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La réinsertion familiale des enfants de la rue dans la ville de Ndjaména au Tchad: Etat des lieux et perspectives

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par Jacob NOUBATOINGAR LOGTO
Ecole des Cadres Supérieurs en Travail Social de Ouagadougou- Burkina - faso - Diplôme d'Etat d'Inspecteur d'Education Spécialisée 2005
  

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- Enfant de la rue :

Il convient de souligner que la notion d'enfant de la rue désigne un phénomène très hétérogène : certains enfants vivent en permanence dans les espaces publics ; d'autres y passent la journée pour y travailler, mais rentrent dormir chez eux le soir ; d'autres font au contraire des apparitions très irrégulières au domicile familial. Certains enfants ont été chassés de chez eux, d'autres se sont enfuis, souvent attirés par une bande qui vit déjà dans la rue, certains sont accusés de sorcellerie, d'autres encore ont subi des sévices etc.

Pour tenter de saisir ces différentes situations, les acteurs de terrain emploient le plus souvent des sous-catégories : ils parlent ainsi d'enfants de la rue, d'enfants dans la rue, voire parfois même d'enfants à la rue Cette terminologie est relativement récente, puisqu'elle a été systématisée dans les années 1980. C'est ainsi que, pour l'Afrique, les participants au forum de GRAND-BASSAM15(*) (en mai 1985) décidèrent de rompre avec des termes comme «  prédélinquants », pour adopter les notions plus neutres d' « enfants de la rue » (en permanence) et d' « enfant dans la rue (le jour seulement)

- Enfants dans la rue :

A la différence des enfants de la rue, les enfants dans la rue ne sont pas en rupture avec leur cellule familiale et ils gardent le plus souvent un contact régulier avec leurs parents. Ils passent cependant la plus grande partie de leur temps dans la rue pour y travailler, jour et nuit s'il le faut. Ils tentent ainsi de subvenir aux besoins de leur famille, dont ils sont parfois l'unique soutien financier.

REMARQUE : Entre ces deux grandes catégories, on peut ranger les enfants en situation transitoire : certains ne font plus que des apparitions irrégulières au domicile familial ; d'autres sont en situation de fugue plus ou moins longue. Certains acteurs les rangent sous une troisième étiquette, celle des Enfants à la rue.

Les limites entre ces trois catégories, enfants de la rue, enfants dans la rue et enfants à la rue ne sont pas toujours claires, mais il est important d'essayer de les distinguer, surtout dans la perspective et la logique de notre recherche orientée vers la réinsertion familiale.

- La réinsertion familiale :

Nous entendons par réinsertion familiale le retour de l'enfant dans son milieu familial. Au-delà de la présence physique de l'enfant, la réinsertion devrait se traduire par le rétablissement de la relation affective. La finalité du retour en famille est pour l'enfant de la rue la réintégration dans la famille.

La réinsertion est un processus consistant à remettre dans un groupe donné une personne qui se serait écarté des règles, des normes et des valeurs préétablies par ce groupe en lui faisant bénéficier des mesures (soins, soutiens de diverses natures, accompagnement etc.)

Dans le contexte de notre étude, la réinsertion familiale renvoie à l'ensemble des actes professionnels conduits par des professionnels en vue de permettre à des enfants de la rue, l'abandon de la vie de la rue, la construction d'une image positive de soi, l'intégration dans la vie familiale et sociale et enfin l'adoption et le respect des valeurs et normes.

La famille quant à elle selon Maurice Porot : «  est l'ensemble des personnes d'un même sang, vivant sous le même toit et plus particulièrement le père, la mère et les enfants .Il y a un donc deux critères précis du lien familial : même sang et toit commun. ». Mais la famille peut être aussi composée de « père » et « mère » avec des enfants adoptés.

La famille est composée du couple, des enfants, des collatéraux et des autres membres.

De nos jours la famille se referme de plus en plus sur un noyau composé du couple et de ses enfants.

Ces dernières années, on assiste à l'émergence de familles monoparentales, des familles recomposées, où pour une raison ou pour une autre le père et la mère ne vivent pas ensemble.

CHAPITRE II : CADRE METHODOLOGIQUE DE L'ETUDE

II.1  L'UNIVERS DE LE RECHERCHE

II.1.1Présentation de la zone d'étude

Couvrir les grandes villes du pays pour une telle étude aurait permis d'avoir plus d'informations pour enrichir le contenu de cette recherche Cependant pour des raisons de limites de temps et de moyens financiers, nous avons choisi de mener nos investigations dans la ville de N'djamena qui passe pour être la plus touchée par le phénomène des enfants vivant dans la rue.

II.1.2  Présentation de la ville de N'djamena

Sur le plan démographique :

Fondée le 29 mai 1900 par Emile gentil au confluent des fleuves Logone et Chari sur l'emplacement d'anciens villages de pêcheurs Kotoko, la ville s'appelait Fort Lamy en souvenir du commandant François Amédée Lamy décédé à la bataille de Kousseri quelques jours plus tôt. Elevé au rang de commune en 1919, la ville a assuré un rôle stratégique de première importance pendant la seconde guerre mondiale en devenant un lieu de recrutement, de regroupement et de formation des forces françaises.

Le 06 novembre 1973, le Président François Tombalbaye 1er président de la République du Tchad, la renomma N'djamena, du nom d'un village arabe voisin (Am N'djamena, c'est-à-dire : le lieu ou l'on se repose).

