CHAPITRE 2 :
Les Technologies de l'Information et de la
Communication (TIC) et la performance au niveau de l'entreprise
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Peut-on mesurer la rentabilité de l'informatisation
d'une organisation ? Si une telle question est de fait rarement abordée,
c'est sans doute que l'on ne dispose pas des outils d'évaluation
adéquats pour lier l'informatisation et performance. Pour y
remédier il faut pouvoir prendre en compte le contexte global de
l'entreprise concernée par le processus d'informatisation. En s'appuyant
sur de nombreuses études de cas, des auteurs s'attellent à la
tâche et montrent que l'efficacité de l'informatisation
dépend de la cohérence de l'organisation (GALAC M. ; MANGEMARTIN
V. ; MOATTY F. ; ANNA-France DE S.L. 1998).
L'objectif du chapitre est de présenter à partir
de la littérature le lien entre les TIC (informatisation et Internet) et
la performance des entreprises. Pour cela nous allons dans une première
section traiter du concept de performance, et dans une seconde section
ressortir le lien propre.
Section I : Le concept de performance : Courants de
pensée et différentes approches.
La performance a toujours été un sujet
controversé1. Chaque individu qui s'y intéresse
chercheur, dirigeant, client, actionnaire, etc. l'aborde selon l'angle
d'attaque qui lui est propre. Ceci explique, sans doute, le nombre important de
modèles conceptuels proposés dans la littérature et les
nombreuses acceptions élaborées autour de ce concept. Comme
l'affirme (MARMUSE 1997), «la» performance n'existe pas. Il s'agit
d'une notion contingente et multidimensionnelle mais nécessaire pour
évaluer toute décision prise.
Notre préoccupation dans cette section est de mettre en
évidence le concept de performance. Pour ce faire, nous allons d'abord
l'appréhender d'après les courants de pensée, ensuite
comme concept multidimensionnel et enfin comment nous percevons la performance
dans notre étude.
I La performance selon les écoles de
pensée
Nous présenterons d'abord le concept classique et
bureaucratique ensuite le courant behavioriste et mathématique et enfin
la pensée néoclassique de la performance.
I 1 Le conception classique et bureaucratique de la
performance
Dans la littérature, plusieurs auteurs vont nous permettre
de mettre en évidence cette notion. Il s'agit de Taylor et Fayol d'une
part, et de Max Weber d'autre part.
1
Nazik FADIL, ATER, La mesure de la performance des PME : Un cas
d'application sur la décision d'introduction en Bourse
I 1 1 Les hypothèses de l'école
classique
Il se dégage des théories de Taylor et Fayol un
ensemble de concepts et principes qui leur sont communs.
Si l'on considère les hypothèses de base, le
Taylorisme se reconnaît à son principe même d'une
organisation de travail au sein de laquelle une tache complexe ou artisanale
est mise en oeuvre pour contribuer effectivement à un rendement
optimal.
Cette philosophie résumée dans la «
communauté d'intérêts des patrons et des
ouvriers1 » avait pour objet principal «
d'assurer à l'employeur et à chaque employé la
prospérité maxima ». Prospérité maxima qui
signifie de gros dividendes pour le patron et le développement de
l'affaire pour assurer une prospérité permanente.
Pour atteindre cet objectif, les principes de l'organisation
scientifique du travail (OST) enseignent qu'il suffit de sous payer les
ouvriers par rapport à son concurrent pour faire de « plus beau
bénéfice que lui ». Ainsi la plus grande
prospérité pour le patron sera atteinte lorsque le travail
exigera la dépense minima d'effort humain (MOUSSA 1996).
Il ressort de ces considérations que le but vers lequel
doivent tendre les chefs d'entreprise est de former chaque individu de
manière à lui faire exécuter le plus rapidement possible
le travail qui convient le mieux à ses aptitudes naturelles.
L'entreprise devient alors un système dans lequel
l'ouvrier seul donne la meilleure initiative pour recevoir en retour un
stimulant de l'employeur. Mais selon l'OST, un travail rapide supprimerait
l'emploi des travailleurs alors qu'un salaire juste tuerait toute initiative
individuelle2. Ce qui suggère que le chef d'entreprise
participe à la réalisation des objectifs de l'entreprise par le
contrôle des tâches et la régulation des salaires.
