I La situation de la diffusion dans le monde
On présentera en premier lieu la part des investissements
dans les TIC et en second lieu le secteur producteur des TIC ainsi que
l'utilisation de l'informatique.
I 1 La part des investissements dans les TIC comme
indicateur de diffusion
La proportion des investissements dans les technologies de
l'information et de la communication est un indicateur essentiel de leur
diffusion. En effet, investir dans ces
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derniers, revient à mettre en place l'infrastructure de
leur utilisation et apporter aux entreprises des matériels et logiciels
productifs (OCDE 2002).
Si, au cours de la décennie écoulée,
l'investissement dans les technologies s'est accéléré dans
la plupart des pays de l'OCDE, son rythme varie notablement. Les données
montrent qu'il est passé de moins de 15 % de l'ensemble des
investissements non immobiliers au début des années 80 à
une valeur comprise entre 15 % et 30 % en 2001. En 2001, la part de
l'investissement consacrée aux TIC a atteint des sommets aux
États-Unis, au Royaume-Uni, en Suède, aux Pays-Bas, au Canada et
en Australie (OCDE 2002).
La forte croissance des investissements dans les technologies
de l'information et de la communication a été alimentée
par la chute rapide des prix relatifs du matériel informatique et
l'extension du champ d'application de ces technologies. En raison des
progrès technologiques rapides de la production des principales TIC
comme les semi-conducteurs et de la forte pression concurrentielle qui marque
leur production, leurs prix se sont contractés de 15 à 30 % par
an, ce qui a rendu l'investissement dans les TIC intéressant pour les
entreprises.
Les effets bénéfiques de la baisse des prix des
TIC se sont fait sentir dans bon nombres de pays y compris les pays africains,
car ses bénéficiaires ont été à la fois les
entreprises qui ont investi dans ces technologies et les consommateurs qui ont
acheté des biens et des services des TIC. Le graphique ci-dessous
illustre les investissements dans les TIC par les pays de l'OCDE.
Figure 2 : Investissements dans les TIC dans un
échantillon de pays de l'OCDE
En pourcentage de la formation brute de capital fixe non
immobilier, ensemble de l'économie
Source : OCDE (2003)
I 2 Le secteur producteur des TIC et Utilisation de
l'informatique
L'objectif de cette partie est de montrer d'une part l'importance
du secteur producteur des TIC dans la diffusion et d'autre part celui de
l'utilisation de l'informatique.
I2 1 Le secteur producteur des TIC
La taille du secteur producteur de biens et de services TIC
est un élément déterminant de la diffusion. Le fait de
disposer d'un secteur producteur de ces technologies peut avoir son importance,
car leur production s'est distinguée par des progrès
technologiques rapides et a rencontré une demande très soutenue.
Ce secteur a donc connu une croissance très rapide et a contribué
largement à la croissance économique, à l'emploi et aux
exportations (OCDE 2002).
En outre, l'existence d'un secteur des technologies fort peut
inciter les entreprises à les acquérir, étant que la
proximité de producteurs de TIC comporte des avantages pour le
développement d'applications de TIC ad hoc. Cette
proximité peut aussi contribuer à faire naître les
compétences liées à usage bénéfique des TIC,
et enfin déclencher des essaimages d'entreprises comme cela a
été le cas dans la Silicon Valley ou dans d'autres
systèmes productifs locaux. Ainsi, l'existence d'un secteur de TIC peut
soutenir la croissance, mais comme l'ont montré des travaux
antérieurs de l'OCDE, il ne s'agit pas d'une condition préalable
(OCDE, 2001a).
Figure 3 : Part du secteur des TIC dans la valeur
ajoutée, secteur des entreprises non agricoles, 2000
|
* 1999. ** 1998.