La ville a subi de lourdes destructions en 1979 et surtout en 1980 au moment de la guerre civile. N'djamena s'est fortement repeuplée depuis et abrite une population d'environ 1 777 284 habitants16(*) .

Comptant 126000 habitants au lendemain de l'indépendance, la ville de N'djamena s'est considérablement développée. A partir de 1980, en raison de l'exode rural croissant, la ville connaît une extension géographique à l'Est et au Nord-est (quartiers de Chagoua, Diguel, Dembé, Ndjari) sur des terrains situés en des zones inondables où n'existe actuellement aucun réseau de drainage des eaux pluviales. Chaque année au moment de la saison de pluies, cette partie de la ville qui s'étend sur plus de 300 000 hectares et où sont recensés plus de 300 000 habitants doit faire face à l'inondation aux conséquences dramatiques (coupure des voies de communication, effondrement des bâtiments, épidémies de tout genre etc.).

N'djamena dispose dans le cadre de l'ordonnance n° 23 du 22 septembre1975, d'un statut particulier qui la dote de 5 puis 8 arrondissements.

Les infrastructures existantes ne sont pas suffisantes (voirie, alimentation en eau potable, drainage des ordures ménagères, électricité, etc.)

Depuis 2005, N'djamena est divisée en dix (10) arrondissements regroupant cinquante deux (52) quartiers dont vingt six (26) officiellement reconnus. Ces quartiers eux-mêmes subdivisés en sept cent six (706) carrés qui sont les plus petites entités administratives de la ville. La plupart des familles pauvres et leurs enfants se retrouvent dans une moitié de la ville (26 autres quartiers non reconnus) où il n'existe pas de services sociaux de base (eau potable, électricité, drainage des ordures ménagères, écoles publiques, centres sociaux, centres culturels, dispensaire etc.)

Sur le plan Social :

La ville de N'djamena compte un important nombre d'écoles primaires dont la majorité est privée, huit (08) jardins d'enfants publics, seize (16) lycées et des collèges d'enseignements généraux publics et privés, deux universités, huit (08) écoles supérieures, cinq (05) hôpitaux, des services de santé (dispensaires, cliniques) publics et privés. Huit (08) Centres sociaux.

La mairie de N'djamena a un service social autrefois dénommé brigade des moeurs de protection de l'enfance. Ce service comprend 24 agents sociaux affectés par le Ministère de l'Action Sociale et de la Famille, présente sur l'ensemble du territoire urbain (un Assistant Social dans chaque arrondissement). Sous la houlette de sa responsable, le service a défini plusieurs priorités d'actions à l'attention des populations les plus défavorisées (filles mères, enfants abandonnés)

II.2  LA POPULATION A L'ETUDE

La population à l'étude concerne les enfants vivant dans la rue et ceux bénéficiant des prestations des structures d'internat de l'Association Tchadienne des Amis des Drogués à N'djamena et à RAF une bourgade située à 45km.

Pour les enfants vivant dans la rue, nous avons pu obtenir une liste de dix (10) enfants en nous rendant directement dans leur « nid » aux abords du grand marché central. Ils étaient par petits groupes et nous avons pu dénombrer vingt (20).

Pour ceux bénéficiant de la prise en charge de l'ATAD, nous avons également pu obtenir une liste de trente sept (37) enfants. Ces nombres ont été extraits des cahiers d'enregistrement des enfants. Ces cahiers ne contenaient que les données de l'année 2006, 2007 et une partie de 2008.

Au total cinquante sept (57) enfants de la rue forment la population de notre étude.

Nous avons également interrogé vingt associations oeuvrant en faveur des enfants pour identifier le profil des professionnels intervenant au sein desdites associations.

L'Association Tchadienne « Les Amis des Drogués » est une association humanitaire à but non lucratif et apolitique.

Son objectif est de récupérer les enfants vivant dans la rue qui se droguent, les rééduquer et les réinsérer dans les familles ou dans la vie active.

Pour ce faire, les activités menées par cette association sont la scolarisation, l'alphabétisation, l'apprentissage des métiers, la sensibilisation etc.

L'ATAD est dirigée par un ancien gendarme à la retraite. Il en est le président depuis la date de sa création en 1992.

Les membres adhérents au nombre de soixante cinq ( 65) : on y trouve des médecins, des enseignants, des assistants sociaux, des sociologues des psychologues, des juristes etc. Parmi ces adhérents dont on nous a présenté la liste, 5 sont décédés, 5 sont exclus, 9 non à jour de leur participation financière, 12 non résidents. Autrement dit, l'ATAD ne compte que 34 membres actifs

Cependant, le personnel d'encadrement des enfants est sans qualification. Tous les encadreurs des enfants sont formés sur le tas. Au centre de Raf par exemple, il se trouve que l'éducateur encadreur est un ancien enfant de la rue qui dirige 23 enfants sans aucune formation de base.

* 15GRAND BASSAM (Côte d'Ivoire), Forum de Grand Bassam, organisé par le BICE et l'UNICEF, en mai 1985.

* 16 Site web commune de N'djamena.

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"Et il n'est rien de plus beau que l'instant qui précède le voyage, l'instant ou l'horizon de demain vient nous rendre visite et nous dire ses promesses"   Milan Kundera