L'organisation administrative du travail (OAT) due à
Fayol semble avoir remporté l'adhésion d'un grand nombre de
praticiens. Fayol a formulé des généralisations de
portée universelle fondées sur son expérience pratique de
gestionnaire et insistait sur la rationalité et la cohérence
logique entre les fonctions de l'entreprise.
En général, les principes communs aux deux
auteurs, Taylor et Fayol, s'appuient sur le rendement et l'efficacité
de l'entreprise. Pour atteindre la performance souhaitée,
l'essentiel des thèses classiques repose sur les critères
suivants : maximiser la production, minimiser les
1 Fréderick WILSON Taylor, Principe
d'organisation scientifique des usines, Dunod, Paris (sd) p31-35
2 François SEGUIN et al, l'analyse des
organisations, une anthologie sociolgique, les théorie de
l'organisation, Tome1, « Collection Administrative »,
éd.Préfontaine INC., QUEBEC, 1983, p82 SS.
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coûts, excellence technique, utilisation optimale des
ressources, spécialisation des taches dans le cas de Taylor et division
du travail, autorité claire et discipline, unité de commandement,
ordre, équité, stabilité, initiative et esprit de corps
pour Fayol.
Il semble alors que l'efficacité peut se mesurer en terme
de productivité, abstraction faite des facteurs humains. Ce qui
révèle l `aspect mécaniste du processus Taylorien.
Ce caractère mécaniste et matérialiste
des processus classiques préconise qu'il suffit d'assurer la
sécurité et la définition claire du cadre de travail pour
que les comportements et les motivations de l'homme soient en accord avec les
objectifs de l'entreprise. Malheureusement ce processus contredit la
hiérarchisation et le commandement. La spécialisation suppose
aussi que les tâches simples sont plus faciles à assimiler et
qu'il faille instaurer une division du travail pour accroître la
productivité (MOUSSA 1996).
Ces postulats formulent donc des faits pour évidents
tels que la paresse naturelle de l'homme. Pour les classiques, c'est le «
one best way » au niveau de la maximisation de la productivité et
l'atteinte des objectifs de performance.
I 1 2 Le courant bureaucratique et sa
portée
Le modèle Wébérien de la bureaucratie
présente des similitudes avec l'école classique. L'objectif de
productivité devient ici un objectif de rationalisation et
d'efficacité. Le « one best way » de l'école classique
prend chez Weber, la forme de caractéristiques bureaucratiques pour
fonctionner de manière rationnelle.
La théorie bureaucratique considère l'entreprise
comme une mécanique, c'est à dire, un ensemble d
`éléments formels agencés les uns par rapport aux autres
et qui assure une efficacité plus ou moins grande de l'entreprise
C'est en fait une rationalité qui permet de trouver les
meilleurs moyens de produire et la façon de gérer au maximum et
efficacement les entreprises.
Mais tout comme le modèle classique la théorie
bureaucratique comporte des limites. La portée des
mouvements classique et bureaucratique
Du modèle Wébérien qui concourt
supposément à une performance optimale1, les
individus voire le chef d'entreprise sont absents. La conception que se fait
l'auteur du comportement
1 J L Bergeron et al, Les aspects de l'organisation,
choucoutimi, Presses du QUEBEC, Gaëtan MORIN 1985, p 21.
humain renvoie au principe de l'automaticité. C'est
pourquoi, ce courant de pensée a reçu le nom d' «
organisation sans les gens ».
Tout comme le processus mécaniste et
matérialiste des classiques contredit la hiérarchisation et le
commandement, l'initiative que ces théoriciens laissent aux
employés contredit la centralisation des décisions et exclut
implicitement le chef d'entreprise.
Si les doctrines classiques et bureaucratiques étaient
bien adaptées aux conditions et à l'esprit de leur époque,
elles ne semblent plus être, dans leur état primitif, conforme
à la vie socio- économique actuelle.
Pour améliorer la performance des entreprises, de
nombreuses écoles se sont définies ultérieurement par
affirmation ou par négation.
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