1. Exclut la location de TIC (CITI 7123),
2. Inclut les services postaux,
3. Exclut le commerce de gros des TIC (CITI 5150),
4. N'inclut qu'une partie des activités rattachées
aux activités informatiques,
5. 2000-01,
|
Source: OCDE (2002a),
|
|
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I2 2 L'utilisation de l'informatique
A l'opposé du fameux paradoxe de Solow « Les
ordinateurs sont partout sauf dans les statistiques de productivité
» (SOLOW, 1987), les ordinateurs sont en fait fortement concentrés
dans le secteur des services, comme l'indique la figure 4 ci-dessous pour les
États- Unis. Elle illustre la part de l'ensemble du stock
matériel et logiciel qui est de nature informatique (hors
matériel de communication). Elle indique que plus de 30 % de cet
ensemble est de nature informatique dans les services juridiques, les services
aux entreprises et le commerce de gros. Les secteurs de l'éducation, des
services financiers, de la santé, du commerce de détail et
différentes industries manufacturières ont aussi une part
relativement importante de capital informatique dans leur stock total de
matériel et de logiciels. La moyenne de l'ensemble du secteur
privé s'élève à près de 11 %. Les secteurs
producteurs de biens et de marchandises (agriculture, extraction
minière, industries manufacturières et construction)
représentent près de 5%.
Figure 4 : Part de l'informatique en pourcentage de
l'ensemble du stock matériel et logiciel, États-Unis,
2001
II La diffusion au Cameroun
Notre préoccupation est de cerner le degré
d'adoption des TIC au Cameroun. Pour cela deux axes vont être
empruntés. Premièrement l'infrastructure technologie et
deuxièmement la culture d'entreprises.
II 1 L'infrastructure technologique
II 1 1 L'équipements
informatiques
La défiscalisation du matériel informatique et
la baisse des prix sur les marchés occidentaux ont remarquablement fait
augmenter le parc informatique au Cameroun. Ce parc était de 10 000
micro-ordinateurs en 1990 (contribution du Cameroun aux travaux de l'atelier
régional Afrique Centrale, de l'Est et de l'Océan indien sur les
inforoutes tenus à Yaoundé du 22 au 24 janvier 1997). Sur la base
d'un taux de croissance annuel des investissements en matériel
informatique estimé à 30,1 %, la taille de ce parc était
évaluée en l'an 2000 à environ 80 000 micro-ordinateurs.
Aujourd'hui, ce parc atteindrait la taille de 200 000 ordinateurs si on se base
sur les statistiques d'importation depuis l'année 2000.
Selon l'observatoire des TIC du MINPOSTEL, une cinquantaine
d'entreprises ou organismes possèdent des VSAT1. Les
importations du Cameroun en équipement de
télécommunication sont aussi en forte hausse comme l'atteste le
tableau 5 : les importations d'appareils pour émission passent de Fcfa 1
à 12 milliards entre 1999 et 2001 et à 7 milliards en 2002 tandis
que celles des antennes passent de Fcfa 300 millions à Fcfa 3,6
milliards.
Tableau 5: Evolution des importations du Cameroun en
matériel de téléphonie 1998 / 1999 1999 / 2000 2000 / 2001
2001 / 2002
Certes très peu d'entreprises possèdent des
sites Internet mais force est de constater que bon nombre d'entre elles,
surtout parmi les entreprises leaders, les regroupements de PME ou
d'opérateurs économiques, ont accès à Internet que
ce soit pour la recherche de partenaires, de fournisseurs ou pour la
prospection de nouveau marchés. Quelques sites portails d'information
commerciale ont vu le jour au Cameroun, mais ils n'ont pas eu de succès.
Parmi les raisons, on peut citer les difficultés des promoteurs à
alimenter le portail en
1 VESAT: Very Small Aperture Terminal
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informations pertinentes, le faible niveau de couverture
géographique, le manque de moyens financiers.
Figure 5: Evolution des importations d'ordinateurs et
d'accessoires
Source : Direction des douanes
II 2 La culture d'entreprise
De nos jours, un nombre encore faible d'entreprises ont
recours aux nouvelles technologies de l'information et de la communication
notamment aux liaisons spécialisées et VSAT pour améliorer
leurs réseaux de téléphonie, de transmission de
données et de vidéo-conférence de même que pour en
accroître la capacité. Quelques applications dans des secteurs
clés de l'économie camerounaise. On va d'abord examiner le
secteur financier, ensuite le secteur de vente en détail et enfin le
secteur des services.
