sida (ONUSIDA) et d'autres organismes internationaux est le respect des
droits génésiques, du droit de faire des choix
éclairés et du droit à la confidentialité. La
décision de se prévaloir ou non de l'une ou l'autre des mesures
offertes pour réduire la TVMB est un droit qui appartient à
chaque femme - la coercition n'est justifiée en aucun cas.
Il se peut que des politiques qui contreviennent aux droits
des femmes séropositives soient adoptées et appuyées par
des gouvernements locaux ou des ONG - notamment par des politiques qui peuvent
conduire à imposer des pratiques non volontaires comme un accouchement
par césarienne sans consentement, un avortement et/ou la
stérilisation forcés, certaines réglementations sur les
médicaments, ou encore le non-accès à l'interruption de
la grossesse. On observe aussi un débat à propos des
implications éthiques de la prévention de la TVMB au moyen
d'options qui ne sont pas offertes au reste de la population - les programmes
de réduction de la TVMB devraient faire partie d'une stratégie
plus vaste en matière de soins de santé.
Afin d'accroître l'efficacité des interventions
contre la TVMB, les responsables des politiques devraient s'attaquer aux
facteurs culturels, juridiques et économiques qui limitent la
capacité et le pouvoir des filles et des femmes de se protéger
contre l'infection à VIH et qui les rendent plus
vulnérables.
II.4.5.Prendre soin des
orphelins Dans le monde, à la fin de 1999, l'ONUSIDA
estimait que 13,2 millions d'enfants de moins de 15 ans avaient vu leur
mère ou leurs deux parents emportés par le sida. Quatre-vingt-dix
pourcent (90%) de ces enfants vivent en Afrique subsaharienne, mais le nombre
d'orphelins du sida est à la hausse dans d'autres régions. Dans
certaines villes fortement touchées, ces orphelins constituent 15% de
l'ensemble des enfants. L'on s'attend à ce que, grâce aux
stratégies de prévention de la TVMB, un plus grand nombre
d'enfants séropositifs vivent; l'on craint en revanche que ce
progrès conduise plus d'enfants à vivre assez longtemps pour
devenir orphelins et que cela accroîtra le fardeau de la
société et des familles. Des études montrent cependant que
80% des bébés de mères séropositives risquent de
devenir orphelins avant l'âge de 5 ans, sans différence
liée au fait qu'ils aient bénéficié ou non
d'interventions préventives. Les stratégies de prévention
réduisent la proportion d'orphelins séropositifs qui auront
besoin de soutien médical et de soins à long terme. On
s'interroge par ailleurs sur le taux de survie de l'enfant sans sa mère.
L'amélioration du recours précoce au diagnostic
et à des soins prénatals, en tant que stratégie pour
prolonger la vie des mères, éviterait à de nombreux
enfants la vulnérabilité associée au fait d'être
orphelin.
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