II 2 1 Le secteur financier
Les établissements financiers ont recours aux TIC pour
le traitement centralisé des transactions effectuées par les
succursales, le traitement des demandes d'emprunt, l'exploitation des guichets
automatiques et la gestion des transferts de fonds électroniques. A une
époque où la communication de données constitue
l'épine dorsale du secteur financier, les banques, les
sociétés fiduciaires et les caisses populaires utilisent le
système vidéo satellite (VSAT) pour contrôler et
enregistrer le nombre phénoménal de transactions
financières qui ont lieu au cours d'une journée.
Grâce à leur serveur vocal, les premières
banques offrent des services audiotex à leurs clients vocalia (pour la
SGBC), Vocalion (Crédit Lyonnais) et Allo Bicec (BICEC). La pratique des
services bancaires en ligne (consultation du compte via Internet) fait son
entrée au Cameroun.
11 2 2 Le secteur de vente au
détail
Quelques chaînes de magasins de vente au détail
utilisent les NTIC pour la collecte d'information dans les points de vente (les
temps de réponse typiques pour cette application varient de 1,5 à
2,5 secondes), ce qui leur permet d'analyser rapidement l'état des
ventes selon la gamme de produits. Le service VSAT sert également
à transmettre des modifications de prix, des mises à jour de
politique et des calendriers de livraison, à dispenser des programmes de
formation et à acheminer les communications courantes de la
société à chaque point de vente.
Les usagers VSAT peuvent bénéficier d'un service
à valeur ajoutée tel que le définit le responsable de la
société Global Net ayant obtenu la première licence pour
l'exploitation des services audiotex au Cameroun, l'audio et la vidéo en
magasin : de la musique d'ambiance entrecoupée de messages publicitaires
de la maison est diffusée dans tous les magasins de la chaîne.
Cela permet aux détaillants de faire la promotion de produits
adaptés au profil de la clientèle locale et d'influencer les
clients lorsqu'ils se trouvent en magasin. La vidéo en magasin est un
moyen économique que l'entreprise peut utiliser pour former ses vendeurs
sur ses produits, transmettre des messages et faire la promotion
d'évènements spéciaux.
Grâce à leurs réseaux informatiques,
certaines chaînes de grands magasins donnent la possibilité
à leurs clients d'acheter des produits dans une localité et se
faire livrer dans une autre localité.
11 2 3 Le secteur des services
Des grandes chaînes d'hôtels, des compagnies
aériennes et des agences de location automobile ont recours au service
VSAT pour la gestion de leur système de réservation. Le service
VSAT est idéal pour les communications de données en mode
interactif. Il permet au préposé de fournir des renseignements au
client instantanément au sujet d'une réservation, ce qui est un
atout supplémentaire en matière de service à la
clientèle.
Les installations informatiques permettent par exemple aux
sociétés de télécommunications de mieux
gérer les services prépayés, de suivre sur le terrain le
rendement des grossistes (de cartes prépayées), de diversifier
les services à valeur ajoutée de type audiotex grâce au
serveur vocal (résultats des matches ou des courses de chevaux,
pharmacies de garde, etc.).
A terme de ce chapitre qui nous a permis dans la
première section de passer en revue les différentes
technologies, leur importance et les déterminants de leur diffusion et
dans la deuxième section de mettre en évidence la diffusion en
générale et en particulier au
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Cameroun, nous pouvons dire que les TIC connaissent une
croissance considérable. Cette croissance est attribuée à
plusieurs facteurs tels que : le coût du matériel TIC, la
concurrence dans les économies, le secteur d'activité, la taille
de l'entreprise, le secteur producteur des TIC etc.
Après avoir mis en exergue ce que c'est les
technologies de l'information et de la communication, il nous revient de voir
quel est l'impact des ces dernières sur la performance des entreprises,
l'objet de notre deuxième chapitre.
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